Improvisation à l’orgue, mixage d’images vidéo, création sonore par l’ensemble SAMARKAND à l’Eglise Saint Polycarpe samedi 26 novembre à 20 h 30
La BASA hors les murs
La 8ème Biennale d’Art Sacré Actuel à l’Eglise Saint Maurice/Saint Alban Lyon 8ème
Europolis
de Cornel Gheorghita
Roumanie/France, 1h40, 2010.
Sélection officielle Festival d’Erevan 2011, prix œcuménique.
Sortie en France le 2 novembre 2011.
avec Adriana Trandafir et Aron Dimeny
Un voyage burlesque et poignant à travers l’Europe permet d’aborder les questions de la vie après la mort et surtout de la transmission, pour une jeunesse perturbée par les problèmes économiques.
Dans la tradition populaire et religieuse de la Roumanie, l’âme des morts traîne sur la terre pendant 40 jours après le décès. Certains le savent, le croient, et respectent avec humilité les rites et les gestes à accomplir dans ces moments-là . D’autres s’en fichent, comme Nae, un jeune homme sans travail et sans avenir.
Il habite à Sulina, petit port à l’abandon sur le Danube, autrefois siège de la prestigieuse Commission du Danube. Lieu riche d’une histoire très ancienne qui a vu passer les grecs, les ottomans, les maltais, les britanniques, les turcs et les soviétiques, Sulina est aujourd’hui en perdition dans une Europe qui a du mal à se construire, comme Nae.
Sous une apparente légèreté et avec un soupçon de burlesque, Europolis nous embarque dans un voyage épique, où il faut trouver l’âme d’un inconnu et hériter de son étrange bagage. Nae et sa mère ne sont jamais sortis de chez eux, ils vont confronter leur savoir-faire pour avancer.
Le souffle de ceux qui sont partis pour ne plus revenir traverse les belles images de ce film inhabituel. Europolis, à jouer sans cesse entre symbolisme et fiction, cinéma et Histoire, montre combien l’art et la foi sont une question de croyance. Comme pour le personnage de Nae, il faut accepter une part de mystère, de chahut intime et de merveilleux, pour reconnaître ses origines, pour se laisser toucher par la grâce, pour accepter la magie du cinéma.
La grande force du film est de nous faire accepter l’incroyable. On part d’une situation très concrète et banale – un jeune homme sans travail vit au crochet de sa mère et sans projet d’avenir, méprise son entourage – pour peu à peu pénétrer dans un univers où se mêlent les traditions africaines, l’art brut, les rites funéraires roumains, le capitalisme sauvage et les bêtes qui ne le sont pas, les trop jolies femmes, le désir d’une Europe prospère. Peu à peu, comme Nae est prêt à accepter ses racines et le retour à soi, le spectateur est prêt pour la traversée du fleuve en compagnie des fantômes, des vivants et des morts, des bêtes et des humains.
Un film attachant qui a reçu le prix œcuménique au Festival d’Erévan, en Arménie, en juillet 2011 : « Dans ce road movie, la mort n’est pas une fin mais un nouveau départ pour un jeune homme sans avenir. Le voyage à travers l’Europe avec sa mère lui permet de changer. Cornel Gheorghita raconte son parcours avec des images d’une grande beauté, où opère la magie du cinéma. Son symbolisme renforce la frontière entre la vie et la mort. »
Plus d’infos sur l’histoire de Sulina et les différentes traditions roumaines qui ont inspirées le film en visitant le site http://www.europolis-film.com/?lang=fr
Il était une fois en Anatolie
de Nuri Bilge Ceylan
Turquie/Bosnie, 2h37, 2011.
Sélection officielle Festival de Cannes 2011, grand prix du jury.
Sortie en France le 2 novembre 2011.
avec Yilmaz Erdogan, Taner Birsel, Ahmet Mumtaz Taylan
C’est en se dépliant, avec des images lumineuses, que cette enquête policière dans la campagne d’Anatolie, révèle tous les secrets de ses protagonistes, et la complexité de nos rapports au Bien et au Mal.
