Chroniques Cinéma -« YOUTH »

de Paolo Sorrentino

avec Michael Caine et Harvey Keitel

Comédie dramatique (1h58) Italien. 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Une comédie douce amère sur le temps qui passe, la création, l’amitié entre deux artistes et la façon d’imaginer l’avenir.
Qu’est ce qu’être jeune ? Une leçon de vie tendre et nostalgique donnée par deux très grands comédiens et servie par une mise en scène soignée.

Deux amis de 60 ans Fred (musicien et chef d’orchestre) et Mike réalisateur, sont les pensionnaires d’un hôtel luxueux dans les montagnes suisses : le 1er, accompagnée de sa fille ne veut plus entendre parler d’activité professionnelle, le second écrit le scénario de son film « testament ».
Dans ce décor idyllique mais suranné où se mêlent touristes séniors argentés, comédiens venus incognitos ou Miss Univers étrennant le cadeau de son élection, nos deux artistes évoquent souvenirs, problèmes de santé au cours de belles ballades ou dans la luxueuse piscine du 5 étoiles.
Mais le problème majeur qui les occupe est celui de leur jeunesse, celle qu’ils ont vécue, celle qu’ils ont perdue. A près de 80 ans, peuvent-ils encore rêver à  un avenir ? Fred refuse l’invitation de la reine d’Angleterre d’être anobli et de jouer devant le prince Philip ses «Simple Songs » qui ont fait son succès. Pour lui, seule son épouse, enfermée dans sa folie dans un hôtel à  Venise depuis des années a le droit de chanter ses créations. A l’opposé, Mike, qui s’entoure de jeune scénaristes pour imaginer conserver le lien avec leur univers croit toujours qu’il est à  l’apogée de son talent.
On pourrait croire que «Youth » est un sombre opus sur la vieillesse et le temps qui passe et donne du 3ème âge une vision crépusculaire à  la manière d’un Visconti ou d’un Fellini. Paolo Sorrentino rend hommage bien sûr au cinéma italien en réalisant cette œuvre mais c’est surtout une méditation sur les souvenirs partagés, les amours passés, le travail du temps sur notre vie qui est évoqué ici avec humour, ironie, nostalgie bien sûr.
Qu’est ce que la jeunesse ? Pour Sorrentino, ce n’est pas une question d’âge mais de force du désir. C’est accepter de faire le deuil de ses certitudes pour se laisser séduire par les invitations, par l’inattendu ; c’est se laisser surprendre et accepter le regard de l’autre.
L’un des deux amis y arrivera l’autre pas.
Paolo Sorrentino a réunit deux très grands acteurs qui portent son film : Michael Caine et Harvey Keitel ; ils incarnent à  la fois l’inquiétude de l’artiste et l’angoisse de l’homme devant le temps qui file. Ils sont troublants de vérité. Jane Fonda dans une séquence outrageusement cruelle vient régler son compte au cinéma tel qu’il est devenu où l’argent est roi.
La réalisation mêle brillamment larges plans panoramiques et gros plans intimistes avec un vrai souci esthétique et visuel La bande son accompagne chaque séquences d’une tonalité différente. « Youth », une chronique douce-amère plus jubilatoire qu’on pourrait l’imaginer

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ARS DE L’OMBRE A LA LUMIERE – UN CURÉ POUR L’ÉTERNITÉ

Grand spectacle vivant dans le cadre du jubilé du Curé d’Ars

mis en scène par Marie-Cécile du Manoir

du 24 au 29 août 2015, à  19h30

Ars – église souterraine Notre-Dame de la Miséricorde

L’histoire débute en 1786, année de naissance de Jean-Marie Vianney et se termine en 1859, à  la mort du saint curé d’Ars. Le spectacle se présente comme une grande fresque où se déroule sous nos yeux, au cœur de l’histoire de France, l’histoire d’un homme qui transformera la vie de son village.

Jean-Marie Vianney, né pendant la révolution, paysan presque illettré à  20 ans comme beaucoup de jeunes gens de son époque, veut devenir prêtre.

Après beaucoup de travail et d’obstacles, il est ordonné en 1815 à  l’époque de la défaite de Napoléon à  Waterloo.

Il est envoyé dans un petit village de 230 habitants : Ars.

