L’Augmentation de Georges Perec

Jusqu’au 27 mai , la Compagnie La Nouvelle Fabrique, propose une pièce de Georges Perec : l’Augmentation

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Comment, quelles que soient les conditions sanitaires, psychologiques, climatiques, économiques ou autre, mettre le maximum de chances de son côté en demandant à  votre chef de service un réajustement de votre salaire.

Entrez dans le monde merveilleux du Travail, de l’Entreprise et de ses méandres, des hiérarchies, des Chefs de Services, de la solitude de l’employé, de la liquidation des rapports humains, de l’absence d’échange.
Visionnaire, Perec écrit cette pièce à  l’époque dite du “plein emploi” (1967) et parle pourtant déjà  des plans de licenciement et de mondialisation. Au fond se pose la question toute simple : Travailler pour qui? Pour quoi? Pour produire? Pour soi-même?

Même si l’on rit, le rire est jaune, car c’est de souffrance au travail qu’il est question. L’acte est autant artistique que politique et le résultat aboutit à  un mélange déroutant d’ironie et de peinture cynique de l’univers du travail

Les horaires :

lundi à  19h • mardi, mercredi, vendredi, samedi à  20h • dimanche à  17h
relâche le jeudi

RÉSERVATIONS/ INFORMATIONS
04 78 28 34 43 / billetterie@clochardscelestes.com

Théâtre des Clochards Célestes
51 rue des Tables Claudiennes – Lyon 1er

« Non-puissance, sobriété, et espérance – Quelle société voulons-nous ?

Non-puissance, sobriété et espérance – Quelle société voulons-nous ?

C‘est le titre du 3ème Colloque organisé par l’association : Chrétiens et Pic de Pétrôle, les

samedi 8 et dimanche 9 novembre 2014

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Un peu d’historique :
À l’origine de « Chrétiens et pic de pétrole », il y a ce constat, simple mais ignoré, voire refusé, par le système dominant : il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini.
Alimentant et croisant cette évidence, qui fait des membres de CPP des objecteurs de croissance, un autre constat renforce l’originalité et la posture de notre association : alors que nous ne pouvons nier que l’Eglise peine à  remettre en cause ce système dominant, de nombreuses actions qui se réclament du message de la “Bonne Nouvelle” (de nombreux « phares » pour reprendre la très juste image d’Ellul) modifient profondément ce positionnement conservateur de l’Eglise.
En remettant en cause le système qui génère la domination d’une minorité d’hommes sur tous les autres et détruit irrémédiablement la planète pour leur seul profit, ces “mobilisations dans les pas du Christ” démontrent que la Bible est toujours vivante, toujours au service des pauvres.

Les deux colloques et les laboratoires organisés depuis 5 ans par CPP ont ainsi positionné l’association au croisement de trois principes d’équilibre, galvaudés par le développement durable et la croissance verte : la cohésion sociale, l’économie au service de l’homme et la préservation de la planète. CPP est convaincu que le message du Christ est consubstantiel de cette recherche d’équilibre et que le « bien vivre » de tous, et particulièrement des plus pauvres, passe par cet harmonieux équilibre et donc par la sortie du productivisme et du consumérisme destructeurs.
CPP souhaite donc continuer à  mener cette réflexion fondamentale qui concerne tous les secteurs de recherche, convaincue que de la confrontation d’idées venues du socialisme, de l’écologie et du christianisme ouvriront de nouveaux champs du possible jusque-là  barrés par des positions idéologiques indépassables dans le système actuel.

CPP se veut élément déclencheur de mises en œuvre concrètes à  partir de nos options intellectuelles. C’est, finalement, en rejoignant les associations, les regroupements, les réseaux, les syndicats, les partis politiques, que les actions possibles envisagées trouvent leur concrétisation. Afin de participer à  cette recherche d’un nouveau paradigme sociétal et réfléchir aux différentes pistes d’actions possibles, nous vous convions au troisième colloque, qui laissera largement place au débat entre les conférenciers et le public.

En savoir plus :

[->http://chretiens-et-pic-de-petrole.org/]

La Voie de l’ennemi

de Rachid Bouchareb

France/Algérie, 2013, 1h58

Sélection officielle Berlinale 2013

Sortie en France le 7 mai 2014.

avec Forset Whitaker, Brenda Blethyn, Harvey Keitell.

