Café cinéma

Café-ciné à  Saint-Bonaventure (Lyon)
jeudi 19 juin

Autour du film Bird People (France, 2014, 2h08), film de Pascale Ferran. En salle depuis le 4 juin 2014.

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Ces cafés-cinés sont animés par des bénévoles de l’association Signis (association catholique mondiale pour la communication) : www.signis.net. Chacun voit le film de son côté (il n’y a aucune projection dans l’église), et nous nous retrouvons autour d’une tasse de café offerte par Saint-Bonaventure pour parler du film. Il s’agit à  la fois d’explorer quelques caractéristiques de l’écriture cinématographique et de partager impressions et questions de fond soulevées par le film.
Le rendez-vous est précisément à  12h30 et l’échange général s’arrête à  13h30 pour permettre aux personnes de rejoindre leur lieu de travail, même si certaines discussions informelles durent parfois au-delà 

Lyon 2e, sanctuaire Saint-Bonaventure, place des Cordeliers, une fois par mois, de 12h30 à  13h30.

Voir aussi le site du [sanctuaire Saint-Bonaventure->
http://www.saintbonaventure-lyon.catholique.fr/
[->http://www.saintbonaventure-lyon.catholique.fr/]].

Suzanne

de Katell Quillévéré

France, 2012, 1h37

Festival de Cannes 2013. Film d’ouverture de la Semaine de la critique.

Sortie en France le 18 décembre 2013.

avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel

De l’enfance à  l’âge adulte, le parcours contemporain d’une femme, entre résilience et amour fou. Un film elliptique parfaitement maitrisé, pour un grand moment de cinéma.

Une enfance banale à  l’ombre de la mort d’une mère, avec un père aimant et un peu maladroit, une sœur délicieuse et puis les choix qu’on fait, par envie, à  17 ans, sans se rendre vraiment compte de ce qu’ils impliquent, par amour passionnel un peu plus tard et toute une vie qui bascule du mauvais côté. Pour son second film (Un Poison violent, 2010), Katell Quillévéré confirme son talent de réalisatrice.

L’histoire de Suzanne se déroule pendant près de 25 ans. Elle est racontée avec beaucoup d’ellipses, ces silences entre deux scènes successives où le temps et les événements passent sans être montrés à  l’écran. Ici, ces ellipses sont radicales, représentent parfois plusieurs années et nous obligent à  entrer pleinement dans le film. Katell Quillévéré : « Oui, la construction d’un récit fondé sur l’ellipse était un des paris de ce film. Avec Mariette Désert, ma co-scénariste, puis Thomas Marchand, mon monteur, nous avons voulu créer un hors-champ très puissant qui rende le spectateur actif et lui permette de nourrir les trous de l’histoire avec sa propre expérience. »

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Si les trois personnages principaux – Suzanne, sa sœur et leur père – vieillissent légèrement (et sans maquillage outrancier), c’est surtout l’enfant qui marque le temps qui passe, le temps irrémédiablement perdu et il est joué, lui, par plusieurs acteurs. La réalisatrice a choisi de donner à  Suzanne sa propre année de naissance, tenant à  filmer aussi sa génération, celle qui a 33 ans cette année. Elle dispose dans le décor, çà  et là , des objets caractéristiques de son enfance, de son adolescence, sans pour autant tomber dans une reconstitution trop rigoureuse. La musique donne aussi l’atmosphère de ces années passées, elle est la mémoire du film, les musiques des années 80 répondant aux musiques actuelles.

Pour compenser la sécheresse de ce film tout en ellipses, où un montage âpre renforce encore ce sentiment d’opacité, les personnages laissent souvent éclater leur émotion. Quand Suzanne est amoureuse, quand son père est blessé, quand sa sœur éclate de rire, ce n’est pas à  moitié. Les ressorts dramatiques sont nombreux et touchent le spectateur là  où c’est sensible : une mère absente, un enfant abandonné, une famille estropiée après un départ inexpliqué, une femme qui tombe, se relève et la scène finale de rédemption, aussi lumineuse qu’émouvante. On ne juge pas, on ne condamne pas, on souffre, on aime. L’amour est la constance qui parcourt le film et permet à  chacun de se reconstruire.