Là , à  l’image de sa famille, ouverte aux pauvres et missionnaire, Jean Marie Vianney multiplie les œuvres sociales. Vivant comme un pauvre, il se donne corps et âme à  sa paroisse.

« Le prêtre n’est pas pour lui, il est pour vous ! »

Ne séparant jamais l’amour de Dieu et l’amour des frères, le saint Curé fait grandir son village spirituellement au fur et à  mesure qu’il prie et, plus il confesse, plus les pèlerins abondent et viennent de partout

Tarifs : 15€ / 12€ (enfant de moins de 12 ans, chômeur, personne handicapée, étudiant, groupe de 20 personnes, famille nombreuse)

Contact : 04 74 08 10 76
www.arsdelombrealalumiere.fr

AU REVOIR ET MERCI

Et comme cadeau d’adieu de la promotion Armand Gatti

LA TRILOGIE DU REVOIR de BOTHO STRAUSS, à  l’ENSATT,

dans le cadre des NUITS de FOURVIERE,

Dirigé par : Alain FRANà‡ON, Dominique VALADIE et Guillaume LEVEQUE

Les Nuits de Fourvière nous ont cette année proposé un programme théâtral de grande qualité et varié (Molière avec les Femmes Savantes, Tchekhov, Aristophane, Beaumarchais à  venir) avec des metteurs en scène connus et reconnus (Macha Makeïeff, Serge Valetti, Christian Benedetti).
Début juillet et jusqu’au 17 juillet, la dernière promotion de l’ENSATT ,qui nous avait déjà  ravi avec les « NUITS » (tiens, tiens),sur une chorégraphie de Daniel Larrieu,revient en force sous la direction d’Alain Françon (un grand du théâtre) assisté de Dominique Valadié et Guillaume Lévêque qui participent à  la distribution avec douze jeunes comédiens ,aussi talentueux les uns que les autres ,élèves ont assuré la charge des décors, de la régie
Il faut absolument aller les applaudir, les encourager, et remplir tous les soirs la salle dédié à  Jean Jacques Lerrant qui a tant œuvré pour un théâtre de qualité à  Lyon et sur le plan national. Nous ne savons pas la chance que Lyon a, d’avoir accueilli l’École de la rue Blanche
La pièce choisie est une œuvre de Botho Strauss, une œuvre mythique, allemande des années 70, mettant sur scène 14 comédiens, évoluant dans les coulisses d’une exposition de peinture moderne ,en avant-première, et réunissant des représentants de la société (peintre, acteur, médecin, pharmacien.),confrontés aux problèmes de l’art, de l’amour, de la vie en commun, du pouvoirIl ne se passe rien ,comme chez Tchekhov, mais les personnages courent en permanence ,comme pour signifier que la rapidité des moyens de communication tuent la communication,(éteignez vos portables). Tout cela donnent beaucoup de rythme à  la présentation, en contrepoint de la stabilité du gardien et de noirs complets qui évitent l’essoufflement. Un puzzle à  reconstituer d’une société éclatée. L’inverse d’un huis-clos avec cependant les mêmes inquiétudes. Cette pièce dans la tradition du théâtre germanique (Kleist, Buchner, Heiner Muller) est d’un des plus grands dramaturges européens , Botho Strauss, qui fit sa carrière à  Berlin au Shaunbà¼hne, sous la direction de Peter Stein, avant la chute du mur.

Au revoir et MERCI aux jeunes comédiens. Ce n’est qu’un au-revoir ?

Hugues Rousset

du 30 juin au 17 juillet 2015 à  20h

Relâche les dimanches ainsi que les 13 et 14 juillet 2015

ENSATT Studios Jean-Jacques Lerrant
4 rue soeur Bouvier Lyon 5e Parking gratuit

Réservations : tél: 04 72 32 00 00 / www.nuitsdefourviere.com

[->https://trilogiedurevoir.wordpress.com/]

Chroniques Cinéma – « Victoria »

de Sébastian Schipper

avec Laia Costa et Frédérick Lau

Film allemand 2015. 2h14.

