Cinéma et Spiritualité

mercredi 18 mars 2015

Lyon – Paroisse du Sacré-Cœur

89 rue Antoine Charial
69003 Lyon

Tél. : +334 78 54 86 31

L’ association Cinéma et Spiritualité, présidée par Michèle Debidour, organise des rencontres mensuelles à  Lyon (paroisse du Sacré-Coeur) et Dieulefit (en partenariat avec le cinéma Labor).

En projet : formation à  l’analyse filmique et Journées Cinéma.

prochain rendez-vous à  Lyon : mercredi 18 mars 2015

échange sur «Hungry hearts » de Saverio Costanzo et «Le dernier loup » de J-J Annaud

+ d’info :[->mdebidour@gmail.com]

[->http://sacrecoeur-lyon.fr/_Paroisse-du-Sacre-Coeur-Lyon_]

Chroniques cinéma – « Birdman »

de Alejandro Inarritu

avec Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone
( Américain 1h59 2015).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Birdman du mexicain Alejandro Inarritu n’a pas volé les oscars qu’il a reçus il y a un mois. Une mise en abîme réussie sur le monde du théâtre, du cinéma, leurs artifices, le jeu de la vérité des personnages ou des comédiens.

Il y a vingt ans, Riggan Thomson a incarné un super-héros dans un film à  Hollywood : Birdman, une sorte de BatmanMais aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose de cette célébrité : aussi est-il venu à  New-York, rechercher sur une scène de Broadway un retour sinon vers la gloire du moins vers un certain succès. Mais dépité par un comédien de la pièce qu’il juge médiocre, il se débrouille pour l’éliminer. L’infortuné est remplacé au pied levé par un « jeune premier » qui bientôt engage une bataille d’égo avec Thomson. Une course contre la montre s’engage à  quelques jours de la première. La pièce pourra-t-elle se jouer quand même ?

Birdman n’est pas seulement un film sur une pièce de théâtre en train de se faire. Inarritu amplifie le propos en interrogeant le rapport entre le personnage et l’acteur, la réalité de l’un et de l’autre. Comment survivre alors que le personnage qui vous a rendu célèbre n’est plus ?

Tout au long du film, une voix d’outre-tombe, celle de Birdman viendra résonner aux oreilles de Thomson pour qu’il reprenne ce rôle fameux qu’il a tenu par le passé. Mais le comédien tient à  cette pièce qu’il a l’intention de mener jusqu’au bout, affrontant avec bravache ses fantômes : des rêves de beaux rôles envolés, une fille dont il s’est si peu occupée, une compagne mal aimée

C’est bien plus qu’une pièce de théâtre qu’il va jouer : c’est sa propre vie, dans un jeu de la vérité entre lui et le personnage qu’il interprétait jadis. Où est-il le plus vrai ? Sur scène ou dans la vie ?

Il n’y aura pas de gagnant le soir de la première.. Ni Hollywood avec ses blockbusters, ni Broadway avec des comédiens et des pièces poussives ne savent plus rendre ce qu’est en vérité la vie, l’amour, la mort poussant les acteurs à  « surjouer », à  déserter leur rôle

Inarritu fait de son Birdman une vertigineuse mise en abîme du monde du théâtre et de la vie avec des plans séquences sublimes à  l’intérieur du théâtre : on « est » Thomson en proie à  ses colères, ses doutes. On partage le plaisir des seconds rôles indispensables au succès de la vedette. Grâce à  des travellings fluides et inspirés, on court d’une loge au plateau de scène, du hall aux ateliers de couture, déambulant tout au long des couloirs, des coursives, en haut des cintres

Mickael Keaton est magnifique en comédien hilarant, fragile, déjanté. Lui-même a vécu une traversée du désert et avait joué dans le Batman de Tim Burton. Etonnante coïncidence entre fiction et réalité

Birdman a remporté cinq oscars au mois de février dernier dont celui du meilleur réalisateur pour Alejandro Inarritu et celui du meilleur film. Récompenses amplement méritées.

Chroniques cinéma – « American Sniper »

de Clint Eastwood

avec Bradley Cooper et Sienna Miller
(film américain 2h12 2014).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Clint Eastwood dans son dernier film, Amerian sniper, mêle avec tout le talent qu’on lui connaît la glorification du patriotisme américain et l’interrogation morale sur la guerre. Efficace et troublant.

