« Sur les pas de Saint Clair »

Les 2 et 3 février prochains se produira au Briscope la toute nouvelle
troupe « Evangel’hic ».
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La vie de Saint clair sera revisitée et le spectateur invité à  changer aussi
bien d’époque que de regard.
Samedi 2 février 20h au Briscope
Dimanche 3 février à  17h au Briscope
Entrée : plein tarif 5 €
Tarif réduit : 2 € (moins de 18 ans)
Retrait des billets :

 Accueil paroissial mardi au samedi 9h-11h30

 Auprès des comédiens

 Sur place 30 min avant les représentations
Réservations : 06 30 66 13 09 – Mail : evanlgelhic@paroissebrignais.fr

Un peu d’histoire :

Saint Clair du Dauphiné, est mort en 660. Également appelé saint Clair de Vienne. À cette époque, le diocèse de Vienne comptait un grand nombre de monastères et saint Clair se retira dans celui de
Saint Ferréol Trente Pas, qui comptait plus de 400 moines. L’archevêque Caldéolde le nomma abbé de Saint Marcel
et de Sainte Blandine. Il s’est illustré par des guérisons miraculeuses. C’est le Saint Patron de l’église de Brignais.

Le projet : Toute la lumière sera faîte sur Saint Clair. La vie de ce Saint du VIIe siècle, abbé du monastère de
saint Marcel de Vienne, est peu connue. Il a fallu à  Philippe Jacquin d’intenses recherches pour mettre la main notamment sur un ouvrage écrit au XIXe par le père Louis Blanc et proposer un scenario à  l’issue de l’été 2012.
Inspirés en particulier par les vitraux de l’église représentant Saint Clair, les auteurs nous convient à  un va et vient entre notre époque et celle du saint. Ils nous invitent aussi à  connaître quelques-uns de ses miracles. Le tout narré par une mère à  sa fille.
A l’origine du projet, Laure Pelletier et Nancy Beaudet qui pour l’occasion des 150 ans de la construction de l’église de Brignais ont souhaité créer un moment fédérateur, convivial et enthousiaste.

Objectif affiché : l’engagement de tous les Brignairots dans un projet de ville et non pas seulement un projet de
paroisse ! Cette pièce s’adresse à  tous : aux enfants bien sûr mais aussi à  leurs parents et grands-parents. « Elle est à  la fois sérieuse et enfantine, avec des moments saisissants et d’autres plus légers. Au delà  de quelques échanges percutants, la pièce nous suggère aussi quelques pistes de réflexions », précise Nancy Beaudet.
Cette pièce est l’occasion de découvrir avec légèreté la vie d’un Saint, et plus particulièrement de certains de ses miracles. Une occasion délicate de faire passer un message, de servir autrement, de créer des liens pendant cette année de préparation. « Quelle surprise de redécouvrir avec ce spectacle combien culture et religion sont liées. Un
bon moyen pour chacun de retrouver l’empreinte de la culture catholique
», ajoute Laure Pelletier.
L’aventure de la troupe Evangel’hic a commencé il y a près d’un an, en mars 2012, sur le marché de Brignais. Quelques jours après avoir imaginé de mettre en scène la vie de Saint Clair pour célébrer les 150 ans de la construction de l’église, Nancy Beaudet et Laure Pelletier écumaient le marché et les rues de la ville à  la recherche d’acteurs. Pas moins de 2.000 prospectus distribués aux commerçants, sur le marché, dans les boites aux lettres ! « Nous tenions dès le départ à  ce que la pièce de théâtre engage chaque Brignairot ; qu’elle soit un projet de ville et non pas seulement un projet de paroisse ! » précise Nancy Beaudet. Cet appel aux bonnes volontés a été entendu puisque environ 70 personnes y ont répondu. « Quel bonheur de voir des personnes de tous âges et tout profil se manifester : ici une mère avec sa fille, là  un père avec ses deux enfants, une cantatrice,
deux grandes ados spécialistes des arts du cirque ou encore Fabrice, un acteur confirmé qui a épaulé les néophytes…
» se souvient Laure Pelletier. Autant de compétences différentes qui ont trouvé leur place dans la pièce.
Une trentaine d’acteurs se produiront au total, épaulés par une équipe d’une quarantaine de personnes, de 4 à  70 ans.
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Blancanieves

de Pablo Berger

Espagne, 2012, 1h44

Sortie en France le 23 janvier 2013.

avec Macarena Garcia, Maribel Verdu, Daniel Gimenez-Cacho.

