Exposition lecture de l’oeuvre SoulagesVariations

La galerie Jean-Louis Mandon, propose
Mercredi 11 septembre à  19 heures

Une présentation lecture de l’oeuvre : « Soulages/Variations » par
Pierre Lacôte et Geneviève Vidal.

entrée libre
3 rue Vaubecour 69002 Lyon – 0630874755

jeanlouismandon@yahoo.fr
http://www.galeriejeanlouismandon.com/Accueil.html

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Découvrir un peu plus…

Dans LE NOMBRE DE LA LUMIERE, Geneviève Vidal écrivait : « Neuves fractures / ruptures aux lignes franches / à  qui sait lire / inscrivent des lettres armoriées / car la terre s’ouvre / vivante en travail ». Il est frappant de constater combien chaque recueil participe d’une construction plus vaste, annonce celui qui suit, pose en quelque sorte sa pierre à  l’édifice ; combien il témoigne d’une aventure peu commune dans la sensibilité où la formation philosophique du poète résout mais sans la tarir l’énigme des incessantes « fractures », comme du « lézardé crevé » et du « rouge fouillis » dont son SOULAGES / VARIATIONS fait état. Ainsi son Musée Imaginaire auquel elle nous convie dans le présent ouvrage est-il à  la fois l’aboutissement d’une pensée sur l’art et le consentement au désordre d’une création plurielle, celle du peintre – elle-même dédoublée, l’exposition Pierre Soulages au Musée des Beaux-Arts de Lyon ayant inspiré les variations du plasticien Pierre Lacôte – et la sienne propre. Rien n’est figé, donc. Les tableaux et les poèmes ne cessent pas de se répondre et de suggérer à  la fois de nouvelles architectures et d’incontournables ruptures. On sait bien combien la mise en regards, dans un livre, d’un artiste et d’un poète, loin d’être une illustration de l’un par l’autre, engage au contraire un dialogue, un hors-texte comme un hors-image. D’où l’importance de rappeler ici la survenue concomitante « des lettres armoriées » et de cette « terre [qui] s’ouvre / vivante en travail », précisant d’une part que l’aventure de la création est une mise en abyme, un risque d’abord humain car selon le photographe Gérard Gascuel : « L’artiste véritable sait qu’il doit travailler sur lui avant de conquérir la matière » – et la philosophie avec la posture méditative qui est la sienne, correspond, pour Genviève Vidal, à  un travail sur soi – ; d’autre part, que l’œuvre regardée ou lue, ne cesse pas de produire ses effets et que tout regard ou lecture, en retour, la travaille. En ce sens, il n’est pas anodin que le poète emploie dès ses premières pages le verbe « œuvrer » et répète d’une manière quasi incantatoire, dans un poème ultérieur, « œuvre au noir / œuvre au blanc / œuvre au rouge », faisant ainsi percevoir à  son lecteur le travail alchimique en cours, le vivant, le remuant auquel tout créateur s’affronte, nous ramenant aussi à  René Char lorsqu’il évoque « la couleur noire [qui] renferme l’impossible vivant. Son champ mental est le siège de tous les inattendus. »
Inattendus, voilà  bien un mot qui pourrait figurer au lexique de ce Musée Imaginaire ! En écho, nous parviennent les « partages », « parages », « passages » comme les « croiser » ou « permuter » de G. V. qui, par le choix de ces mots réitère la question fondatrice du recueil : qu’est-ce que regarder si ce n’est entrer dans cette relation complexe entre le « déjà  vu » – d’où le texte liminaire « On dirait du Dali / du Magritte / du » – et le « à  voir », entre découvert et re(dé)couvert ? C’est en quelque sorte faire du savoir non un élément fixe et indétrônable mais une pierre d’achoppement et de questionnement. En tant que poète, l’auteur choisit de manifester son étonnement, capacité primordiale, « Emotion / à  se trouver devant / face à  face » et, à  l’instar du titre de l’ouvrage, activer le processus des variations. Comment dès lors, dans le texte précité – « œuvre au noir / œuvre au blanc / œuvre au rouge » – ne pas percevoir dans la scansion, à  la fois une nomination et une injonction, à  savoir un emploi du mot « œuvre » en tant que substantif comme en tant qu’impératif ? Dans ce même texte, l’auteur nous décrit métaphoriquement le travail sensible et intellectuel par l’érosion des rochers, la germination de la terre ou les métaux en fusion, rattachant sa propre genèse et sa création d’un monde à  la création du monde, reliant le « faire » au « se faire », ce que la citation liminaire de Pierre Soulages engageait déjà  : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ». Et à  cet égard, l’enchevêtrement des traits de Pierre Lacôte inscrit comme une traçabilité de l’invisible. Son « outrenoir » à  la fois trame, resserre, établit des jonctions, des soudures et trahit des perspectives et des blancs – des trouées serait plus juste – par lesquels les permutations ont lieu, les « lettres armoriées » jaillissent, recréant un alphabet éminemment poétique parce que subversif. Le château de lettres construit au fil des dernières pages, que nous dit-il ? « L’évidence de la rencontre » – entre les artistes – et en même temps l’évidence de la mort à  l’œuvre, avec en filigrane le suicide de Rothko tout autant que cette solide amitié qui l’a lié à  Soulages et que G . V. rappelle. Le noir – « où s’origine le noir » constate et/ou interroge le poète ; « A noir », disait Rimbaud – constitue sans doute ce « lieu sacré au-delà  de toute imagerie », départ de la forme comme de la lettre, Topogramme, selon le mot inventé de Pierre Lacôte, moment à  l’aplomb du « néant » dont le paradoxe du « rayonnement intense et sombre » réaffirme le danger et sa nécessité conjointe de la « fracture », de la « ténèbre » comme de l’effondrement du château de lettres Les Variations prennent ce risque, n’hésitant pas à  diversifier les synonymes de « travailler » et d’ « œuvrer » avec « fertiliser » ou « densifier » ou encore « iriser » comme avec « charrier » et « grouiller » qui abolissent l’architecture, désordonnent et décomposent, modalités – toujours – du « Vertige de l’inconnu », cette quête du poète.
Chantal Danjou