Six récompenses aux « César » allemands parmi lesquelles meilleur film, meilleure actrice, meilleure musique etc.. Victoria est un « ovni » cinématographique tourné en temps réel. Une plongée au cœur de la jeunesse berlinoise entre défonce et désespoir

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Victoria est déjà  un film culte en Allemagne et vient de rafler six récompenses aux Lola, les équivalents des César allemands. Il raconte en temps réel, entre 5 et 7 heures du matin, au cours d’un long plan séquence, deux heures de la vie de Victoria, jeune espagnole partie à  Berlin dans le cadre du programme Erasmus. Les dix premières minutes du film l’accompagnent dans une boîte de nuit au sous-sol d’un immeuble : graffitis, music techno plein pot, bière qui coule à  flots. Victoria en remontant à  la surface est accostée par Sonne et sa bande de copains eux aussi pas mal bourrés…. De discussions en délires, de provocations en déconnes, les cinq amis se retrouvent embarqués par l’un d’entre eux à  braquer une banque. Le braquage est réussi mais l’équipée sauvage se finit mal. La police abat deux d’entre eux. Victoria essaiera en vain de sauver Sonne blessé. Il décèdera dans une chambre d’hôtel. Alors, restée seule, Victoria choisira une bien étrange fin de l’histoire, embarquant le butin.

On ne peut échapper à  ce film tant par la façon qu’a Sébastian Schipper de nous embarquer dans cette folle équipée, caméra à  l’épaule, que par la spirale folle dans laquelle ces jeunes gens sont pris et nous avec.. C’est un film brut, authentique, tourné dans un Berlin minéral, froid, juste éclairé par les néons des rues. Les comédiens ne jouent pas, ils « crient » leur détresse, leur envie de vivre une autre vie en dehors des règles établies.. Beaucoup de dialogues ont été improvisés.

Le désespoir réunit ces jeunes désœuvrés, déjà  condamnés pour des bêtises et cette jeune espagnole sans doute venue là  pour fuir la misère de son pays. Ils ne manquent pas de conscience, mais l’engrenage les broie déjà .

Le film vous laisse groggy devant tant de gâchis, d’appels à  vivre autre chose, oui mais quoi ? Alors l’alcool, la drogue donnent l’impression de « vivre », de ressentir des émotions à  défaut de les vivre pour d’autres choses que des cassesLa jeune Laia Costa est bouleversante, étonnante de détermination et d’ingénuité. Elle crève l’écran.

Victoria pourra rebuter par sa violence et son parti-pris très réaliste mais c’est un pari cinématographique et sociétal réussi, à  voir de toute urgence si on aime le cinéma.

Chroniques Cinéma – « Une seconde mère »

de Anna Muylaert

avec Regina Casé, Camila Mardila

Drame brésilien. 2015. (1h52).

Prix du Public au festival de Berlin.
Prix d’interprétation féminine au festival de Sundance 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Le sujet du film part d’une réalité au Brésil : les mères qui travaillent font garder leurs enfants par des nounous. Au-delà  de l’histoire singulière, une peinture sociale sur les évolutions de la société brésilienne avec une vedette forte et lumineuse de TV GLOBO qui porte le film : Régina Casé.

Val n’a pas revu sa fille depuis 10 ans. Elle travaille comme employée de maison pour des patrons dans une luxueuse villa de Sao Paulo. Elle est logée au sous-sol dans une chambre pas très bien éclairée et s’est prise d’amour pour le fils de la maison, qu’elle couve et surprotège.. La mère vaque à  ses occupations, le père semble malade.

Un beau jour, Jessica, sa fille débarque car elle doit passer un concours pour intégrer une fameuse école d’architecture. Le conflit est inévitable. Jessica en veut à  sa mère de l’avoir laissée à  la charge d’une parente, ne supporte pas que sa mère accepte cette « soumission » à  ses patrons. Jessica transgresse les codes qui règlent les rapports de classe dans cette maison : elle investit la chambre d’amis, nage dans la piscine, s’assoit à  la table des maitres !

Au final, Jessica intégrera cette fameuse école d’architecture. Maman d’un petit Jeorge, caché à  sa mère, elle l’appellera enfin maman, puisque Val donnera sa démission pour s’occuper de ce petit-fils.

Le film « Une Seconde mère » évoque une réalité du Brésil : les mères confient à  d’autres le soin de s’occuper de leurs enfants. Mais il pourrait concerner bien d’autres pays où des mères sont contraintes à  de telles situations. Les rapports de filiation entre parents et enfants sont finement observés : Val est valorisée par ce rôle qu’on lui donne dans cette maison. La mère du jeune garçon souffre de cette rivalité maternelle, Jessica voudrait que sa mère arrête de se faire exploiter. Comment assurer sa place de femme, de mère, de père aujourd’hui dans un pays en crise ?

