Au Bout du conte

d’Agnès Jaoui

France, 2012, 1h52

Sortie en France le 6 mars 2013.

avec Agnès Jaoui, Agathe Bonnitzer, Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Benjamin Biolay.

Entre le merveilleux des contes de fées et le désenchantement du quotidien, un film joyeux et coloré sur les mille et une façons de s’aimer et de vivre longtemps après.

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » : partant de ce célèbre envoi de conte de fées, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont écrit le scénario d’une comédie enchantée. Brodant sans cesse autour des thèmes des contes traditionnels, le film décline aussi plusieurs façons de s’aimer, de désirer et de se séduire. Y compris quand ça va mal ou qu’il n’y a pas d’enfant. 4ème long-métrage d’Agnès Jaoui, Au Bout du conte met en scène des personnages tiraillés entre le rationnel et le merveilleux, le croire en Dieu et la superstition.20400068.jpg

Interprétant le rôle d’une bonne fée en charge d’un théâtre d’enfants, d’une marraine épongeant les pleurs d’une jeune fille trop naïve, Agnès Jaoui est une gentille mère de substitution. Maladroite, généreuse et colorée. Son compère Jean-Pierre Bacri décline le personnage dans lequel il excelle : le quinquagénaire bougon, râleur, divorcé et dépressif, soudain envahit par la peur de mourir subitement. Il est moniteur d’auto-école de profession. Comme si seul un vrai pessimiste pouvait enseigner l’art de la conduite, les rouages du dépassement et le respect du règlement.

Parmi les autres trouvailles étonnantes, une belle-mère épineuse dont le visage trop jeune se froisse parfois d’une vieillesse incongrue et menaçante. Benjamin Biolay en loup séducteur de Petit Chaperon Rouge, un prince charmant qui perd son soulier et une princesse en robe rouge, tout à  la fois Belle au Bois dormant et Blanche Neige. C’est pour célébrer leurs fiançailles que tous se réunissent.

Tout au long du film, on sent que les acteurs ont pris beaucoup de plaisir à  interpréter leur rôle, les scénaristes à  tricoter les thèmes anciens du conte avec les nouvelles relations conjugales et familiales. Les plans sont truffés de petits détails rappelant tel ou tel personnage traditionnel, les décors, les costumes et les situations replongeant sans cesse l’ordinaire des personnages modernes dans l’univers merveilleux du conte.20470656.jpg

« Je crois à  tout ce qui fait du bien » dit Agnès Jaoui. Avec Au Bout du conte, elle nous offre un beau cadeau, de ceux qui font du bien et mettent des étoiles dans les yeux des spectateurs.

Magali Van Reeth

Signis

Elefante blanco

de Pablo Trapero

Espagne/Argentine, 2012, 1h50

Festival de Cannes 2012, sélection Un Certain Regard.

Sortie en France le 20 février 2013.

avec Ricardo Darin, Jérémie Régnier, Martina Gusman.

Dans le chaos d’un bidonville, 2 prêtres partagent le quotidien d’une population d’exclus. Un ministère aussi physique que spirituel, et une incarnation très actuelle de l’engagement.

Ces dernières années, l’Argentine est devenue un pays très dynamique dans la production cinématographique mondiale. De grands films et de nombreux cinéastes ont imposé leur marque au niveau international, dont Juan Jose Campanella, Lucrecia Martel, Carlos Sorin. Et Pablo Trapero dont le 7ème long métrage, en sélection au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, est largement distribué en Europe. Profondément marqué par la dictature militaire, ces réalisateurs ont su affronter leur histoire. Ils ont aussi à  cœur de traiter les sujets de société.20082878.jpg

Elefante blanco se déroule dans le bidonville de la Vierge en banlieue de Buenos Aires. Cet « élephant blanc » est un hôpital dont la construction provoque des magouilles et des frustrations en cascade. Le père Julià¡n travaille depuis des années à  en soutenir la construction. Il est proche du mouvement des Prêtres pour le tiers-monde et marqué par la théorie de la libération des années 1970. Il accueille un prêtre plus jeune, Nicolas, européen et missionnaire, et lui fait découvrir l’univers particuliers des bidonvilles et de la politique argentine.

