Matinée conférence- Foi, religion, engagement en question – De Tartuffe aux Frères Karamazov cette année sur les scènes lyonnaises



Le Service diocésain Arts, Cultures et Foi est attentif aux œuvres et aux artistes qui, dans tous les champs disciplinaires (littérature, théâtre, danse, arts plastiques, cinéma), nous confrontent aux questions spirituelles et de foi.

• Au cours de cette matinée, nous partirons de deux œuvres créées ou recréées dans les théâtres lyonnais cette saison. Tartuffe d’abord, une œuvre dans laquelle Molière brosse une peinture satirique des faux dévots et de leurs victimes naïves et aveuglées. Puis, nous nous interrogerons sur le parcours des Frères Karamazov de Dostoïevski, dont une adaptation pour la scène vient d’être réalisée. Une œuvre qui nous interpelle forcément en ce qu’elle pose la question de la foi, du mal, de la responsabilité.

• Mais que serait la foi sans l’engagement, sans l’action ? Un texte magistral de l’écrivain Frédéric Boyer vient à  propos nous interpeller : Avec Quelle terreur en nous ne veut pas finir ?, texte salvateur dans lequel Frédéric Boyer plaide pour l’hospitalité, pour que les mots « liberté », « égalité » et « fraternité » retrouvent un véritable sens.

• Cette matinée bénéficiera de la présence de Laurent Thirouin, professeur des universités, spécialiste du 17ème siècle, de Christian Uwe, maître de conférences à  l’université catholique de Lyon, qui connaît parfaitement l’œuvre de Dostoïevski, du metteur en scène Eric Massé et du comédien Ca- mille de La Guillonnière, adaptateur pour la scène des Frères Karamazov, qui apporteront leur éclairage d’hommes de scène. Enfin, le Père Pierre Gibert sj nous dira quelle lecture théologique on peut faire de ces textes et vers quoi ils nous entraînent.

Acte 1 : Tartuffe

Le contexte politique et religieux des années 1660, les forces en présen-
ce, l’objet de la querelle et les conséquences de l’Affaire Tartuffe, par
Laurent Thirouin.
Les différentes mises en scène de la pièce, par Hugues Rousset.
Le propos et les options du metteur en scène, Eric Massé.
Le point de vue du théologien, par Pierre Gibert, sj.

Acte 2 : Karamazov

Les grandes thématiques de l’œuvre de Dostoïevski et la synthèse que
représente Les Frères Karamazov, par Christian Uwe.
Une adaptation des Frères Karamazov, par Camille de La Guillonnière.
Le point de vue du théologien, par Pierre Gibert, sj.

Epilogue :

Quelle terreur en nous ne veut pas finir ? de Frédéric Boyer.
Extraits dits par Arnaud Gagnoud, comédien.
Présentation de Marie-Paule Dimet.

Libre participation aux frais / Places limitées / Réser- vation indispensable sur artculture@lyon.catholique.fr


CRITIQUES LITTERAIRE- « Je ne pense plus voyager » de François Sureau

« Je ne pense plus voyager »
François Sureau

La mort de Charles de Foucauld dont on commémorera le centenaire en décembre 2016 est le point de départ du récit de François Sureau « Je ne pense plus voyager ».

