MARDI 12 MAI 2015 de 18H30 à 20H
7, Place de Cordeliers / Metro : Cordeliers
autour du livre de Laurent Gaudé
Françoise ZEHNACKER – présentation
Antoine ADAM – lecture
Geneviève REY – témoignage
CONTACT : contact@saint-bonaventure.fr
MARDI 12 MAI 2015 de 18H30 à 20H
7, Place de Cordeliers / Metro : Cordeliers
autour du livre de Laurent Gaudé
Françoise ZEHNACKER – présentation
Antoine ADAM – lecture
Geneviève REY – témoignage
CONTACT : contact@saint-bonaventure.fr
MARDI 3 FEVRIER 2015 de 18H30 à 20H
7, Place de Cordeliers / Metro : Cordeliers
Françoise ZEHNACKER – présentation
Hugues ROUSSET – lecture
Aïcha KAWAK – témoignage
CONTACT : contact@saint-bonaventure.fr
«Cet homme qui soliloque dans un bar, nuit après nuit, c est le frère de l’Arabe tué par un certain Meursault dans un célèbre roman du XXe siècle. Soixante-dix ans après les faits, rage et frustration inentamées, le vieillard rend un nom au mort et donne chair à cette figure niée de la littérature : l’Arabe. Un roman profond sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel. »
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Le prix Goncourt 2014 a été remis à Lydie Salvayre, pour son roman «Pas pleurer », publié au Seuil.
Plusieurs histoires sont tissées ensemble, les souvenirs de la mère de la narratrice, l’histoire de l’Espagne de la guerre civile, l’aujourd’hui de la narration (qui est celui de la mère malade et d’une France où l’extrême droite ne paraît pas si extrême, commune, une possibilité politique parmi d’autres), et le texte de combat de Bernanos, Les grands cimetières sous la lune, contemporain de la guerre, apostrophe à qui veut l’entendre, plaidoyer pour la vérité de l’évangile et la dignité de l’homme, pour l’honneur de l’Eglise et la paix civile, toutes choses indissociables.
L’ouvrage de L. Salvayre se lit d’une seule traite. S’il s’agit de grande littérature, je n’en suis pas certain, mais demeure la présence des personnages et l’ambiance une fois le livre refermé. L’auteur offre une aventure de plus, toujours nouvelle, lorsque la fiction informe, transforme, même à leur insu, ceux qui s’y livrent.
Parler de la guerre d’Espagne est une affaire encore bien impossible dans la Péninsule. En France, il se pourrait que l’on refuse une nouvelle fois, de voir ce que signifie la montée des fanatismes, (religieux, laïcards ou athées) et la banalisation des discours nationalistes. Le malaise dans la société effets de la crise économique, discrédit des institutions à commencer par la politique, et exigence que réclame de chacun un monde dont les repères ne sont plus imposés d’en haut, tout faits – suscite la peur, ébranle les identités et, de manière très archaïque, provoque à rechercher des bouc-émissaires, lesquels par définition ne sont nullement la cause des maux, mais servent à les exorciser à défaut de les guérir.
Le récit du fascisme espagnol et sa stigmatisation des communistes ou des libertaires mettent étrangement, amèrement, terriblement, en perspective la société actuelle. Les alliances ont changé, mais peut-être qu’en apparence : ce ne sont plus les Rouges que soutient la Russie, mais les Bruns. Qui sera la puissance pour les combattre ? Quant à l’Eglise, elle est encore dans le coup. Les liens de l’intransigeance catholique, formellement ou non intégriste, avec le pouvoir de Poutine ne sont plus à démontrer.
Ce que je souligne de façon trop explicite, L. Salvayre ne fait que le suggérer par son montage des intrigues, ces époques qui se superposent à trois quarts de siècle de distance, qu’une vie d’une femme incarne, sa mère. Pas besoin à l’auteur de se faire militante. Son récit s’en remet au Bernanos des écrits de combat pour réveiller les consciences, susciter l’engagement, défendre la morale, la considération de tout homme comme un frère (agis de telle sorte que tu ne considères jamais autrui seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une fin).