Une relecture savoureuse et piquante du conte traditionnel de Blanche Neige dans l’Espagne des années 1920.

Blanche Neige, c’est l’histoire d’une jeune orpheline maltraitée par sa belle-mère et recueillie par des nains. C’est un conte sur la jalousie, où une femme mûre s’agace de la beauté d’une très jeune fille. C’est la méchanceté des familles recomposées. Une histoire qui montre que la beauté n’est pas toujours associée à  la bonté et que les « petits monstres » que sont les nains peuvent être plus généreux que les « grands ».

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Le réalisateur espagnol Pablo Berger s’empare de ce conte avec une ardeur conquérante et le traite dans l’Espagne des années 1920. Les femmes cachent leur flamme derrière des voiles de dentelle noire et rêvent d’épouser les gloires de l’époque, un torero aussi riche et beau que célèbre : même avant l’invention des réseaux sociaux, la foule savait reconnaître et célébrer ses idoles. Les costumes sont rutilants, les épées acérées et il n’y a aucune confusion entre les bons et les méchants !

Tourné en noir et blanc pour mieux coller à  l’époque et donner la juste distance qui sied aux contes, le réalisateur redonne au texte des frères Grimm le côté grinçant que les ré-écritures du 20ème siècle lui avaient enlevé. Blancanieves rappelle, avec un humour joyeux et mordant, combien la vie est injuste et que même les femmes peuvent être cruelles. Ce que le cinéphile avait tendance à  oublier après tant de films contemporains où les hommes ont été bien chahutés dans leur virilité et leurs lâchetés. L’ambiance des arènes et de la corrida rehausse le côté cruel de l’histoire.

Ici, les femmes sont au nombre de 4. La mère (Inma Cuesta) meurt en couches : normal, la vie et la mort sont intimement liées. La grand-mère maternelle aimante (Angela Molina) recueille le bébé dont le père ne peut pas s’occuper et meurt le jour même de la communion de Blanche Neige : sortie symbolique du temps de la petite enfance. La marâtre (Maribel Verdu), terme ancien et péjoratif pour désigner la belle-mère, celle qui va tenter d’éliminer Blanche Neige par tous les moyens car elle refuse ce miroir de la jeunesse, cette autre génération de femmes qui la relèguera au rang des vieilleries. Et Blanche Neige bien sûr (prénommée Carmen dans le film et interprétée par Macarena Garcia) autour de qui tous les différents visages de la femme se déploient.20352079.jpg

Les nains sont là , groupe homogène où on a du mal à  les distinguer et à  les compter. Ils sont le lien avec le monde de l’enfance que Blanche Neige a tant de mal à  quitter. Ce sont eux qui vont plus bousculer le conte et lui apporter un final savoureux Un film qui redonne son sens aux contes de fées et un vrai plaisir de cinéma.

Magali Van Reeth

Signis

Vidala et Chems en concert

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« C‘est pas des manières » propose un concert, vendredi 25 janvier 2013 à  20 h 30 aux Echappées Belles avec au programme

Vidala : Musique sud américaine et Chems, chanson world acoustique.

  • Le trio Vidale tire son nom d’une forme musicale populaire issue du folklore argentin qui parle des grands espaces et de l’intime des êtres qui les occupent.
    Le groupe puise son répertoire dans les compositions d’Atahualpa Yupanqui, Violeta Parra, Victor Jara, immenses figures chiliennes et argentines.
    Autant de poètes qui nous mènent à  découvrir la beauté aride des paysages, mais à  dévoiler les vies souvent rudes et précaires des indiens, des mineurs, des ouvriers ou des paysans d’Amérique latines.
  • Chems veut dire « Soleil » en arabe et ça tombe plutôt bien puisque sur scène elle devient un véritable rayon de lumière. Chems chante en français, en anglais et en arabe, le voyage, le rêve, ses souvenirs d’enfance ou la rupture, mais également des sujets forts comme l’identité et d’autres thèmes qui font d’elle une chanteuse engagée.

