Chronique cinéma – Rosalie Blum

de Julien Rappeneau
avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi, Alice Isaaz.
Comédie française. 1h35′

Une comédie attachante et pleine de drôleries sur la vie banale d’un anti-héros. Un jeu de piste original, plus sérieux qu’il n’y paraît avec de jeunes comédiens à  découvrir.
Un premier long métrage de Julien Rappeneau réussi.

C’est l’histoire d’un jeu de piste insolite et drôlement bien mené, raconté de trois points de vue différents. Vincent, le héros, traîne un quotidien insipide entre son salon de coiffure, son chat et sa mère. Pourtant sa vie va changer le jour où il croise celle d’une épicière qu’il pense avoir déjà  vue : Rosalie Blum. Ses journées, trop bien réglées, se trouvent chamboulées par la filature qu’il met au point pour savoir qui est cette femme mystérieuse et solitaire. Mais tel est pris qui croyait prendre car Rosalie a découvert le manège.
C’est maintenant la filature de Vincent par Rosalie que le réalisateur orchestre puis celle enfin que mène Aude, la nièce de Rosalie appelée à  la rescousse avec ses copines pour suivre Vincent. Des amies aussi étonnantes et fantasques que les deux premiers personnages.
Alors, de fil en aiguille, le film devient un étonnant chassé-croisé entre tous les héros du film car la question taraude toujours Vincent : Qui est Rosalie Blum et où l’a-t-il déjà  vue ?
La réponse inattendue sera donnée à  la dernière séquence, une belle trouvaille qui ré-embobine le film et nous le met en abîme. Serait-ce possible qu’une seule image vous marque à  jamais ?

Rosalie Blum est l’adaptation de la bande-dessinée du même nom créée par Camille Jourdy une dessinatrice lyonnaise, et parue pour la première fois en 2007. C’était une BD naturaliste aux décors et aux objets travaillés, aux personnages singuliers. Julien Rappeneau l’a adaptée en gardant cet univers proche de celui d’Amélie Poulain et des films de Depardon sur la France profonde. Des gens à  la vie banale, au physique passe-partout mais qui recèlent peut-être des secrets inavouables ou douloureux.

Le film se déroule à  Nevers, une ville ô combien provinciale mais pouvant cacher aussi des personnages drôles, secrets, excentriques, terriblement attachants.
Il y a de la poésie dans ce film, un regard bienveillant pour ces héros du quotidien, une façon très simple de dire à  quel point c’est bon d’être ensemble pour faire la fête.
La chute du film emporte l’histoire dans un autre registre et amplifie la qualité de ce 1er long métrage de Julien, fils de Jean-Paul. Bon sang ne saurait mentir

Tous les acteurs sont justes et donnent chair à  cette histoire de quête de soi. Noémie Lvovsky est égale à  elle-même et endosse le rôle plein d’humanité de Rosalie Blum.
Khyan Khojandy que l’on a vu dans la série de Canal+ Bref, (une pastille humoristique de 2′) est un anti-héros au regard de chien battu mais qui ne demande qu’à  être aimé. Anémone qui joue sa mère est acariâtre à  souhaitcomme dans la vie et la jeune Alice Saaz apporte un vent de fraîcheur avec ses amies et leur colocataire.. Sarah Giraudeau, la fille de Bernard, est désopilante.

Présenté en avant première au festival des Alizées à  Bron en janvier dernier en présence de Camille Jourdy, la dessinatrice et de Julien Rappeneau, le film a reçu une ovation du public.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560448&cfilm=221612.html

Chronique cinéma – Médecin de campagne

de Thomas Lilti
avec François Cluzet et Marianne Denicourt
Comédie dramatique française 1h44.

A partir d’un sujet particulier sur la vie d’un médecin de campagne, Thomas Litli en fait une œuvre collective à  la portée sociale. François Cluzet est formidable de vérité.