Alabama Monroe

De Felix Van Groeningen

Belgique, 2012, 1h50

Prix Signis au Festroia 2013 (Portugal)

Sortie en France le 28 août 2013.

avec Veerle Baetens et Johan Heldenbergh

Il est parfois difficile d’évoquer la mort avec de jeunes enfants. Comme il est difficile de faire son deuil sans le secours des rituels, religieux ou profanes. Un film explosif qui pose des questions délicates.

Le film débute par une histoire d’amour classique entre deux personnages détonants et atypiques. Elise tient une boutique de tatouages et son corps est une réclame vivante pour cet art qu’elle pratique avec brio. Didier joue du banjo dans un groupe de bluegrass. C’est solitaire, un barbu hirsute qui habite une caravane dans un coin de campagne humide (on est en Belgique). La passion va les enflammer jusqu’à  l’arrivée d’une petite fille. Après le temps des ajustements, arrive la mort qu’on n’attendait pas si tôt.AlabamaMonroe-1.jpg

Au cœur du film, deux thèmes sont tissés avec brio autour de cette famille dévastée par le drame. D’une part la fascination sans borne de Didier pour l’Amérique. Une Amérique mythique, aux couleurs claquantes, celle de la musique qu’il pratique avec passion et qui allume des étoiles dans ses yeux. Une Amérique de grands espaces et de rêves infinis, avec des Indiens, authentiques et valeureux. Mais Didier n’y a jamais mis les pieds – pourtant chaussés de bottes de cowboy – et il va trébucher dans l’ère Busch junior où le fait religieux devient prétexte à  un conservatisme grinçant qui s’accommode mal avec son idéal de liberté.

L’autre thème est celui du rituel face à  la mort. Pour Didier, seules la science et la raison permettent de comprendre le monde dans lequel il vit et il n’y a rien après la mort. Il est farouchement opposé à  toute forme de religion et de superstition. Elise, bien que non pratiquante, est plus sensible aux rites traditionnels, aux signes, aux talismans et lorsque la mort s’annonce, elle est prête à  tout essayer et à  mélanger les rituels de toutes les croyances pour l’aider à  supporter son chagrin.