Deux ou trois plans inhabituels traversent le film, des plans larges, vus d’en haut, où la vie traverse le destin des personnages. Lorsque les nouveaux amoureux se séparent après leur premier rendez-vous, la caméra s’installe à  la fenêtre d’un immeuble et montre, de façon quasi documentaire, une rue où, sous l’œil indifférent des passants et de l’épicier, Suzanne et Julien n’arrivent pas à  se quitter. Sous une petite pluie, c’est une chorégraphie. Plus loin, la caméra s’attarde au dessus des voitures, et de leurs occupants, sagement rangées devant le ventre ouvert du ferry. Pour Katell Quillévéré, ces plans sont un hommage à  la photographie américaine des années 1960, lorsque la couleur devenait artistique, sans pour autant quitter le champ du documentaire. Dans ce film où le montage creuse les béances du scénario, cette irruption de la vraie vie devient presque physique, et donc très émouvante, pour le spectateur.21002105_20130429150941349.jpg

Suzanne est un film rigoureusement construit qui ravira les cinéphiles qui aiment se laisser embarquer dans une histoire où rien n’est évident, où on ne sait jamais à  l’avance ce qui va se passer dans la scène suivante. La réalisatrice nous emmène dans des lieux inhabituels : un champ de courses, une cafétéria d’autoroute, la cabine d’un gros camion et des pique-nique au cimetière. Elle se joue de certains clichés si utiles au cinéma (la sœur cadette est plus grande que l’aînée). Elle n’a pas peur de faire disparaitre le personnage principal car elle sait rendre sa présence à  l’écran dans le manque éprouvé par ceux qui restent.

Suzanne est le portrait d’une femme déroutante, que l’amour des siens sauve du désastre intérieur? C’est un beau film d’une jeune femme talentueuse.

Magali Van Reeth

Signis

CONCERT DE SOLIDARITE EN FAVEUR DES PHILIPPINES III

Le Conservatoire de Lyon se mobilise pour soutenir l’action de la Croix-Rouge française aux Philippines après le typhon Haiyan :
Mardi 17 décembre 2013 à  20h30
Grand Temple – 3 Quai Victor Augagneur, 69003 Lyon

Jeune Orchestre symphonique sous la Direction de Serge Paloyan

Au Programme
W.A. Mozart I Ouverture de l’Enlèvement au Sérail – J.N. Hummel I Concerto pour trompette – G. Bizet I L’Arlésienne (Suite 1 et 2).

Entrée : 10 €, 5 €(-moins de 16 ans).
Places en vente à  l’entrée du concert uniquement.

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Les recettes de billetterie et les dons, collectés par les bénévoles de l’Unité locale de la Croix-Rouge lors de ce concert de solidarité, seront intégralement affectées aux opérations de secours aux Philippines. Avec un programme populaire et une forte implication de ses musiciens, le Conservatoire espère une grande mobilisation de son public sur cette action. La collecte permettra à  la Croix-Rouge, engagée sur place dès les premières heures qui ont suivi la catastrophe, d’assurer à  la population l’accès à  l’eau potable, à  la nourriture et aux produits de première nécessité, ainsi qu’aux soins médicaux.

ROMS Entre-autres

Exposition photo de Mara Klein AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS
du 19 décembre 2013 au 14 février 2014

Pendant quatre mois, la photographe a suivi trois familles roms de
Roumanie participant à  un programme de régularisation inédit en
France. Andatu, « pour toi » en romanes, est un programme
expérimental porté par l’association Forum réfugiés-Cosi.
Dérogatoire au droit commun, il suit une logique d’insertion autour
de trois axes : l’accès au logement, à  la formation et à  l’emploi
leur permettant de s’intégrer durablement. Dans le contexte d’un
euroscepticisme et d’une xénophobie croissants, ce programme permet
d’explorer de près une question à  la fois politique, sociale et
philosophique : qu’est-ce que l’intégration ?

Mélangeant photographies, projections et paroles, l’exposition donne
un aperçu du processus de régularisation en France. Devant un discours
politique qui démonise les Roms et les généralise en tant que
communauté, la photographe met en lumière des individus derrière le
mot Rom.

L’artiste a également travaillé avec un groupe de femmes roms,
développant avec elles leurs propres représentations photographiques
de ce que signifie être une femme rom en France. Leurs photos exposées
donnent accès à  un intérieur féminin jusqu’alors peu connu.

PRÉLUDE AU LAVOIR PUBLIC

4 impasse de Flesselles, 69001 Lyon – Métro Hôtel de Ville – C18
ou C13 arrêt Place Rouville

Soirée spéciale le 28 novembre à  partir de 19h00.
Plongez dans le bain gustatif: un BUFFET vous invite à  découvrir la
cuisine roumaine.