Voilà  un film qui va avoir du succès car c’est un bon film populaire dans lequel chacun pourra trouver un écho à  sa propre vie. Certes il s’intitule « Médecin de campagne » mais on a tous en mémoire cette image du médecin de famille qui ne comptait pas ses heures, connaissait tout de la vie de ses patients et faisait autant office de médecin que d’assistante sociale, psy ou confesseur.
Thomas Lilti, le réalisateur est lui-même médecin et a déjà  réalisé un 1er long métrage « Hippocrate » sur la vie à  l’hôpital et les premiers pas d’un jeune interne.
Ici, il s’attache à  la médecine du monde rural dont certains territoires vont devenir des déserts médicaux.
Jean-Pierre Werner, le héros de l’histoire exerce dans un petit village de Normandie proche de Pontoise. La cinquantaine, il parcourt depuis 20 ans la campagne, appelé par le paysan qui s’est blessé, l’ancien qui ne veut pas partir à  l’hôpital, la brave épouse qui ploie sous les soucis, la jeune fille en but à  son petit ami qui ne veut pas entendre parler de grossesse. En un mot, les mille et une souffrances que rencontrent les médecins généralistes aujourd’hui. Pourtant c’est sa propre santé qui va stopper ce rythme infernal. Atteint d’une tumeur au cerveau, il doit accepter l’aide d’une jeune femme médecin, Nathalie, envoyée par un de ses amis de l’hôpital où il se fait soigner.

Jean-Pierre a du mal à  accepter cette consœur et la bizute gentiment les premières semaines. Leurs manières de travailler ne sont pas les mêmes et si Jean-Pierre se montre conciliant voire arrangeant, Marianne elle, applique « le protocole » !
Puis, petit à  petit, « Médecin de campagne » qui décrivait fidèlement le quotidien d’un généraliste élargit son propos à  la question sociale du métier de médecin. Dans ces campagnes qui voient partir peu à  peu leurs services publics, maintenir une présence médicale pour un maire relève parfois du parcours du combattant. Des regroupements avec d’autres communes s’avèrent obligatoires. Mais les démarches avec les services compétents sont longues. Et pourtant il en va du lien social et du maintien d’une vie de village. Le rôle des élus est ici crucial.

Médecin de campagne est un film humain, chaleureux, drôle aussi, qui colle au plus près de la réalité. Thomas Lilti connaît bien le sujet et les visites effectuées chez les malades sonnent justes, tout autant que le travail essentiel des aides soignants au village ou celui plus technique du médecin de l’hôpital voisin.
Mais le film doit énormément à  François Cluzet qui se bonifie de film en film. Ici, il ne joue pas le rôle de Jean Pierre Winter, il EST ce médecin dévoré par l’exercice de son métier, l’attention à  ses malades. Il est formidable de vérité… Désarçonné par sa maladie, il se laisse petit à  petit amadouer par Nathalie et l’on sent que sa solitude sera vite combléeMarianne Denicourt, qu’on voit trop peu au cinéma apporte au rôle de la jeune femme médecin sa détermination toute féminine et son regard bleu irrésistible ! Le film aura une fin heureuse.
Médecin de campagne a su allier le romanesque de l’histoire à  l’aspect documentaire du sujet et c’est très plaisant.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559578&cfilm=235156.html

3ème PRINTEMPS DES ARTISTES 2016

église décorée par Jean Fusaro
SAINT JACQUES DES ARRÈTS
HAUT BEAUJOLAIS RHà”NE

dimanche 22 mai à  10h45
messe concélébrée par les pères
Christian Delorme & Daniel Vandenbergh
animée par la Paroisse Notre-Dame du Haut-Beaujolais

PROGRAMME DE LA JOURNEE

12h déjeuner à  l’auberge municipale (inscription obligatoire 0474046439)
14h dédicace des ouvrages du père Christian Delorme (avec La Procure)
15h conférence gratuite dans l’église par Bernard Gouttenoire
ponctuée de musique Soufie
avec Naziha Azzouz (chant) & Hend Zouari (riq)
16h30 bénédiction des artistes

renseignements bernard gouttenoire 0663746762
«les amis du Peintre & du Pélerin »
expertecolelyonnaise@gmail.com

Chronique cinéma – Lettres au Père Jacob

de Klaus Hà¤rචavec
Kaarina Hazard et Heikki Nousiainem Finlandais ( 2015) 1h15.