American Sniper est tiré d’une histoire vraie, celle de Chris Kyle, un tireur d’élite des Navy Seal, parti pour 4 longues missions en Irak. Au bout de ces 1000 jours de guerre, il avait tué plus de 200 soldats ennemis, protégeant ainsi ses frères d’armes, certes, ce qui lui vaudra le surnom de «The Legend ». Mais dans le lot, ce sont parfois des femmes, des enfants portant des grenades qu’il a dans sa ligne de mire

Marié, père de famille, son engagement militaire prend vite le pas sur sa vie de couple, sa place de père. Comment pourrait-il en être autrement ? De retour définitif d’Irak, Chris Kyle pense, réfléchit, agit toujours avec des réflexes de soldat. Un chien un peu violent lui fait perdre les pédales et réagir d’une manière tellement agressive qu’il se résout à  consulter un psychiatre. Ce dernier lui propose de venir aider ceux qui reviennent de la guerre, mutilés. Ce qu’il fera tout en mettant en place une école pour tireur d’élite. Il mourra assassiné, en 2013, sous les balles d’un soldat revenu d’Irak, traumatiséSes funérailles donneront lieu au spectacle de toute une région réunie sur le passage du cortège funèbre, bannières étoilées déployées pour un dernier hommage patriotique à  ce soldat symbole d’un pays nourri à  la gloire des armes.

On connaît les convictions républicaines de Clint Eastwood mais aussi son talent pour les films à  thèses et populaires. Avec son dernier film, il réussit encore à  provoquer l’engouement du public (c’est son plus gros succès commercial aux USA) et en même temps à  offrir de multiples analyses à  cet opus de guerre. D’ailleurs, il mêle habilement les deux thèses en présence. L’une, la légitimation de la guerre : Kyle ne tirait que pour protéger ses copains. Et l’autre : comment justifier une guerre faite au nom de convictions (ici la croisade contre le mal) au point de laisser l’IRAK et des G.I’s dévastés..
Clint Eastwood excelle dans le montage faisant alterner des séquences de batailles filmées magistralement et des scènes d’intimité avec sa femme ou de pauses avec ses copains. La dernière séquence tournée lors d’une tempête de sable est époustouflante..Son acteur Bradley Cooper, apporte au personnage de Kyle un poids et une crédibilité manifestes. Il est plus vrai qu’un vrai Navy seal !
Mais à  intervalles réguliers, les doutes de Kyle viennent perturber ce « beau spectacle » et notre conscience de spectateurJamais pourtant C. Eastwood ne remet en cause le choix de Georges Busch. Et la dernière séquence d’hommage le long du cortège funèbre (des images d’actualités) semble valoriser la thèse du patriotisme et de la défense armée en occultant toute une remise en cause de cette culture des armes. Troublant

Spartacus et Cassandra

de Ioanis Nuguet

avec Cassandra Dumitru, Spartacus Ursu et Camille Brisson.

Film français 2015 1H20.

Deux enfants roms face à  leur destin : rester avec la famille ou choisir leur propre vie..

Spartacus et Cassandra sont deux adolescents s roms qui vivent ou plutôt survivent dans un bidonville en Seine St Denis. Le juge aux affaires familiales a retiré au père violent et alcoolique le droit de les garder. La mère maladive est à  la dérive même si elle aime profondément ses enfants. Quel dilemme pour Spartacus et Cassandra qui ont envie comme tous les ados de leur âge d’un peu de stabilité, d’attention, de loisirs

Ils vont bien à  l’école mais par intermittence et n’arrivent pas à  s’intégrer durablement. Seul havre de paix, ce chapiteau en bois, construit par Camille, une trapéziste. Un chapiteau-cour des miracles : On vient y faire du trapèze, rire et chanter, chahuter, être un gosse tout simplement.

Le père ne se résout pas à  ne plus voir ses enfants, bien ô combien précieux dans la culture rom. La sédentarité non plus ne lui convient pas. Ce qu’il veut, c’est un terrain pour y planter sa caravane et récupérer ses enfants.

Mais ses enfants hésitent : comment choisir entre leur famille, lien ancestral de la culture rom, et l’émancipation que leur offre Camille, avec éducation et règles de vie.