Entrée 2€ (soutien à  l’association du Lavoir public)

EXPOSITION COMPLÈTE AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS

4 Rue Ravier, 69007 Lyon – Métro Jean Jaurès

Un parcours dans les locaux du CNAM sera proposé du 19 décembre 2013 au 14 février 2014.

En savoir plus : [->http://www.lecnam-rhonealpes.fr]

INVIT-EXPO-ROMS-ENTRE-AUTRES.pdf

Incertain Regard….

Le sanctuaire Saint Bonaventure et le Grand Temple de Lyon vous invitent…

Dans la foulée de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, catholiques et protestants proposent la projection de films primés par des jurys œcuméniques.

Ensemble, il s’agit de…

 – Poser un regard sur le monde à  travers la caméra des cinéastes

 – Apprendre à  regarder ensemble ce qui est différent dans le respect

 – Réfléchir et débattre des enjeux de société soulevés par ces films

 – Partager chemin faisant comment la foi chrétienne entre en dialogue avec ces thèmes

4 FILMS 4 DEBATS 4 MARDI A 20heures

mardi 14 janvier 2014 : LA FIANCEE SYRIENNE d’Eran Riklis (Israël, 2004, 1h36), prix œcuménique au Festival de Montréal 2004.

Dans la communauté druze du Golan, où les habitants n’ont aucune existence légale, un mariage se prépare, entre la joie des retrouvailles familiales et la crainte d’une séparation définitive.

mardi 28 janvier 2014 : LOLA de Brillante Mendoza (Philippines/France, 2010, 1h50), prix œcuménique au Festival de Fribourg 2010.

A Manille, les difficultés et la violence du quotidien, obligent deux grands-mères à  une quête épuisante pour sauver leurs familles.

mardi 4 février 2014 : LE PASSE d’Asghar Faradhi (France 2013, 2h10), prix œcuménique au Festival de Cannes 2013.

Prise dans une situation affective très complexe, une femme est confrontée au désir de vérité de ses proches.

mardi 11 février 2014 : BABEL d’Alejandro Gonzales Inarritu (États-Unis, 2006, 2h15), prix œcuménique au Festival de Cannes 2005.

Un couple de touristes américains, en voyage au Maroc, déclenche une série d’événements minimes qui vont bouleverser d’autres vies, dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence.

Un seul cinéma : le Cinéma Bellecombe – 61, rue d’Inkermann 69006 Lyon

Métro arrêt Charpennes ; Bus C3 : arrêt Ste Geneviève ; Tram T1 : arrêt Collège Bellecombe ; Voiture : possibilité de stationner dans la cour

Participation aux frais : 8€

Téléphone : 04 78 52 40 31 – http://www.cinebellecombe.tk

LES RENCONTRES DU VIVRE ENSEMBLE

Organisées par

la Fondation HABITAT & HUMANISME-Institut de France, Sous la présidence de Jean-François CARENCO, Préfet de la région Rhône-Alpes
Et de Monsieur Gabriel de BROGLIE, Chancelier de l’Institut de France, l’ENS Lyon et le Collège Supérieur

Lundi 16 et mardi 17 décembre 2013 à  l’ENS Lyon

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Les Rencontres se dérouleront sur 4 demi-journées (de 10h à  17h)

autour des quatre thématiques suivantes :



Vivre ensemble et se représenter / être représenté
Quelle image de soi, quelles représentations politiques, esthétiques, sociales ?

Vivre ensemble et habiter

Comment réaliser un habitat qui soit hospitalité,

rendant possible une rencontre des âges, des cultures ?

Vivre ensemble et prendre soin

Quelles solutions devant les fragilités les plus essentielles de la vie,

l’enfance, le grand âge, le handicap, la précarité ?

Vivre ensemble et partager

Quelles responsabilités individuelle et collective,

responsabilité de l’entreprise, l’épargne solidaire ?

Ces journées sont ouvertes à  tous, gratuites, avec inscription nécessaire Tél. 04 72 27 42 58

[->vivre-ensemble@habitat-humanisme.org]

Eglise d’hier et d’aujourd’hui

L‘Égypte dans la transition politique : chrétiens et musulmans au défi de la citoyenneté
Conférence suivi d’un débat par Jean-Jacques PERENNES, dominicain, vit dans le monde arabe depuis 25 ans. A été vicaire provincial des dominicains du monde arabe, et maintenant directeur de l’institut dominicain d’études orientales.
Auteur de plusieurs ouvrages concernant des personnalités dominicaines (Pierre Claverie, Georges Anawati, Antonin Jaussen) qui ont consacré leur vie à  la rencontre du monde musulman.

