Ciné-conférences 2015 – « Lyon au cinéma »

le jeudi 30 Avril à  14h30

l’Institut Lumière

25 rue du Premier-Film BP 8051
69352 – Lyon Cedex 08

Tél. 04 78 78 18 95 Fax 04 78 7818 94

[->contact@institut-lumiere.org]

Jeudi 30 avril à  14h30

Des frères Lumière à  Bertrand Tavernier, Lyon fut très souvent le décor de nombreux films. Cette conférence permet aussi de redécouvrir la ville à  travers des documents d’archives Gaumont et Pathé, des années 1920 aux années 1970. Un témoignage vivant, un immense album de souvenirs mais l’étude de l’évolution de la vision de Lyon de l’Après Guerre à  nos jours

• Suivi à  16h30 du film : Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier (1980, 1h42)

Avec Nathalie Baye et Gérard Lanvin. La dépression soudaine d’une enseignante lui permet de ré-apprendre à  apprécier la vie et ses amis Le plus beau film jamais tourné à  Lyon, dont il n’est pas seulement le décor mais aussi l’âme.

Les ciné-conférences

Chaque intervention dure 1h30
Salle de cinéma du Hangar du Premier-Film à  14h30.
Film dans la salle de cinéma du Hangar du Premier-Film à  16h30.
Ouverture des portes à  14h.
Les ciné-conférences ne sont pas accessibles aux groupes scolaires.

TARIFS
5,50 euros (Plein tarif), 4,50 euros (Tarif réduit), 3,50 euros (Abonnés)
Si vous avez assisté à  la conférence, film: 5 euros, 4,50 euros (abonné)
Il est conseillé d’acheter ses places à  l’avance à  l’Institut Lumière ou par téléphone au 04 78 78 18 95

Renseignements
Fabrice Calzettoni
04 78 78 18 91

[->fcalzettoni@institut-lumiere.org]

[->http://www.institut-lumiere.org/cinema/cin%C3%A9-conf%C3%A9rences.html]

Chroniques cinéma – « Une belle fin »

de Uberto Pasolini

avec Eddie Marsan

Comédie dramatique ( Royaume Uni) 2013. 1H32.

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Un film subtil et profond sur l’accompagnement à  leur dernière demeure de ceux qui sont « sans familles ».Une belle réflexion sur le prix de la vie, nos liens aux autres. Et une fin quasi évangélique.

John May, donne tout son temps à  son travail : trouver les familles de ceux qui décèdent seuls, sans parents. Avant de procéder à  la crémation, il fait tout son possible pour retrouver un parent éloigné. Et s’il n’y a personne à  l’enterrement, il y va, seul, écrivant même au pasteur l’éloge funèbre du défunt ! Cette tâche lui convient, lui qui vit seul, sans famille, dans un immeuble pour célibataires. Méticuleux, ordonné jusqu’à  la maniaquerie, introverti. Toutes ces vies qui défilent sous ses yeux remplissent sa solitude.

Oui, mais voilà  cet attachement à  bien faire son travail ne fait pas l’affaire de son chef qui le trouve trop lent. Il prend prétexte d’une restructuration pour lui annoncer son licenciement. John May n’a que quelques jours pour retrouver la famille de son dernier « défunt » Billy Stoke, qui habitait dans le même immeuble que lui. Et c’est dans un vrai jeu de piste que John May va se lancer à  la recherche des amis, de l’amie , de la fille de ce pauvre Billy Stoke, mort seul, après une vie cassée entre petits boulots, vie de clochard et prison..John May ressent un certain attachement pour ce mort qu’il n’a pourtant pas connu.

La fin (que je ne dévoilerais pas) est inattendue mais une très belle trouvaille du scénariste. Elle donne à  l’ensemble de l’histoire toute sa dimension morale et .évangélique.

Car comment mieux illustrer l’amour pour les autres et la communion des saints ?

Voilà  un beau film, subtil, délicat qui parle d’un sujet que l’on préfère ne pas trop voir. Comment sont accompagnés jusqu’à  leur dernière demeure ceux qui n’ont plus de famille ?

John May, ce doux célibataire solitaire, se retrouve un peu dans tous ces êtres dont il s’est occupé et dont il conserve les photos. C’est comme s’ils composaient sa famille. Eddie Marsan, comédien britannique donne à  son personnage une dimension à  la fois lunaire et compassionnelle.