Du coup, le héros du roman vous pardonnerez cette manière si enfantine de parler pourrait bien être Bernanos qui se battit d’abord contre lui-même pour préserver la liberté d’appeler le mal par son nom, engageant sa liberté et conscience. Ce n’est pas rien, la clairvoyance de cet homme. Evidemment, c’est facile à dire quatre-vingt ans plus tard, mais tout de même. Ce n’est pas rien, que cet homme clairvoyant ait été un chrétien, je veux dire ait été clairvoyant grâce ou à cause de l’évangile. Certes, au nom du même évangile, les autres non seulement n’ont rien vu, mais plus encore, on justifié qu’il n’y avait rien à voir, ont commandé de ne rien voir. C’est qu’il ne suffit pas d’avoir des yeux pour voir ni des oreilles pour entendre. Ce ne serait pas rien si ceux sur qui l’on pourrait espérer compter pour appeler le mal par son nom se tenaient ainsi, au nom de l’évangile, avec le devoir de conscience comme source de leur liberté de parole.
Mais si au nom du Christ on a pactisé avec la Terreur, comme dit Bernanos, me dit Salvayre, que vaut l’évangile qu’un seul, dans la fiction du moins, sauve du total discrédit et du désastre qui le poursuit encore aujourd’hui en Espagne, et en tant d’autres lieux aussi ? Que L. Salvayre ne soit pas chrétienne mais qui est disciple dans la parabole du jugement de Mt 25 ? ne change rien à l’affaire, sauf à éviter l’apologétique et l’autoglorification institutionnelle, dans une sorte de récupération, bien, trop, tardive.
On ne saura plus jamais, comme deux et deux font quatre, ce que commande l’évangile, parce que l’on a fini de penser qu’il y avait un fondement à toute chose, un savoir absolu, que les prélats délivrent, eux seuls et garants. On ne saura plus jamais, si on l’a jamais su, comment il faut lutter contre le mal, comment discerner entre le mal et ce qui nous apparaît le mal. Les bonnes intentions ne suffisent pas, elles pavent l’enfer. Les justifications institutionnelles et idéologiques n’ont jamais suffi, elles ont toujours été pourries.
Salvayre rappelle que Bernanos n’était pas prédestiné, socialement, idéologiquement, institutionnellement, à dénoncer cette Terreur. Ce qui l’a fait basculer hors de son camp ne peut être réduit à une ou deux explications, sa liberté, sa conscience. Salvayre met en avant l’attachement de Bernanos à Jésus, comme St François qui habite plusieurs pages des Grands cimetières. Elle oppose un peu facilement (et rapidement) le Jésus de Bernanos à celui de l’Eglise, l’évangile à l’Eglise, passant, ici du moins, à côté de (la foi de) Bernanos. A la lueur d’une lune bien pâle, Bernanos a vu le visage du Christ sur celui des quinze fusillés par jour à l’exécution sommaire desquels on pouvait assister sur l’ile de Majorque, en s’organisant un peu et avec une voiture ! L’évangile ni l’Eglise ne l’ont empêché de voir. Au contraire, ils lui ont ouvert les yeux, Il fallait pour cela n’avoir rien à défendre (situation, reconnaissance, appartenance ecclésiale, dogme, ordre social, etc.) qui aveugle, rien à défendre si ce n’est le frère.
Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende
Patrick Royannais
C/ Lagasca 89 / 28006 Madrid / ESPAGNE
tel : (00 34) 91 435 51 60
Journée de travail: samedi 17 janvier 2015 : de 9h30 à 16h30
Lieu : Maison Saint Jean-Baptiste
6, avenue Adolphe Max – LYON (métro D : Saint Jean)
Proposée par : l’Observatoire « Foi & Culture », le Service « Arts, Cultures & Foi »,les réseaux « Incroyance-Foi », et la « Mission de France ».
Le succès du livre d’Emmanuel Carrère,« Le Royaume », prix littéraire du Monde 2014, est la surprise de la rentrée. Ni seulement témoignage d’itinéraire spirituel, ni exclusivement enquête historique, cette fiction s’offre comme le miroir du questionnement religieux de nos contemporains. Terminant par un « Je ne sais pas. » portant sur sa propre identité spirituelle, le narrateur interroge les uns qui croient savoir et les autres qui refusent de ne pas savoir. À ce titre, l’ouvrage d’Emmanuel Carrère mérite notre attention. Parce que Le Royaume est un objet littéraire non identifié, Marie-Paule DIMET (arts, cultures et foi) nous le présentera et nous en lira des extraits. L’auteur prétendant s’appuyer sur des acquis historiques et exégétiques, Philippe ABADIE (exégète, faculté de théologie) nous permettra de mesurer la pertinence de son analyse. Enfin, Pierre LATHUILIERE et Bernard MICHOLLET (théologiens) nous aideront à décrypter l’itinéraire de foi de l’auteur. Un livre à lire, à découvrir ensemble. Un livre pour débattre.
