8ème Biennale d’Art Sacré Actuel

Sur le thème du « Souffle », le 8ème Biennale d’Art Sacré Actuel (BASA) se déroulera jusqu’ au 17 décembre à  la galerie Confluences Polycarpe.
Cette année, trois autres lieux d’exposition l’Ecole LA MACHE, le Centre Culturel de Brignais et l’Eglise Saint Maurice à  Lyon accueilleront une trentaine d’œuvres inédites. différentes de celles exposées à  Confluences Polycarpe.

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This Must be the Place, prix oecuménique à  Cannes

de Paolo Sorrentino

Italie/France/Irlande, 1h58, 2011.

Festival de Cannes 2011, prix du jury oecuménique

Sortie en France le 24 août 2011.

avec Sean Penn, Frances Mc Dormand, Eve Hewson, David Byrne

Un homme immobilisé dans son passé entreprend un itinéraire singulier à  travers un monde en plein devenir. Ce film célèbre à  la fois la difficulté de vivre et le bonheur d’y parvenir à  plusieurs.

Le visage de Sean Penn, grimé, hirsute et triste, provoque un vague malaise teinté de fascination. Le célèbre acteur américain interprète Cheyenne, chanteur de rock, autrefois célèbre et adulé, aujourd’hui pathétique souvenir d’une gloire passée. Vivant dans une léthargie que l’aisance matérielle ne perturbe pas, la mort de son père va l’obliger à  voyager. Ce déplacement géographique sera aussi un déplacement à  l’intérieur de soi.

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Dans son précédent film, Il Divo en 2008, le réalisateur italien Paolo Sorrentino traitait la question du pouvoir comme un opéra rock. This must be the place est le titre d’une chanson du groupe rock Talking Heads et de son créateur David Byrne. Elle sert de fil rouge au personnage de Cheyenne, parti à  la recherche d’un ancien nazi, de son père, d’une raison de vivre. Cette quête de soi, sur fond d’Holocauste et de modernité, traversée par l’immensité des paysages américains, est le moteur du film pour le cinéaste : « En ce qui me concerne, chaque film est une traque acharnée vers l’inconnu et le mystère. Pas tant pour trouver la réponse que pour garder vivante la question ».

Bien sûr, on est fasciné par l’interprétation de Seann Penn qui incarne totalement cet homme, fantôme de sa propre vie. Tous ses gestes se font au ralenti, il marche comme un vieillard, parle comme un jouet à  ressort déréglé et la tristesse de son regard est poignante. Maquillé de façon outrancière, sans doute pour qu’on ne le regarde pas, Cheyenne s’ennuie dans sa propre vie. De quoi a t-il honte ? Seann Penn trouve ce qu’il faut d’outrance et d’incarnation pour mettre de la fiction, et donc de la distance dans ce personnage, et par là  même, le rendre crédible.

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Face à  ce pantin triste, les autres personnages, même les plus insignifiants, sont des rencontres uniques. Les proches de Cheyenne sont d’une émouvante gentillesse et d’une tolérance si sincère qu’elles nous éclaboussent directement : qui sommes nous pour juger si hâtivement et avec si peu de compassion ? L’attention portée par le réalisateur à  tous les personnages, et son talent, lui permettent de les faire tous exister dans une étonnante humanité. Que ce soit la femme pompier à  l’enthousiasme et à  la patience infaillibles, l’homme d’affaire pathétique dans son désir de vivre, la punkette aux allures de chien fidèle, le chien à  collerette, l’inventeur de la valise à  roulettes, le soupirant timide ou les clients des cafés et des stations essence, tous nous renvoient à  nos peurs, nos réticences, nos jugements hâtifs.