Car le film dépeint aussi les changements sociaux de ce grand pays. La grand-mère de Jessica ne devait pas savoir lire, sa mère est employée de maison, elle sera architecte. Au-delà  de la réalité sociale complexe, explosive de ce pays, on sent un appétit pour vivre mieux, s’en sortir avec optimisme. Régina Casé qui joue le rôle de Val est une grande vedette de la Télé brésilienne. Elle rend très crédible l’amour qu’elle donne aux autres et le cheminement personnel qu’elle fait grâce à  sa fille, jusqu’à  accepter enfin de penser à  elle, à  son rôle de grand-mère

Anna Muylaert, la réalisatrice qui portait ce film depuis 20 ans, l’a nourri de toutes les évolutions politiques et sociales du pays lui conférant une vraie profondeur. Elle fait de Val, un beau portrait de femme et de mère.

Chroniques cinéma « Comme un avion » et « Contes italiens »

«Comme un avion »
De Bruno Podalydès

Avec B. Podalydès, Sandrine Kiberlain Agnès Jaoui.

Comédie française. 2015.

«Contes italiens »
de Paolo et Vittorio Taviani

Avec Riccardo Scarmacio, Jasmine Trinca

Drame italien 2015. 1h55

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Deux films « évasion » à  5 siècles de distance à  propos de personnages emportés par les tourments de la vie. Si le 1er apparaît comme une douce évasion un peu légère, le second emprunte le genre du « conte » pour aborder des sujets graves : l’amour, la mort, avec brio et de grandes qualités visuelles.

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Dans « Comme un avion » Michel (Bruno Podalydès), la petite cinquantaine, est infographiste à  Paris. Pas toujours inspiré, il rêve de voyages en avion et découvre un jour la similitude des fuselages des aéroplanes avec le kayak. Rapidement acheté, l’objet va devenir l’objet de ses nouvelles envies : larguer les amarres. Et le voilà  parti non sans mal, sur un cours d’eau d’Ile de France. Mais très vite, il doit faire face aux contingences matérielles : où se loger ? Il accoste un soir près d’une guinguette tenue par une jeune veuve pleine de vie (Agnès Jaoui) aidée d’une bande de « clients » qui l’aident en dilettants. Notre héros au fil de l’eau va se laisser séduire.

C’est léger, un peu longuet, sans but précis sinon une invitation à  « glander ». Bruno Podalydès qui signe aussi la réalisation ne lève jamais vraiment l’ancre de son kayak. D’ailleurs, il finit sa première semaine de périple dans un fossé humide près d’un super marché ! Il tenait pourtant un sujet dans l’air du temps (tout quitter pour vivre autrement), mais ne l’a pas assez nourri, s’est laissé porter par l’ambiance, la musique de Moustaki, de Baschung. On sirote un petit apéro. On aurait aimé un vent et un vin qui décoiffent d’avantage!

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La gravité est en revanche au rendez-vous du dernier film des frères Taviani, « Contes italiens », auteurs du film Padre Padrone, Palme d’or à  Cannes en 1977. La aussi, rupture des héros avec le quotidien : celui de Florence, au XIVème siècle atteinte par la peste. Pour fuir l’épidémie, dix jeunes étudiants (garçons et filles) se réfugient dans une superbe maison en Toscane. Au menu de cette quinzaine hors du temps : se raconter chaque soir une histoire. Le film des frères Taviani s’inspire du Décaméron de Boccace mais ils en font un film lumineux et profond en abordant dans chaque conte raconté et mis en images, les thèmes de l’amour et de ses affres sous toutes ses formes, en donnant aux femmes la part centrale de l’œuvre.

Les jeunes comédiens épousent les passions de leurs aînés de cinq siècles, ils évoluent dans une campagne nimbée de lumières printanières ou automnales, les costumes sont superbes, la musique à  l’unisson des sentiments.

On passe d’une histoire d’amour filial à  celle de nonnes aux prises avec les tourments de la chair, jusqu’à  l’amour éperdu d’un jeune comte pour une veuve.

Les frères Taviani font de ces « Contes italiens » une ode à  la vie, à  l’amour, à  la jeunesseA quatre vingt ans passés !