A travers ces deux prêtres et Luciana, une jeune éducatrice, très proches des habitants du bidonville, c’est de l’engagement dont il est question. Qu’il soit politique, humanitaire ou professionnel, cet engagement les amène à  partager au plus près la souffrance et l’exclusion dont sont victimes la plupart de leurs voisins. Ils ressentent aussi de plein fouet la violence de la corruption, des clans armés et des revendeurs de drogue. Face à  l’éloignement ou l’indifférence du pouvoir politique et des institutions cléricales ou religieuses, ils travaillent néanmoins avec un bel enthousiasme à  changer le monde.20082875.jpg

Repoussant le misérabilisme ou l’approche strictement documentaire, Pablo Trapero construit des personnages à  la fois romanesques et crédibles, de véritables héros des temps actuels, avec leur part de faiblesse, de doutes et de détermination. Julian et Nicolas assument jusqu’au bout leur sacerdoce auprès des plus pauvres, deux belles figures de prêtres pour une même incarnation de l’engagement. Le père Julià¡n est interprété par le célèbre acteur argentin Ricardo Darin (Les Neufs reines, Carancho, Dans ses yeux) et le père Nicolas par Jérémie Régnier qui, juste après avoir joué le rôle du chanteur Claude François dans Cloclo, montre ainsi l’étendue de son talent.

Magali Van Reeth

Signis

Festi’vache

Territoire et transmission, les thèmes clés du festival

Le fil conducteur des films proposés marque le retour à  l’idée de territoire et de transmission. Le territoire est ici, défini par des frontières : un espace bien déterminé ; celui où s’ancrent, vivent, travaillent des hommes. Un espace qu’ils se partagent, natifs ou non de ce territoire. Il est aussi celui que d’autres hommes traversent lorsque leur travail et leur culture sont nomades. Quant à  l’identité comment l’envisager et la définir dans un monde en proie à  de profondes mutations ? Naît-elle du territoire où l’on vit ? Se construit-elle autour du travail, de réseaux locaux ou culturels ?

Et qu’en est-il aujourd’hui de la transmission ? Comment peut-elle encore se poursuivre ?

Entre histoire locale et mondialisation, la quête de visibilité et de reconnaissance dans un monde rural est vitale, toujours incomplète, sans cesse renouvelée.

Un programme variée avec des longs métrages, des documentaires, des débats mais aussi un concert, du théâtre, des repas conviviaux et des rencontres avec des réalisateurs.

Parmi les films présentés, Arts cultures et foi vous recommande particulièrement Des Temps et des vents (2006)de Reda Erdem et le documentaire Hiver nomade (2011) de Manuel von Stà¼rler.

Découvrez tout le programme dans le site [www.festivache.fr/2013/?page=info.php&type=contact&id=%2048 ->www.festivache.fr/2013/?page=info.php&type=contact&id=%2048
]
et dans le document ci-joint : festivache_2013.pdf

« Peccata mundi » Une proposition photographique de Claire Artemy

« Peccata mundi » Une proposition photographique de Claire Artemy
du 7 février au 20 avril 2013 dans l’église Saint-Polycarpe

ouverture les mardi et vendredi de 15h à  18h

Claire Artemyz revisite le thème de la Passion. Portant un regard centré sur le détail, dans une sobriété des cadrages et une mise en lumière isolant l’objet photographié, un crucifix, la photographe nous invite, par le nécessaire déchiffrage des images, à  une lenteur propice à  la méditation.
« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean, 1-29)