Une œuvre âpre et lumineuse sur le thème de la Rédemption et de la MiséricordeUne belle méditation sur les rencontres de la vie

Condamnée à  perpétuité, pour le meurtre de son beau-frère, Leila, la cinquantaine, voit sa peine écourtée au bout de 12 ans. Elle est alors envoyée au service du Père Jacob, un pasteur aveugle perdu au cœur de la forêt finlandaise dans un vieux presbytère de bois. Elle devra l’aider à  répondre aux innombrables lettres qu’il reçoit comme « conseiller spirituel ».
C’est la rencontre improbable entre deux solitudes, l’une en mal d’amour la seconde en trop plein de générosité.
On pourrait penser que le scénario est écrit d’avance : à  Leila le rôle ingrat, au Père Jacob celui de saint homme. Il n’en est rien. Au fil de l’histoire c’est un lent dévoilement de l’un et de l’autre qui nous est proposé.
Les réponses que donnent le Père Jacob par oral à  Leila s’enracinent dans le Nouveau Testament, l’épître aux Philippiens, l’Evangile de Jean. Mais ce courrier de moins en moins abondant lui fait découvrir aussi son besoin du prochain : « Ces lettres ne m’étaient-elles envoyées que pour me faire connaître les desseins de Dieu » s’interroge-t-il ?
C’est lui qui a demandé la grâce de la condamnéeOn saura à  la fin du film pourquoi.
Refermée sur elle, sans amour pour les autres, Leila va peu à  peu retrouver son humanité, laisser parler son cœur, le souci de ce pasteur qui s’accroche à  tous ces messages comme autant d’appels divins. Il ira au bout de son sacerdoce. Elle l’accompagnera jusqu’au bout de sa vie.
Finalement suivre le Christ est plus « facile » qu’on ne le croit. C’est aimer.. Leila va le découvrir, recevant alors une autre forme de grâce
Lettres au Père Jacob est un film âpre et lumineux à  la fois. Il offre une mise en scène épurée, des tons froids, un soleil d’hiver, la présence de l’eau et de la nature, des comédiens habités par leurs rôles, une bande son soulignant la dramaturgie de l’histoire. On pense à  Bergman.

A quelques jours de la Semaine Sainte voici une belle œuvre exigeante mais donnant aux mots Rédemption et Miséricorde tout leur sens. Une belle méditation de Carême

Le film est soutenu par La Croix, RCF et La Vie
Attention le film commence à  l’heure sans pub ni bandes annonce

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559781&cfilm=174341.html

Chronique cinéma – Les Ogres

de Léa Fehner
avec Adèle Haenel, Marc Barbé, François et Inès Fehner.
Film Français 2016. 2h30. Sortie de 16 mars.

Une œuvre âpre et lumineuse sur le thème de la Rédemption et de la MiséricordeUne belle méditation sur les rencontres de la vie

Condamnée à  perpétuité, pour le meurtre de son beau-frère, Leila, la cinquantaine, voit sa peine écourtée au bout de 12 ans. Elle est alors envoyée au service du Père Jacob, un pasteur aveugle perdu au cœur de la forêt finlandaise dans un vieux presbytère de bois. Elle devra l’aider à  répondre aux innombrables lettres qu’il reçoit comme « conseiller spirituel ».
C’est la rencontre improbable entre deux solitudes, l’une en mal d’amour la seconde en trop plein de générosité.
On pourrait penser que le scénario est écrit d’avance : à  Leila le rôle ingrat, au Père Jacob celui de saint homme. Il n’en est rien. Au fil de l’histoire c’est un lent dévoilement de l’un et de l’autre qui nous est proposé.
Les réponses que donnent le Père Jacob par oral à  Leila s’enracinent dans le Nouveau Testament, l’épître aux Philippiens, l’Evangile de Jean. Mais ce courrier de moins en moins abondant lui fait découvrir aussi son besoin du prochain : « Ces lettres ne m’étaient-elles envoyées que pour me faire connaître les desseins de Dieu » s’interroge-t-il ?
C’est lui qui a demandé la grâce de la condamnéeOn saura à  la fin du film pourquoi.
Refermée sur elle, sans amour pour les autres, Leila va peu à  peu retrouver son humanité, laisser parler son cœur, le souci de ce pasteur qui s’accroche à  tous ces messages comme autant d’appels divins. Il ira au bout de son sacerdoce. Elle l’accompagnera jusqu’au bout de sa vie.
Finalement suivre le Christ est plus « facile » qu’on ne le croit. C’est aimer.. Leila va le découvrir, recevant alors une autre forme de grâce
Lettres au Père Jacob est un film âpre et lumineux à  la fois. Il offre une mise en scène épurée, des tons froids, un soleil d’hiver, la présence de l’eau et de la nature, des comédiens habités par leurs rôles, une bande son soulignant la dramaturgie de l’histoire. On pense à  Bergman.