Mardi 17 décembre 2013 à  19h30

Depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février 2011 et l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en 2012, l’Égypte vit une transition politique difficile.

Chute des investissements et de l’activité économique, instabilité sociale, surenchère des idéologies religieuses sont quelques symptômes de la crise que traverse le pays.

Il n’est pas surprenant qu’après 40 ans de régime autoritaire, un peuple, encore illettré à  40 %, peine à  inventer une nouvelle manière de gérer un pays où les défis économiques, sociaux, culturels et environnementaux sont énormes. Une des clefs de l’invention d’un avenir démocratique est un apprentissage réel de la citoyenneté. Celle-ci est souvent battue en brèche par des identités religieuses très fortes.

Participation aux frais : 7 € / adhérents : 4 € / étudiants : gratuit.
à  l’agora tête d’or,
93 rue Tête d’Or, 69006 Lyon

Pour en savoir plus www.agoratetedor.com
ou 04 78 52 22 54

Henri

De Yolande Moreau

France/Belgique, 2012, 1h47

Festival de Cannes 2013, Quinzaine des réalisateurs.

Sortie en France le 4 décembre 2013.

avec Candy Ming, Pippo Delbono.

Étrange rencontre entre une jeune handicapée, très déterminée et un homme bien fatigué, pour une promenade, entre chien et loup, sur les plages du Nord.

Lorsqu’elle entre dans le film, elle n’a pas de nom propre, c’est juste « un papillon blanc », du nom de l’institution d’où elle vient, qui accueille des adultes handicapés mentaux, comme elle. Elle a été embauchée pour donner un coup de main dans un restaurant. Elle aura à  cœur, pendant tout le reste du film, de devenir un vrai personnage, de prendre son envol de grande personne à  part entière, d’avoir un nom à  elle. Rosette. Comme sa lointaine cousine, la Rosetta des frères Dardenne, c’est une cabossée de la vie, dans un environnement qui l’est tout autant. Si elle ne porte pas de collants orange vif, comme elle, elle devra lutter pour imposer sa vision du monde.

C’est le deuxième long-métrage de l’actrice et réalisatrice belge Yolande Moreau, après Quand la mer monte (2004). Elle pose son histoire chez elle, dans les brumes mélancoliques du Nord, où on trompe l’ennui avec des copains et beaucoup de bières. Le mal de vivre est poisseux comme les tables des cafés et si les fêlures sont minuscules, elles sont si nombreuses que ça fait vite un gros terril. Des personnages rudes, un peu bêtes mais pas méchants. Ils sont ancrés dans une sinistre réalité économique et sociale. Peu de dialogues, des images composées avec soin et, ça et là , des moments de grâce : le souffle d’un courant d’air dans un rideau de voile blanc, l’envol des pigeons voyageurs, la mer du Nord. Ou, à  la sortie de l’église après un enterrement lorsque la seule musique qu’on entende est celle « d’un concert de lieux communs »21000768_20130423154250111.jpg

Dans cette atmosphère burlesque, astringente et poétique, la tension du drame n’est jamais loin et les situations frisent parfois l’outrance, sans jamais y tomber. Comme tout le monde, Rosette veut être aimée, elle a envie d »une vie ordinaire, même si pour ça, elle doit mentir et manipuler les moins tenaces qu’elle, dont Henri, qui ne demandait rien. Yolande Moreau : « Les personnes handicapées mentales m’ont toujours fascinée. Ils sont le reflet de notre propre désarroi. J’ai senti très vite le danger, les pièges à  éviter : je ne voulais pas dépeindre le monde des handicapés comme quelque chose de pseudo-poétique, de mignon. Je voulais un film âpre. Il me fallait les filmer à  la bonne distance, proche mais sans sensiblerie ni mièvrerie. » Si le personnage de Rosette est interprétée par la chanteuse et actrice Ming, les autres handicapés le sont vraiment. Ils appartiennent à  une troupe de théâtre et ont l’habitude de jouer. Lorsque la réalisatrice les a sollicité pour son film, ils ont été un peu déçu de voir qu’ils devaient jouer leur propre rôle.21003679_20130506163139423.jpg

Chez Yolande Moreau, la normalité est teintée d’un grain de folie et le handicap d’une saine énergie. Comme Henri, les hommes sont essorés par la misère économique et culturelle, par un trop plein de bière. Seule Rosette a encore l’envie et la force de changer le cours des choses. Un conte de fée un peu noir qui brouille les certitudes et pose de bonnes questions.