Cette question des rituels face à  la mort est épineuse dans une société occidentale où les individus sont fortement déchristianisés et, en général, pas assez solides pour affronter le bouleversement de la mort d’un proche. Sous l’apparente simplicité de la provocation, Alabama Monroe la traite avec finesse. Confrontés à  leur douleur, et à  leurs positions radicalement différentes, Didier et Elise ne peuvent plus trouver, même dans la musique, la complicité et la consolation qui leur permettraient de faire le deuil et de trouver la force de continuer à  vivre.AlabamaMonroe-3.jpg

Dans le style percutant qui lui est propre (on se souvient de La Merditude des choses, 2009), Felix Van Groeningen réussit un film puissant sur ce sujet complexe. Emerveillé par la joie et le dynamisme de la première partie, on s’enflamme avec l’histoire d’amour d’Elise et Didier et notre cœur bat au rythme entrainant de leurs chansons. Sonné par le dénouement, on apprécie de reprendre pieds dans la dernière scène. Avec ses amis musiciens, Didier trouve enfin le rituel pour se départir de son arrogance et accepter le mystère de la mort.

Sélectionné dans de nombreux festivals, sous le titre The Broken Circle Breakdown, ce film a obtenu le prix du public à  la Berlinale de 2013. Au Festroia, le festival du film de Setubal au Portugal, où il était en compétition officielle, il a remporté le prix Signis, le Dauphin d’or de la compétition et le prix Fipresci. Ce film est en sélection pour le prix LUX du parlement européen, qui sera décerné en décembre 2013.

Magali Van Reeth

Signis

Michael Kohlhaas

D’Arnaud Des Pallières

France/Allemagne, 2013, 2h02

Festival de Cannes 2013, sélection officielle

Sortie en France le 14 août 2013.

avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayence, Bruno Ganz, Denis Lavant.

Au 16ème siècle, un homme se révolte et d’autres le suivent, parce qu’ils n’ont plus rien à  perdre. Dans de magnifiques paysages, la complexité d’un combat et de sa justification.

Arnaud Des Pallières est un cinéaste discret et exigeant dont les films sont peu connus du grand public. Michael Kohlhaas, sélectionné en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, est une belle façon d’aborder son cinéma. Combat d’un « assoiffé de justice » contre les abus du pouvoir en place, il est inspiré du roman éponyme écrit par Heinrich Von Kleist et il se déroule au 16ème siècle en Europe. La noblesse et le clergé règnent sur les paysans, une classe intermédiaire commence à  apparaître, et les idées de Calvin et Luther se répandent dans les endroits les plus escarpés.

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Michael Kholhaas est un marchand de chevaux, propriétaire de sa maison et des terres qui l’entourent. D’origine étrangère, il traite bien ses valets et ses bêtes et commerce avec les nobles. Le début du film nous apprend qu’il sait tenir son rang, qu’il sait lire et qu’il ne lit pas la bible en latin mais « dans sa langue ». Il a une relation très affectueuses avec sa fille et très tendre avec sa femme. On comprendra plus tard qu’elle s’appelle Judith et qu’elle est juive. Même si le contexte religieux est mis en place avec beaucoup de discrétion et qu’il n’est pas au centre des revendications de Michael Kholhaas, il est pourtant un des éléments clés du film. La révolte du personnage principal est celle d’un homme honnête qui ne ne veut que son droit, rien de plus. Mais pour l’obtenir, il est prêt à  tuer tous ceux qui lui ont fait du tort, et emporter dans sa guerre tous les miséreux et humiliés d’une époque qui en comptait beaucoup. Sa folie fanatique sera tempérée par un prédicateur, un pasteur à  la robe tâchée de boue, qui parle d’une autre justice, celle de Dieu. Il connaît la détresse des paysans mais il connaît aussi le cœur des hommes, les ravages de la violence et la puissance du pouvoir temporel.

Michael Kohlhaas est un film « protestant » C’est l’histoire d’un homme qui proteste et qui sera amené à  repenser la forme de sa révolte. C’est un film à  la beauté âpre et rugueuse où la plupart des scènes sont tournées dans des paysages magnifiques mais rudes, des montagnes de rochers, des forêts inextricables, des landes désertiques soufflées par les vents du Nord. La lumière et la photo de Jeanne Lapoirie leur donnent une intensité spirituelle qui appelle au dépouillement et à  la contemplation, qui renforce la complexité de la quête de l’homme pour trouver sens à  sa vie, pour trouver Dieu dans la détresse quotidienne. Dans les palettes de l’aube ou du crépuscule, dans les couleurs chatoyantes de l’automne, la mise en scène sait éviter le lyrisme inutile, les dialogues redondants et les explications pesantes. Du cinéma intelligent qui connaît l’importance du détail et la place fondamentale des comédiens.