La première partie du film se déroule méthodiquement au rythme des activités répétitives de John May, dans une ville de Londres un peu grise. Le décor de son appartement est minimaliste, son intérieur sans poussière est si bien ordonné.

Puis peu à  peu, John May part à  la rencontre des amis et de la vie brinquebalante de Billy Stoke : son emploi du temps est moins strict, le paysage prend de la couleur, John May risque même un sourire et un sentiment affectueux vis-à -vis de la fille de Billy Stoke. A leur contact, sa vie monotone, réduite à  ce bureau de fonctionnaire va s’humaniser. John enlève sa cravate, enfile un joli pull bleu..

Oui, il côtoie la mort tous les jours, mais cet univers des funérailles, ce qu’il a semé, vont lui apporter contre toute attente la plus jolie fin de vie qu’il pouvait imaginer.

Recevoir des autres à  la mesure de ce qu’il avait donné

REGARDS SUR LE MONDE

PEINTURE

Exposition du 15 mai au 1 juin 2015

Laura Julien

Janine Fabron

Marie Seymat

Espace culturel Saint-Polycarpe

25 rue René Leynaud ou rue Burdeau
69001 LYON

Entrée par le passage Mermet,

Ouverture :

jeudi, vendredi, samedi de 15h à  18h

La peinture est un outil dur. Propre à  refendre le réel. À déchirer la matière pour voir clair au-dedans d’elle, à  l’intérieur de ses tensions, dans l’articulation de ses structures. Propre à  briser les miroirs de l’apparence. La peinture est faite pour ouvrir la matière ».

Nicolas de STAà‹L, exprime ici en quelques mots les jeux et les enjeux de la peinture.

Nos trois peintres ne prétendent pas rivaliser avec le maître, mais leur travail témoigne d’un corps à  corps avec ce que le réel offre au regard pour que la couleur, la matière et les formes donnent à  voir quelque chose de nouveau, un autre éclairage, d’autres pistes, une émotion partagée.

L’objet de ces recherches ; c’est le monde qui nous entoure ou qui nous construit par les images qui nous inondent dans une société structurée par les médias. C’est une manière d’être au milieu des autres.

Comment rester en marge des évènements, des drames comme des beautés de la nature et de la vie. L’artiste est un être vivant qui absorbe ce qui l’entoure, juste peut-être pour en reparler à  l’imaginaire de son espace intérieur et au nôtre.

M.S.

[->http://confluences-polycarpe.org/?page_id=76]

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LIGT IS CALLING # 2

Du 9 avril au 9 mai 2015

Exposition d’art contemporain – Installations vidéo et lumière

Espace culturel Saint-Polycarpe,

25 rue René Leynaud ou rue Burdeau, 69001 LYON

Entrée par le passage Mermet

par Transluxphotonpostflash :

Sacha Aïb (sténopé),
Jean-Luc Blanchet, (peinture lumière),
Thierry Chassagnac (vidéo lumière),
François Giovangigli (corps célestes),
Jean-Pierre Olinger (négatoscopies),
Damien Saillard (fluorescences).

Ouverture :

jeudi, vendredi, de 15 h à  20 h

samedi et dimanche de 15h à  18h

[->http://confluences-polycarpe.org/?page_id=76]

Chroniques cinéma – « Taxi Téhéran »

de Jafar Panahi

avec Jafar Panahi. (Comédie dramatique Film Iranien. 1h22).

Ours d’or au Festival de Berlin 2015.

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Interdit de tourner dans son pays pour une durée de 20 ans, l’iranien Jafar Panahi établit le tour de force de réaliser un film dans un taxi : c’est la force du cinéma, de l’imagination contre l’obscurantisme d’une dictature. Du courage, de l’émotion et un immense talent

C’est un film comme on en voit peu : tourné entièrement dans un taxi, conduit par Jafar Panahi lui-même, Taxi Téhéran peint la rencontre, le dialogue du réalisateur avec une quinzaine de « clients »transportés dans son véhicule à  travers les rues de Téhéran. Trois petites caméras installées dans l’habitacle filment en permanence et permettent des angles de prises de vues différents.

On ne sait jamais si ce sont des acteurs ou si les personnages embarqués sont de vrais clients. Mais c’est la force de Jafar Panahi, de montrer à  travers une fiction, la réalité de l’Iran : les empêchements à  la liberté, l’interdiction d’exercer son métier, les pressions subies par la population.