Dans l’aridité d’un paysage désertique, un homme cherche une rédemption que la société et les individus lui refusent. Une belle mise en scène et des acteurs justes pour une question morale toujours d’actualité.

Trois personnages dans les paysages arides du Nouveau-Mexique, dans le sud des États-Unis. Garnett sort de prison, en liberté conditionnelle après 18 années de réclusion pour meurtre et une jeunesse de délinquant. Le shérif Bill Agadi est un monument respecté dans une région où il faut sans cesse s’interposer entre les migrants illégaux et les groupes paramilitaires qui surveillent, illégalement, la frontière. Et Emily Smith, agent chargée de contrôler les détenus en liberté conditionnelle. Peu à  peu, et avec une belle mise en scène, chacun d’eux existe avec plus de densité, plus de complexité à  l’écran.311609_1b93cc618de79d26a5f119f600c5210c.jpg

Pendant ces années de détention, Garnett s’est converti à  l’islam. La religion lui permis de se calmer, d’essayer de sortir de l’engrenage de la criminalité. Il aspire à  une vie simple, une famille, une maison, un chien. On réalise vite que la prière lui permet de canaliser la violence qui le ronge et que sa foi est un outil, plus qu’une une espérance ou une révélation. Le shérif, qui applique avec sérénité la loi face aux problèmes de l’immigration, ne comprend pas comment l’homme qui a tué son adjoint puisse retrouver la liberté au bout de 18 ans. Emily Smith, avec bonhomie et fermeté, va tout faire pour que les provocations de l’un ne pousse pas l’autre à  bout.

Si le réalisateur s’est inspiré du film Deux Hommes dans la ville de José Giovanni (1973), il a su actualiser la douloureuse thématique. Il est toujours aussi difficile pour un condamné de changer de vie, de recommencer sur une autre voie. Les pièges des anciens comparses et le ressentiment des victimes élèvent de nouveaux murs autour de ceux qui cherchent une rédemption. Dans ce film, le mur est physiquement présent puisque c’est celui construit par les Etats-Unis à  la frontière avec le Mexique pour empêcher le passage des migrants. Condamnés pour crimes ou condamnés par la pauvreté, des êtres en perdition se heurtent sans cesse au mur de l’égoïsme, au refus du partage. Comme la justice d’une société se heurte toujours à  celles des individus. Rachid Bouchareb : « Je crois au destin, au mektoub. Quand on a mal enclenché sa vie, il est parfois impossible d’en changer le déroulement implacable. Il y a les damnés de la terre. Dans ce sens le titre du film, La Voie de l’ennemi, est symbolique. L’ennemi est intérieur. Garnett est en effet son pire ennemi. Et c’est ça le cœur du film. »

Malgré quelques maladresses dans le scénario, La Voie de l’ennemi montre bien l’enfermement de ces hommes qui sortent de prison. En liberté conditionnelle ou ayant purgé leur peine, ils sont trop souvent confrontés à  la violence d’une société qui les refuse toujours, à  des individus qui voudraient que la justice d’état soit conforme à  leurs émotions. Deux scènes particulièrement poignantes. Celle où Garnett retrouve sa mère que la douleur a brisée et celle, sans parole, où Garnett, envahi par sa propre violence, ne peut plus prier. Silence de la mère et silence de Dieu, que peuvent faire ces êtres fragiles et défaits lorsqu’il n’y a plus le réconfort de l’amour ?311609_b938a5dd7b7afabc86aa2feb990fb936.jpg

L’affiche met en avant les acteurs américains Forest Whytaker (Garnett) et Harvey Keitel, parfaits dans leurs personnages mais c’est l’actrice britannique Brenda Blethyn qui est la plus impressionnante. Chez Mike Leigh, en 1996, elle était la mère délabrée et épouvantée de Secrets et mensonges, et avait obtenu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes pour ce rôle. Ici, à  plus de 60 ans, elle est une époustouflante Emily Smith : ronde et douce dans son apparence physique, ferme et juste dans ses actes. Dans l’une des premières scènes du film, elle apparait, splendide dans son âge et son embonpoint, radieuse dans son sourire, d’un calme contagieux, à  l’égal du coucher de soleil dans le paysage grandiose qui l’enserre… Et la scène où elle engueule le shérif dans son bureau est tout aussi mémorable !