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Arnaud Des Pallières a soigné le choix de ses acteurs. C’est Mads Mikkelsen, l’acteur danois de La Chasse, qui donne à  Michael Kholhaas la force sereine d’un homme blessé, devenu fanatique par principe moral. Autour de lui, pour retrouver le parfum d’une Europe en chantier, Sergi Lopez, Bruno Ganz, Denis Lavant, Jacques Nolot, David Kross ou Swann Arlaud. Des hommes au visage et physique impressionnant, mélange de langues, d’accent et de personnalités fortes qui se répondent en harmonie. Des acteurs incarnant leurs rôles avec intensité, même lorsqu’ils ne sont que 5 minutes à  l’écran. Dommage que les trois actrices principales – Mélusine Mayence, Delphine Chuillot et Roxane Duran – aient elles le même physique frêle et des traits quasi interchangeables.

Film en costume, film de guerre et d’acteurs, et œuvre lumineuse, Michael Kohlhaas pose avant tout la question de la justice. Le droit est-il là  pour protéger un individu ou pour contrôler les règles qui permettent au plus grand nombre d’individus de vivre ensemble sans s’entretuer ? Au 16ème siècle comme aujourd’hui, la réponse est délicate. Arnaud Des Pallières nous donne des éléments de réflexion et, surtout, un beau moment de cinéma.

Magali Van Reeth

Signis

Concert : Prélude de la BASA

Jeudi 11 septembre à  20 heures 30
à  l’église de Saint-Polycarpe – 25 rue René Leynaud 69001 Lyon

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Recréation contemporaine de musique sacrée oubliée – polyphonie sacrée portugaise (manuscrits inédits)
Répons de l’office de matines de Noël en alternance avec d’autres pièces sacrées issues du Monastère de la Sainte Croix de Coimbra) par Tiago Simas Freire

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Ciné club à  Saint François de Sales

Ciné club à  la paroisse Presqu’Ile sud

Chaque film est introduit et suivie d’une discussion à  la fin de la projection.

Les séances ont lieu à  20h30 et sont ouvertes à  tous. Entrée 10 rue François Dauphin, sur le côté de l’église Saint François de Sales.

les films pour la saison 2013/2014 :

27 novembre : 2046 de Wong Kar-Wai (2004) avec Tony Leung Chiu Wai, Gong Li

22 janvier : L’Homme de la plaine (The Man from Laramie) d’Anthony Mann (1955) avec James Stewart, Arthur Kennedy

26 février : Journal intime (Caro Diario) de Nanni Moretti (1994) avec Nanni Moretti, Giulio Base

16 avril : L’Evangile selon Saint Matthieu (Il Vangelo secondo Matteo)de Pier Paolo Pasolini (1964) avec Enrique Irazoqui, Margherita Caruso

28 mai : Il est plus facile pour un chameau… de Valeria Bruni Tedeschi (2003) avec Valeria Bruni Tedeschi, Chiara Mastroianni

25 juin : La Party (The Party) de Blake Edwards (1968) avec Peter Sellers, Claudine Longet

Contact : Didier Lamy 69lamy@gmail.com

Voir aussi le site de la paroisse presqu’ile sud en cliquant ici

« Vous êtes restés » à  l’Agora Tête d’Or

• Mardi 24 septembre 2013 à  19h30

Rentrée de l’Agora Tête d’Or – Spectacle : « Vous êtes restés »

Entre théâtre et danse, la thématique de l’exil. Par la Compagnie « Des étoiles plein les poches ». « Faire sa valise : Partir ? Ne pas partir ? Ne jamais revenir ? »
Entrée : 10 €, 5 € pour les étudiants

Renseignements et réservations au 04 78 52 22 54 –
E-mail : accueil.stnom@gmail.com
[->www.agoratetedor.com]

En savoir plus :

Le projet de l’agora tête d’or est d’être un lieu public, ouvert le plus largement possible à  tous les courants de notre temps, avec le souci de rejoindre nos contemporains dans leurs interrogations les plus essentielles.
Les frères dominicains, associés à  des amis laïcs, en ont la responsabilité et les locaux du couvent des dominicains accueillent l’ensemble des activités proposées.

Aya de Yopougon

De Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

France, 2011, 1h24

César du meilleur film d’animation 2012 et sélection officielle au Festival d’Annecy 2013.

Sortie en France le 17 juillet 2013.

A partir de 12 ans.

Film d’animation avec les voix de Aïssa Maiga, Tatiana Rojo, Tella Kopmahou, Jackie Ido et Erik Ebouaney.