Sa galerie de portraits est tout sauf misérabiliste et désincarnée : c’est le petit trafiquant de DVD prêt à  l’embobiner, ce sont deux vieilles femmes superstitieuses et désopilantes avec leur poisson rouge et qui le houspille, c’est sa petite nièce qui n’arrête pas de le filmer pour réaliser dit-elle, un film « diffusable » ! Plus loin, il prend en charge un ami qui s’est fait tabassé et qui connaît son agresseur, une amie avocate interdite de plaider et emprisonnée elle aussi. Il s’agit de Nasfin Sotoudeh, avocate et militante des droits de l’homme en Iran. Et le sourire de cette femme surveillée, est désarmant de gentillesse. Lui-même ne se sent pas en sécurité. Il croit souvent entendre la voix de celui qui l’a arrêté.

On sent physiquement l’angoisse et la peur encercler le taxi. L’emprisonnement s’insinue dans toutes les têtes, même en dehors du pénitencier. Cet homme qui monte dans le taxi, le visage ensanglanté a-t-il eu réellement un accident? La dernière séquence nous laisse médusés. Est-ce la réalité du pays qui envahit la fiction du film ? Ou bien cette réalité là  était la raison même du film ?

Ou est la vérité dans ce pays où l’Etat demande de filmer le côté radieux, positif de la société (?) sous peine de ne rien pouvoir tourner, ni diffuser..

Mais on aura beau arrêter, emprisonner, assassiner, le courage, la liberté d’expression, (un mot qui prend tout son sens ici), le talent des cinéastes et la force des images trouveront toujours des chemins pour se faufiler et rencontrer le public. Il y aura toujours un téléphone portable, une petite caméra, une caméra vidéo pour capter la réalité que les dictateurs veulent masquer.

Jafar Panahi aime le cinéma plus que tout : C’est en toi dit-il à  un jeune cinéaste en herbe de trouver ton sujet. Pour lui, c’est une question de vie, de survie.

Et pour nous l’occasion d’assister à  une grande et belle leçon de cinéma.

Taxi Téhéran a obtenu l’Ours d’Or au Festival de cinéma de Berlin en février 2015.

[->http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19551971&cfilm=234644.html]

Ciné rencontre – « M ET LE 3ème SECRET »

SAMEDI 18 AVRIL À 20H00 au Ciné Mourguet

(15 rue Deshay – Ste Foy-lès-Lyon – face à  la Mairie)

Débat avec le producteur NICOLAS REOUTSKY

un film de Pierre Barnerias

avec les voix d’André Dussollier et Héléne Ségara.

Et si le Vatican n’avait pas tout dit sur les révélations de la Vierge à  Fatima

Depuis 2000 ans, Marie, femme juive priée par des musulmans, Mère de Dieu pour les Chrétiens, déesse pour les Hindous, fascine.

[->http://bit.ly/1MUTmk5]

Plus de renseignements [->www.cinemourguet.com ] ou 04 78 59 01 4

Chroniques cinéma – « Jamais de la vie « 

de Pierre Jolivet

avec Olivier Gourmet, Valérie Bonneton, Julie Ferrier.

(Français 1h35)

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Un polar social, dans lequel Olivier Gourmet, ancien syndicaliste, ne se résout pas à  l’injustice. Le film est sombre, au plus près de la réalité de certaines banlieues, et en même temps plein de dignité.

Franck, la cinquantaine, a été un syndicaliste engagé et dur sans doute dans les négociations. Au finish, il a été licencié et se retrouve au bout de 10 ans de galère, veilleur de nuit dans un petit centre commercial paumé de banlieue. Il vit seul, dans un appartement aussi fatigué que lui et dort le jour, dans une lumière blafarde, la bouteille de gin pas très loin de lui

En faisant sa ronde, il a bien remarqué un 4×4 noir qui rôde et a découvert que son collègue de garde fricote avec deux loubards propriétaires de la voiture. En discutant avec Ketu, le vigile de la banque du centre commercial, africain, il découvre aussi la vie de ces immigrés venus chercher un peu d’argent en France.