Dans ces décors de western mais au-delà  de tout romanesque, La Voie de l’ennemi pose un problème moral et montre combien les voies de la rédemption sont tortueuses. La méchanceté et la perversion franchissent facilement les murs et les barrières que les hommes ne peuvent escalader.

Magali Van Reeth

SIGNIS

Christine Gaud :: CHAISE :: à  Confluences Polycarpe

Depuis le 1er mai et jusqu’au 31 mai 2014, Christine Gaud propose son exposition « Chaises »

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« Je peins sur le thème « Chaises »depuis cinq ans. Partie de « Chaises Escales », chaises où l’on se pose un instant avant de reprendre son périple, je suis passée ensuite à  chaises de salles d’attente, chaises de cafés, chaises de bord de mer, chaises alignées ou en désordre, chaises de la vie qui passe, des dialogues et relations
En 2012 j’ai travaillé sur une série « Chaises Barrées », évocation des vies partiellement effacées, empêchées, mais cependant toujours visibles.
En 2013 j’ai travaillé sur plusieurs séries : « Chaises au lasso », « Chaises au Trapèze », « Danseurs de Cordes », chaises en mouvement, sauts dans l’inconnu ou le connu, rattrapages in extremis, balancements, envols.
Mes peintures évoluent au fil des séries, devenant plus légères, aérées, mobiles
. » Christine Gaud
Je travaille à  l’acrylique sur toile ou sur papier, actuellement sur des formats 70x100cm ou 75x105cm. Dans les séries actuelles je laisse aussi des parties en blanc, certaines devenant mi-dessins mi-peintures.

A découvrir les jeudi, vendredi, samedi de 15h à  18h
entrée par le passage Mermet : 25, rue René Leynaud

ÉCLOSIONS III DANS TROIS THÉà‚TRES LYONNAIS

Trois théâtres accompagnent les élèves du Conservatoire dans un moment important et fédérateur de la vie du département théâtre depuis quatre années maintenant.
Le Festival Eclosions

est proposé au public du
16 au 25 mai 2014
au Théâtre des Maronniers,
au théâtre de l’Elysée et
au Théâtre Nouvelle Génération.
Entrée libre sur réservation auprès des théâtres partenaires

Programme complet : Eclosions2014.pdf

LA CORBATA au Goethe Institut

Dans le cadre de Musique Europe –
l’ensemble de musique baroque du CRR de Lyon a été créé en Octobre 2012, avec des musiciens issus du département de musique ancienne, coordonné par Catherine Latzarus.
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Au Programme

  • Première Suitte à  deux dessus Rondeau Gay Jacques-Martin HOTTETERRE, 1712
  • Troisième concert tiré des quatre pièces pour clavecin en concert
    Tambourin Jean-Philippe RAMEAU, 1741
  • Premier concert tiré des quatre pièces pour clavecin en concert,
    La Coulicam, La Livri, Le Vézinet Jean-Philippe RAMEAU, 1741
  • Deuxième Suitte du Deuxième livre de Suittes pour dessus et basse continuePrélude, lentement/vivement, Rondeau Jacques-Martin HOTTETERRE, 1715
  • Le Rossignol en amour et son Double extrait du troisième Livre de clavecin François COUPERIN, 1722
  • 3ème Concert Royal Prélude lentement, Allemande légèrement, Courante, Sarabande grave, Muzette naïvement, Chaconne légèrement
    François COUPERIN, 1722
  • Quatuor Parisien n°1 en Sol Majeur Grave, Allegro, Grave, Allegro, Presto, Largo, Allegro Georg Philipp TELEMANN, 1732

Les musiciens se livrent à  une exploration des répertoires pour deux dessus, et basse continue, dans la musique d’Italie, d’Allemagne et de France, dans tout le répertoire virtuose de la période baroque et pré-baroque, pour ses couleurs les plus somptueuses: Uccellini, Frescobaldi,Merula, Selma, Jacchini, Couperin, Rameau, Hotteterre, Telemann, Bach…
L’ensemble a fait sa première envolée lors d’une tournée en Algérie en Février 2013, en partenariat avec les instituts français d’Oran, Annaba et Tlemcen, avec un répertoire composé entièrement de musique Italienne prébaroque, afin de pouvoir faire dialoguer l’esthétique de cette période avec la musique arabo-andalouse dont elle est parente.
L’équilibre retrouvé avec les instruments copies d’époque, l’usage du diapason ancien en 415hz et l’attention portée à  la qualité de l’interprétation, mais aussi à  une fantaisie savament dosée, donnent à  la Corbata une fraîcheur spontanée, une force suggestive qui caractérise la jeune génération actuelle d’interprètes qui revisitent ces pièces fondatrices.