La photographe Claire Artemyz a produit la série PECCATA MUNDI qui reprend des images connues de la chrétienté et présentes dans la conscience collective à  travers le monde. L’artiste a voulu aborder le registre religieux sous un angle de vue très précis: montrer ces détails qui évoquent les grands moments de la souffrance du Christ, qui vont de pair avec l’importance hors norme qu’a eue le développement de la foi jusqu’à  aujourd’hui. Claire Artemyz tente ainsi d’éclairer ce que le divin peut nous révéler: cette vibration, où la beauté dégagée de ce crucifix nous évoque bien plus que nous ne pourrons le formuler avec nos propres mots. L’artiste tend souvent à  aller vers l’abstraction, vers le volume, le détail important et non vers un ensemble qui pourrait sembler figé. Claire Artemyz nous invite alors à  découvrir ces formes sacrées pour, peut-être, méditer, admirer et voir ce qui nous est révélé individuellement dans cette richesse spirituelle.
Fabian Fischer
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C’est avec la musique sacrée baroque que j’ai revisité la Crucifixion et que le besoin de développer une série de photographies sur ce thème s’est imposé. J’ai tout de suite pris comme sujet la représentation du Corps de Jésus sur la Croix, contraint et blessé, comme on le voit sur les Crucifix : ce sont en effet des objets qui ont longtemps fait partie de la vie quotidienne et dont l’image, même pour les non pratiquants, est aujourd’hui ancrée dans notre inconscient. Les lectures des écrits de Saints qui portaient les stigmates, tels que François d’Assise, Catherine de Sienne ou encore Brigitte de Suède, ont aussi guidé ma façon de photographier les Blessures Sacrées – les clous dans les mains et les pieds du Sauveur, la blessure à  Son côté d’où s’écoulent les gouttes de Son sang. C’est dans ces Blessures que se montre pleinement l’union du Divin et de la fragilité du vivant soit, comme l’a dit Saint Bonaventure: « l’union du seul Parfait et de l’Immense avec une nature faible ».
Je me suis donc concentrée sur ces Blessures, y appliquant les principaux traits de mon regard photographique : une recherche sur la lumière ainsi que le choix de plans très rapprochés, aboutissant à  des images presque abstraites. C’est dans un second temps, en prenant de la distance, que le sujet en question, le Crucifix, se révèle alors dans sa globalité.

On Cartoon dans le Grand Lyon !

Comme chaque année, la fin de l’hiver ramène dans l’agglomération lyonnaise les professionnels de l’animation européenne.

Du 6 au 8 mars 2013, les journées Cartoon Movie de Lyon rassemblent les artistes, producteurs et concepteurs de l’image animée, qu’ils travaillent dans l’univers des jeux ou dans celui des films d’animation. Pendant ces trois journées professionnelles, des projets sont présentés par leurs concepteurs pour trouver des financements mais aussi des films en cours de réalisation ou cherchant un distributeur.

En marge de cet événement professionnel, le Groupement régional de l’action cinématographique (GRAC), en collaboration avec le Grand Lyon et le soutien de la région Rhône-Alpes, propose une programmation spéciale de films d’animation dans 28 salles de cinémas de l’agglomération (dont Bron, Neuville, Saint-Etienne, Craponne, Vénissieux), des films récents ou en avant-premières, comme Le Jour des corneilles, Ernest et Célestine ou Le Magasin des suicides.

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Vous pouvez consultez le programme détaillé (salles, horaires, films) dans le site http://www.oncartoondanslegrandlyon.fr

Hiver nomade

de Manuel von Stà¼rler

Suisse, 2012, 1h25

Sortie en France le 6 février 2013.

documentaire.

Un surprenant voyage à  pieds, dans l’intimité de l’hiver suisse et d’un troupeau de moutons, qui éveille en nous un vrai désir de liberté.

La transhumance d’hiver est le voyage d’un troupeau de moutons des alpages vers la plaine, où il y a encore de l’herbe à  brouter. Une tradition qu’on pensait complètement disparue mais qui survit encore, notamment en Suisse. Pendant 4 mois, deux bergers cheminent lentement avec 800 bêtes, empruntant les derniers chemins forestiers. Ils zigzaguent entre les autoroutes, les voies ferrées et les lotissements modernes qui grignotent peu à  peu la campagne. Ils veillent avec attention sur leur troupeau et leur arrivée dans un village ne laisse personne indifférent.20357431.jpg