Déroulement de la journée
Matinée
Introduction littéraire et lectures de passages : M.-P. Dimet.
Le point de vue de l’exégète : P. Abadie.
Après-midi
De quelle foi parle Emmanuel Carrère ? : P. Lathuilière et B. Michollet.
Inscription
Nom : ………………………………………………………….
Prénom :………………………………………………………
Courriel :……………………………………………………..
Participation à régler sur place : 7 euros.
Places limitées !
À renvoyer avant le 10 janvier à Guy Audebert : de préférence par courriel : guy.audebert@sfr.fr
ou : Guy AUDEBERT
604, rue Henri Dunant
01120 NIEVROZ
Lundi 17 novembre 2014
de 18h30 à 20h
à Saint-Bonaventure
Xavier Patier : « Blaise Pascal, La nuit de l’extase »
Marie-Paule Dimet Présentation
Antoine Adam Lecture
Michel Quesnel Témoignage
Comment traduire sans trahir l’accompagnement, jusqu’au dernier souffle, de l’aimé atteint d’un cancer incurable ?
Ce court témoignage a la puissance des grandes oeuvres littéraires. Une écriture ciselée aide à mettre des mots sur l’indicible.
Ce livre est précieux parce que délicat. Avec des mots choisis, il explicite la maladie, depuis l’annonce du mal jusqu’au vide de l’absence.
Ce livre est précieux parce que baigné d’une espérance douloureuse, d’une lumière née à la pointe de la nuit qui porte le lecteur vers un jour nouveau. – Sauramps
mardi 30 septembre à 20 heures
Agora Tête d’Or, 93 rue Tête d’Or, Lyon 6ème.
renseignements et réservations
tél: 04 78 52 22 54 (le matin), contact@agoratetedor.com.
Il y a trois semaines, je vous informais que, à l’occasion de la rentrée de l’Agora Tête d’Or, le comédien Olivier Borle donnera à entendre Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire.
Ce sera le mardi 30 septembre à 20 heures.
Cahier d’un retour au pays natal est l’un des sommets de la littérature française. Elaboré en 1935, il a été sans cesse remanié pendant presque 20 ans, et le comédien Olivier Borle, membre de la troupe du TNP, traduit avec un grand talent toute la force et la puissance poétique de ce texte incomparable.
Les animateurs de l’Agora, lieu de croisement des cultures, lieu de réflexion animé par les Dominicains, seront heureux de vous accueillir pour cette belle soirée de rentrée.
Pierre Moutarde
Contrairement à toutes les autres questions, la question humaine ne dispose d’aucun expert !
Elle est l’affaire de tous et de chacun, une affaire
d’expérience de vie, de sensibilité, de conscience.
Au coeur de Lyon, ville humaniste, les Dialogues en humanité, sont une occasion inédite de s’interroger de façon constructive et ouverte sur les liens entre l’humain, le bien vivre, l’écologie, la citoyenneté active, une autre façon d’échanger, l’engagement des jeunes, ou encore l’art sous toutes ses formes
Sous l’arbre à palabres du Parc de la Tête d’Or de Lyon, dans une atmosphère internationale et conviviale, les Dialogues en humanité proposent des activités dont le fil rouge est la rencontre, le dialogue, le ressenti et le « faire ensemble ».
Chacun pourra ainsi rencontrer et échanger avec d’autres citoyens du monde connus ou inconnus : scientifiques, artistes,philosophes, entrepreneurs, acteurs politiques et associatifs, représentants des principales traditions spirituelles du monde entier, tous les citoyens-passeurs d’humanité, témoins de vie, dans une ambiance décontractée et festive.
Et parce que l’humain ne se résume pas à la parole et à la réflexion, ces trois jours se vivront en musique, spectacles, repas partagé…
Les principes
Règle n°1 : simplicité
Règle n°2 : liberté de propos
Règle n°3 : écoute bienveillante et respect
Règle n°4 : égalité de tous devant la question humaine
Ateliers
Pour qui ?