Vidéo et écoute sur :
[->www.cestpasdesmanieres.org]

Réservation au 04 78 94 84 12

Positif – 60 ans de cinéma

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Pendant tout un week end l’Institut Lumière propose de découvir des films, rencontrer des redacteurs de Positif et son fondateur, Bernard Chardère, et échanger sur la cinéphilie.

vendredi 25 janvier à  20 heures
Avant Première de Lincoln de Steven Spelberg (2013), présenté par Christian Viviani.

Samedi 26 janvier à  15 h 30 table ronde e: une revue de cinéma en 2012 (entrée libre) animée par Michel Ciment, Christian Viviani, Fabian Baumann
17 h 30 Alice dans les villes de Wim Wenders (1974), présenté par Fabien Baumann
20 h 30 Sunset Boulevard de Billy Wilder 1950), présenté par Michel Ciment

Dimanche 27 janvier à  10 h 30 Naked de Mike Leigh,(1993) présenté par Fabien Baumann
15 h : Les Yeux sans visage de Georges Franju, (1960) présenté par Michel Ciment
17 h 30 : La Fièvre dans le sang d’Elia Kazan (1961), présenté par Michel Ciment

Achat conseillé des billets en avance sur :
[->www.institut-lumiere.org]

Concert d’orgue

Concert d’orgue au profit notamment d’une association paroissiale s’occupant de jeunes du quartier.

samedi 19 janvier 2013 à  20h30
église de la Trinité
111 avenue Jean Mermoz Lyon 8ème

par François-Régis Bompard, organiste titulaire de la paroisse de la Trinité, sur un orgue Allen.
Au programme : Bach, Boëllmann, Franck…
Entrée libre.

Comme un lion

de Samuel Collardey

France, 2011, 1h42

Sortie en France le 9 janvier 2013.

avec Mytri Attal et Marc Barbé.

Un film attachant autour d’un adolescent prêt à  déplacer des montagnes pour arriver à  réaliser son rêve de football professionnel. Dans un monde cruel où personne ne l’attend.

Dans un monde surinformé, surmédiatisé, il est des rêves qui ont la vie dure. Comme le mirage de l’occident pour les habitants des pays les plus pauvres, comme la magie du foot pour la plupart des gamins du monde.

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Mitri a 15 ans, il vit au Sénégal avec sa grand-mère, il tape dans un ballon avec ses copains dès qu’il en a l’occasion et lorsqu’il entend parler d’un agent recruteur venu de France, il sait que c’est pour lui. Comme un lion raconte les pièges, les entourloupes et les difficultés d’un jeune garçon qui veut vraiment jouer au foot. Parce qu’il aime ça mais aussi parce qu’il sait que, depuis qu’il est arrivé en France, c’est la seule façon de sortir d’une vie de misère.

C’est Marc Barbé qui joue Serge, l’entraineur un peu cabossé par la vie et, en tant que spectateur, on est ravi de retrouver cet acteur qu’on voit trop rarement. Il est juste, tout à  fait à  l’aise dans son survêtement synthétique et son cœur cadenassé et forme un couple maître/élève très crédible avec le jeune Mytri Attal. Le réalisateur Samuel Collardey est allé chercher ce jeune homme au Sénégal et il s’est inspiré de vrais parcours d’immigrés pour la trame du film. Puis il est revenu tourner chez lui, dans le Haut-Doubs et on peut à  nouveau savourer l’accent particulier de cette région, à  la fois rocailleux et chantant, au centre de formation du mythique FC Sochaux et dans la très belle scène de mariage.

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Mélangeant la réalité la plus ordinaire, comme les échecs si communs dans le monde du sport professionnel, les problèmes sentimentaux de chacun, avec les rêves de Mitri qui lui donnent la force d’oser s’imposer et de tenir dans des situations désespérantes, le récit trouve une belle intensité, oscillant avec justesse entre conte de fée et documentaire.

Comme un lion est l’histoire d’un rêve qui se réalise, grâce à  la ténacité de Mitri mais aussi grâce à  la générosité de ceux qu’on croise par hasard et qui savent tendre une main. Finalement, les miracles, ça arrive parfois quand tout le monde y met du sien, et c’est sans doute pour ça que les enfants ont encore des étoiles dans les yeux. Un film tout public, qu’on peut proposer aux plus jeunes, notamment les garçons, à  partir de 10 ans.