Et comment peut-on l’être quand la simple association de bergers et de voyages évoque Homère et la Bible ? Les deux bergers, Pascal et Carole, sont les héros que la mythologie a portés jusqu’à  nous. Le réalisateur Manuel von Strà¼ler a bien conscience de la capacité romanesque et de la charge émotionnelle qu’ils soulèvent en nous, lorsqu’il les filme cheminant sous la neige, guidant cet immense troupeau fluide, 3 ânes et quelques chiens. Aussi, pour tempérer ce côté bucolique, il prend soin d’introduire discrètement un rapport étroit à  une réalité plus actuelle. Les immenses tabliers de ponts autoroutiers servent d’abri un jour de pluie, les vêtements synthétiques aux couleurs vives sont autant utilisées que les draps de laine, et pour faire la tente du soir, les bâches plastiques côtoient les peaux de mouton. Pour le réveillon de Noël autour du feu, Carole va faire les courses au supermarché (où les promotions sont au gigot d’agneau de Nouvelle-Zélande) et le téléphone portable permet de rester en contact avec le patron. Ainsi, la nostalgie est tenue à  distance et Pascal et Carole nous sont plus proches.20419379.jpg

Au-delà  du côté anecdotique de cette transhumance, Hiver nomade pose la question du nomadisme dans le monde moderne. Que ce soit en Suisse, en Europe centrale, aux portes des déserts africains ou dans les toundras inhospitalières, les peuples nomades se sédentarisent, de gré ou de force. Même lorsque la liberté de déplacement de l’homme n’est pas entravée par la politique, il la troque volontiers contre son confort. En guidant de mains de maître 800 moutons, 3 ânes et 4 chiens le long d’un champ d’orge d’hiver sans qu’une seule pousse ne soit piétinée, Pascal et Carole nous montrent leur savoir faire tout autant qu’ils suscitent en nous une belle envie de liberté !20357433.jpg

Hiver nomade est un documentaire sans voix off ni intervention verbale du réalisateur. Il laisse au spectateur l’espace nécessaire pour pénétrer dans cette aventure avec une véritable mise en scène et un montage dynamique. 4 mois de voyage avec les mêmes compagnons de route et on ne voit jamais deux fois la même scène ou le même plan. Ce n’est qu’au bout du chemin que certains gestes font sens, que des paroles plus intimes peuvent être entendues. L’image est superbe et même les protagonistes semblent oublier la caméra. Un excellent documentaire qui donne à  voir autant qu’à  penser et réussi le tour de force de mettre en avant un mode de vie en voie de disparition, sans faire vibrer la fibre de la nostalgie.

Magali Van Reeth

Signis

Arrêtez-moi

de Jean-Paul Lilienfeld

France/Belgique/Luxembourg, 2012, 1h37

Sortie en France le 6 février 2013.

avec Sophie Marceau, Miou Miou et Marc Barbé.

Une femme s’accuse du meurtre de son mari face à  un officier de police qui ne veut pas l’entendre. Une étrange confession qui nous amène au cœur de la complexité des violences conjugales.

C’est une longue nuit dans un commissariat de police mais est-ce pour autant un film policier ? Pour avoir vu beaucoup d’interrogatoires au cinéma, on comprend très vite que les codes du genre vont déraper. D’abord parce qu’il n’y que des femmes et ensuite parce que l’enquête est close. Le lieutenant Pontoise est de garde dans une petite ville portuaire et elle tient les ennuis à  distance en éteignant la lumière de son bureau. Arrive pourtant une autre femme, déterminée à  régler une vieille histoire. L’une s’accuse du meurtre de son mari, l’autre ne veut pas l’entendre et encore moins enregistrer cette plainte. Au cœur de leur affrontement, la violence conjugale et les sentiments, très complexes, qui en découlent.ARRETEZ-MOI_5_c_Ricardo_Vaz_Palma.jpg

Le réalisateur Jean-Paul Lilienfeld s’est inspiré du roman de Jean Teulé, Les Lois de la gravité. Il en fait un film très personnel qui donne un angle original à  ce sujet délicat. Comment parler des femmes battues en évitant le voyeurisme ? Un surcroît de violences inutiles ? Arrêtez-moi trouve un juste équilibre, alternant les scènes de souvenirs – heurtées, déchiquetées, tremblées, comme leurs victimes, avec les scènes du commissariat où la tension et l’image sont différentes. Au cœur du film, les vraies raisons qui poussent chacune des deux femmes dans leurs convictions.ARRETEZ-MOI_7_c_Ricardo_Vaz_Palma.jpg