Franck vit et pense au jour le jour comme si son esprit ne voulait plus réfléchir. Sa vie s’écoule banalement, aussi tristement que cette banlieue grise, mouillée, blafarde au petit matin quand il rentre chez lui. Mylène, sa conseillère du centre social lui donne des marques de sympathie et une relation amicale commence entre eux. Elle-même connaît des fins de mois difficiles avec deux enfants à  charge et déjà  plus d’argent le 15.La galère est pour tous. Etienne, son ancien copain syndicaliste pousse des caddies.

Ce que Franck pressentait arrive. Ketu s’est fait harcelé par les voyous pour qu’il donne les codes d’accès à  la banque. Il le retrouve chez lui, grièvement agressé. Alors, en Franck ressurgit celui qui défendait le droit, la justiceIl va dans un sursaut faire un geste héroïque retrouvant alors sa dimension d’homme debout.

Pierre Jolivet avait déjà  réalisé des films à  caractère social ( Ma petite entreprise ). Avec ce film, il choisit un polar social qui mêle le rythme de l’intrigue à  la peinture d’un quartier, de gens englués dans leurs soucis mais finalement où le rêve de s’en sortir existe encore sous le poids de la vie. Il suffit d’une circonstance, d’un élan de vie, d’un sursaut.Pour ne pas sombrer.

Pierre Jolivet a réussi l’équilibre entre ces deux genres, grâce à  un rythme soutenu tout au long du film.
Il réussit aussi bien les séquences intimes que celles du quotidien ou les poursuites en voiture
Le film baigne dan ces lumières du petit matin, celle des néons du parking, du centre où l’on voit les ados désœuvrés qui tournent en vélo.

Olivier Gourmet est impressionnant en homme blessé et qui tait au fond de lui tous ses rêves sociaux étouffés par la vie. A la fois dur, fermé mais au désir pas tout à  fait éteint. Un très grand comédien..
La rencontre avec Mylène lui entrouvre une autre vie possible, en rêve si ce n’est en réalité. Son acte de bravoure changera peut-être la donnes’il s’en sort.

[->http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19551493&cfilm=227557.html]

Chroniques cinéma – « Voyage en Chine »

de Zoltan Meyer

avec Yolande Moreau.

Drame Français (1h35).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Un voyage initiatique et libérateur d’une mère partie en Chine à  la recherche du corps de son fils décédé accidentellement. Lumineux et apaisant avec Yolande Moreau en mère courage

Liliane, la cinquantaine fatiguée, subit une vie monotone à  Paris entre un mari absent moralement et un métier d’aide-soignante pas toujours très gai. Un coup de fil va changer ce quotidien : son fils est décédé loin de là , en Chine. Après moultes démarches, elle décide de partir pour ramener son corps.

Elle ne parle pas la langue mais des contacts pris en France lui permettent de cheminer cahin-caha entre les trains et les bus à  prendre pour finalement arriver dans la province du Sichuan, dans la Chine profonde, là  où ne vont pas les tour-opérateurs. Et c’est la découverte d’un pays attachant, là  où son fils a vécu surtout, un pays qu’il a aimé. La végétation est luxuriante, les gens ont conservé encore quelques traditions, mais la vie moderne est aussi présente : jeune mariée habillée de blanc, orchestre rock endiablé, immeubles en béton. C’est un dépaysement complet pour Liliane qui en se mêlant à  la population se défait peu à  peu des attaches à  son ancienne vie. Elle découvre la proximité qu’elle peut avoir avec ces femmes chinoises, dont elle se sent proche autour d’un gâteau à  réaliser, un thé à  partager.

Mais c’est son fils surtout qu’elle rencontre, la vie qu’il avait choisie, ses amis : Il a toujours fait les bons choix dit-elle. Je suis fier de lui Christophe était photographe comme le fut le réalisateur Zoltan Meyer.

Elle fait enfin la connaissance de Dinjie, qui fut sa compagne et qui faillit lui donner un petit-fils si ce n’était cette fausse-couche à  4 mois. Liliane est bouleversée.

Le film se termine sur les funérailles du jeune homme, dans la tradition taoïste, toute en poésie musiques et prières.Liliane est apaisée, lumineuse. Elle s’est dépouillée petit à  petit de tenues pesantes et fermées au col pour des robes claires et des foulards colorés.

