Dans le cadre de la campagne de Carême CCFD, l’équipe locale de Bron propose de visionner le film « D’une seule voix »
Vendredi 25 Mars, à 20h30 Salle paroissiale du Christ
Roi , 22 rue Jean Jaurès à BRON.
Catégorie : Cinéma < 2017
Avant l’aube
de Raphaël Jacoulot
France, 1h44, 2010.
Sortie en France le 2 mars 2011.
avec Jean-Pierre Bacri, Vincent Rottiers, Ludmila Mikael, Sylvie Testud.
Dans un luxueux hôtel de montagne, un jeune homme en quête d’un père, un père qui n’aime pas son fils et une enquête de police pour brouiller les pistes. Un excellent polar à la française !
Avant l’aube se passe pendant les mois d’hiver où la neige recouvre la montagne. Le froid et la blancheur participent au décor mais aussi au déroulement de l’histoire. L’opposition, toujours spectaculaire, entre la pureté si fragile de la neige et la noirceur des hommes, donne le ton. La route, forcément plus dangereuse lorsqu’elle est glissante, donne le rythme. Tous les jours, Frédéric monte de la vallée, pauvre, industrieuse et laide, pour entrer dans l’univers feutré d’un grand hôtel posé dans un magnifique cirque de montagne. Enfin, tout le monde le sait, les cadavres sont mieux dissimulés sous une couche de neige.
Le réalisateur soigne tous les aspects du film. Les costumes, toujours trop grands pour Frédéric jusqu’à ce qu’il enfile celui du mort. Le phrasé de son amie qui travaille dans une usine où on met de l’eau en bouteilles et celui, obséquieux du personnel de la réception. La décoration très froide et élégante de l’appartement de la famille Couvreur. Les détails qui sont des pistes ou des leurres, la lettre de l’agent immobilier, le morceau de phare cassé. Comme dans tous les bons polars, il faut aussi un peu néons anonymes pour maquiller le crime et Avant l’aube fait le détour par l’Andorre, supermarché de la détaxe, de l’alcool à bas prix et du trafic de cigarettes, clin d’œil à Las Vegas et à Hong Kong assumé par le réalisateur.
Les personnages secondaires existent vraiment et ont leur importance, comme Ludmila Mikael, qui joue la femme de Jacques ou Sylvie Testud, inspecteur du SRPJ qui déboule dans le film comme un éternuement, toute en couleur, un peu burlesque, inoffensive. Quant aux deux personnages principaux, c’est un régal de voir Jean-Pierre Bacri, une fois passée la première colère, faire exister son personnage dans un jeu rentré et énigmatique. Un père mal à l’aise avec son fils, bourru avec son propre père. Vincent Rottiers, à force de jouer les racailles sorties de prison, se coule parfaitement dans le rôle. Jeune homme en quête d’un père, d’ascension sociale et de respectabilité, il a un sourire béat devant une belle voiture et l’inquiétude apeurée face au danger.
Mais on apprécie surtout que le réalisateur nous laisse du temps pour penser l’histoire avant qu’elle ne se déroule sous nos yeux, les indices qu’il sème pour ruser ou ouvrir des pistes. Il ne dit pas tout, laisse venir les rebondissements, trainer les interrogations. Les personnages sont complexes. Jusqu’à la fin, Raphaël Jacoulot maitrise le scénario, les acteurs et même le paysage, un vrai bonheur de cinéphile !
Magali Van Reeth
Signis
The Hunter (Le Chasseur)
de Rafi Pitts
Iran/Allemagne, 1h44, 2010.
Sélection officielle Berlin 2010.
Sortie en France le 16 février 2011.
avec Rafi Pitts, Mittra Hajjar, Saba Yaghoobi
Dans l’étouffement de la société iranienne actuelle, un homme cherche sa femme et sa fille. Comment envisager le quotidien lorsqu’on est sans cesse traqué ?
Sachant combien il est difficile de tourner un film en Iran, on appréciera de voir The Hunter (Le Chasseur), tourné en rusant avec l’administration et qui a finalement pu profiter du trouble apporté par les élections de 2009. Le film devait être terminé avant les élections mais le retard, dû à la censure, a permis de tenir compte des mouvements de révolte. Il n’y a pas d’image des manifestations mais le scénario les intègre comme un ressort dramatique.
Le film raconte le désarroi d’un homme qui trouve la maison vide lorsqu’il rentre du travail. Où ont disparu sa femme et sa fille avec qui il vivait en harmonie jusqu’alors ? Sa quête le mène devant un mur, mur de silence, de douleur et de colère où, ayant perdu ce qu’il lui permettait de vivre, il va se cogner, entre vengeance et désespoir.
Comme dans de nombreux films iraniens, les voitures et les autoroutes surchargées de Téhéran ont une place particulière. La voiture est souvent le seul espace privatif et sûr pour une population sous surveillance incessante : le pouvoir politique, les codes religieux, les voisins, la police. La voiture permet de se soustraire momentanément à cette oppression, quitte à partir très loin dans la forêt, comme le fait Ali, le personnage principal de cette histoire.
Quant aux autoroutes et aux embouteillages, ils sont une métaphore de la société iranienne actuelle. Un pays suffisamment riche et développé pour s’équiper d’infrastructures de communication performantes mais qui ne mènent qu’au chaos quotidien. Ali traverse le film en voiture, perdu entre les entrailles de la forêt et la jungle administrative, traquant les bêtes sauvages et finissant par tirer sur des policiers.