Magali Van Reeth

Signis

Welcome

Comme chaque année à  la fin du mois de janvier, la paroisse Saint-Maurice/Saint-Alban de Lyon organise la projection d’un film suivi d’un débat, à  l’Institut Lumière, pour permettre une discussion autour d’un fait de société.

Pour l’année 2012/2013, le thème du cycle de réflexion Libre Parole, choisi par la paroisse est : Du dire au faire. Pour l’illustrer, c’est le film de Philippe Lioret, Welcome qui sera projeté, en partenariat avec l’Institut Lumière, le lundi 28 janvier 2013, à  20 heures.

Welcome est l’histoire d’une rencontre entre un maitre-nageur déprimé par le vide de sa propre existence, et un jeune homme enthousiate bien décidé à  forcer son destin. Pour ce film, Philippe Lioret a reçu le prix oecuménique au Festival de Berlin 2009, où le film était présenté dans la section Panorama.

La projection est suivie d’un débat auquel participeront différentes associations s’occupant de l’accueil des étrangers dans l’agglomération lyonnaise.

Institut Lumière, 25 rue du Premier film, 69008.

Attention, ce film est projetté en dehors de la programmation habituelle de l’Institut. Pour tous renseignements :

Paroisse Saint-Maurice : paroisse@saintmauricelyon.net

et tel : 04 78 00 72 61

L’Homme qui rit

de Jean-Pierre Améris

France, 2012, 1h33

Sortie en France le 26 décembre 2012.

avec Marc-André Grondin, Christa Theret, Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner.

C’est un conte peuplé de personnages attachants ou très méchants, cruel comme la vie et poétique comme les rêves, qui montre ce que les yeux nous cachent et que le cœur pressant. Une belle adaptation tout public du roman de Victor Hugo.

Ce roman est l’un des moins connus de son auteur. Il est vrai qu’il est complexe, Hugo voulant en faire un manifeste politique, historique, philosophique et poétique. L’action se déroule en Angleterre au 18ème siècle et le personnage principal est Gwynplaine, un jeune garçon intentionnellement défiguré, dont le visage est à  jamais traversé par une cicatrice en forme de sourire. Avec lui, Déa, une jeune fille aveugle et leur protecteur, Ursus, homme des bois, charlatan et conteur qui pousse sa roulotte pleine de rêves.

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Simplifiant le propos politique de l’Angleterre républicaine, c’est cette aventure fabuleuse qu’a retenu le réalisateur Jean-Pierre Améris. Utilisant des teintes bleutées, des costumes délirants et forçant le traits des fourbes et la fragilité des innoncents, il révèle le côté gothique de l’œuvre d’Hugo – celui des dessins à  l’encre – pour en faire un conte intemporel. Loin du réalisme des Misérables, L’Homme qui rit prend les chemins du récit fantastique. Les rebondissements sont dus à  la malignité des individus, à  la fatalité des événements. Les châteaux sont effrayants, les dignitaires grotesques et les spectacles de foire féériques.

Dans des décors fantastiques, où l’hiver mort la peau et le ventre des pauvres, où on paye pour voir des monstres, le récit s’attache à  montrer le vrai sens de la beauté. Le visage de Gwynplaine dégoûte et fascine les badauds de la foire. A la fois attirés et repoussés par cette laideur inouïe, ils en font un objet de moquerie. Mais pour Déa, que la cécité protège de l’apparence superficielle, il est un homme aimable, un compagnon fidèle et beau. Pour Ursus, qui s’est volontairement mis en marge de ce monde, ces enfants sont à  protéger comme un joyau.20096179.jpg

Gérard Depardieu est parfait dans ce rôle d’ours solitaire, ami des bêtes sauvages, vendeur de potion magique et bonimenteur hors pair. Si son affection pour les enfants est sincère, ses dons de conteur vont vite mettre à  profit l’histoire et le visage rocambolesque de Gwynplaine et la beauté de Déa pour en faire un spectacle. Spectacle populaire qui attire de nombreux badauds lorsqu’ils arrivent à  Londres. Malheureusement, et déjà  à  cette époque ancienne, les sirènes de la renommée sont un danger. Reconnu, Gwynplaine apprend sa véritable identité et, tenté par le monde des puissants sans en connaître les rouages, il détruit sa véritable richesse : l’affection et la liberté données par Ursus, l’amour de Déa.