Avocat, écrivain, poète, François Sureau s’intéresse à  la conversion, surtout quand elle est radicale. Après « Inigo », sur la conversion d’Ignace de Loyola, il relit celle de Charles de Foucauld. Les premiers chapitres du livre peuvent rebuter le lecteur. Ecrits sur le ton d’un procès-verbal, François Sureau le juriste retrace les circonstances de cette mort qui gardera une grande part de son mystère. En 1945, l’officier Florimond reprend l’enquête après l’arrestation de Madani, complice des assassins de Charles de Foucauld. François Sureau s’attarde sur la personnalité de cet officier qui choisit de vivre dans le désert trente ans après la mort du saint, abandonnant toutes velléités d’avancement dans sa carrière militaire. Un homme dont l’humilité, la modestie, l’effacement rappellent Charles de Foucauld et semblent le prédestiner à  cette enquête. Pourtant l’interrogatoire du traître n’apporte pas d’éléments déterminants quant à  la vérité sur cet assassinat : « Le reste a dû sembler aussi obscur à  Florimond qu’à  nous-mêmes aujourd’hui ». Pour François Sureau l’essentiel n’est pas là . C’est l’homme, Charles de Foucauld qu’il recherche. Son itinéraire, son chemin de conversion, chemin de Croix et chemin de vie. « Du royaume du passé le diable est le seigneur. » Charles de Foucauld commence sa vie en enfer. Son père devient fou et sa mère, pieuse et neurasthénique, meurt prématurément. Livré à  la tutelle de son grand-père, gâté par la richesse, il s’ennuie. « Pas d’homme qui ressemblât moins à  Ignace de Loyola, tout épris d’un honneur impossible Charles de Foucauld n’était pas Don Quichotte, seulement un vieil enfant bien élevé, maltraité par la vie et guetté par la tristesse. »
Sa conversion, si elle est aussi radicale que celle d’Ignace, a été moins rapide, empruntant des chemins détournés. La première étape fut la rencontre avec les Touaregs. Ils ont exercé sur Charles de Foucauld une véritable fascination par leur mode de vie, leur culture plus particulièrement la poésie pour laquelle il a réalisé une recension. Mais c’est surtout leur Foi qui le touche, à  tel point qu’il a été tenté de se convertir à  l’Islam. « La piété musulmane le bouleverse » écrit François Sureau. C’est peut-être par l’Islam que le désir de Dieu est entré dans son cœur. A la Trappe de Notre-Dame des Neiges où « il s’est dépouillé de ses derniers liens » ce fut pourtant l’expérience d’une grande désillusion spirituelle. « Foucauld a souffert, ces années-là , de ce qui est le plus déroutant en matière de religion, la prétention de détenir la vérité. »
La vie monastique, même dépouillée est encore trop riche pour lui. Car il veut «embrasser la vie de Nazareth ».C’est Jésus de Nazareth qu’il veut suivre, le Jésus de la vie cachée, qui travaille. Et c’est « une pauvreté semblable à  celle de Nazareth qu’il recherche, « une vie pauvre et surtout cachée ».
Il en fait ainsi l’expérience chez les Clarisses de Nazareth en qualité de jardinier. « Le temps de Nazareth ressemble à  une retraite au seuil de ce monde nouveau, où, libéré de bien des choses et d’une partie de lui-même, il pourra enfin pénétrer. »
Appartenir aux « serviteurs de l’inutile. » La dernière étape n’est plus celle d’une conversion mais de l’accomplissement spirituel. Sa dernière étape ou station, puisque François Sureau donne à  cette partie le titre de « stations du chemin », sera ce fortin dans un désert minéral. « Cette aventure-là , Foucauld n’a pas imaginé pouvoir la vivre seul. » Son désir était d’être rejoint par une communauté mais personne ne vint, personne ne répondit à  son appel.
Foucauld n’a donc pas créé d’ordre religieux ni converti de Touaregs. Au contraire, il a voulu « les aider à  accroître leur connaissance de Dieu. » On pense aux moines de Tibbirine qui ont aidé leurs voisins musulmans à  approfondir leur Foi. Eux aussi assassinés.
Sans doute est-ce là  le véritable sens de l’Amour absolu, loin de la réussite et de la reconnaissance, fusse-t-elle de la religion. Une spiritualité de l’inutile dont on a bien besoin aujourd’hui dans un monde obsédé par la performance.

Marie Paule Dimet

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CAFE-CINE de Saint Bonaventure

Julieta

Autour du film de Pedro Almodovar

Ces cafés-cinés sont animés par des bénévoles de l’association Signis (association catholique mondiale pour la communication) : www.signis.net. Chacun voit le film de son côté (il n’y a aucune projection dans l’église), et nous nous retrouvons autour d’une tasse de café offerte par Saint-Bonaventure pour parler du film. Il s’agit à  la fois d’explorer quelques caractéristiques de l’écriture cinématographique et de partager impressions et questions de fond soulevées par le film.
Le rendez-vous est précisément à  12h30 et l’échange général s’arrête à  13h30 pour permettre aux personnes de rejoindre leur lieu de travail, même si certaines discussions informelles durent parfois au-delà 

Lyon 2e, sanctuaire Saint-Bonaventure, place des Cordeliers, une fois par mois, de 12h30 à  13h30.