Les Dialogues s’adressent à tous sans exception:
enfants, adultes, parents, artistes, militants associatifs, chefs d’entreprises, citoyens du monde…
L’accès est gratuit et sans inscription.
Au Parc de la Tête d’Or (Lyon 6ème), entre la Porte des Enfants du Rhône et la Roseraie, dans l’herbe, sous les arbres…
Comme un hommage à l’Afrique, berceau de l’humanité, et à ses arbres à palabres !
Et en cas d’intempéries, nous serons accueillis à quelques pas de là , au Centre des Congrès (Cité Internationale).
en discernant le meilleur des traditions et le meilleur de la modernité, en remobilisant les sagesses, en les croisant avec une plate-forme collaborative d’actions car, pour éviter la fragmentation, nous sommes invités à tisser des liens, à relier comme lors de la construction en 2008 de la Nuée, maison des indiens kogis réalisée dans le Parc de la Tête d’Or.
Les Dialogues en humanité sont nés en 2002, lors du Sommet Mondial de Johannesburg.
Ils sont le fruit de la rencontre entre Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon et Président du Grand Lyon, Patrick Viveret, philosophe, auteur de « Pourquoi ça ne va pas plus mal » et conseiller-maître à la Cour des Comptes, et Geneviève Ancel, chargée du développement durable puis de la coordination des Dialogues en humanité au Grand Lyon et à la Ville de Lyon.
La première rencontre de 3 jours s’est tenue en juin 2003 avec la participation de Stéphane Hessel, Henryane de Chaponay et 80 invités issus de tous les continents et de tous les milieux.
Cette démarche s’inscrit dans la tradition humaniste de Lyon avec une ambition : poser la question humaine comme question politique
La plupart des problèmes auxquels l’humanité est confrontée vient d’elle-même. .
Face aux démesures qui sont à la racine des grandes crises actuelles : écologique, financière, économique, civilisationnelle – voir les précédentes éditions des Dialogues en humanité – comment retrouver la mesure au coeur de l’émergence d’une politique et d’une économie du mieux-être ? Il s’agit de défendre l’humanité contre sa propre barbarie intérieure. Chacun est invité à explorer les fondamentaux que sont notre rapport à l’eau, la terre, l’air, le vivant. A considérer l’autre non comme un ennemi mais comme une richesse.
Les ateliers d’intelligence sensible exploreront les différentes facettes de ces quatre rapports fondamentaux dans leurs dimensions personnelles et collectives.
Par exemple la question de la qualité de l’air n’est pas seulement écologique et économique – le protocole de Kyoto a bel et bien été instauré, obligeant à mutualiser les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre – elle est aussi anthropologique, puisqu’elle renvoie au souffle et à la qualité de la respiration, elle interroge dès lors le halètement qui caractérise nos sociétés prises dans la logique de la vitesse et de l’urgence. Elle est l’une des causes majeures de mal-être à cause du stress qu’elle engendre (selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les coûts pour résoudre ces problèmes sont colossaux).
Notre civilisation actuelle « se dirige tout droit vers un effondrement imminent ». Mais « l’effondrement peut être évité et la population peut atteindre l’équilibre si le prélèvement des ressoures naturelles est réduit à un niveau soutenable, et si les ressources sont distribuées de façon raisonnablement équitable » selon les scientifiques de la NASA ! (in Human and Nature Dynamics, modeling Inequality and Use of Resources in the Collapse or Sustainability of Societies,
US – Centre national de synthèse socio-environnementale 2014)
Les agoras chercheront à croiser les différentes approches et à construire des désaccords aussi féconds que possible. Elles seront l’occasion d’aborder les conditions d’une économie de l’être plus que de l’avoir et de politiques des temps de vie depuis l’accompagnement de la naissance jusqu’à celui de la mort, le changement du rapport au travail lié à la mutation informationnelle. Une invitation à accompagner notre prise de conscience et l’urgence de la métamorphose.