A Yopougon, dans la banlieue d’Abidjan, un groupe d’adolescents rêve d’amour et de réussite mais la vie n’est pas toujours aussi rose qu’ils le voudraient : un film joyeux et attachant.

On les appelle Adjoua, Bintou, Aya, Moussa, Mamadou, Hervé ou Grégoire, ils ont entre 15 et 20 ans et habitent le quartier de Yopougon à  Abidjan, en Côte d’Ivoire. Ils ont l’insouciance et les désirs de la jeunesse et c’est Aya qui raconte leur histoire. Contrairement à  ses amies, Aya est une jeune fille sage, elle sait ce qu’elle doit faire si elle veut un jour être médecin. Si elle désapprouve certains comportements de ses voisins ou parents, cela n’empêche ni l’affection ni l’amitié. A travers son regard, c’est tout un quartier qu’on investit, une langue riche et poétique, une façon d’accepter son sort avec un humour ravageur.Aya_41_12_078_1_.jpg

Aya de Yopougon est un film d’animation adapté de la bande dessinée éponyme, écrite par Marguerite Abouet et dessinée par Clément Oubrerie – les deux réalisateurs – publiée en 6 tomes, entre 2005 et 2010. D’origine ivoirienne, Marguerite Abouet parle de l’origine de cette histoire : « En réalité, c’est plutôt Akissi, la petite « sœur » d’Aya, qui me ressemble et qui a donné lieu à  un autre album de bande dessinée, illustré par Mathieu Sapin. Pour autant, l’histoire d’Akissi se déroule aussi à  Yopougon, ce quartier où j’ai grandi et qui fait partie de moi : c’est le noyau autour duquel je me suis construite et qui a nécessairement nourri mon imaginaire. Un enfant qui naît à  Yopougon peut vivre dans n’importe quel quartier du monde car on y trouve toutes les cultures et toutes les couches sociales. Du coup, on est obligé de vivre avec les autres, de les supporter et de les aimer, puisque tout se sait et que n’importe quel problème peut être résolu par ses voisins ! Ce sont donc mes souvenirs d’enfance que raconte « Akissi ». Par la suite, il a fallu faire grandir l’héroïne et j’ai imaginé Aya – je dis bien « imaginé » puisque je n’ai pas vécu mon adolescence en Côte d’Ivoire. À travers elle, je voulais raconter cette Afrique qui m’a été arrachée malgré moi et la partager avec le plus grand nombre. »

Pour parler d’une époque passée mais encore bien présente chez de nombreux spectateurs, comme ici les années 1970, le dessin animé permet d’enlever le côté léché ou artificiel d’une reconstitution trop précise. Abidjan, dans les dessins de Clément Oubrerie, s’anime à  l’écran. A la fois reconnaissable par ceux qui y ont vécus mais suffisamment intemporel et imaginaire pour que tous les spectateurs s’y retrouvent. Aya_46_02_214_1_.jpg

Aya de Yopougon est un film joyeux où le chaos du quotidien est accepté sans drame ni leçon de morale. La bonne entente d’un quartier, d’une famille, se fait lorsque des individus bien différents arrivent à  vivre ensemble. L’important, c’est de ne pas l’oublier ! Attention, ce n’est pas parce que ce film est un dessin animé qu’il est à  destination du très jeune public. Comme pour la bande dessinée, les sujets évoqués et l’humour caustique sont plutôt destinés aux adultes et adolescents à  partir de 12 ans.

Magali Van Reeth

Signis

Fragiles : Thème de la BASA 2013

9ème biennale d’Art Sacré Actuel

Jusqu’au au 21 décembre 2013

Confluences Polycarpe ouverture
les jeudi, vendredi et samedi de 15h à  18h

Voir les premières photos :
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prendant l'inauguration
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Pour voir d’autres photos

[->http://www.enmanquedeglise.com/article-pour-voir-la-realite-reelle-il-faut-prendre-de-la-hauteur-l-homme-se-revele-atteint-de-nombreux-ma-120316061.html]

Ecouter en podcast l’interview d’Hughes Rousset sur RCF.
[->http://www.rcf.fr/radio/RCF69/emission/139641/653463]

[->http://www.enmanquedeglise.com/article-je-balise-un-espace-un-triangle-fragile-moi-et-toi-moi-mon-tableau-et-la-place-de-l-autre-120748860.html]