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Money monster de Jodie Foster Café Society de Woody Allen
Avec Georges Clooney et Julia Roberts avec Kristen Stewart et Blake
Américain (1h45). 2016. Américain (1h36) 2016.


Deux films américains présentés à  Cannes et qui nous invitent chacun à  leur manière à  porter un regard sur la société du spectacle à  80 ans de distanceLucide et éloquent.


Voici deux films américains présenté à  Cannes il ya quelques jours réalisés le premier par une jeune femme de 40 ans, Jodie Foster, le second par un homme de 80 ans, Woody Allen.
Ils nous racontent à  travers ces deux longs métrages l’histoire qui ne cesse depuis un siècle de lier les Etats-Unis à  l’industrie du spectacle.
Le film de Woody Allen est un hommage aux comédies graves et légères de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. En relatant l’histoire de Ben, jeune garçon paumé d’une famille juive new-yorkaise parti s’émanciper à  Hollywood vers son oncle agent de vedettes, c’est toute la nostalgie et la magie de ce cinéma là  que magnifie Woody Allen. Il est aidé en cela par un fabuleux chef opérateur : couleurs mordorées, comédiennes superbement éclairées. Ben va tomber amoureux de Vonnie mais c’est Phil, l’oncle du jeune homme qu’elle épousera. Amour tourmenté, empêché, qui le fera revenir à  New-York près de son frère propriétaire de ces fameux « Café Society » où l’on écoute le meilleur des jazz mais où l’on côtoie aussi la pègre de la prohibition.
Il n’empêche, lorsqu’on est amoureux, New-York est la plus belle des villes
Woody Allen inscrit son héros au sein d’une famille juive où il ne manque ni la chaleur des repas ni le tragique de l’humour juif. Le cinéma fait rêver et nous aussi. Croiser Judy Garland ou réveillonner avec Billy Wilder relève de la rencontre improbable et impossible mais on l’évoque pourtant.

Une magie et un rêve qui n’existent plus 80 ans plus tard quand la téléréalité a envahi les écrans du monde entier. George Clooney (Lee Gates) anime un show « Money Monster » où il prodigue des conseils vrais ou bidons de placements en bourse. Une sorte de Jean Pierre Gaillard de Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage (lesté d’une ceinture d’explosifs) pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs. Kyle demande des comptes et Clooney découvre alors que derrière les déboires de cet homme se cache un détournement d’argent et un scandale financier touchant des intérêts dans le monde entierC’est un thriller diablement efficace que nous propose Jodie Foster mais également et surtout une mise en abîme de notre monde moderne où nous sommes dominés par un univers technologique : les caméras nous traquent partout, les algorithmes organisent la vie boursière et donc le monde de la finance. Jusqu’au jour où toute la machine se dérègle
Plus de rêve, ni de magie. La vedette n’est plus inaccessible : mieux, le spectateur est entré dans l’image et se trouve pris au piège de l’illusion des médias. New-York a perdu de son romantisme et se trouve réduit à  la Bourse de Wall Street. Plus de balade dans Central Park, plus de solo de clarinette dans les bars. Les habitants suivent en direct dans les cafés de la ville la progression de la capture du preneur d’otage
Jodie Foster tire une fable cruelle et désenchantée, « monstrueuse » de notre société d’aujourd’hui alors que Woody Allen apporte à  son Café Société un écrin élégant et magnifié par la nostalgie d’Hollywood. Tous les acteurs sont « beautiful » : Clooney et Julie Roberts fiévreux et désemparés dans Money Monster. La jeune Kristen Stewart fragile et émouvante dans Café Sociéty.