C’est pourtant cette dernière option qu’ils choisiront non sans déchirement. Partis avec la jeune femme en Dordogne, loin de leurs parents, ils vont faire l’expérience de leurs propres désirs, le bonheur d’habiter une maison simple mais propre, des occupations « d’enfants » au lieu de la mendicité qu’ils avaient connue à  Paris.

«Spartacus et Cassandra » est filmé à  hauteur des yeux des enfants : la caméra suit leur regard qui filtre la réalité : là  c’est une descente de police, ici, un moment à  l’école, ailleurs la violence des rapports entre Spartacus et son père. On sent le gamin déchiré : l’adulte c’est lui, qui doit prendre en mains sa vie, son père en est incapable. «Mais c’est toi mon père, c’est toi qui sait » lui crie-t-il les larmes aux yeux, anéanti

Le film regorge de moments baroques, faits d’élans de tendresse et de brusquerie. A tout moment, tout peut basculer. Et l’on comprend à  quel point ces personnes ayant fui leur pays car on ne veut plus d’eux, vivent l’errance au plus profond d’eux même. Ils sont les enfants du provisoire et du voyage.

Voilà  un film plein de vie mais grave, qui montre deux enfants face à  leur destin. Aujourd’hui Spartacus et Cassandra vont régulièrement à  l’école et viennent témoigner à  la fin du film lorsque celui-ci projeté avant une discussion. Visiblement ils sont réussi leur émancipation. Le film est soutenu par Amnesty International.

LE PRINCE DE HOMBOURG

au TNP

de Heinrich von Kleist

mise en scène Giorgio Barberio Corsetti

Du 25 février au 8 mars 2015

Grand théâtre – Salle Roger Planchon

Les représentations restantes

Samedi 28 février 2015 à  20 h 00

Mardi 3 mars 2015 à  20 h 00

Juste retour des choses, «Le Prince de Hambourg » revient au TNP.On se souvient de son apparition magique en 1951, sous la conduite de Jean Vilar, avec les traits de Gérard Philipe, au festival d’Avignon et Jeanne Moreau dans le rôle de Nathalie. Olivier Py, pour la première année de sa direction du festival a choisi, pour l’inaugurer cette pièce de Von Kleist, et un metteur en scène italien : Giorgio Barberio Corsetti. Le désir d’être dans la tradition du Répertoire n’est probablement pas étranger à  ce choix.

L’intrigue est simple et s’ouvre sur «Le Prince de Hambourg » qui sort difficilement d’un rêve, à  la veille du départ en guerre du duché de Brandebourg, contre la Suède, sous le commandement du Grand Electeur, son oncle. Il est distrait lorsque lui sont données les instructions de ne pas faire intervenir la cavalerie qu’il commande, avant l’ordre du chef de guerre. Il ne respectera pas les consignes et devancera le signal, permettant ainsi une brillante victoire qui en fait un héros, mais il sera condamné à  mort pour désobéissance. L’amour de Nathalie, dont le gant perdu et retrouvé, a prolongé son rêve et la pétition de ses soldats feront-elles changer la décision, et comment réagira le Prince ?

Xavier Gallais campe remarquablement avec beaucoup de cohérence l’image d’une nonchalance chanceuse, soumise à  son destin entre rêve et réalité, avec la conviction romantique que l’on peut toujours se soustraire au monde, dont nous sommes les marionnettes par le rêve initial ou l’évanouissement final. Là  où Gérard Philippe était Fanfan la Tulipe, maté de Don Quichotte, Xavier Gallais appartient au monde de Calderon, où Sigismond participe à  deux univers que sépare le miroir de Lewis Carroll. Faut-il y voir une leçon de vie ou de mort ? Il est le cousin d’Hamlet : « dormir, mourir, rêver peut-être ». Kleist se suicidera peu de temps après cette dernière pièce, sans qu’il y ait là  une réponse.

En contraste du personnage principal, les acteurs du réel, ceux qui font la guerre « aux ordres » sont très convaincants et bien dirigés, avec une Nathalie d’Orange qui fait figure de passeuse entre deux mondes. Rêve et réalité sont repris dans l’espace avec l’espace de guerre, horizontal puis en pente douce, où le héros ne pourra que glisser et le petit théâtre de l’imaginaire où se retire le réel, comme l’Electrice et sa cour, le gant perdu comme trace abandonné au songe.
Quelques très belles images esthétiquement très fortes : au départ les éphèbes nus habillant le héros, la chevauchée fantastique en projection vidéo, et l’image finale de marionnette, symboles plus en écho de Kleist que de la pièce.
«Le Prince de Hambourg », un drame ? S’interroge au cours du prologue l’Electrice, en tout cas une très belle réalisation dont la retransmission en direct en juillet du festival avait bien montré que le théâtre, au théâtre, ne peut être téléporté, quelque chose qui participe de la présence réelle !