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Une année de cinéma : la jeunesse au 1er plan.

Une année de cinéma : la jeunesse au 1er plan.

Des films éclectiques présentés dans cette rubrique cinéma cette année, et me semble-t-il un thème majeur qui domine : celui de la jeunesse.
On découvre parmi ces longs métrages les portraits multiples d’une jeunesse européenne de toutes conditions, traversée par une violence à  chaque fois différente certes, mais bien réelle pourtant. Pour y faire face, le groupe est indispensable : que ce soit la famille, les copains du lycée ou ceux de la bande du quartier. Parfois et heureusement, la rencontre avec un ou plusieurs adultes – des passeurs -permet de trouver une manière de grandir, de s’en sortir, voire de connaître la rédemption et se découvrir jeune adulte. C’est ce qui arrive parfois.

Voyage au pays d’une certaine jeunesse qui se donne à  voir dans ces films-miroirs.

La jeunesse est un thème qui a toujours intéressé les cinéastes, mais ce cru 2014-2015 me semble montrer la réalité de certaines situations confrontées à  de multiples formes de violences.

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Que ce soit

• Une violence sociale comme dans « Mange tes morts » de Jean-Charles Hue sur la vie d’une communauté gitane dans le Nord, « Bande de filles » de Céline Sciamma, sur la vie de quatre adolescentes dans une cité de banlieue parisienne ou « Spartacus et Cassandra » , un docu-fiction sur le quotidien de deux jeunes roms traumatisés par la violence de leur père .

• Violence liée à  la délinquance comme celle de ces ados issus de l’immigration dans un quartier de Strasbourg dans « Qu’ Allah bénisse la France » d’Abd Al Malik avec trafics de drogues et cambriolages ou celle de Malhony, cet ado rebelle et fugueur du film « La tête haute » d’Emmanuelle Bercot.

• Violence verbale entre « Les héritiers » de MC Mention Schaar, ces lycéens d’une classe de seconde à  qui l’on propose un travail sur l’Holocauste. Violence sans mots mais qui se vit tout en douleur dans « Le dernier coup de marteau » d’Alix Delaporte pour Victor, 13 ans, se frayant un chemin entre une mère très malade et un père qui ne l’a jamais reconnu.

• Violence de situation liée au métier qu’il souhaite exercer pour Benjamin, un jeune étudiant en médecine dans «Hippocrate » de Thomas Lilti confronté à  la souffrance, à  la mort, au choix de fin de vie.

Et ailleurs hors de nos frontières ?

• Une violence encore plus grande, politique et économique pour ces jeunes espagnols de « La belle jeunesse » de Jaime Rosales obligés de s’exiler en Allemagne et de se prostituer pour vivre ou bien celle subie par ces deux jeunes africains candidats à  l’immigration pour fuir la misère de leurs pays dans « Hope » de Boris Lojkine et qui connaîtront le racket et la violence des passeurs.

Pouvoir compter sur les autres, ses compagnons de misère ou de galère est un élément indispensable dans la traversée de cette période charnière de leur vie.
Parfois, la famille malgré ses propres difficultés assure son rôle protecteur et éducatif.

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• C’est ce que va connaître Victor dans « Le dernier coup de marteau » qui découvrira à  la fois le monde de la musique et ce père inconnu et si imposant, ou même Spartacus qui loin de ce père violent arrivera peut-être à  retisser des liens. Car ces liens du sang sont si importants pour les communautés roms ou gitanes.

• Celle de « Mange tes morts » dans le Nord conserve cette culture de clan et cette appartenance aussi à  l’église évangélique (une autre forme de famille) qui leur tient un peu lieu de boussole et de guide de bonne conduite..

• Mais tous n’ont pas cette chance. Alors, la « bande » est cette deuxième famille que l’on se choisit comme les quatre adolescentes blacks d’une cité parisienne de «Bandes de filles » qui se battent contre les garçons de leur cité adoptant leurs codes vestimentaires, leur langage pour se faire respecter..croient-elles. Pour les filles de banlieue, la violence sociale est aussi une violence sexiste et sexuelle.

• A Strasbourg, dans « Qu’Allah bénisse la France » la délinquance a déjà  gangréné l’avenir des copains d’Abd Al Malik. Pour un temps, la prison ou la mort ne séparent pas encore les compagnons d’infortune. Mais cela ne durera pas.