Jodie Foster et Woody Allen signent là  deux œuvres emblématiques du cinéma américain.
Voici deux films américains présenté à  Cannes il ya quelques jours réalisés le premier par une jeune femme de 40 ans, Jodie Foster, le second par un homme de 80 ans, Woody Allen.
Ils nous racontent à  travers ces deux longs métrages l’histoire qui ne cesse depuis un siècle de lier les Etats-Unis à  l’industrie du spectacle.
Le film de Woody Allen est un hommage aux comédies graves et légères de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. En relatant l’histoire de Ben, jeune garçon paumé d’une famille juive new-yorkaise parti s’émanciper à  Hollywood vers son oncle agent de vedettes, c’est toute la nostalgie et la magie de ce cinéma là  que magnifie Woody Allen. Il est aidé en cela par un fabuleux chef opérateur : couleurs mordorées, comédiennes superbement éclairées. Ben va tomber amoureux de Vonnie mais c’est Phil, l’oncle du jeune homme qu’elle épousera. Amour tourmenté, empêché, qui le fera revenir à  New-York près de son frère propriétaire de ces fameux « Café Society » où l’on écoute le meilleur des jazz mais où l’on côtoie aussi la pègre de la prohibition.
Il n’empêche, lorsqu’on est amoureux, New-York est la plus belle des villes
Woody Allen inscrit son héros au sein d’une famille juive où il ne manque ni la chaleur des repas ni le tragique de l’humour juif. Le cinéma fait rêver et nous aussi. Croiser Judy Garland ou réveillonner avec Billy Wilder relève de la rencontre improbable et impossible mais on l’évoque pourtant.

Une magie et un rêve qui n’existent plus 80 ans plus tard quand la téléréalité a envahi les écrans du monde entier. George Clooney (Lee Gates) anime un show « Money Monster » où il prodigue des conseils vrais ou bidons de placements en bourse. Une sorte de Jean Pierre Gaillard de Wall Street. Les choses se gâtent lorsque Kyle, un spectateur ayant perdu tout son argent en suivant les conseils de Gates, décide de le prendre en otage (lesté d’une ceinture d’explosifs) pendant son émission, devant des millions de téléspectateurs. Kyle demande des comptes et Clooney découvre alors que derrière les déboires de cet homme se cache un détournement d’argent et un scandale financier touchant des intérêts dans le monde entierC’est un thriller diablement efficace que nous propose Jodie Foster mais également et surtout une mise en abîme de notre monde moderne où nous sommes dominés par un univers technologique : les caméras nous traquent partout, les algorithmes organisent la vie boursière et donc le monde de la finance. Jusqu’au jour où toute la machine se dérègle
Plus de rêve, ni de magie. La vedette n’est plus inaccessible : mieux, le spectateur est entré dans l’image et se trouve pris au piège de l’illusion des médias. New-York a perdu de son romantisme et se trouve réduit à  la Bourse de Wall Street. Plus de balade dans Central Park, plus de solo de clarinette dans les bars. Les habitants suivent en direct dans les cafés de la ville la progression de la capture du preneur d’otage
Jodie Foster tire une fable cruelle et désenchantée, « monstrueuse » de notre société d’aujourd’hui alors que Woody Allen apporte à  son Café Société un écrin élégant et magnifié par la nostalgie d’Hollywood. Tous les acteurs sont « beautiful » : Clooney et Julie Roberts fiévreux et désemparés dans Money Monster. La jeune Kristen Stewart fragile et émouvante dans Café Sociéty.

Jodie Foster et Woody Allen signent là  deux œuvres emblématiques du cinéma américain.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19562259&cfilm=236050.html

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560043&cfilm=214139.html

Chronique cinéma – L’avenir

de Mia Hansen Love
avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka.
Drame français. (2016) 1h40.

Si Mia Hansen Love sait filmer au point d’avoir obtenu l’Ours d’argent de la meilleure réalisatrice pour ce film, on n’accroche pas vraiment à  cette histoire de professeur de philo en plein désarroi. Isabelle Huppert ne donne pas assez de chair à  ce film intello malgré une justesse des thèmes abordés.

