Quelques oeuvres d’Henri Dumas proposées mardi 31 mai à 20 h 30 en l’Église Notre Dame, Saint Louis Lyon 7ème en présence du cardinal Philippe Barbarin, avec l’ensemble Vox Laudis, choeur diocésain.
Entrée libre – Participation aux frais
Catégorie : Archives
Festival de Cannes
Comme chaque année depuis plus de 30 ans, des chrétiens sont au coeur de ce grand événement. Du 11 au 22 mai, suivez au quotidien l’actualité du jury oecuménique.
Récital de Miguel Angel Estrella
« La musique comme levier, auprès des jeunes, contre la violence et pour la paix
La Ballade de l’impossible
de Tran Han Hung
Japon, 2010, 2h13
sélection officielle Festival de Venise 2010
Sortie en France le 4 mai 2011.
avec Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizuhara et Kengo Kôra.
Dans des paysages tour à tour magnifiques et inquiétants, un jeune homme fait le douloureux apprentissage du deuil et de l’amour.
Haruki Murakami est un auteur japonais contemporain très connu, aussi bien dans son pays qu’à l’étranger. Si La Ballade de l’impossible, paru en 1987, est son roman le plus célèbre, on lui doit aussi Chroniques de l’oiseau à ressort, Après le tremblement de terre ou Kafka sur le rivage. Son écriture, fluide et élégante, s’ancre dans la réalité japonaise où le thème de la catastrophe est omniprésent. Catastrophe passée, comme celle d’Hiroshima, mais aussi catastrophe à venir dans un pays vivant toujours dans la crainte du prochain tremblement de terre, comme celui du printemps 2011. Mais si Murakami connaît un tel succès international, c’est aussi parce que ces personnages sont d’abord des êtres ordinaires qui nous ressemblent, éprouvent les mêmes sentiments que nous et, comme nous, cherchent à donner du sens à leur vie.
Le réalisateur franco-vietnamien Tran Han Hung (L’Odeur de la papaye verte, Cyclo) a été touché par le ton poétique et la mélancolie du roman. La Ballade de l’impossible commence en 1967, lorsque le Japon est secoué par une violente contestation politique, notamment dans les milieux universitaires. Un groupe de jeunes gens, vivant en résidence étudiante, découvre la vie loin du cocon familial. Amitié, séduction, découvertes intellectuelles, amour et recherche d’idéaux se heurtent à l’inconséquence du désir physique, à la peur de se dévoiler, à la vacuité, à l’incompréhension face à la mort. Tour à tour oppressant et lumineux, le film suit l’itinéraire de Watanabe, jeune homme de 19 ans, chahuté par le désir des femmes et les actes radicaux de ses amis.
Le réalisateur, qui est connu pour le soin apporté à la photo de ses films, a trouvé dans l’univers de Murakami un exhausteur de son talent. Avec le directeur photo, Mark Lee Ping-bin, il débusque le sublime dans les paysages du Japon. Prairies d’herbes secouées par le vent, neige brumeuse ou côte rocheuse que la mer vient frapper, la beauté de ces plans magnifiques dit aussi l’imminence du drame. Pour filmer l’inquiétude des personnages, toujours en déséquilibre, en hésitation, il trouve des lumières changeantes, des mouvements de caméra fluides. Tran Han Hung : « Pour un film dont le thème est la formation de la personnalité à travers l’incertitude de l’amour, la souffrance de perdre l’être aimé, le miracle du retour à la vie après le deuil par une voie extrêmement audacieuse, la collaboration avec Mark est une évidence pour sa façon de bouger la caméra qui donne à l’image une sensation d’instabilité et de flottaison exprimant une profonde inquiétude face à la fragilité de l’existence. »
Tourné au Japon, avec des acteurs japonais dont le réalisateur ne parle pas la langue, le film trouve une justesse particulière, faite de distance, de syncopes et d’émotions vibrantes. La distance étant donnée par les différences culturelles que l’intensité des émotions efface ensuite. La musique aide au rythme de la narration et trouve une place d’autant plus importante qu’elle est indispensable pour le romancier, toujours soucieux de citer des musiques réelles, comme la chanson des Beatles Norvegian Wood qui donne son titre anglais à l’ouvrage. Pour la bande son, le cinéaste a fait appel, une nouvelle fois, à Jonny Greenwood.
Cette Ballade est sombre, intimiste, parfois lente, parfois déchirante. Elle est portée par le souffle de la poésie lyrique et exacerbée de Murakami que Tran Han Hung met en images, en jeu et en mélodies. Mais, à l’instar de son personnage principal, résolument optimiste, cette Ballade célèbre la vie librement acceptée, où l’impossible n’est plus une option.
Magali Van Reeth
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