• Les jeunes de Madrid se serrent les coudes dans « La Belle jeunesse » et ont trouvé à  exprimer par l’humour et sur le net 2.0 leurs galères et leurs désillusions en réalisant de petits films réussis. Mais l’avenir réel n’est pas rose pour eux..

• Pour Hope , candidate à  l’immigration, en revanche, pas de soutien d’un groupe, c’est plutôt le combat contre une bande organisée qui est son lot quotidien : celle des voleurs, violeurs et escrocs en touts genres. Il ne fait pas bon être une femme dans ces pays en guerre. Hope et son compagnon de route connaîtront la pire des morts.

Pourtant, pour beaucoup de ces histoires de jeunes en désespérance, des hommes et des femmes vont avoir un regard bienveillant et constructeur sur ces enfants perdus.

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• C’est Camille la trapéziste qui va emmener Spartacus et Cassandra loin de la fragilité et de la de la violence du père pour leur construite une vie plus régulière.

• C’est ce merveilleux professeur de français qui croit aux capacités intellectuelles de ses élèves de seconde «Les héritier » pourtant rabaissés par beaucoup de ses collègues. Ils gagneront le 1er prix au concours de mémoire sur la déportation. Un projet collectif qui soudera la classe.

• C’est le professeur de philo d’Abd Al Malik qui lui fera découvrir la poésie, la beauté de la langue française, l’encouragera à  préparer une classe préparatoire. Le jeune homme poursuivra le chemin, approfondira sa foi, plongera dans les beautés du soufisme et écrira « Qu’Allah bénisse la France » avant d’en réaliser l’adaptation au cinéma.

• C’est Catherine Deneuve, juge pour enfants dans le film, qui ne lâchera pas d’une semelle Malhony, dans « La Tête haute » malgré toutes les bêtises et la violence qu’il montrera car elle voit en lui autre chose qu’une décision de justice à  donner.

• C’est dans « Hippocrate » , Reda Ketab, qui joue le rôle d’un jeune médecin algérien. Il guidera Benjamin dans son cheminement professionnel et personnel pour l’aider à  découvrir la grandeur et la responsabilité du métier de médecin.

Tous ces « passeurs » au bon sens du mot auront été des repères pour ces jeunes en mal de tendresse, de soutiens, de sens à  donner à  leur vie

Deux films un peu décalés par rapport à  ceux-là , brossent aussi le portrait de deux jeunes filles en donnant une large place à  la religion ou à  un personnage religieux.

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« Marie Heurtin » de Jean-Pierre Améris raconte l’histoire de cette jeune fille aveugle, sourde et muette qui va s’ouvrir à  la relation aux autres, au langage grâce au travail acharné d’une religieuse pour lui apprendre la langue des signes. Cela se passe à  la fin du XIXème siècle et le film donne une image à  la fois pleine d’ingéniosité et de générosité de cette religieuse mais aussi la peinture bien dépassée aujourd’hui d’un cadre religieux un peu figé.

Et puis il y a « Chemin de croix » de Dietrich Brà¼ggemann ou le dévoiement de l’éducation rigide et sacrificielle d’une mère sur ses enfants au nom d’une observance très stricte de la religion catholique. Sa fille encore adolescente en mourra

Une autre forme de violence que celles décrites plus haut, mais toute aussi réelle, hélas.

Au regard de ces deux films, on a l’impression que le cinéma a du mal à  donner une image juste et réaliste de la vie de jeunes croyants…Dommage..

Marie-Noëlle Gougeon

Rencontre-débat autour du film Histoire de Judas

Le mercredi 24 Juin à  20H.

Rencontre-débat autour du film «Histoire de Judas »

de Rabah Ameur Zaimeche

avec Michel Quesnel Bibliste et exégète et en partenariat avec le service Arts Culture et Foi du diocèse.

Au CinéMourguet, 15 Rue Deshay à  Ste Foy-lès-Lyon

Tel 04 78 59 01 46.

M ET LE 3ème SECRET

Documentaire de Pierre Barnérias.

France – 2013 – 1h49 –

Projection le 28 Mai à  14h30 au Ciné Mourguet

Présentation & Débat en présence de MARIE-NOà‹LLE GOUGEON, du service Art, Cultures et Foi du Diocèse et le père ROGER PHILIBERT de Ste Foy.