The Hunter est un film taiseux, à l’image du personnage principal, mais où le son est très important et très explicite. Rafi Pitts, à la fois réalisateur et acteur, fait l’impasse sur les explications verbales pour permettre à tous les spectateurs d’entrer dans le cœur du film et de chercher, avec le personnage, des portes de sortie dans un espace aussi verrouillé politiquement. Au cœur de la forêt, noyée dans la brume, comme en ville la nuit, le désespoir est palpable, étouffant, sans issue possible.
Le personnage, traqué par la police, comme le réalisateur est traqué par la censure, s’évade par une dernière ruse. Pour Ali, le prix à payer est immense. Pour Rafi Pitts, comme pour de nombreux cinéastes qui vivent en Iran, il y va aussi de leur survie, dans un état qui ne laisse aucune liberté aux artistes.
Film noir et âpre, The Hunter (Le Chasseur) était en compétition officielle au Festival de Berlin 2010.
Magali Van Reeth
De Silence et d’amour
Du 24 février au 18 mars
Projection exceptionnelle jeudi 17 mars à 20h30 au cinéma Le Méliès à Caluire
La Bella gente, les gens bien
d’Ivano de Matteo
Italie, 1h38, 2009.
Sortie en France le 16 février 2011.
avec Monica Guerritore, Antonio Catania, Victoria Larchenko.
Critique acerbe de la bourgeoisie italienne où des gens aisés, dans l’indolence estivale, veulent aider une jeune fille à changer de vie. Ou comment être quelqu’un de bien dans un monde complexe ?
La bombe en question est une très jeune femme, pauvre, belle et déjà mal partie, venant des pays de l’Est, bernée par le miroir aux alouettes de l’occident capitaliste et de l’argent facile. Une Cendrillon maltraitée qu’on a envie de recueillir, de protéger, de remettre sur de bons rails. Contre l’avis de son mari et de ses amis, Susanna va ouvrir la maison familiale à Najda. Patiemment, avec douceur et bonté, elle va la mettre en confiance, lui redonner de l’espérance. Jusqu’au jour où Susanna devra choisir entre sa protégée et sa propre famille, au bord de l’implosion.
Filmé de façon plutôt classique, avec de bons interprètes, La Bella gente vaut surtout par les questions qu’il pose et le constat terrible qu’il met en scène. Comment être quelqu’un de bien ? Par compassion, autant que par réflexe professionnel, Susanna veut aider Nadja. Pour Nadja ? Pas si sûr. Pas une fois, elle ne demande à la jeune fille ce qu’elle veut, ce dont elle a envie ou comment elle envisage son avenir. Et tout va de travers lorsque Nadja désire ce qui n’était pas prévu pour elle. La fin est forcément terrible. Najda retourne à son point de départ. Avec dans son sac, une belle somme d’argent. Comme une prostituée à la fin d’une transaction. A-t-elle perdu ou gagné quelque chose ? On ne le saura pas, pas plus qu’on ne saura ce qu’il fallait faire pour que ce soit bien
Une chose est sûre, en tant que spectateur, on est bouleversé par la violence des réactions de chacun, la lâcheté collective dès que la douce harmonie se fissure. Pire encore, dans ce sauve-qui-peut général, on n’a finalement rien à reprocher au couple d’amis de Susanna et d’Alfredo, eux qui n’ont pas voulu agir. Présentés en début de film comme une caricature de la « beaufitude », lui le parfait macho entrain de lustrer sa voiture, elle reine du shopping bronzant en bord de la piscine. Riches sans complexe et très égoïstes dans leur idéal, au final, eux n’auront blessé personne Un des aspects les plus amers du film !
Lorsque devant Ivano de Matteo, on évoque Théorême de Pasolini, où un jeune homme dynamite de l’intérieur une famille bourgeoise, il acquiesce et parle même de King Kong où une bête sauvage chez les gens civilisés provoque aussi d’énormes bouleversements Pourtant, le jeune réalisateur italien ne se veut pas cynique en dénonçant ainsi la compassion et les élans de solidarité de ses compatriotes (et de beaucoup d’autres). En nous renvoyant si durement à nos élans de générosité les plus spontanés, le film prend une dimension très politique. Lorsque l’ordre du monde est uniquement régit par le profit, que les lois du capitalisme sont plus fortes que celles des individus en société, il ne peut y avoir de solution individuelle pour construire un futur différent.
Ainsi, La Bella gente, dans la douce lumière de l’Italie, dans la rondeur indolente de ses personnages, nous alerte sur cette conscience collective qui doit primer sur l’acte individuel si on veut agir pour changer durablement le monde.
Magali Van Reeth
Journées cinématographiques de La Salette
Cinéma et réconciliation du jeudi 28 avril au dimanche 1 mai.
Qui a envie d’être aimé ?
d’Anne Giafferi
France, 1h28, 2010.
Sortie en France le 9 février 2011.
avec Eric Caravaca, Arly Jover, Valérie Bonneton, Jean-Luc Bideau, Benjamin Biolay.
Brendan et le secret de Kells
A Lyon, projections supplémentaires de ce très beau dessin animé sorti en 2009.
Morgen
de Marian Crisan
Roumanie/France/Hongrie, 1h40, 2010.
Sélection officielle Festival de Locarno 2010, prix œcuménique.
Sortie en France le 2 février 2011.
avec Andrà¡s Hathà¡zi, Yilmaz Yalcin, Elvira Rîmbu, Dorin C. Zachei, Molnar Levente, Razvan Vicoveanu.