Témoignages
11h > 12h Le temps du lancement
Présentation intergénérationelle et interculturelle de la journée, en « Osons la métamorphose ! » « Pour réussir le 21ème siècle, construisons des alternatives à la peur, à la violence et à la guerre ! »
12h › 13h30 Rencontres avec tous les participants. Découverte de la gastronomie du monde et Pique-nique libre et improvisé
13h30 lencement des parcours du jour 14h00 › 16h00 Le temps de la formation au discernement
Au travers des ateliers du sensible, artistiques, comportementaux, ludiques, proposés par de multiples associations et les artistes, amorçons la réflexion par le sensible.
16h00 › 18h00 Le temps de la palabre
Trois scènes d’agoras seront les lieux de l’échange. Autour des «passeurs d’humanité » du monde entier (Brésil, Inde, Népal, Europe, Maroc,Tunisie, Algérie, Bénin, Mali, Ethiopie, Sénégal, Cameroun, RDC, Centrafrique, Chine, Japon, Australie, Canada, ) couvrant un champ particulier de la question humaine (sciences, arts, spiritualités, philosophie, politique au sens large), chacun sera invité à venir nourrir, à partir de son expérience personnelle, un débat touchant une problématique humaine essentielle. Autour de l’arbre, à l’africaine, sera décliné un thème précis, en lien avec le thème global de la journée.
18h00 › 19h00 Le retour à des rencontres plus intimes avec des témoins de vie emblématiques permettra aux participants de proposer des pistes d’actions concrètes et des coopérations possibles sur les défis du jour.
En soirée :Pique-nique improvisé et découverte gustative à partir des produits locaux, et autant que possible bio et équitables.
Le temps de la fête de 19h à 22h :
Concerts, théâtre, danses, projections, animations, étonnements, découvertes…
En savoir plus :
[->http://dialoguesenhumanite.org/]
Composés en 1974, ces poèmes sont nés d’une promenade au jardin du Luxembourg, à Paris, où le poète en exil croise la statue de Marie Stuart, dans l’allée des reines de France. Marie Stuart –
Plusieurs figures de femmes qui ont compté pour lui se superposent à la silhouette de la reine d’Écosse, reine de France par son bref mariage avec François II. Dans une langue qui joue sur les deux registres du trivial et du sublime, de la citation et de son détournement, l’évocation amoureuse est l’occasion pour le poète d’une rêverie mélancolique sur l’exil et la séparation, la mémoire et l’histoire, la littérature européenne, les bifurcations de son propre destin. Le choix du sonnet, forme exemplaire de la culture européenne, est aussi un hommage à ceux écrits par Marie Stuart.
Quatre langues : une œuvre
Le choix que nous faisons de proposer aux lecteurs français une édition quadrilingue d’une aussi courte séquence poétique relève d’une évidence, tautologique comme elles le sont toutes : la traduction n’est pas seulement une restitution plus ou moins heureuse d’un texte inaccessible, elle est surtout le moment où le traducteur invente une langue dans laquelle l’œuvre originelle vient se glisser pour exister tout entière là , nulle part ailleurs, loin du triste dépit trop souvent exprimé comme une fatalité, par le lecteur ignorant la langue d’origine, que le vin de la traduction est un vin coupé d’eau. Le texte que le lecteur a sous les yeux est un vin miraculeux. Ce qu’il lit en traduction est bien le texte original d’une œuvre qui n’existera jamais pour lui autrement, le seul texte sur lequel il devra compter pour s’enivrer de vin, d’amour et de poésie. Tout traducteur est appelé à se hisser au rang d’auteur pour accomplir cette transformation miraculeuse. C’est d’autant plus vrai quand les traducteurs se nomment Peter France, Claude Ernoult, André Markowicz, ou encore, Joseph Brodsky.
L’idée de présenter dans un même livre deux versions françaises est née de notre désir d’illustrer cette évidence. Vouloir y joindre le texte russe et la traduction anglaise revue par l’auteur permet également de faire sa place à une approche traditionnelle et comparatiste de la traduction pour les lecteurs qui connaîtraient, sinon les deux, au moins l’une des langues que Brodsky maîtrisait.
Il y a sans doute beaucoup de fidélité à un idéal de culture à vouloir célébrer de manière aussi fétichiste la poésie d’un auteur. Nous aimerions surtout que le lecteur français s’empare de la vision qui s’exprime dans ces Vingt sonnets à Marie Stuart, sonnets d’amour absolu, au-delà de la question linguistique : nulle part ailleurs dans l’œuvre de Joseph Brodsky, Paris, sa culture, et jusqu’à sa géographie n’ont été aussi présents qu’en ce texte fugitif d’un exilé venu respirer, le temps d’une brève promenade dans le jardin du Luxembourg, un idéal de liberté et de culture. Raison de plus pour faire en sorte que les lecteurs y entrent par plusieurs portes.