Depuis 2000 ans, une femme entre toutes les femmes bouleverse le monde et ses habitants. Son nom : Marie. Filiation : les trois religions du livre. Une femme juive priée par des musulmans. Une déesse pour les Hindous, la mère de Dieu pour les Chrétiens, un ultime recours pour des non croyants.

Une enquête inédite et haletante pour découvrir le 3ème secret de Fatima.

Ciné Mourguet – 15 rue Deshay 69110 SAINTE-FOY-LÈS-LYON
Tél : 04 78 59 01 46

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Chroniques cinéma – « Trois souvenirs de ma jeunesse »

d’Arnaud Desplechin

Avec Quentin Dolmaire Lou Roy Collinet, André Dussolier.

Comédie dramatique (Français 2h00).
Présenté à  la Quinzaine des réalisateurs à  Cannes.

Chroniques cinéma du 22 Mai 2015 Marie-Noëlle Gougeon

Quand la passion pour une jeune fille émancipée déchire le cœur et la vie d’un jeune garçon dans les années 70..Pour lui, une blessure inoubliableUn beau film réussi d’Arnaud Desplechin avec deux jeunes comédiens en osmose avec leur réalisateur.

Paul Dédalus, anthropologue, revient en France après de nombreuses années passées en Ouzbékistan et au Tadjikistan. A la douane, il est arrêté, car un autre Paul Dédalus existerait en Australie. Une usurpation d’identité ? Alors les souvenirs affluent. Lors d’un voyage scolaire à  Minsk, Paul et son ami Kowalki avaient aidé des dissidents juifs à  se procurer de l’argent pour rejoindre Israël et Paul avait « offert » son passeport.

Cette question de l’identité va être le prétexte à  Arnaud Desplechin pour évoquer cette période de la vie de Paul et surtout celle qui a suivi de quelques années : cette charnière que chacun connaît à  la fin des études, où l’on se cherche, lorsqu’il faut choisir une voie : la fac , une formation professionnelle ? Au risque de se couper des copains, de la famille, de la ville où l’on a toute sa vie. C’est ce qui arrive à  Paul. Il quitte Roubaix (la ville natale d’Arnaud Desplechin) pour Paris et des études d’anthropologie.

Mais trop de choses l’attachent à  sa ville d’origine : une famille où il a souffert, (une mère détestée qui s’est suicidée, un père dépressif, un frère et une sœur très aimants) mais surtout une bande de copains, et par-dessus tout Esther, le centre de tous ses tourments, de toutes ses pensées. La passion va emplir sa vie, ses journées. Il se veut détaché, « moderne », accepte que la jeune fille ait d’autres relations mais …Le cœur a ses raisons, refrain bien connu. Kowalki, son meilleur ami, lui « enlèvera » Esther ou ne serait-ce pas plutôt la jeune fille qui a provoqué la « trahison » ?

Le film « Trois souvenirs de ma jeunesse » tient de cette évocation à  la fois mélancolique et nostalgique que l’on voit poindre à  intervalles réguliers sur ces moments de la vie où tout était envisageable. Moments exaltants des amitiés fulgurantes et des passions amoureuses qui se vivaient tout autant qu’elles se « disaient », se racontaient, s’écrivaient.

Et le film d’Arnaud Desplechin excelle à  donner un écrin à  cette anthropologie des tourments du cœur et de l’âme, à  cette découverte du langage des corps, des cœurs, avec la morsure de la jalousie, le 1er chagrin d’amour qui ne s’oubliera pas. Les héros parlent, s’écrivent tout autant. On les entend en voix off lire leurs lettres d’amour. On pense à  Rohmer, au film « Le genou de Claire ». Paul Dédalus adulte, à  la fin du film, avoue :
« Il me reste : un amour intact, un chagrin intact, une fureur intacte »

Arnaud Desplechin filme au plus près des visages de ses acteurs, aux traits encore très doux de l’enfance Peu de scènes en extérieur : la passion et les atermoiements du cœur ont besoin de pénombre et d’intimité. On ne ressent pas de tristesse pourtant à  cette histoire inachevée mais la trajectoire d’un homme adulte figée à  un moment de son histoirele laissant sans doute quelque part un « enfant » pour toujours inconsolé

Les deux jeunes comédiens sont justes, émouvants, vrais. De la belle ouvrage.

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