Ce film fait penser à  ses parents dont le fils ou la fille périrent lors du tsunami de 1999, qui partirent en Indonésie à  la recherche du corps et qui trouvèrent là -bas une nouvelle raison de vivre.
Zoltan Meyer a réussi un film initiatique dans lequel il emmène chacun de nous à  accompagner Liliane sur son chemin de douleurs d’abord, de découvertes ensuite et enfin de paix retrouvée.

La photo est simple mais magnifique : les cadrages montrent souvent des fenêtres où des voilages au travers desquels se déroulent la vie des chinois. La bande-son nous fait entendre des bruits d’oiseaux, le clapotis de l’eau, les cris des enfants : la nature dans toute sa simplicité.

Yolande Moreau, que le réalisateur voulait absolument, est si juste pour ce rôle, si belle, habitée par toute cette palette de sentiments qu’une mère peut ressentir face à  l’absence, à  la perte de son enfant
Voilà  un Voyage en Chine hors des sentiers battus, envoûtant et qui propose une fin que l’on comprend tellement !

[->http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19551143&cfilm=145804.html]

Chroniques cinéma – « Histoire de Judas »

de Rabah Ameur-Zaïneche

avec Nabil Djedouani, Rabah Ameur-Zaïneche

Drame. Français (1h39).

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Ce drame se veut une réhabilitation de Judas et malgré d’indéniables qualités visuelles, le film pâtit de trop d’anachronismes et d’inventions historiques pour répondre à  ses objectifs. Il dessert son sujet.

2000 ans après, l’histoire de Jésus et de ses disciples continue à  nous questionner, croyants ou pas. Rabah Ameur-Zaïneche, algérien vivant en France, musulman, a depuis son enfance était fasciné par la personne de Jésus. Dans ce film, tourné en Algérie, il se donne la liberté de proposer une autre lecture de l’histoire des derniers jours du Christ et en particulier le personnage de Judas qui dans les Evangiles est présenté comme celui qui a livré Jésus. Pendant de longs siècles cet épisode aura entraîné l’Eglise à  accuser les Juifs de déicide.

On ne peut enlever à  l’artiste le droit de « représenter » la réalité sous forme artistique qu’elle soit picturale, musicale, cinématographique.

L’image que donne Ameur-Zaïneche de Jésus est celle d’un homme, agitateur politique contre les pouvoirs en place (qu’il soit religieux ou romain) entouré de ses amis et goûtant les joies de la vie communautaire. (On ressent parfois, avec certaines paroles une similitude avec la réalité d’aujourd’hui) Judas est son ami et son intendant. Jusque là , le film suit dans ses grandes lignes ce que nous savons de la vie de Jésus. Pourtant, des invraisemblances émaillent le récit de la dernière semaine du Christ, le sujet du film.

La séquence des marchands du temple se déroule dans une cour de ferme (!). La Cène n’est pas mentionnée mis à  part un repas pris en silence autour d’une table avec olives, vin et galettes.
Judas n’est d’ailleurs pas présent puisque Jésus lui a demandé d’aller détruire les manuscrits de Qumram, œuvre d’un jeune scribe que Judas a surpris dans son travail de copie des paroles de Jésus. Judas va donc faire 200 kms à  pieds en 3 jours, revenir le dimanche de Pâques, son forfait accompli et blessé grièvement au couteau par le scribe. Episode impossible et qui explique pourtant aux yeux d’Ameur ZaIneche que Judas n’ait pas pu livrer Jésus !

On se demande à  qui est destiné ce film. Il y a tellement de passages elliptiques dans le récit que ceux qui savent peu de choses de l’histoire du Christ auront beaucoup de difficultés à  comprendre.
Quant aux croyants ou connaisseurs de l’Evangile, le film leur présente tant d’anachronismes, de prises de liberté sur la véracité des faits qu’ils auront du mal à  adhérer à  cette vision, malgré tout le talent visuel apporté aux prises de vue.

Le parti pris artistique du réalisateur est le sien et il est respectable. Mais il est si difficilement plausible qu’il dessert complètement le propos qu’il voulait tenir : Interroger les textes d’Evangile, le rôle de Judas, l’attitude de l’Eglise pendant 20 siècles. Il reste de beaux paysages, une belle lumière, un souci de la reconstitution pas forcément aboutie d’un pays et d’un peuple : cela ne suffit pas à  faire un grand film religieux.

[->http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19552050&cfilm=220033.html]