Les précédents films de Nuri Bilge Ceylan, Uzak (2004), Les Climats (2007) ou Les Trois singes (2009) étaient empreints d’une grande noirceur, et même de désespoir, ce qui les rendaient un peu difficile d’accès malgré leur grande qualité artistique. Avec Il était une fois en Anatolie, le réalisateur semble avoir trouvé une sorte d’apaisement, au moins dans sa façon de filmer. A l’image de l’ouverture irradiante de la première scène, un parfait moment de cinéma qui plonge le spectateur dans un état contemplation lumineuse. L’or de la campagne au crépuscule, se reflétant sur la paille claire des champs moissonnés, est la promesse que le désespoir, cette fois, sera tenu à distance
Sous l’apparence d’un film policier, Il était une fois en Anatolie met en scène un groupe de personnages qui cherche, non pas le coupable mais le corps de la victime. C’est une longue errance dans la nuit et sur les petites routes. On cherche un corps, on cherche des réponses, on avance sans hâte et avec beaucoup de circonvolutions. A travers des conversations anodines, des petits gestes, les erreurs et les doutes, les personnages prennent forme. Le rythme du film colle à cette lenteur et à ces hésitations mais recèle d’incroyables rebondissements.
Comme un triptyque, le film se déploie autour d’une scène centrale. Chaque partie ou tableau étant articulés aux autres, indépendant et complémentaire. Celui du milieu, dans la peinture religieuse, étant le lieu de la sanctification… On commence à gauche par la genèse de l’histoire, un crime reconnu par tous, y compris par son auteur, qui permet d’entrer dans le quotidien de cette petite bourgade rurale d’Anatolie. Dans la partie centrale, une scène magnifique, presque merveilleuse. On est au milieu de la nuit, les personnages s’assoupissent, les spectateurs aussi, et soudain, une apparition, un ange, nous électrise. La jeune fille qui sert le thé est une incarnation de la grâce, de la beauté et du Bien. Un merveilleux moment de cinéma. Ensuite, sans qu’on s’en rende vraiment compte, le film change de quête et c’est une autre disparation qui vient sur le devant de la scène.
Nuri Bilge Ceylan soigne les très belles images de ce film et, avec un subtil enchainement de micro-événements, arrive à un dénouement qui n’est plus celui recherché au début du film. Comme dans ses précédentes réalisations, il questionne la duplicité de la nature humaine et la façon dont nous percevons le Bien et le Mal. Mais cette fois, sans amertume ni désespoir comme le montre la scène finale. Nous sommes revenus dans le village où la vie ne cesse pas, où les enfants jouent au ballon et continuent d’avancer, plein d’espérance, dans les chemins tracés par leurs pères. Un grand film, simple en apparence, beau jusque dans les moindres détails et qui bouscule la conscience des spectateurs.
Partage en images
Le 4ème mercredi du mois, à 20h30, venez voir un film et participer au débat après la projection.
Les films au programme cette année :
23/11/2011 : La Vie est belle, It’s a Wonderful Life
de Frank Capra (1946 / 2h09)
25/01/2012 : Fahrenheit 451
de François Truffaut (1966 / 1h52)
28/03/2012 : Une histoire vraie, The Straight Story
de David Lynch (1998 / 1h51)
25/04/2012 : Good Bye, Lenin
de Wolfgang Becker (2002 / 1h58)
23/05/2012 : Le Procès de Jeanne d’Arc
de Robert Bresson (1962 / 1h05)
27/06/2012 : Soyez sympas, rembobinez, Be Kind Rewind
de Michel Gondry (2007 / 1h34)
Les projections ont lieu dans la salle paroissiale du 10 rue François Dauphin, à 20h30. Libre participation aux frais.
Contact :
Didier Lamy
courriel : 69lamy@gmail.com
L’Exercice de l’état
de Pierre Schoeller
France, 1h52, 2011.
