L’Institut Lumière a annoncé le programme du prochain Grand Lyon Film Festival qui se déroule du 3 au 9 octobre 2011.
Cosi fan tutte
Cosi fan tutte sur la place de la Comédie, les 15 et 16 juillet à 20 heures à l’Opéra de Lyon
Pater
d’Alain Cavalier
Sélection officielle Festival de Cannes 2011.
France, 1h45, 2011.
Sortie en France le 22 juin 2011.
avec Vincent Lindon, Alain Cavalier.
Un réalisateur et un comédien s’amusent à être le président de la république et son premier ministre. Un film hors norme et attachant où la liberté de ton reste élégante et les images émouvantes.
Incroyable ! C’est le premier mot qui vient à l’esprit du spectateur en entrant de ce film si particulier. Alain Cavalier est un cinéaste confirmé : Thérèse (1986), Libera me (1993) ont été primé dans de nombreux festivals et ont trouvé un public. Depuis plusieurs années, Alain Cavalier explore avec enthousiasme les possibilités techniques des caméras, toujours plus légères et performantes et fait des films plus intimistes : Le Filmeur (2005), Irène (2009). Films sans acteur et à la limite de l’autobiographie : le talent du réalisateur permettant d’échapper au nombrilisme. Vincent Lindon est un acteur populaire en France, qui choisit avec soin les films dans lesquels il tourne, évitant les grosses comédies poisseuses. Ses participations dans Fred de Michel Jolivet, Chaos de Coline Serreau, Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé ou Welcome de Philippe Lioret ont fait de lui un personnage respecté.
Deux personnalités attachantes qui se sont trouvées pour « jouer », c’est leur métier ! mais jouer vraiment, comme des enfants jouent aux cowboys et aux indiens. Ici, Alain Cavalier fait le président et Vincent Lindon son premier ministre. Ils s’habillent comme les gouvernants, choisissant avec soin le tissu des chemises et la couleur de la cravate, conscients que si l’habit ne fait pas le moine, il aide largement à endosser un rôle
Sans cesse, les protagonistes du film traversent la frontière entre fiction et réalité. On ne sait pas toujours si les colères de Lindon sont réalité ou exercice. Il garde tout au long du film un petit air de désarroi qui va bien à un homme politique ligoté devant les charges du pouvoir, mais aussi à un acteur face à un metteur en scène qu’il admire et dont il ne comprend pas le cheminement. Alain Cavalier est séduisant en homme qui soigne son apparence, en président aussi affable qu’autoritaire, en père de famille face à un fils qui lui survivra un jour.
Pater étant le titre du film, on ne peut évacuer les rapports père/fils qu’on entrevoit hors champs. Relation librement consentie entre un réalisateur, qui ne voulait plus tourner avec des acteurs, et un acteur qui admire avec tendresse, et une pointe de jalousie, cet homme libéré des contraintes professionnelles grâce à la technique. Libéré aussi de quelques angoisses existentielles, notamment à l’aide de la religion, qui lui fait envisager la mort comme une libération des lourdeurs de la vie.
Cette liberté de ton, si séduisante, est accompagnée d’un soin apporté aux images. Les plans, même lorsqu’ils montrent des objets, des gestes et des situations ordinaires, sont touchants, jolis et lumineux. Ils évoquent le cinéma, la vie, l’affection et la douleur. Une utopie se construit sous nos yeux, utopie d’artistes et d’hommes de leur temps.
Magali Van Reeth
Signis
Les Jeudis des Musiques du Monde 2011
Le Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes présente la 15ème édition du festival de musiques traditionnelles et du monde « Les Jeudis des Musiques du Monde ». À Lyon du 7 juillet au 25 août 2011
Une Séparation
d’Asghar Farhadi
Iran, 1h57, 2010.
Sortie en France le 8 juin 2011.
Ours d’or et prix œcuménique au Festival de Berlin 2011. Ours d’argent pour les acteurs et les actrices récompensés collectivement.
avec Leila Atami, Peyman Moadi, Shahab Hoseinni, Sareh Bayat et Sarina Farhadi.
A travers la séparation d’un couple confronté à un enchainement d’événements difficiles, une réflexion subtile, et filmée avec talent, sur la complexité des relations humaines, entre scission et cloisonnement.
Simin décide de quitter l’Iran pour partir vivre à l’étranger mais Nader, son mari, refuse pour pouvoir s’occuper de son père malade. Termeh, leur fille adolescente, assiste impuissante à leur séparation, et aux conséquences de l’accident domestique dont est responsable et victime, Razieh, la femme de ménage. Ces événements, ordinaires et qui pourraient arriver à tout le monde, s’enchaînent à un rythme soutenu, qui élève cette chronique de mœurs au rang de film d’action !
Ce chamboulement met en lumière la complexité des relations humaines. Nos peurs, nos lâchetés, nos colères et nos incompréhensions nous guident plus souvent que la raison. Il y a l’argent qui sépare ceux qui sont acculés par les dettes et ceux qui peuvent se payer un avocat. L’éducation, qui permet de garder son sang-froid dans certaines situations et de s’expliquer avec conviction. Enfin, il y a le mensonge, que tous les personnages utilisent tour à tour, à chaque fois pour de « bonnes raisons ». Mais jamais le réalisateur ne juge ses personnages, préférant les faire évoluer : j’ai toujours essayé de ne pas concevoir de personnages totalement négatifs. Cela ne veut pas dire que mes protagonistes ne commettent pas d’actes répréhensibles ou d’erreurs mais j’essaye à chaque fois d’expliquer leurs actes et souvent, le spectateur s’aperçoit que ces personnages ne commettent pas délibérément ces agissements mais qu’ils sont poussés par une force extérieure. Personnellement, je ne crois pas du tout au manichéisme consistant à distinguer héros et anti-héros, gentils et méchants. Je pense qu’aujourd’hui ce genre de conception a un côté totalement désuet et artificiel.