A quelques jours de la Semaine Sainte voici une belle œuvre exigeante mais donnant aux mots Rédemption et Miséricorde tout leur sens. Une belle méditation de Carême

Le film est soutenu par La Croix, RCF et La Vie
Attention le film commence à  l’heure sans pub ni bandes annonce

Marie-Noëlle Gougeon

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Chronique cinéma – Nahid et Room

Nahid d’Ida Panahandeh avec Sareh Bayat et Pejman Bazeghi. Drame iranien.
(2015) 1h44.

Room de Lenny Abrahamson d’après le livre d’Emma Donoghue. Avec Brie Larson. Film canadien. (2015). 2H.

Deux belles trajectoires de femmes et mères. Nahid, en Iran, se bat contre les traditions et pour sa liberté de femme. Joy au Canada sortira d’une séquestration grâce à  la force et l’amour de son fils de cinq ans. Deux films réussis au service de la force du sentiment.

A l’approche du 8 Mars, Journée internationale de la femme, le cinéma nous offre cette semaine deux portraits de femmes battantes et courageuses qui vivent toutes les deux un enfermement.

Enfermement moral au travers des traditions de son pays pour Nahid, jeune iranienne. Divorcée, c’est à  son mari que doit être confiée la garde de leur fils mais drogué, l’époux est bien incapable de s’en occuper. Nahid s’engage alors à  ne pas se remarier pour pouvoir garder son fils. Mais c’est sans compter sur la rencontre avec Masoud, un homme plus fortuné qu’elle, qui l’aime. Après bien des difficultés d’ordre financier et moral, elle choisit sa vie de femme et la protection de ce nouvel amour. Pour cela, elle aura utilisé la formule admise en Iran de mariage « temporaire » d’un mois avec Masoud, le temps de réfléchir. Mais le grand frère et la famille veille. La liberté entrevue et qui évoque en filigrane l’ouverture de l’Iran des dernières semaines sera longue à  s’installer, comme celle sans doute du pays.
Nahid est réalisé par Ida Panahandeh une toute jeune cinéaste iranienne et montre à  quel point la jeune génération souhaite s’exprimer sur des sujets encore corsetés par la tradition musulmane. Nahid oscille sans cesse entre résignation et combat pour vivre sa vie de femme.
Sareh Bayat lui apporte un jeu tout en émotions retenues et regard de braise. Pejman Bazeghi dans le rôle de Masoud représente la modernité de ce pays à  la transition de vie difficile.
Un film très juste et poignant sur la société iranienne en mouvement

Enfermement physique et psychologique pour Joy et son fils Jack, cloîtrés depuis cinq ans dans un abri de jardin par un ravisseur qui a violé et séquestré la jeune femme. « Room » (pièce en anglais) est une histoire inspirée de celle d’Elizabeth Fitzl, cette jeune fille qui avait été enfermée en Autriche par son père et de qui elle avait eu de nombreux enfants.
Pourtant plus que la détention, le film s’attache davantage à  la lente sortie de ce huit clos étouffant et le travail de résilience que le fils de Joy entreprend. D’abord pour survivre dans cette pièce isolée, ensuite pour s’adapter au « dehors » : cette réalité du monde qu’il ne pouvait imaginer qu’à  travers la TV et le Velux du toit, seule source de lumière de la pièce où sa mère et lui vivaient cloîtrés.