Pour Paolo Sorrentino : « le thème central du film, modestement, c’est l’absence – forcément accompagnée de la présence – d’une relation entre un père et son fils ». L’absence est mise en scène par le vide des espaces habités et l’immensité des lieux parcourus. La présence est celle d’une mélancolie constante, accompagnée par la beauté de tous les plans. Luca Bigazzi signe les images de ce très beau film : paysages dorés de l’immensité américaine, mélancolie des banlieues irlandaises assoupies à  l’ombre de gigantesques centres commerciaux, temples du commerce et de l’anonymat devenus, ironiquement, lieu de sociabilité des laissés pour compte de la société de consommation.
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This must be the place est un film qui prend le temps d’installer ses personnages. Il laisse de l’espace au spectateur pour qu’il puise envisager plusieurs pistes et se poser des questions, au lieu de donner des réponses. L’humour et la mélancolie font bon ménage, à  l’image du couple formé par le chanteur et sa femme. Très vite, Cheyenne nous intrigue et on le suit d’autant plus volontiers qu’on a tout le loisir d’imaginer plusieurs dénouements. Dans une brillante mise en scène Paolo Sorrentino nous tient en haleine jusqu’à  la dernière image.

Prix œcuménique

Au Festival de Cannes 2011, le Jury œcuménique a décerné son prix à  This must be the place, accompagné du commentaire suivant : « A travers Cheyenne, rockstar déchue et douloureuse, Paolo Sorrentino donne à  suivre le voyage intérieur et l’odyssée d’un homme à  la recherche de ses racines juives, de la maturité, de la réconciliation et de l’espérance. Drame classique d’une grande richesse et d’une esthétique recherchée, le film ouvre avec grâce des pistes de réflexion graves et profondes. »

Ce jury œcuménique 2011 était composé de Daniel Grivel (Suisse, président), Gianluca Arnone (Italie), Françoise Lods (France), Martin Bernal Alonso (Argentine), Mikaël Mogren (Suède) et Christiane Hofmann (France).

Magali Van Reeth

Signis

Impardonnables

d’André Téchiné

France, 1h51, 2011.

Festival de Cannes 2011, Quinzaine des réalisateurs.

Sortie en France le 17 août 2011.

avec André Dussolier, Carole Bouquet, Mélanie Thierry.

Comme souvent chez Téchiné, on reste perplexe devant une brillante mise en scène dont on a du mal à  saisir le propos. Heureusement, Carole Bouquet est magnifique et suffit au plaisir du film !

Francis, la soixantaine encore fraîche, est un écrivain à  succès en panne d’inspiration. Il cherche refuge à  Venise. Il trouve Judith et l’amour, qui l’empêche vraiment d’écrire, mais lui permet d’élargir son cercle de relations, d’affiner la palette de ses sentiments et de compliquer un peu plus sa vie. impar2.jpg

Impardonnables est inspiré d’un roman éponyme de Philippe Djian. André Téchiné en fait un film sur la confusion, et choisit le décor en parfaite adéquation avec le personnage principal, Venise. Francis est un homme vieillissant, qui se sent couler dans ses assises et part vivre dans une ville qui sombre lentement dans la lagune qui la porte depuis des siècles.

Le brouhaha de la ville surchargée de touristes fait écho aux nombreux personnages secondaires qui vont et viennent tout au long du film, parfois à  peine entrevus. Les clichés romanesques ou esthétiques dont Venise est si friande, se retrouvent dans les clins d’œil au cinéma qu’André Téchiné pose ça et là . Le va et vient des personnages est accentué par les trajets en bateau qu’ils sont obligés de faire pour se déplacer d’île en île. Enfin, les dédales de Venise, qui permettent de si bien se perdre et de faire demi-tour quand on est dans une impasse, sont à  l’unisson de la complexité sentimentale et familiale dans laquelle vit Francis.

Heureusement, face à  ce chaos, il y a Judith. Agent immobilier à  Venise, elle en connaît tous les pièges, comme elle sait reconnaître un faux tableau d’un vrai. Elle sait ce qu’elle veut, elle est droite, honnête, patiente pour parvenir à  ses fins. Elle est interprétée par Carole Bouquet qui est simplement sublime Le couple qu’elle forme avec André Dussolier est un régal pour les cinéphiles !impar3.jpg

Finalement, et à  notre grande surprise, le film se termine sur une note optimiste. La confusion reste présente jusqu’au bout et nous gagne puisqu’on se demande encore ce qui est « impardonnable »

Magali Van Reeth

Signis