Il faut donc aller au TNP.

Hugues Rousset

[-> http://www.tnp-villeurbanne.com/manifestation/prince-hombourg-fev-mars-14-15#/videos]

« NUITS » TENDRES A L’ENSATT

Du 23 février au 6 mars 2015 à  20h (relâche le dimanche)

Durée : 1h15

Théâtre «Laurent Terzieff »
ENSATT

4, rue soeur Bouvier Lyon 5e / Bus C20E, 46, 49 : St Irénée

Les lyonnais connaissent-ils leur chance d’abriter l’ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) ,et d’être invités chaque année à  voir un spectacle complet présenté par une promotion d’une quinzaine d’élèves (décorateurs, costumiers, scénographes ,musiciens ,chanteurs, éclairagistes et bien sûr acteurs),sous la direction d’un metteur en scène invité.

Il y a de bonnes et de moins bonnes années. Cette année, sous la direction du chorégraphe Daniel Larrieu, c’est une très bonne année et qui s’intéresse au théâtre se doit de rejoindre avant le 6 mars le Théâtre dédié à  Laurent Terzieff ,à  l’intérieur de l’Ecole, pour applaudir et encourager la promotion Armand Gatti, qui nous « ravit » au jour pour nous faire partager ses nuits (une heure trente en suspens entre ciel et terre pour nous rappeler que nous sommes bien faits de « l’étoffe de nos rêves »).

Tout commence par des éclats de voix dans le noir issus de la salle lancés comme des invitations au spectacle sur le thème des rapports entre la scène et la salle, la mise en espaceet en rêves, selon la logique inconsciente de leur organisation, celle des représentations de la vie comme un songe, qui pourrait être l’histoire du théâtre lui-même, ( opéra, cabaret, théâtre élisabéthain, propos dada et surréalistes).

J’étais tellement dans l’entre-deux du songe (d’une nuit d’hiver) que je ne sais plus si j’ai entendu « le Pélican »(nuit de mai de Musset),ou si je l’ai rêvéExercices de style, rapidement menés ,par une troupe dont on perçoit les liens subtiles et le plaisir du jeu, sous la baguette du chorégraphe, devenu metteur en scène.

Ensuite, l’empreinte chorégraphique prend définitivement le pas, donnant toute sa place à  la plastique avec en fond de décor une très belle toile peinte de Latifa Echakhch , prix Marcel Duchamp 2013, qui m’a évoqué Magritte et des costumes inspirés de la mode contemporaine.

Pierrots lunaires en noir et blanc qui nous racontent l’histoire que la nuit inscrit dans nos imaginaires et où nous retrouvons ce que nous souhaitons y mettre, avant que le ciel ne nous tombe sur la terre, et se prolonge en mer agitée .

L’espace du rêve et du théâtre se rejoignent dans une vision cosmique, peuplée des fantômes qui nous habitent.

Au total, un spectacle à  ne pas manquer, à  l’honneur d’une grande École de Théâtre qui mêlant les différentes professions des Arts du Théâtre, et en les accordant si bien nous invitent à  admettre que, pour le bonheur de la salle, « Sire le Mot » doit parfois partager la scène. Le théâtre comme « performance »ici réussie.

En passant, hommage à  Armand Gatti, grand homme de théâtre, trop peu connu, bien loin de ce spectacle, mais qui a su ouvrir, avec générosité d’autres portes, diurnes, au théâtre contemporain. Un Portier de Jour en quelque sorte

Hugues Rousset

[->http://www.ensatt.fr/index.php/14-archives-ateliers-spectacles/1605-nuits]

Réservations : 04 78 15 05 07 / production@ensatt.fr

Tarif normal : 10€ / Tarif réduit : 5€

Les merveilles

de Alice Rohrwacher

avec Maria Lungu, Alba Rohwacher. Sam Louwyck.
(Italien 1h51).