Cela commence par un piquet de grève devant un grand lycée parisien. Des élèves manifestant contre une loi-retraite, s’en prennent à  une femme pressée, c’est leur prof de philo. Celle-ci est étrangère à  toute cette agitation. Pour elle, seuls existent la passion de la philosophie, les textes des grands auteurs, la transmission à  ses élèves les plus mordus. Nathalie, c’est son prénom, enseigne depuis une trentaine d’année. Elle est mariée à  un autre professeur dont elle a deux grands enfants. Le reste de sa vie se passe entre une mère vieillissante et possessive et les livres qu’elle écrit.
Son avenir est tout tracé semble-t-il. Et pourtant, tout bascule.
Son mari la quitte, les difficultés de sa mère se multiplient entraînant son placement en maison de retraite. Enfin, son éditeur lui fait comprendre que les exigences du service marketing l’obligent à  revoir leur collaboration et à  stopper la parution de son prochain manuscrit.
Seul rayon de soleil dans cette tempête émotionnelle : Fabien, un ancien élève brillant qui préfère partir dans le Vercors élever des chèvres plutôt que de passer sa thèse et avec qui Nathalie ressent une certaine complicité.

Mia Hansen Love est une jeune réalisatrice franco-danoise qui a obtenu pour ce film l’Ours d’argent de la meilleure réalisatrice lors de la dernière Berlinale.
C’est vrai que l’Avenir se laisse regarder sans déplaisir, les plans sont bien construits, l’histoire se déroule avec beaucoup de fluidité, les thèmes des scènes sonnent justes.
Il n’empêche : cette histoire de femme à  la croisée des chemins, qui doit faire face à  des ruptures sentimentale et professionnelle, une remise en question de sa passion pour son métier, le désarroi de la mort de sa mère n’arrive jamais à  nous accrocher vraiment. On a l’impression qu’elle vibre davantage pour les idées et les mots que pour la vie et les êtres qui l’entourent.
Et si l’on voulait être vraiment cruelle, on dirait que le film est une suite d’entrées et de sorties d’appartements, entrecoupées de quelques énoncés conceptuels. Seules les séquences dans le Vercors, au sein de la communauté où Fabien vit donne un peu de vie à  ce long métrage autocentré. Nathalie balade le chat de sa mère de Paris en Bretagne, de St Malo dans le Vercors et on se sent un peu comme lui, balloté de lieux en lieux. Au point que la contemplation des intérieurs « cosy » de cette enseignante nous captive davantage que les propos échangés !
Le choix de vie que fait Nathalie à  la fin est pourtant aux antipodes de ce qu’elle a connu auparavant. Elle se libère et découvre peut-être enfin, les joies simples de son âge en donnant libre cours à  sa personnalité. On aurait aimé que ce « lâcher-prise » se déroule plus tôt.

Isabelle Huppert est une formidable comédienne mais ici il lui manque une étincelle, une vitalité, une façon d’habiter le rôle. On ne voit qu’une petite dame au dos voûté, au corps sec et au regard sans affection véritable. André Marcon, qui joue son mari a l’air de s’ennuyer.

On devrait retrouver bien vite Roman Kolinka, le fils de Marie Trintignant qui tient le rôle de Fabien. C’est la seule bonne découverte du film.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560664&cfilm=233500.html

TRANSFORMATIONS DU CATHOLICISME France, Belgique, Québec États des lieux socio-anthropologiques -Faculté Catholique de Lyon

27 avril 2016
Amphi Alain Mérieux
18h00 – 20h00

TRANSFORMATIONS DU CATHOLICISME France, Belgique, Québec États des lieux socio-anthropologiques

Philippe PORTIER Politologue, Directeur d’études à  l’École Pratique des Hautes Etudes (EPHE), Directeur du groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL-CNRS)

Olivier SERVAIS Professeur d’anthropologie à  l’Université catholique de Louvain, Institut de recherche Religions, spiritualités, cultures, sociétés (RSCS)

Deirdre MEINTEL Professeure d’anthropologie à  l’Université de Montréal, Directrice du Centre d’études éthniques des universités Montréalaises (CEETUM)

Entrée libre
Campus Saint-Paul
10, place des Archives,
Lyon 2°
04 26 84 52 10

Chronique cinéma – La Passion d’Augustine

de Léa Pool
avec Céline Bonnier, Lysandre Ménard.
Drame canadien (2016) 1h45.