Les constructions mentales qu’il va échafauder pour se représenter ce qu’il ne peut toucher, l’amour de sa mère vont insuffler au petit Jack un courage extraordinaire. Au mépris de sa vie, il réussira à  berner ce « vilain Nick » et mère et enfant retrouveront enfin la liberté et les parents de Joy.
Pour Jack, un avenir est envisageable puisqu’il n’a connu que la réalité de l’enfermement. Pour sa mère en revanche, les remords la rongent. La déprime la gagne. Il faudra la force de son fils, sa capacité à  lui transmettre son amour de la vie pour qu’elle accepte enfin la réalité si sordide soit-elle et son rôle de mère. La tendresse des grands parents les aideront beaucoup aussi

Room, un film grave et plein d’amour partagé même avec des larmes et des cris. Une mise en scène qui évolue au fil de l’histoire passant des plans serrés du huit clos à  une réalisation fluide et paisible lors de la sortie de cet enfer. Brie Larson a obtenu l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de Joy. Jacob Tremblay le petit garçon est prodigieux. Les seconds rôles ne déméritent pas.

Le corps qui croit : expérience corporelle, expérience biblique

“Nous n’avons pas d’autre lieu, nous n’avons que ça, nous sommes ce corps, il est nous, ce corps, il est capable de Dieu. Ce corps que nous somme est tout chair et tout esprit, totalement l’un et totalement l’autre, il est la féconde intersection de ces deux mondes” Alexis Jenni – “Son visage et le tien”

Le corps qui croit :expérience corporelle, expérience biblique


Week-end proposé par la CCB-Lyon en lien avec Mission de France, Arts, Cultures et Foi et la Bibliothèque Gerson
pour articuler notre vie de Foi et la vie de notre corps avec Cécile Gentil-Vuillaume, diplômée de l’école biblique et praticienne Ehrenfried

12 et 13 mars 2016 (samedi de 9h30 à  17h30 et dimanche de 9h à  midi) au domaine Saint Joseph, 38 allée Jean-Paul II – 69110 Sainte Foy lès Lyon
Inscription : baptisesdelyon@gmail.com
PAF : 25 euros hors repas (we à  prix coutant)

Chronique cinéma – La vache

de Mohamed Hamidi
avec Fatah Bouyahmed, Lambert Wilson, Jamel Debouze
Film français-marocain. 2016. 1h31

Un road-movie paysan entre le bled et le salon de l’Agriculture.
Un voyage inattendu qui, mine de rien, défend l’idée qu’une vie fraternelle est possible pour peu que l’on accepte de sortir de chez soi et d’abandonner ses préjugés

Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à  Paris, au salon de l’Agriculture. Il est marié à  Naïma et ils ont deux adorables filles. Lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, car il est souvent la risée de ses amis, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau, direction Marseille pour traverser toute la France à  pied, direction Porte de Versailles. L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires.

Voilà  un film qui va sans doute prendre le chemin du succès des films comme « La famille Bélier » ou « Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ». Un sujet simple, sans prétention philosophique mais qui mine de rien distille un message de fraternité et d’ouverture à  l’autre.
C’est Djamel Debouze qui produit le film et de son combat contre les préjugés qu’on lui connaît, il a nourri ce projet. Il le fait à  sa manière avec drôlerie, sens du comique, mais aussi avec ce plaidoyer pour une société où chacun aurait sa place, quelles que soient ses origines.
Le film a été tourné au Maroc, son pays natal et les pérégrinations de Fatah ressemblent à  celles de Fernandel avec sa vache de retour d’Allemagne. Sauf qu’ici, la « leçon d’humanité » est apportée par un algérien du bled qui s’exprime d’une façon imagée et dans sa langue. Et c’est finalement le monde à  l’envers. Le passage de Fatah sur les routes de France va révéler à  tous que l’entraide, le partage, se révèlent plus riches que bien des discours discriminateurs.
Au passage, les traditions du monde musulman sont brocardées : les relations hommes-femmes, l’automatisme des heures de la prière, l’interdit de l’alcool. Mais le réalisateur écorne aussi au passage celles des français à  travers la vie d’un châtelain, les traditions de ces foires agricoles