Pour voir le catalogue de la BASA
[->http://www.confluences-polycarpe.org/artistes2013.html]

Les 50 artistes de la Biennale 2013

Isabelle Alain ; Gilles Alfera ; Marine Allard ; Valérie Argueyrolles ;
Isabelle Baeckeroot ; Pierre Benoit ; Marie-France Bernot ;
Isabelle Blanchard ; Philippe Bossard ; Monique Brochet ; Marianne Buttler ; Jacques Cadet ; Christiane Collin ; Marie Deloume ; Jr Di Casa ; Elisabeth Durandin ; Thierry Farcy ; Daniel Faure ; Nicolas Favre ; Michel Fischer ; Flaye ; Laurent Dominique Fontana ; Jean-Paul Friol ; Roger Garin ; Gyan Meer ; Sylvie Henot ; Didier Huij ; Pierre Lacote ; Alain Le Carpentier ; Sylvain Lecrivain ; Sylvie Lobato ; Frédérique Maillart ; Christophe Masseron ;
Inès Lopez-Sanchez Mathely ; Catherine Maublanc ; Reine Mazoyer ; Miranda ; Christophe Mirande ; Jean Monnet ; Serge Nouailhat ; Maurice Novel ; Anny Pelouze ;Christian Revel ; Bernard San Miguel ; Stepk ; Jo Tachon ; Michel Thery ; Lionel Tonda ; Marie-Hélène Vallade-Huet ; Hugo Verlinde ; Florence Vernay

Préface du catalogue de la BASA par le Cardinal Barbarin

FRAGILES !

Le thème choisi pour cette 9è Biennale d’Art Sacré est celui de la fragilité. Un mot qui va à  contre-courant de ce que l’on entend le plus souvent à  propos de la performance, de la réussite ou de la recherche d’efficacité, toute cette petite musique de fond de la culture ambiante.

Or que vivons-nous, que voyons-nous autour de nous ? Souffrances de toutes sortes, maladies physiques et psychiques, chômage, familles divisées ou affrontées à  la précarité, les deuils et les séparations, le suicide qui rôde La fragilité est partout présente. C’est la condition du « roseau fragile », dont parlait Blaise Pascal.

Mais dans ce tableau brille une lumière d’espérance : nous ne sommes pas laissés à  nous-mêmes. Ainsi en est-il de saint Paul qui, ébloui, par le « si grand ministère » que Dieu, dans sa miséricorde, lui a confié, confesse que nous portons ce trésor « comme dans des poteries d’argile ». Se ressaisissant, il se déclare « désorienté mais non pas désemparé, terrassé, mais non pas anéanti » (2 Co 4, 7et 9).

Le Dieu tout puissant et aimant s’invite dans le monde de nos fragilités. Il se fait proche de nous en venant habiter notre chair. « L’astre du matin se lève dans nos cœurs » lorsque nous nous reconnaissons faibles et pécheurs. Cette fragilité devient un chemin de grâce par lequel, enfin, nous pourrons apercevoir Dieu qui se révèle à  nous. Il n’est pas venu pour les biens portants, mais pour les malades. Il a appelé les êtres fragiles, les pauvres, les laissés-pour-compte à  s’approcher de lui : « Venez à  moi, vous tous qui peinez sous le fardeau et je referai vos forces » (Mt 11, 28).

« Ce qu’il y a de faible dans le monde, voici ce que Dieu a choisi pour confondre le monde » (1 Co, 1, 27). Nos fragilités deviennent source de fécondité, si nous laissons Dieu être notre force. C’est la réponse du Seigneur quand Paul crie pour être délivré de ses souffrances : « Ma grâce te suffit : car ma force se déploie dans la faiblesse » ( 2 Co 12, 9). Il peut alors repartir dans une humble confiance : « Je puis tout en celui qui me fortifie » (Ph 4, 13).
Merci aux artistes d’évoquer les milles visages de la fragilité au cœur de nos vies. Nous saurons les accepter et nous trouverons le moyen d’aller de l’avant, nous aussi, si nos yeux se lèvent et si nos regards se tournent vers « le Rocher qui nous sauve ».