Les personnages sont aussi servis par le jeu des acteurs. Que ce soit les 4 adultes, Leila Atami, Peyman Moadi, Shahab Hoseinni et Sareh Bayat, dont certains jouaient déjà dans le précédent film d’Asgar Farhadi, A propos d’Elly (2009). Ou les deux fillettes, qui observent les querelles de leurs parents et les deux couples se déchirer. Tous ont d’ailleurs été récompensés par un prix d’interprétation commun au festival de Berlin où le film était en compétition.
Une Séparation nous touche profondément à travers le désarroi de ses personnages. Sans doute aussi parce qu’on se rend compte qu’il faudrait peu de choses pour retrouver une harmonie, que ce soit dans le couple ou dans la société A la Berlinale 2011, ce film a reçu l’Ours d’or et le prix œcuménique.
Magali Van Reeth
Graal Théâtre
Jusqu’au 19 juin, le petit théâtre du TNP propose la première des dix pièces de Florence Delay et Jacques Rouhaud écrites sur le cycle du Graal. « Joseph d’Arimathie.
Dans la peau des « Nègres »
Emmanuel Daumas revisite la pièce de Jean Genet et propose une interprétation de son œuvre « les Nègres » au théâtre du Point du Jour
La puissance spirituelle de la matière »
Force poétique et puissance prophétique pour le texte « La puissance spirituelle de la matière » de Pierre Teilhard de Chardin. Iissu du spectacle : « Matière » il sera proposé dans le cadre des 16èmes soirées d’été au château de Machy du 24 juin au 6 juillet à 21 heures (relâche les 27, 28 Juin et 4 juillet)
Le Chat du rabbin
de Joann Sfar et Antoine Delesvaux
France/Autriche, 2009, 1h40
Sortie en France le 1 juin 2011.
film d’animation.
Chronique chaleureuse de la vie quotidienne à Alger dans les années 1920, ce film d’animation sait aussi trouver le ton juste et joyeux pour parler de théologie et d’aventures exotiques.
Publié chez Dargaud à partir de 2002, la bande dessinée de Joann Sfar a connu aussitôt un grand succès. Questionnement théologique sur le judaïsme, mais aussi sur le fait religieux et sur le vivre ensemble au-delà des différences culturelles, Le Chat du rabbin et son auteur sont vite entrés dans les écoles et collèges. Joann Sfar dit que c’est cette confrontation avec le jeune public qui l’a poussé à faire un film d’animation.
Condensé de plusieurs épisodes, le film a pour personnage principal le rabbin Abraham Sfar. Il vit à Alger dans les années 1920, avec sa fille Zlabya et leur chat, qui n’a pas de nom et que tout le quartier appelle « le chat du rabbin ». C’est le chat, trouvant soudain l’usage de la parole et voulant se convertir au judaïsme, qui pose les épineuses questions théologiques à un brave rabbin dépassé par les événements. Autour d’eux, un imam musulman, des catholiques colonisateurs, des russes exaltés, des fanatiques de tous bords.
Baigné dans les couleurs lumineuses de la Méditerranée et par la tolérance généreuse des personnages, le spectateur est emporté dans un grand élan humaniste dont il ne peut ressortir que meilleur. Mais Le Chat du rabbin ne tombe pourtant pas dans un monde factice où ne règnent que la gentillesse et le bon sens. Avec humour, le racisme, l’antisémitisme, la bêtise et l’extrémisme sont mis en scène, à leur juste place. On apprécie le naturel avec lequel les personnages y font face, sans violence outrancière et avec intelligence.
Bien qu’il s’agisse d’un film d’animation, c’est avec gourmandise que Joann Sfar parle des comédiens. Les réalisateurs se sont appliqués à faire bouger les personnages comme des acteurs et ainsi Zlabya a les rondeurs féminines d’Hafsia Herzi, le rabbin la démarche et la bonhommie de Maurice Bénichou. Un soin particulier a été apporté aux voix, avec François Morel pour le chat, Fellag pour le cheik Sfar et Marguerite Abouet (auteur de la bande dessinée Aya de Yopougon aux éditions Gallimard) est l’Africaine rencontrée en chemin. Au passage, on peut souligner que c’est une actrice d’origine musulmane qui donne sa voix et sa silhouette à une fille de rabbin, un acteur européen, Mathieu Amalric la sienne à un prince arabe. Exercice naturel pour de véritables comédiens et une pierre de plus à l’élaboration du message universel auquel s’attachent les réalisateurs Joann Sfar et Antoine Delevaux.
Le Chat du rabbin est un film pour tout public, à partir de 8 ans.
Magali Van Reeth
Sous le soleil Vert
Le Festival D’art et D’air et les Dialogues en humanité organisent un pré lancement de l’événement, le Jeudi 30 Juin à partir de 19h au Ciné Duchère.