Les prochaines dates

  • Mardi 13 mai à  20h30 – salle Debussy
  • Mercredi 14 mai à  19h – salle Debussy
  • Jeudi 15 mai à  12h – salle Ninon Vallin
  • Jeudi 15 mai à  18h – salle Debussy
  • Vendredi 16 mai à  18h – salle Debussy
  • Mercredi 21 mai à  21h – Ninkasi Kafé à  Gerland
  • Jeudi 22 mai à  12h – salle Ninon Vallin
  • Vendredi 23 mai à  20h30 – salle Debussy
    entrée libre

Goethe Institut
18 rue François Dauphin
69002 Lyon
Accès Métro : Bellecour (A et D) où Ampère (A) Bus : Bellecour (10,12,14,15,15E,28,29,30,53,58,88) [->www.goethe.de/lyon]

Pas son genre

de Lucas Belvaux

Belgique/France, 2014, 1h51

Sortie en France le 30 avril 2014.

avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery.

Une comédie romantique particulièrement réussie et attachante, avec ce qu’il faut de subtilité et de gravité, et deux comédiens épatants.

Adapté du roman éponyme de Philippe Vilain, ce nouveau film de Lucas Belvaux se détache des précédents par un ton plus léger. Pourtant, cette comédie n’a rien de frivole et aborde des thématiques plus graves, comme celle de notre incapacité à  aimer. Et c’est du très beau cinéma !286139_cbe4325869ffba54b0534dfe9d6d0829.jpg

à‡a commence comme une comédie romantique, à  Arras, charmante petite ville du Nord de la France, véritable repoussoir pour tous ceux qui n’y ont jamais vécus, et notamment les Parisiens… Dans le rôle de la bergère, il y a Jennifer, coiffeuse, toujours gaie et portant des vêtements colorés ; dans le rôle du prince charmant, Clément, prof de philo parisien, furieux d’avoir été muté là  et bien décidé à  ne pas y rester. Elle cherche une relation stable, elle assume ses choix, n’a pas peur de commettre d’impair, s’éclate au karaoké et dans les films américains à  l’eau de rose. Clément est un séducteur, il ne veut pas se fixer mais faire battre son cœur un peu plus souvent. Il se préoccupe du regard des autres tout en ayant conscience de sa supériorité, a une idée bien précise de ce qui est beau et bien, comme l’opéra et Dostoïevski. Subtiles différences de classes sociales, non pas en termes économiques mais bien culturels.

Emilie Dequenne est épatante dans ce rôle de fille entière, qu’elle joue avec une énergie rare. Elle est aussi naturelle avec ses copines coiffeuses – les petits gestes de connivence au shampoing – que juste dans ses colères face au mur dont s’entoure Clément. Elle donne une belle intelligence à  son personnage, cette intelligence du cœur qui n’a rien à  voir avec la culture. Enfin, elle est complètement craquante avec son sourire lumineux, ses yeux espiègles et sa joie de vivre qui n’est en rien de la naïveté. 286139_0a7ada4cad575291048065478a500847.jpg

Pas son genre fait bien évidemment référence à  la célèbre histoire d’amour racontée par Marcel Proust, entre Swann, riche intellectuel cultivé, fréquentant les salons mondains et ayant une idée très arrêtée de ce qu’est l’élégance, et Odette, une cocotte « qui n’était pas son genre » mais dont il a été très épris. Certaines scènes de cette passion difficile se retrouvent dans le film, notamment quand où Clément cherche Jennifer dans tous les lieux qu’elle a l’habitude de fréquenter, sans oser avouer l’angoisse qui l’envahit au fur et à  mesure, et que l’acteur Loïc Corbery montre très bien.