De quoi s’accuse la femme coupable ? Veut-elle se débarrasser d’une étrange culpabilité ? « Je suis coupable parce que j’ai été victime » crie la femme à  plusieurs reprises. Au fil de la nuit, on se rend compte, avec le lieutenant Pontoise, que cette déclaration tardive s’adresse à  son fils, pour lui montrer qu’il est possible d’arrêter le cercle vicieux de la violence, d’agir en dénonçant officiellement ce qui est arrivé.ARRETEZ-MOI_2_c_Jean-Paul_Lilienfeld.jpg

Une troisième figure féminine arrive plus tard, sous la forme d’une vierge en plastique bleue. Entre fiole à  potion magique et station météo, elle donne l’occasion d’une scène qu’on ne pensait pas voir un jour dans le cinéma français : Sophie Marceau et Miou-Miou récitant ensemble un « Je vous salue Marie » Deux actrices magnifiques, incarnant deux femmes égarées cherchant un secours, un soutien, un miracle. Sophie Marceau est méconnaissable, endossant le personnage de cette femme simple, mal habillée, mal coiffée, battue, humiliée, cherchant les mots pour dire une souffrance qu’elle ne sait pas exprimer. Beaucoup d’autres actrices célèbres ont essayé de jouer des femmes aussi anonymes, cassées et mal fagotées, peu y ont réussi aussi bien qu’elle. Miou-Miou donne au lieutenant Pontoise ce grain de folie lasse qui fait le charme du personnage.

Magali Van Reeth

Signis

Murmure d’une encre noire

Méditation sur l’altérité par la peintre coréennne In Gang

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du vendredi 15 février au dimanche 31 mars 2012
permanences le samedi de 17 à  18 h 30
le dimanche de 11 h à  12 h 30
Sur rendez vous les vendred
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les 2 premiers week ends In Gang sera présente et va élargir les heures de permanence.
Des visites de groupe sur rendez vous sont possibles.

Renseignements : leschaz@numericable.fr ou 06 63 37 09 41

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Passeur de Lumière Eric Michel chez Le Corbusier

PASSEUR DE LUMIÈRE
ERIC MICHEL CHEZ LE CORBUSIER
Exposition du samedi 9 février au 31 mars 2013

Vernissage vendredi 15 février 18h-21h
en présence de l’artiste

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La lumière est au cœur de l’architecture de Le Corbusier pour qui elle est un matériau, comme le béton, avec laquelle il construit ses bâtiments.
À La Tourette, Le Corbusier et Xenakis mettent en scène la lumière. Aussi c’est tout naturellement qu’est invité au couvent Éric Michel qui travaille depuis de nombreuses années ce matériau. C’est à  faire une expérience, celle de la lumière, que l’artiste nous invite à  travers ses œuvres et ses installations. L’artiste interroge notre rapport au réel, jouant sur la frontière du matériel et de l’immatériel, tel un intermédiaire, un « passeur ».

Pour reprendre l’heureuse formulation de Rébecca François, devant les œuvres d’Éric Michel, la sensation de «toucher du regard » nous envahit. Vient s’ajouter à  cet effet purement physique une émotion, une résonance intérieure. La source lumineuse qui éclaire, qui révèle, devient un sujet en soi et trouve sa puissance magnétique dans le monochrome et les couleurs fluorescentes. Loin de révéler un univers aseptisé, néons et pigments purs, hérités de l’esthétique des années soixante-dix, créent un « bain lumineux » qui confère à  l’espace une dimension tout à  fait autre.
L’artiste déstabilise notre perception et parvient à  créer des « états visuels particuliers » comme disait Donald Judd au sujet de Dan Flavin.
La matérialité de la lumière nous absorbe jusqu’à  nous plonger dans une profonde immersion propice à  la méditation.