Festival de Cannes 2011, sélection Un Certain Regard, prix Fipresci.
Sortie en France le 26 octobre 2011.
avec Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman, Laurent Stocker, Sylvain Deblé.
Un film d’action, prenant et fin, sur la vie quotidienne dans un ministère de la République française, avec d’excellents acteurs, Olivier Gourmet et Michel Blanc.
Après une scène d’ouverture, inspirée d’un ballet de Pina Bausch et qui désarçonne le spectateur, le film est mené pendant près de deux heures sur un rythme haletant. La vie d’un ministre de l’état français et de ses proches collaborateurs est une course contre le temps, l’actualité, les électeurs et les adversaires de tous bords. En déplacement, (voiture ou hélicoptère), le téléphone portable toujours allumé et en activité, le ministre, pour être sûr de ne rien rater, d’occuper au maximum l’espace médiatique et d’assurer son avenir politique, vit à un rythme chaotique.
L’Exercice de l’état est un film d’action sur le quotidien étourdissant d’un homme puissant. Les boiseries dorées et les meubles élégants de son bureau, le garde du corps toujours à ses côtés et sur le qui-vive, la chargée de communication qui juge ses moindres mots, son conseiller en costume trois-pièces et l’avidité des médias, participent à la mise en scène républicaine qui conforte le ministre dans l’importance de son rôle. Un ministre est un homme de pouvoir mais a-t-il la puissance d’agir ?
Au cœur du film, un couple formé par le ministre des transports et son directeur de cabinet. Le ministre vit à 100 à l’heure, inquiet de déplaire, cherchant la petite phrase qui lui donnera l’attention des médias, et la grande réforme qui lui assurera une place parmi ceux qui comptent. C’est un homme qui sait plaire, émouvoir, qui réagit avec son corps, ses impulsions et ses désirs. L’acteur Olivier Gourmet lui donne un corps massif, rassurant et frémissant. Parfaitement à l’aise dans les ors de la République et les chaussures à 2000 euros. Les luttes politiques sont impitoyables, il essaye de rester honnête avec ses convictions, pleure face à la mort.
Avec lui, son principal conseiller, le directeur de cabinet, est un énarque moulé au service de l’état. Un homme rigoureux, intellectuellement brillant, capable de lire et de digérer les dossiers techniques les plus ingrats en une nuit. Il est en retrait, indispensable. Dans leur relation, le passage constant du vouvoiement au tutoiement, si caractéristique de la langue française, est chargé de sens et de subtilité : une des réussites de la mise en scène où les dialogues sont ciselés. Michel Blanc donne à ce personnage du directeur de cabinet une présence remarquable, entre finesse, élégance et discrétion.
Pierre Schoeller nous donne un grand film, tout en intelligence. S’il dissèque l’exercice du pouvoir avec un œil impitoyable, il n’enferme jamais ses personnages dans un rôle caricatural. La complexité de l’exercice de la charge politique est exposée avec une attention rigoureuse, qui s’attache aussi bien aux détails qu’aux réactions physiques. Pour le réalisateur, le défi était de « se coltiner la réalité de la pratique du pouvoir et de la confrontation émotionnelle. C’est tout un spectacle de construire sa propre morale« . Traité comme un film d’action, le scénario s’arrête et repart, avec des rebondissements saisissants, comme la vie politique !
Dans son précédent film, Versailles (2008), Pierre Schoeller abordait avec brio et grâce la question des exclus dans notre société. Après les bas-fonds du Congrès, il passe au perron de l’Elysée. Pour lui, ces films sont complémentaires et pourraient mener vers un troisième volet traitant de la Révolution française : « Mes films s’éclairent les uns les autres, c’est un état des lieux de la France. Après mon premier téléfilm, Zéro défaut (pour Arte), j’ai compris qu’il était passionnant de s’attaquer à une institution, de radicaliser un point de vue. » Quel bonheur de voir un cinéaste aussi brillant dans la réalisation qu’exigeant dans le choix de ses sujets !