Comme Proust, comme Philippe Vilain, comme tant d’autres avant eux et après eux, le film décrit les subtilités et les complexités de l’amour, où la peur de l’attachement et le désir de l’engagement se heurtent sans cesse. De même que l’infinie palette des différences sociales et la force de la passion ne font jamais des équations sûres, l’analyse du sentiment amoureux n’a pas fini de faire de belles fictions. Lucas Belvaux en offre un bel exemple et Pas son genre est un film très réussi, où la légèreté et la gravité se déclinent avec bonheur, avec deux très bons comédiens et quelques belles scènes de cinéma, que ce soit dans la fougue du karaoké ou dans le détail d’une trace de rouge à  lèvres sur un verre.286139_c033a72ed4e86d166ee78713bb5d771a.jpg

Pas son genre est un film grand public, dans le sens noble du terme, c’est à  dire qu’il est accessible à  tous, non pas en racolant par des ficelles commerciales mais par un travail soigné, où le scénario, les acteurs et les images forment un tout harmonieux et techniquement maîtrisé, pour offrir un beau moment de cinéma à  tous les spectateurs.

Magali Van Reeth

SIGNIS

Les voix d’atalante en concert

Concert du chœur de chambre « Les Voix d’Atalante »

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Concert de musique baroque sacrée chœur et orgue sur le thème « Scarlatti Père & Fils », direction Cédric Meyer.

Au programme :
Des œuvres de Alessandro et Domenico Scarlatti et de Antonio Lotti.

Dates et lieux des concerts

  • Samedi 26 avril à  20h30, à  l’abbaye d’Ainay, place d’Ainay, Lyon 2ème
  • – Dimanche 27 avril à  17h30, à  l’église Saint-Romain, 67 rue Pierre Brunier, à  Caluire

Tarifs : en prévente 16€ – 10€ / sur place 18€ – 13€

Contact : jeanpierre.kus@free.fr / 06 17 21 68 62

Qui sont les Voix d’Atalante ?

Créé en 2008 par Cédric Meyer, le chœur de chambre Les Voix d’Atalante rassemble une vingtaine de chanteurs en formation et chanteurs amateurs confirmés. L’ensemble se consacre à  l’interprétation du répertoire vocal renaissance et baroque (Josquin Desprez, Bach, Charpentier, Buxtehude).

Soucieuses de promouvoir la musique vocale, Les Voix d’Atalante favorisent les concerts en collaboration avec d’autres ensembles (ensemble orchestral les Instruments d’Atalante et le chœur Zarastro de Caluire en 2010/2011 ou encore de jeunes chanteurs en formation de l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne en 2012).

En savoir plus :

[->http://lesvoixdatalante.wordpress.com/qui-sommes-nous/]

States of Grace

de Destin Cretton

États-Unis, 2013, 1h36

Prix du jury œcuménique au Festival de Locarno 2013 et prix de la meilleure actrice pour Brie Larson.

Sortie en France le 23 avril 2014.

avec Brie Larson, John Gallagher.

Baignée d’une lumière douce, cette histoire attachante est filmée de façon classique sans surcharge émotionnelle ni recherche esthétique

Grace dirige un foyer pour jeunes en difficulté. Le quotidien n’est pas facile avec ces ados blessés par la vie mais la solidarité et l’énergie de l’équipe d’éducateurs résolvent les problèmes. Jusqu’au jour où arrive Jayden qui défie Grace et la renvoie à  sa propre histoire.

Ce premier long métrage de Destin Cretton lui a valu le prix du jeune réalisateur au festival de Locarno. Le sujet lui tient à  cœur (il l’avait d’ailleurs déjà  traité dans un court métrage récompensé en 2008) car il a une expérience professionnelle dans ce domaine, choisi au départ par nécessité et non par vocation. Dans le film, le personnage de Nate, le nouvel éducateur, est donc largement autobiographique. « J’y suis allé en pensant que j’allais changer le monde et c’est le monde qui m’a changé ».296755_62f24e79136488a19008d77e26e8dd24.jpg

Refuge salutaire pour enfants en souffrance comme Marcus qui, devenu majeur, redoute de devoir le quitter, ce foyer est perçu par d’autres, telle la rebelle Jayden, comme une privation de liberté. Le film reflète la complexité de ce milieu où le pire peut succéder au meilleur car rien n’est jamais acquis et la vie réserve des surprises qui rouvrent des blessures que l’on croyait guéries. C’est ce qui arrive justement à  Grace

Baignée d’une lumière douce, cette histoire attachante est filmée de façon classique sans surcharge émotionnelle ni recherche esthétique : les personnages sont vivants tout simplement et portent sans mièvrerie un message final d’espoir. Le réalisateur qui se réfère à  La vie est belle (Franck Capra, 1946) a réussi une œuvre empathique mais sans naïveté.296755_01f50ddfdb0779566df54876838dd5a0.jpg

Au Festival de Locarno 2013, ce film présenté sous le titre Short Term 12, a reçu le prix du jury œcuménique.