Ce voyage qui se voulait être celui d’un petit agriculteur algérien jusque vers la capitale de la France devient un road-movie paysan où chacun va être amené à  « se déplacer », à  quitter ses certitudes, son confort moral. A la manière biblique
Djamel Debouze tient le rôle du beau-frère de Fatah qui fuit ses racines et n’ose avouer à  son père son mariage avec une française. Il sort de son égoïsme pour aider Fatah à  rejoindre la capitale et renoue avec son père.
Lambert Wilson, le châtelain ruiné sort de son isolement pour offrir au paysan algérien sa camionnette et son aide épistolaire, Fatah ne sachant pas écrire.

La vache est un film simple, drôle, où les gens rient de bon cœur. C’est un film qui fait du bien et plus politique qu’il n’y paraît A la fin de la séance, le public a applaudi, rare pour une comédie.
Les comédiens sont irrésistibles en particulier Lambert Wilson en châtelain et Fatah Bouyahmed, découvert par Djamel Debouze dans son Djamel Comedie ClubUne figure tendre et naïve et d’un humour tout en finesse.
Ce filma obtenu le Grand Prix, le Prix du Public, le Prix d’interprétation au Festival de l’Alpe d’Huez en janvier 2016.

Un road-movie paysan entre le bled et le salon de l’Agriculture.
Un voyage inattendu qui, mine de rien, défend l’idée qu’une vie fraternelle est possible pour peu que l’on accepte de sortir de chez soi et d’abandonner ses préjugés

Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à  Paris, au salon de l’Agriculture. Il est marié à  Naïma et ils ont deux adorables filles. Lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, car il est souvent la risée de ses amis, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau, direction Marseille pour traverser toute la France à  pied, direction Porte de Versailles. L’occasion pour Fatah et Jacqueline d’aller de rencontres en surprises et de vivre une aventure humaine faite de grands moments d’entraide et de fous rires.

Voilà  un film qui va sans doute prendre le chemin du succès des films comme « La famille Bélier » ou « Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ». Un sujet simple, sans prétention philosophique mais qui mine de rien distille un message de fraternité et d’ouverture à  l’autre.
C’est Djamel Debouze qui produit le film et de son combat contre les préjugés qu’on lui connaît, il a nourri ce projet. Il le fait à  sa manière avec drôlerie, sens du comique, mais aussi avec ce plaidoyer pour une société où chacun aurait sa place, quelles que soient ses origines.
Le film a été tourné au Maroc, son pays natal et les pérégrinations de Fatah ressemblent à  celles de Fernandel avec sa vache de retour d’Allemagne. Sauf qu’ici, la « leçon d’humanité » est apportée par un algérien du bled qui s’exprime d’une façon imagée et dans sa langue. Et c’est finalement le monde à  l’envers. Le passage de Fatah sur les routes de France va révéler à  tous que l’entraide, le partage, se révèlent plus riches que bien des discours discriminateurs.
Au passage, les traditions du monde musulman sont brocardées : les relations hommes-femmes, l’automatisme des heures de la prière, l’interdit de l’alcool. Mais le réalisateur écorne aussi au passage celles des français à  travers la vie d’un châtelain, les traditions de ces foires agricoles

Ce voyage qui se voulait être celui d’un petit agriculteur algérien jusque vers la capitale de la France devient un road-movie paysan où chacun va être amené à  « se déplacer », à  quitter ses certitudes, son confort moral. A la manière biblique
Djamel Debouze tient le rôle du beau-frère de Fatah qui fuit ses racines et n’ose avouer à  son père son mariage avec une française. Il sort de son égoïsme pour aider Fatah à  rejoindre la capitale et renoue avec son père.
Lambert Wilson, le châtelain ruiné sort de son isolement pour offrir au paysan algérien sa camionnette et son aide épistolaire, Fatah ne sachant pas écrire.