On pense aux Choristes pour le sujet. Mais La passion d’Augustine est un « mélo » tourné sagement qui n’atteint pas le niveau dramatique d’autres films malgré une belle distribution féminine. Les questions religieuses et politiques ne sont qu’effleurées.

Québec, début des années 60. Depuis une quinzaine d’années, Mère Augustine a fait de son « couvent » une formation réputée pour de jeunes pianistes. Elle-même musicienne, elle n’a de passion que pour déceler et amener des jeunes filles à  préparer un concours régional.
Elle se voit confier sa nièce, Alice, jeune fille rebelle mais qui n’en a pas moins un réel talent pour le piano et l’improvisation « jazzy ».
Au Québec pourtant, dans ces années de la « révolution tranquille » une autre révolution se profile : le gouvernement reprend le secteur de l’éducation et enlève aux congrégations religieuses la possibilité de continuer à  assurer leur mission enseignante.
C’est le combat de Mère Augustine contre cette décision qui est l’enjeu du film. Pour rien au monde, elle ne veut abandonner ses jeunes élèves et la responsabilité qu’elle a de les amener à  être de bonnes interprètes. D’autant que la « Générale » de son ordre ne l’entend pas ainsi et souhaite vendre le couvent. Toutes deux vont alors s’affronter.

A lire l’histoire on pense inévitablement aux « Choristes » dans le registre dramatique ou à  Sister Act dans un domaine plus comique. La Passion d’Augustine n’atteint jamais ni l’un ni l’autre.
Bien sûr, on retrouve quelques veines amusantes de la jeune sœur un peu délurée ou plus sérieuses comme celles de l’enseignante de français attachée aux règles de grammaire. Mais ce sont des partis pris attendus comme l’est le parallèle entre l’histoire de la tante et celle de la nièce.

Le film est un livre de belles images, et parfois très belles, que l’on tourne sagement. Et pour ce qui est du scénario, si Vatican II a été une rupture et un mouvement de renouveau dans toute l’Eglise il ne peut se résumer à  l’utilisation de guitares à  la messe ou d’habits plus simples pour les religieuses. C’est en revanche la séquence la plus émouvante du film lorsque les religieuses enlèvent voiles et coiffes se sentant soudain « presque nues ».

On comprend que ce film ait eu du succès au Québec car il a permis à  toute une génération de retrouver ses souvenirs d’adolescence avec les dortoirs collectifs, les prières récitées ensemble, les règlements intérieurs.
Mais le traitement très mélo de cette Passion d’Augustine affadit le film.

Les problèmes du fait religieux face au monde moderne aurait pu apporter d’autres réflexions plus approfondies et actuelles. Elles ne sont qu’effleurées. Il n’est jamais question dans le film de la foi des jeunes filles ou mêmes de celle des sœurs et le politique est pratiquement absent.
Restent un duo-duel entre la « Générale de l’Ordre » et une Augustine entrée au couvent par défaut, un éveil musical déjà  vu ailleurs et une belle distribution féminine avec en tête Céline Bonnier, qui joue d’une manière très juste et convaincante Augustine.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19560216&cfilm=238250.html

Mort d’un commis voyageur d’Arthur Miller-Troupe LyonIII

“Bettencourt boulevard” de Vinaver, au TNP, “Les affaires sont les affaires” de Mirbeau aux Célestins, deux pièces en echo de l’actualité du monde du travail, qui ont mobilisé l’attention des amateurs du théâtre,et pendant quelques jours encore une invitation à  revoir “La mort d’un commis voyageur” d’Arthur Miller,proposé par la troupe de Lyon III,à  la MJC de Montplaisir :une excellente prestation dirigée par Vincent Puysségur ,avec une distribution très homogène ,et des moyens limités ,mais très efficaces pour nous faire vivre l’histoire d’un burn-out professionnel : quand l’engagement d’une vie dans le travail s’effondre et que la désillusion conduit à  la mort .Une mise en garde efficace pour réfléchir sur les vraies valeurs qu’une société en perte de sens a oublié…