Michèle Debidour

SIGNIS

Les trois soeurs du Yunnan

de Wang Bing

Hong-Kong/France, 2012, 2h28

Prix du jury œcuménique au Festival de Fribourg 2013.

Sortie en France le 16 avril 2014.

documentaire

En Chine, dans un petit village des montagnes du Yunnan, les magnifiques images du réalisateur donnent de la grandeur et du sens au quotidien misérable de trois petites filles.

En 2009, alors qu’il se rendait dans un petit village des montagnes du Yunnan, Wang Bing a rencontré ces trois sœurs, Yingying (10 ans), Zhenzhen (6 ans) et Fenfen (4 ans) qui vivaient dans la maison familiale désertée par leurs parents. Un hameau posé sur des montagnes pelées, à  3200m d’altitude, où les paysans cultivent des pommes de terre. Des cochons qu’on amène paître comme les chèvres et les moutons, des ânes, des chevaux, un vent qui souffle en permanence. La vie est rude pour tout le monde dans ces paysages spectaculaires du sud de la Chine.267523_51caeaa55be68ffc43eabd0bdb9ca38d.jpg

Ces trois petites filles vivent au quotidien le double abandon de leurs parents et de la société. Bien sûr, il y a un grand-père pas loin, une tante et des cousins mais la misère est telle qu’on ne peut pas toujours partager. Wang Bing fait de Yingying le fil conducteur de ce récit très pudique, ne cherchant jamais à  apitoyer le spectateur mais montrant la réalité. Dans la première partie, où la caméra reste souvent à  l’intérieur avec les trois filles, on voit bien la tendresse qui les unit. La boue dans la cour de la maison où coule le robinet d’eau froide, les mains sales, la fumée dans la pièce principale, la paille humide des lits, les poux dont il faut se débarrasser manuellement. Puis le père revient un moment, et repart chercher fortune en ville avec les deux plus jeunes. Dans la seconde partie, Yingying est donc seule et cette fois la caméra la suit à  l’extérieur. Elle est bergère avec les moutons, elle nourrit les cochons, elle ramasse des pommes de pins, elle va à  l’école. Puis le père revient mais avec une nouvelle femme et sa fille. Une autre vie, d’autres saisons à  accepter sans colère.

Au fil du documentaire, beaucoup de questions naissent et restent sans réponse : où est la mère, quelles sont les relations avec la tante, avec les autres habitants, qui paye l’électricité puisqu’on voit la lumière allumée, est-ce que la toux de Yingying s’arrêtera un jour, quels sont ses liens avec les autres enfants du village ? Wang Bing ne veut pas entrer dans un récit classique ou des explications. La puissance fictionnelle de la réalité suffit, « elles sont des herbes qui poussent toutes seules ». Dans cette froide misère, sa caméra donne de la grandeur et de la chaleur aux scènes quotidiennes. Les trois filles dans la pénombre autour du feu, Yingying face à  la splendeur du paysage, foulant les pommes de terre pour la pâtée des cochons ou le père lavant les pieds de ses filles sont autant de tableaux dignes des peintres flamands, des instants de grâce où ce qui bouleverse le spectateur n’est pas la misère mais le palpitement de la vie, la douceur du moment.267523_60aa50ac15bbe75db38ff08ce75ba979.jpg

Pour le réalisateur, filmer ces personnages que le cinéma commercial dédaigne, ce n’est pas un acte politique mais la manifestation de l’attention qu’il porte à  des vies singulières. Pour Wang Bing, conscient de la pauvreté des campagnes du sud-est de la Chine, ces trois sœurs ne représentent qu’elles mêmes. Au-delà  de l’âpreté de leur quotidien, elles sont libres, très proches de la nature et ne peuvent compter que sur elles-mêmes, comme la plupart des Chinois aujourd’hui. Les filmer dans leurs gestes ordinaires, sans lumière artificielle ni voix off, c’est attester de leur existence. Wang Bing : « en me focalisant sur ces « invisibles » d’aussi près, je crois que je rends leur vie plus grande ».

Au Festival de Fribourg, Les trois sœurs du Yunnan a obtenu le prix du jury œcuménique.

Magali Van Reeth

SIGNIS