20091289.jpgJean-Pierre Améris réussit à  extraire de ce roman touffu une trame narrative prenante, que sa mise en scène ancre dans le fantastique, ce territoire où la raison chancelle pour laisser place à  l’imaginaire et au ressenti. Et où le cinéma excelle à  nous amener. L’Homme qui rit peut se voir dès 10 ans.

Magali Van Reeth

Signis

L’Odyssée de Pi

d’Ang Lee

Etats-Unis, 2012, 2h05

Sortie en France le 19 décembre 2012.

avec Suraj Sharma, Irrfan Khan, Gita Patel.

Un film décevant qui traite sans talent les questions religieuses et l’art du récit, et utilise avec maladresse les nouvelles technologies.

Tiré du roman éponyme de Yann Martel (2001), le film retrace les aventures rocambolesques de Pi. En Inde, dans les années 1950, un jeune homme est élevé dans le zoo où travaillent ses parents. Son père est très rationaliste mais sa mère lui enseigne les rituels religieux du pays. Pi est attiré par la spiritualité et les religions. A la fin de son adolescence, à  la suite d’un naufrage, il se retrouve seul à  dériver en mer sur un canot en compagnie de quelques animaux. Invoquant Dieu, il est sauvé et cela prouve pour lui l’existence de Dieu.20313351.jpg

Cette histoire est portée à  l’écran par Ang Lee, un réalisateur taïwanais à  la surprenante filmographie. Garçon d’honneur (1993), Ice Storm (1997), Tigre et dragon (2000), Le Secret de Brokeback Mountain (2005) : il oscille entre œuvres confidentielles, un brin acerbe, et succès grand public. Avec L’Odyssée de Pi, tourné en 3D, il semble racler le consensuel avec désinvolture

Le scénario alterne d’une part les conversations insipides, filmées sans aucune imagination, entre l’auteur du roman et le protagoniste de cette aventure, sans que cela n’apporte rien à  l’histoire. Et d’autre part, les scènes d’aventure féerique où la technologie 3D bombarde le spectateur d’effets spéciaux, parfois étonnants, comme dans les scènes oniriques, parfois très racoleurs comme avec les animaux. L’image, où on ne peut faire le point que sur un plan précis, semble comme salie, toujours floue à  un endroit ou l’autre de l’écran. Le mélange de décors et d’acteurs réels avec ceux virtuels, n’est pas toujours très harmonieux.

L’Odyssée de Pi dure plus de deux heures et on a largement le temps de s’ennuyer, notamment pendant que le canot dérive. On s’intéresse alors aux invraisemblances, qui sont hélas nombreuses (pourquoi Pi ne porte pas son gilet de sauvetage, comment peut-il rester aussi longtemps debout sur une bâche glissante ?). Et on regrette que certaines options de scénarios n’aient été mieux exploitées (l’humour notamment).

Mais le plus gênant est sans doute la façon dont le film aborde le problème de Dieu. Ici, les grandes religions historiques sont toutes ramenées au même plan et Pi croit en chacune d’elles avec la même conviction. Il se déclare végétarien par respect pour l’hindouisme, musulman pour le contact avec le sol au moment de la prière, baptisé chez les chrétiens par amour du Christ et il enseigne la théologie juive. La religion semble pour lui surtout une question de rituels et de folklore, où on peut picorer le meilleur et le moins contraignant, sans être obligé de choisir un credo. Bien évidemment, pour lui l’existence de Dieu est prouvée par son sauvetage et son retour à  la terre ferme après avoir vécu autant de dangers. Mais pour le voir haranguer Dieu au milieu de la tempête, on se demande quand même s’il ne confond pas la religion avec une compagnie d’assurance spécialisée dans les voyages et le rapatriement

Tout à  fait dans l’air du temps, L’Odyssée de Pi mélange, sans aucun talent artistique, l’épopée d’un homme face à  un méchant destin (enfin un héros !), le questionnement du fait religieux réduit à  sa plus simple expression (Dieu n’est plus qu’un faiseur de miracles) et une utilisation bâclée d’une nouvelle technologie, appliquée à  un roman qui a été un succès commercial. On peut s’abstenir.

Magali Van Reeth

Signis