A voir absolument

Chronique cinéma – Le fils de Joseph

de Eugène Green
Avec Natacha Régnier, Fabrizio Rongione, Mathieu Almaric, Victor Ezenfis.
Comédie dramatique (2016) 1h55
Sortie 20 Avril. Avant-première 13 Avril au CinéMourguet.

Prolongeant son inspiration puisée dans la Bible, Eugène Green nous propose un récit initiatique autour de la filiation, de la transmission, de la liberté de chacun. Moins cérébral que La Sapienza, ce Fils de Joseph est un film résolument contemporain.

Vincent est un adolescent élevé seul par sa mère. Qui est mon père demande -t-il ? A toutes ses questions, celle-ci lui répond que ce père déjà  marié ne voulait pas d’enfant. Elle, a souhaité le garder et il est né.
Dans la chambre du garçon est accroché au mur la célèbre toile du Caravage Le sacrifice d’Abraham. S’en inspirant, Vincent fomente alors de tuer ce père dont il a retrouvé la trace, inversant ainsi le mythe du sacrifice d’Abraham (le meurtre de son fils Isaac).
Eugène Green a découpé en cinq tableaux « bibliques » la progression de l’histoire.
Avec la métaphore du « Veau d’Or » et du « Meurtre d’Isaac » il dépeint la rencontre de Vincent et de son père biologique qui travaille dans l’édition. Il fait une satire féroce et jubilatoire de ce monde des apparences et du m’as-tu vu.
Les deux derniers chapitres « Le fils du charpentier » et « La fuite en Egypte » lui donnent l’occasion d’aborder le thème de la filiation, de la transmission et la construction d’une nouvelle cellule familiale avec cet homme, Joseph, rencontré par hasard.

Le fils de Joseph n’est pas seulement une « illustration » de passages de la bible. En s’en inspirant, Eugène Green en fait la trame des interrogations de ces héros et montre à  quels points les thèmes de la Bible sont des thèmes d’aujourd’hui, combien ils sont contemporains.

C’est aussi par des œuvres artistiques (le tableau du Caravage, une interprétation du Poème Harmonique) qu’il partage avec Joseph que Vincent va s’ouvrir à  une autre vision des choses, des gens et du monde. Il va modifier le rapport à  son père, redéfinissant sa filiation par rapport à  sa mère d’abord, puis à  Joseph, cet homme qui pourrait devenir son père adoptif.
Voici mon père, voici ma mère dira-t-il à  son père biologique sur une plage de Normandie faisant écho aux paroles du Christ au Golgotha s’adressant à  Marie et Jean.
Le fils de Joseph est aussi un film sur la révélation de soi-même et sur le libre arbitre, la voix intérieure que l’on peut laisser se déployer en nous comme l’Ange a parlé à  Abraham

On connaît le goût de la théâtralité (énoncés des phrases) d’Eugène Green mais ici le procédé est moins marqué. La dialectique entre les personnages est peut-être moins riche que dans La Sapienza son film précédent, mais les émotions plus présentes.

Les acteurs sont au service du texte et de l’histoire. Mathieu Almaric campe un éditeur cynique et manipulateur à  souhait. Natacha Régnier est comme un réceptacle : son visage impassible laisse aux mots toute leur force. Quand à  Victor Ezenfis, il incarne à  merveille Vincent, cet adolescent à  la fois agressif et demandeur d’attention paternelle.
Le voyage initiatique qu’il entreprend et que raconte le film en fait un vrai « Fils de Joseph » : écoutant son « père », aimant enfin sa mère et creusant peu à  peu sa propre vie

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=243225.html