Grand Prix au Festival de Cannes 2014.

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Une chronique douce amère sur la vie utopique d’une famille d’apiculteurs dans une ferme en Ombrie..Entre rêve et réalité.

Ce filma a obtenu le Grand Prix au dernier Festival de Cannes et pourtant l’on ressort perplexe de la projection.
La jeune réalisatrice, Alice Rochwacher, auteur de « Y aura-t-il de la neige à  Noël ? » brosse le portrait d’une famille d’apiculteurs installée dans une maison délabrée de la région de l’Ombrie en Italie.

Le père, fort en gueule et sûr de ses idées utopistes règne sur sa tribu (une épouse et 4 filles). Chez lui, Il y a bien quelques règles mais elles sont surtout en opposition à  celles de la société. Les fillettes se débrouillent comme elles peuvent entre virées sur la plage, jeux dans la campagne et aide au père pour s’occuper des ruches. Gelsomina l’aînée, (prénom prédestiné !), jeune adolescente, semble veiller sur cette famille et montrer un sens des réalités plus aiguisé que celui de son père.

On ne sait d’où vient le plus grand danger : des abeilles qui entourent par centaines Gelsomina près des ruches, de l’autoritarisme de son père ou des tentations de la société !
Anxieuse, la jeune fille écoute souvent derrière la porte de la chambre de ses parents de peur de sentir sa mère en danger.. Le père est si imprévisible.

L’adolescente voudrait bien aider la famille qui tire le diable par la queue. Une émission de télé-réalité vient de poser ses caméras, à  proximité. Elle s’inscrit au concours du « Village des Merveilles » ces traditions locales que la télévision veut récompenser comme les chants traditionnels des grands-mères ou ce miel que récolte sa famille.

Gésolmina ne gagnera pas le jeu TV et cette séquence en carton pâte viendra sonner le glas des illusions de la fillette et de son père. «Tout ne s’achète pas » aura-t-il beau dire maladroitement aux caméras de TV… Il faut bien nourrir sa famille pourtant. Ses idéaux de vivre en marge ont fait long feu.

Même cette séquence TV avec rires et poésie factices semble aussi sonner la fin d’une certaine forme de comédie à  l’italienne.

Alice Rohrwacher laisse la bride sur le cou à  la caméra qui rend bien à  l’écran la vie de cette famille sans contraintes : la mère se balade assez dévêtue, les filles pataugent pieds nus dans les flaques, le père dort à  la belle étoile sur un matelas. Maria Lungu campe une Gelsomina avec une force de caractère peu commune. Alba Rohrwacher, la sœur de la réalisatrice au visage accrocheur, joue le rôle de la mère, fataliste et effacée. Sam Louwyck promène sa longue silhouette de baba cool désemparé….

La dernière image montre la ferme délabrée vide de ses occupants. Vide du climat poétique, loufoque et libertaire qui la remplissait. Comme si le film n’avait été qu’une longue rêverie de ses habitants.
Une rêverie qu’on n’aura pas tout à  fait partagée durant près de deux heures de film

Hildegarde de Bingen

Avec le soutien de la Fondation St Irénée

Première du spectacle

Le Dimanche 1 Mars à  19h

église St Jacques , 51 rue Jean Sarrazin , Lyon 69008

Tram 4 : États-Unis / Tony Garnier

bus C25 : Professeur Beau Visage / CISI ou Etats Unis / Tony Garnier

« Il faut mettre en place une lutte farouche à  l’intérieur de soi-même, une ascèse à  la consommation, une sobriété heureuse, pour faire un bon usage du monde et répondre à  l’attente de Dieu . L’homme est ministre de l’univers remis entre ses mains… »

Une femme d’une actualité incroyable, qui replace l’homme en unité avec cosmos.
Non seulement Hildegarde soigne le corps avec ses recettes et ses médicaments, mais elle soigne l’âme avec ses écrits originaux, ses chants magnifiques et ses enluminures stupéfiantes!

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Chroniques cinéma – « Félix et Meira »

de Maxime Giroux

avec Hadas Yaron, Martin Dubreuil (Film canadien 1h45 2015).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Sur fond d’histoire d’amour, une subtile réflexion sur les contraintes que l’on peut ressentir au sein d’une communauté qu’elle soit religieuse (ici juive) ou familiale. Et les choix qui en découlent.