Cardinal Philippe BARBARIN
Archevêque de Lyon

Renseignements : [->http://www.confluences-polycarpe.org/accueil.html]

Contacts : confluences.beau@orange.fr
ou 04 72 40 98 20 (permanences le jeudi de 15h00 à  18h00
entrée par le passage Mermet)

En savoir plus :
lire le dossier de presse

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THÉO-PARCOURS Théo en ligne

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Pour faire de la théologie, à  votre rythme, en fonction de vos attentes, selon vos centres d’intérêts En validant un parcours, en vue d’une suite d’études, ou en auditeur libre La Faculté de théologie propose une nouveauté :

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Le Congrès

d’Ari Folman

Etats-Unis/France, 2012, 2h00

Festival de Cannes 2013, Quinzaine des Réalisateurs.

Sortie en France le 3 juillet 2013.

avec Robin Wright, Harvey Keitel

Mélange de film d’animation, de science-fiction et de drame contemporain, le nouveau film d’Ari Folman pousse très loin la réflexion sur les mondes virtuels.

Comment vivrons-nous dans 50 ans ? Les écrivains et les cinéastes posent souvent cette question et scrutent les changements de nos sociétés actuelles pour y répondre. Autrefois, on imaginait des moyens de locomotion extraordinaires et des univers métallisés et robotisés à  outrance. Aujourd’hui, on regarde du côté de la jeunesse éternelle et des petites pilules pour nous rendre heureux. Fuite ou progrès ? Le Congrès ne tranche pas vraiment mais sa vision de l’avenir est aussi fascinante que terrifiante.le-congres.jpg

Tout commence de nos jours, avec la mutation du cinéma traditionnel. Robin Wright, qui joue son propre rôle, est une actrice célèbre mais qui ne travaille plus beaucoup. Elle vit dans un ancien hangar plein de charme, au bord d’un aéroport, avec ses deux enfants, dont le plus jeune, Aaron, est gravement malade. Pour se mettre à  l’abri financièrement, mais aussi pour ressentir ce que son fils ressent, elle accepte de se faire « scanner » par un grand studio de production, la Miramount. Renonçant à  travailler, elle cède son image, son visage, ses gestes et la trace physique de ses émotions à  un producteur qui dès lors, en fera ce qu’il voudra. 20 ans plus tard, le monde a encore changé et, toujours en compagnie de Robin Wright, on s’enfonce un peu plus dans l’animation et dans le virtuel.

Ari Folman construit son film en trois parties. Dans la première, de vrais acteurs mettent en scène une situation tout à  fait compréhensible, entre une nouvelle technique qui pointe le jour et dont on a déjà  vu les résultats sur nos écrans, et une situation douloureuse pour une mère, écartelée entre son désir de travailler et son envie de protéger son fils handicapé. La beauté de l’actrice et la joie de ses enfants sont d’une luminosité fragile et délicate, presque palpable. 20 ans plus tard, on entre dans le monde de l’animation, un univers instable, changeant, surchargé de couleurs vives et de formes arrondies. La violence, la douleur, la jalousie sont mises à  distance : on vit d’autres vies que les siennes, pour oublier qui on est vraiment. Lorsque Robin Wright veut retourner dans le monde d’où elle vient pour retrouver son fils, on entre dans la troisième partie du film, la plus sombre, où les choix sont définitifs.le-congres2.jpg

Le Congrès utilise le genre de la science-fiction pour poser de véritables questions sur l’avenir du cinéma – comment le produire et à  quelle fin – et sur les mutations de nos sociétés. Les médicaments sont des substances chimiques de plus en plus perfectionnées pour garantir notre bien-être physique et surtout psychique. Pour ne pas voir notre visage se flétrir dans le miroir, de quoi sommes-nous capables ? Pour un peu de rêve, de fascination pour des images qui nous mettent en scène, jusqu’où irons-nous ? Que ferons-nous pour ne plus souffrir dans notre corps ? Qu’accepterons-nous pour divertir notre âme blessée ?

Ari Folman, mêlant le cinéma classique et le dessin animé, le vrai et l’imaginaire, soulève ces questions tout au long du film. Avec quelques maladresses (le côté esthétique de l’animation est un peu décevant) mais un beau dynamisme, notamment dans le scénario, complexe sans perdre le spectateur en route, il donne quelques pistes de réponses. L’absence du père, le vide des loisirs pour le divertissement sans fin, la pauvreté de l’imagination lorsqu’elle n’est que dans la reproduction ponctuent de bout en bout Le Congrès. Ceux qui n’ont rien d’autre à  faire que d’attendre la mort, sont ceux qui n’ont personne à  aimer.

Magali Van Reeth

Signis