André Markowicz assure l’une des traductions et la postface du livre.
Cette nouveauté a suscité l’intérêt de journalistes et/ou écrivains et pas des moindres. Voici trois liens vers des recensions consacrées à cette parution :
[->http://poezibao.typepad.com/flotoir/2014/03/des-ruines-vivantes-et-vibrantes-.html](Florence Trocmé)
La République des livres (Pierre Assouline)
Le feu de Prométhée et le gourdin de Diogène
BRODSKY_LDDP_LIVRE_Né à Saint-Pétersbourg en 1940, Joseph Brodsky quitte l’école à 16 ans, préférant se cultiver seul par la lecture. Il apprend ainsi le polonais et l’anglais pour lire, entre autres, CzesÅ‚aw MiÅ‚osz et John Donne. Remarqué par la poétesse Anna Akhmatova, il acquiert dès les années 60 une réputation d’exception dans le cercle des poètes qui gravitent autour d’elle. C’est à cette époque qu’il rencontre et tombe amoureux d’une artiste proche d’Akhmatova, « M.B. », dédicataire de nombreux poèmes. Elle est l’une des figures possibles des Vingt sonnets à Marie Stuart. Abandonné par celle qu’il aimait, se déclenche dans le même temps contre lui une campagne ridiculisant sa poésie. Il est accusé par le régime soviétique de « parasitisme social ». Condamné à cinq années de camp de travail, puis libéré après une campagne internationale, Brodsky est expulsé d’URSS le 4 juin 1972, mis de force dans un avion pour Vienne. Des amis influents lui facilitent son entrée aux États-Unis, où il enseignera la littérature dans diverses universités. Il est à cette époque considéré comme le plus grand poète russe vivant du XXe siècle. Les éditions Ardis, de l’Université Ann Arbor (Michigan), publient à partir de cette date sa poésie en russe. Elle est empreinte d’une vaste culture classique, travaillée par une lucidité qui ne répugne ni au lyrisme ni au sarcasme. Sa maîtrise de la langue anglaise lui permet rapidement d’assurer ou de superviser les traductions de ses poèmes et d’écrire dans cette langue. Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1987. Il a quarante-sept ans. Jusqu’à cette date, ses œuvres circulaient en traduction, à l’étranger, ou en samizdat, dans son pays d’origine. Cette circonstance donne sens à notre édition. En 1990, 200 000 exemplaires de la première édition russe de ses poèmes s’arrachent en quelques jours. À partir des années 1990, l’influence intellectuelle de Brodsky est considérable aux États-Unis. Malade du cœur, le poète meurt, le 28 janvier 1996, sans jamais avoir accepté de revoir son pays natal. Il est enterré à Venise, sa deuxième patrie d’adoption. « Seule la cendre sait ce que signifie brûler jusqu’au bout. »
Soirées internationales de poésie Dans le cadre du Printemps des Poètes 2014 sur le thème « La poésie au cœur des arts », la Plateforme coordonne les soirées internationales de poésie « Passeurs d’Europe »
20 h au Musée des moulages à Lyon, 3 rue Rachais, 69003 Lyon !
Chaque structure représentant un pays européen a choisi un poème dans sa langue, autour du thème « Au coeur des arts ». Poèmes contemporains ou classiques, ils chantent les arts et résonneront dans leur version originale, puis en français, avant d’être déclinés dans des langues du monde. Ces lectures, réalisées par des étudiants étrangers encadrés par des comédiens professionnels, seront mises en scène par Gaëlle Konaté et accompagnées par des musiciens du Conservatoire de Lyon.
Pour la première fois au Musée des moulages, ces soirées ouvertes à tous permettront aux spectateurs de découvrir autrement un espace unique, dédié à la sculpture et aux moulages des plus belles statues européennes.
Création musicale : Apolline Degoutte, Charlène Perradin, Louise Mezzapesa, Marjorie Macary, Claire Mouton, Léon Zhao et Rémi Thomas
Direction artistique : Véronique Boige
info@plateforme-plattform.org
téléphone au 04 78 62 89 42.