La vache est un film simple, drôle, où les gens rient de bon cœur. C’est un film qui fait du bien et plus politique qu’il n’y paraît A la fin de la séance, le public a applaudi, rare pour une comédie.
Les comédiens sont irrésistibles en particulier Lambert Wilson en châtelain et Fatah Bouyahmed, découvert par Djamel Debouze dans son Djamel Comedie ClubUne figure tendre et naïve et d’un humour tout en finesse.
Ce filma obtenu le Grand Prix, le Prix du Public, le Prix d’interprétation au Festival de l’Alpe d’Huez en janvier 2016.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559915&cfilm=236418.html

Chronique cinéma – Ce sentiment de l’été

de Mikhaël Hers
avec Anders Danielsenlie, Judith Chemla, Marie Rivière.
Drame (2016) Film allemand. 1h46.

L’épreuve du deuil à  traverser donne à  Ce sentiment de l’été l’occasion d’une jolie balade au sein de la génération trentenaire (un peu celle du Bataclan) diplômée, citoyenne du monde, amateur de musiques, mais hésitante et parfois perdue dans sa vie d’adulte.

Berlin. Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, jeune graphiste, décède soudainement. Lors des funérailles, Lawrence, son compagnon fait la connaissance de Zoé, la sœur de Sasha, qui lui ressemble étrangement. Dans le souvenir de la jeune femme, ils vont se rapprocher. Zoé vit à  Paris est mariée et mère de famille. De pérégrinations en retrouvailles dans les villes ou leur mène leur balade « sentimentale », ils vont peu à  peu partager la peine et le poids de l’absence entre Berlin, Paris et New York. Trois étés, trois villes, le temps de leur retour à  la lumière, portés par le souvenir de celle qu’ils ont aimée.
Durant ce deuil de deux années, Lawrence et Zoé ne sont pas seuls et c’est tout autant les va-et-vient des jeunes gens que l’on suit que les rencontres qu’ils font ici ou là  : des amis croisés puis perdus de vue, un été à  Annecy avec les parents de Sasha, des déambulations dans les quartiers animés de République à  Paris ou sur les terrasses des immeubles de Soho à  New-York.

Lawrence est architecte, et les décors de ces trois villes magnifiquement filmés vont être ceux de ses états d’âme, l’écrin qui le protège et qui lui rappelle Sasha.
Cette traversée des lieux, ces moments revisités en compagnie de jeunes qui ont pu croiser sa compagne vont agir comme une traversée de sa peine et aider à  une renaissance au bout du chemin avec une nouvelle compagne sur une plage de Long Island à  New-York.

On l’aura compris, c’est une balade douce-amère que le cinéaste nous propose. Mais au final, d’avantage qu’une histoire de deuil traversé c’est le portrait de cette génération de trentenaires, amateurs de musique groove et folk, attachés à  aucun lieu sinon ceux des grandes métropoles dans lesquels ils se reconstruisent une famille, une vie de « village ». Ils travaillent essentiellement dans la pub, la communication, l’édition ou les petits boulots en attendant mieux. Ils se croisent, se perdent de vue, privilégiant les affinités nomades. Et l’on pense évidemment à  ces jeunes qui étaient au Bataclan, en novembre dernier, cette génération diplômée, urbaine « flottante » attendant un meilleur à  venir et traversant la planète au gré de leurs envies.

L’épreuve de deuil que vit Lawrence est délicatement absorbée, le cinéaste prend son temps pour en décrire toutes les évolutions en montrant ses héros traversés d’émotions qui palpitent. Il dispose de très bons interprètes en la personne d’Anders Danielsenlie et de Judith Chemla qui a le visage d’une jeune fille en fleurs. On remarquera au passage que ce parti-pris de situer le film en été donne au cinéaste l’occasion de dévêtir les jambes et les bras de ces actrices ! Joli spectacle soit dit en passant.. Le film se joue aussi à  fleur de peau sur ce registre là 

Ce sentiment de l’été ou la subtile transformation d’un garçon introverti et en devenir en un jeune adulte confiant aux choix assumés.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557960&cfilm=230731.html

Chronique cinéma – Les Innocentes

d’Anne Fontaine
avec Lou de Laâge, Agata Buzëk, Vincent Macaigne. `
Drame. Film franco-polonais. 1h55.