Magali Van Reeth

Signis

Avant l’hiver

de Philippe Claudel

France, 2012, 1h42

Sortie en France le 27 novembre 2013.

avec Kristin Scott Thomas, Daniel Auteuil, Leïla Bekhti Richard Berry.

Comme les jardins d’automne, un peu en sommeil, la vie parfois nous échappe dans sa routine et ses exigences matérielles. Mais pour quelques fleurs venues d’ailleurs, la vie confortable de Paul vacille.

Mariés depuis 30 ans, Lucie et Paul mènent une existence aisée dans leur luxueuse maison. La tendresse qui les unit est réelle, même si par moment, elle parait presque mécanique. Et une certaine mélancolie baigne leur quotidien, à  l’image du jardin que nous découvrons dans ses parures d’automne, juste « avant l’hiver ». Quelques bouquets de roses trop rouge vont chahuter la tranquille harmonie de ce couple, peu habitué aux grands éclats.

On retrouve dans ce troisième long métrage de Philippe Claudel – après Il y a longtemps que je t’aime (prix œcuménique à  Berlin en 2008) et Tous les soleils (2010) – le ton propre au réalisateur. Une atmosphère douce même dans le drame, la retenue des villes de l’Est de la France, des ellipses qui obligent le spectateur à  prendre parti. Une intrigue principale qui fait l’école buissonnière dans des scènes apparemment sans rapport avec elle et l’affirmation constante du souci de l’autre, surtout lorsqu’il est en état de faiblesse (handicap physique ou psychologique). Dans Avant l’hiver, l’intrigue principale cache presque l’intrigue souterraine qui peu à  peu, au rythme des bouquets de roses rouge, va envahir tout le film. Une jeune femme radieuse et mystérieuse va se laisser réellement transformer, bouleverser par la bonté et la naïveté d’un monde qu’elle ignore.

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On peut être dérouté par la simplicité du scénario qui, au fur et à  mesure que le film avance, devient complexe, et où les personnages secondaires (toujours justes) semblent vivre une autre histoire. Beaucoup de questions restent sans réponse ou sont à  peine effleurées. Il faut donc questionner les images du film, comme si effectivement, cette magnifique maison aux larges baies vitrées, où habitent Lucie et Paul, était plus un « cercueil de verre » qu’un lieu de transparence et d’ouverture vers les autres. Les petites phrases de Lucie sont-elles un aveu ou une pure provocation ? Si le film pouvait s’arrêter lors de la seconde scène au commissariat, pourquoi Philippe Claudel rajoute un joyeux repas de famille au beau temps revenu ? Pour nous dire que les riches gagnent toujours ?

On peut s’interroger aussi sur la mémoire, plusieurs fois déclinée dans Avant l’hiver. Mémoires communes de deux sœurs, mémoire secrète d’une vieille dame qui porte en elle le souvenir de l’Histoire, mémoire musicale comme le dernier rempart de pureté pour une vie brisée, mémoire nichée dans les replis du cerveau, soigné par Paul et mis en scène par l’artiste contemporain Wim Delvoye.3_Avant-L-Hiver_copyright-Fabrizio-Malteze.jpg

Avant l’hiver est le film le plus sombre et le plus âpre du réalisateur. Sans doute parce que la détresse de Paul, face à  sa vie si mince en dehors du travail, face à  son incapacité à  sauver un être en dehors de son travail, est profonde et nous touche tous. Est-il possible de changer de vie avant la prochaine saison ?

Magali Van Reeth

Signis

Vers de nouvelles formes d’eugénisme ?

Conférence suivi d’un débat par Damien SANLAVILLE, professeur à  l’Université Claude Bernard Lyon 1, praticien hospitalier en génétique, responsable du Laboratoire de Cytogénétique Constitutionnelle du CHU de Lyon et par Michel DEMAISON, dominicain, théologien, spécialité éthique biomédicale.

Mardi 10 décembre 2013 à  19h30

Les sciences et les techniques du vivant sont de plus en plus performantes, elles s’appliquent désormais directement à  la vie humaine. Elles suscitent des demandes insistantes pour que les enfants qui viennent au monde soient « normaux ».

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Le droit tente d’encadrer, souvent après-coup, l’évolution des pratiques. Quelles sont actuellement les capacités de la biomédecine et les lois en la matière ? Quelles questions éthiques soulèvent-elles ? Peut-on parler d’un eugénisme qui se présenterait sous des formes devenues maintenant acceptables ?

Pour en savoir plus : [->http://www.agoratetedor.com/]