C’est une histoire improbable que celle qui réunit Meira, jeune femme mariée, maman d’une petite Licheva, appartenant à  une communauté juive orthodoxe et Félix, trentenaire bourgeois et dilettante, en plein désarroi depuis la mort de son père qu’il n’avait pas revu depuis 10 ans.

On sent l’un et l’autre « flotter » dans leur vie. Meira obéit sans convictions aux injonctions de son mari, très religieux. Celui-ci ne peut imaginer qu’elle déroge aux devoirs qui sont les siens : porter le foulard, ne pas écouter de musique « dégénérée », avoir beaucoup d’enfants, célébrer « shabbat » bien sûr en famille.

Félix lui, sent que la très grande liberté qu’il s’est octroyée jusqu’à  présent ne le mène nulle part.

Ces deux « orphelins » vont se rencontrer d’une façon inattendue dans les rues enneigées de la ville de Montréal où ils habitent. Et par petites touches, l’un et l’autre vont s’apprivoiser. Meira se libère petit à  petit des règles de sa vie, écoute du reggae, ose le pantalon, se dénude la tête car sous le voile, elle porte une perruque. C’est comme si elle se mettait à  nuFélix est captivé par cette femme-enfant qui ne demande qu’à  éclore.

Le mari Shulem qui a découvert l’idylle, agresse d’abord violement Félix, puis se remet en question et si le départ du film pouvait laisser penser à  une critique des règles rigides de cette communauté juive orthodoxe, la façon dont Maxime Giroux fait évoluer l’histoire est étonnante et empreinte de subtilité et d’intelligence.
Car Shulem apparaît alors comme empli de sagesse. En forçant Félix à  lire une lettre que son père lui a écrit avant de mourir, il lui permet de découvrir sous sa conduite autoritaire tout l’amour d’un père, comme nous découvrons en Shulem, sous les préceptes de sa religion qu’il observe fidèlement, un cœur qui peut se fendre.
Petit à  petit il s’ouvre aux désirs de son épouse, à  ses interrogations, même s’il reste fidèle aux lois de sa communauté.

Le film se déroule par petits tableaux intimistes ou chacun se dévoile, murmure, laisse entrevoir une émotion à  fleur de peau, un mot qu’on laisse échapper, un geste d’amour. De nombreuses séquences se déroulent dans des appartements près d’une vitre (fenêtre de chambre, baie de building …) comme si les protagonistes voulaient prendre leur envol mais « empêchés » intérieurement, conserveraient encore un peu la protection de la vitre.
La communauté hassidique est décrite avec bienveillance, en « observateur », comme souhaitait le montrer le réalisateur qui vivait à  côté de l’une d’entre elles lorsqu’il habitait Montréal.

C’est un film sur l’écoute et le dialogue finalement qui nous est proposé en même temps que l’histoire d’une métamorphose, une mutation de chacun des trois personnages. Ils vont tous évoluer au cours de ce film.
Les rôles de Félix et Meira sont tenus par des comédiens tout en osmose et en fragilités. Grâce à  eux on est intimement plongé dans ce drame amoureux. Que vont-ils devenir ?
La fin laisse le spectateur entièrement libre. Félix et Meira sont à  Venise avec Licheva. Meira sert sa fille dans ses bras en lui disant : Je suis désolée, mon amour, je suis désolée.
Est-ce à  sa fille qu’elle s’adresse, à  Félix assis à  ses côtés, à  son mari resté à  Montréal ? On ne sait.
Chacun écrira la réponse qu’il imagine..

Festival du Film Solidaire de Lyon Croix-Rousse – “Princes des Fatras”

le 28 février.

Le roman de Jean-Yves Loude “Princes des Fatras” (Belin) et le film “Les Princes des Fatras”, seront présentés en avant-première lors de la première édition du Festival du Film Solidaire de Lyon Croix-Rousse,

Les résultats d’un an de travail et de combat avec le partenariat de l’INSA pour accompagner l’expérience essentielle d’un centre de tri des fatras, déchets à  Cité Soleil, périphérie accablée de la capitale haïtienne.

Un défi urgent pour la planète !

Le film “Les Princes des Fatras” clôturera le Festival : projection à  21h30.

Présentation du film et du roman le mercredi 11 mars à  la médiathèque de Villefranche-sur-Saône à  18h30.