Une histoire tragique mais transcendée par le scénario et l’attention bienveillante d’Anne Fontaine pour le sujet et la vie de ces religieuses. Un beau et grand film

Le bouche à  oreille a déjà  fonctionné pour ce film au sujet délicat et pourtant rempli de lumière.
« Les innocentes » a comme point de départ, l’histoire vraie de moniales polonaises en 1945 et leur rencontre avec Mathilde Beaulieu, une jeune femme médecin française de la Croix-Rouge. En poste pour les ressortissants français, elle est appelée de toute urgence par une jeune novice du couvent pour l’accouchement . d’une religieuse. L’horreur et l’incrédulité se mélangent dans l’esprit de la jeune femme. Ce sont les atrocités de la guerre. Les soldats de l’Armée rouge ont commis des violences sexuelles sur ces sœurs. Sept d’entre elles attendent un enfant.
Mathilde Beaulieu a laissé des écrits de cette expérience et c’est un petit neveu retrouvant ses carnets qui a permis de lever le voile sur cette histoire qui resta longtemps cachée

Anne Fontaine, la réalisatrice a demandé à  Pascal Bonitzer d’écrire un scénario empli de vérité et de respect. Sa chef opératrice Caroline Champetier joue sur les blancs et les gris de la neige et des pierres : le couvent désaffecté polonais dans lequel a été tourné le film apporte un environnement minimaliste et resserre l’action sur les visages, les regards, les mots échangés entre Mathilde, fille de militants communistes et ces religieuses dont elle partage à  peine la langue mais les interrogations.

On est en décembre 1945, moment de basculement du monde. Ces religieuses savent que leur pays va faire partie du bloc soviétique, régime auquel appartiennent leurs bourreaux mais elles dépendent aussi d’un ordre religieux, celui des Bénédictines, d’une Eglise qui a ses propres lois, ses propres codes. Certains condamneront sûrement l’attitude de la Mère abbesse qui préfère la loi du silence (« C’était pour les protéger » dira-t-elle) à  la bienveillance et à  la transgression.
Et c’est toute cette opposition, cette lutte qui va nourrir la dramaturgie du film. Comment garder la foi après un tel drame ? Quelle rencontre possible entre une femme athée, qui soigne les corps et des femmes qui ont donné leur vie à  Dieu ? Comment faire face à  l’impensable, les exactions de temps de guerre que beaucoup de femmes subissent encore (agressions, viols, meurtres) et l’engagement dans une vie de prières, de foi en la miséricorde de Dieu ? « La foi c’est vingt-quatre heures de doute et une minute d’espérance »dira la jeune maîtresse des novices.

Si certains ont pu voir la bande-annonce du film, il ne faut pas qu’ils craignent la dureté de certaines scènes. Elles sont parfois tournées en clair-obscur, on ne sent aucun voyeurisme ou approche déplacée. Anne Fontaine a voulu une fin heureuse à  son film. C’est le seul bémol que je mettrais à  la vision de ce long métrage : une fin utopiste et idyllique. Il n’empêche, la réalisatrice donne comme point d’orgue à  son film ce plaidoyer pour la vie et pour l’Amour. N’est ce pas celui de l’Evangile ?
Le père Jean-Pierre Longeat qui fut abbé de l’abbaye de Ligugé a été le conseiller liturgique. Ce sont les actrices elles-mêmes qui chantent les pièces en grégorien scandant la journée des moniales. Lou de Laâge qui joue Mathilde a un visage qui est la grâce incarnée. La Mère Abesse est jouée par Agata Kulesza l’actrice qui jouait Ida
A Lyon, une vieille femme de 90 ans est venue saluer Anne Fontaine. Elle était l’une des religieuses qui étaient dans ce couvent en Pologne en 1945.Moment intense d’émotions.

Marie-Noëlle Gougeon

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