Éric Michel expose ses œuvres régulièrement en France et à  l’étranger, notamment à  Tokyo, Rome, Genève, Pékin, Londres et New York. En 2009 il expose au musée d’art contemporain (MAMAC) de Nice et au printemps dernier il participe à  l’exposition Le Néon dans l’art à  La Maison Rouge – Fondation Antoine de Galbert, à  Paris.

du mardi au dimanche de 14h30 à  18h30
Visite guidée sur rendez-vous.
Contact
Frères dominicains
Couvent de La Tournette
69210 Eveux
Tèl : +33 (0)4 72 19 10 90
Fax : +33 (0)4 72 19 10 99
Mail : accueil@couventdelatourette.fr

En savoir plus.
[->http://www.couventdelatourette.fr/IMG/pdf/exposition_eric_michel-2.pdf]

Zero Dark Thirty

de Kathrin Bigelow

Etats-Unis, 2012, 2h29

Sortie en France le 23 janvier 2013.

avec Jessica Chastain, Jason Clarke, Edgar Ramirez, Reda Kateb.

A travers le récit d’une longue et difficile enquête pour débusquer un dangereux terroriste, Kathryn Bigelow expose des faits réels, en laissant au spectateur le soin d’évaluer la morale de l’Histoire.

Sous un titre énigmatique, emprunté au vocabulaire de l’armée américaine, ce film suit les 10 années de la vie d’un agent de la CIA, une jeune femme nommée Maya, 10 années entièrement consacrées à  traquer Ben Laden. Après les événements du 9 septembre 2011, qui ont ébranlé les Etats-Unis et sérieusement remis en question l’efficacité des services de renseignements, la CIA a déployé des moyens considérables pour éliminer la tête pensante du réseau terroriste international Al Quaida.20402278.jpg

Basé sur des faits réels, cette traque est judicieusement mise en fiction par la réalisatrice Kathryn Bigelow. Evitant le ton froid du documentaire ou le mélodrame du romanesque, Zero Dark Thirty rend à  la fois la complexité et la longueur de ce travail, où il faut chercher une aiguille dans une botte de foin. Déception, attentats, voyages en Afghanistan, contacts improbables et technologie haut de gamme, l’ambiance est au film d’espionnage, les paillettes et les scènes légères en moins. Tout ici, à  l’image de Maya qui ne semble plus avoir de vie personnelle, n’a qu’un but : débusquer Ben Laden. 20352785.jpg

La partie la plus prenante est bien sûr l’attaque de la forteresse où Ben Laden se terre, avec ses proches, dans la plus grande discrétion possible. Tout à  coup, tout devient limpide, évident, raisonné. Les soldats savent exactement où se positionner et comment avancer, étape par étape, pour aller chercher les trois hommes qu’ils doivent éliminer. Filmée dans la pénombre grâce à  une caméra très performante, on assiste, fasciné, à  un ballet très bien orchestré. Au plus profond de la nuit, où même le bruit des explosifs semblent étouffé, d’étranges créatures aux yeux lumineux, avancent pas à  pas, avec la rigueur du travail bien fait, vers une incroyable mission. Est-ce macabre ? Juste ? Avec intelligence, Kathryn Bigelow trouve le bon équilibre de mise en scène pour laisser le spectateur décider par lui-même, entre l’horreur des crimes commis par Al Quaïda et cette exécution professionnelle raisonnée jusque dans les moindres gestes de ceux qui la mettent en œuvre. Une nuit exceptionnelle et un grand moment de cinéma.20352784.jpg

Si les scènes de torture qui ouvrent le film sont d’une grande violence et peuvent heurter certains spectateurs, elles étaient nécessaires pour la réalisatrice. Cette violence d’état, au service d’une cause sans doute juste (la traque d’un chef terroriste) est-elle moralement acceptable ? Kathryn Bigelow laisse le spectateur trouver lui-même les réponses. C’est peut être la force du film, c’est peut être ce qui peut dérouter le plus de spectateurs. En essayant de prendre le moins possible partie pour une thèse ou l’autre (est-ce de la pure vengeance ? une nécessité ?), la réalisatrice s’applique à  rendre au mieux cette très longue enquête, dans la durée, la confusion et le doute. Si elle ne manipule pas le spectateur par la violence ou l’émotion, la façon dont elle rend hommage à  tous les participants de cette traque, sans donner l’impression de les approuver, nous incite à  aller plus loin dans la réflexion.

Magali Van Reeth

Signis