Poulet aux prunes
de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud
France/Belgique, 1h33, 2011.
Mostra de Venise 2011.
Sortie en France le 26 octobre 2011.
avec Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Edouard Baer.
Un peu de mélancolie, une goutte d’orient, une pincée de nostalgie, beaucoup d’humour, un soupçon de tristesse et du talent à profusion, telle est la recette du nouveau film de Marjane Strapi.
Une recette de cuisine ce Poulet aux prunes ? Non, un conte qui emporte le spectateur dans la Perse mythique du début du 20ème siècle, mêlant astucieusement la fable classique et les contes orientaux. Usant avec impertinence de la grammaire du cinéma, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud laissent de vrais acteurs évoluer dans un magnifique décor peint. Dans le Téhéran des années 1950, Mathieu Amalric et Maria de Medeiros forment un couple mal assorti qui boîte entre cruauté et tendresse sous les yeux grands ouverts de leurs deux enfants.
Les deux réalisateurs trouvent le ton juste, entre humour grinçant et mélancolie, et les techniques adéquates, pour faire évoluer leurs personnages dans un monde à la fois féerique mais terriblement ordinaire. Loin du graphisme de leur premier film Persepolis, ils créent un univers totalement inédit entre la bande dessinée et le cinéma. Le résultat est saisissant, on a vraiment l’impression d’être à l’intérieur de cette fable, partageant avec les acteurs le poulet aux prunes mitonné avec amour par une ménagère délaissée, pour son artiste de mari qui s’étiole de mélancolie.
Marjane Satrapi : « Pour moi ce livre correspond plutôt au portrait de l’artiste, sans parler du fait que ce personnage est un membre de ma famille et que j’aime beaucoup écrire sur les gens dont je connais l’histoire. On fait tout un flan autour de l’Artiste. Mais l’artiste est avant tout un être égocentrique et narcissique qui se voit comme le centre du monde, convaincu non seulement qu’il écrit des choses extraordinaires mais aussi que les gens doivent payer pour les apprécier, et il faut qu’ils l’adorent et l’applaudissent. Nous sommes tous comme ça. De façon générale c’est l’expression même de nos névroses. Si vous êtes content vous n’arriverez pas à écrire des poèmes magnifiques. Il faut que vous soyez un peu dans un état mélancolique. C’était ce que je voulais montrer de l’artiste. Parce que je connais bien tout ça, je suis moi-même égocentrique et narcissique, ben voilà , c’est comme ça. »
Auteure de bandes dessinées reconnue et confirmée, Marjane Satrapi avait décidé de porter à l’écran sa série Persepolis, avec l’aide de Vincent Paronnaud. Présenté au Festival de Cannes en 2007, ce film d’animation avait été un beau succès mais la réalisatrice reconnaissait que cela avait demandé beaucoup plus de travail qu’elle n’avait imaginé au départ. Cette fois, les réalisateurs ont décidé de changer de technique et de mettre des vrais acteurs dans un décor dessiné. Et ils ont adapté un autre titre de Satrapi, Poulet aux prunes, prix du meilleur album de l’année au festival de la bande dessinée d’Angoulême 2005. Une vraie réussite qui confirme leur talent de réalisateurs.
Concert Selva Vocale
l’Eglise Saint Polycarpe accueille, dimanche 6 novembre à 17 heures le groupe Selva Vocale, sous la direction de David Hobourn pour un concert voix et orgue…
La foi dans la culture contemporaine à Lyon
Nous avons une grande chance à Lyon, celle d’avoir des lieux différents où la question de la foi dans la culture contemporaine peut être abordée.
Hors Satan
de Bruno Dumont
Festival de Cannes 2011, sélection Un Certain Regard.
France, 1h50, 2011.
Sortie en France le 19 octobre 2011.
avec David Dewaele, Alexandra Lematre.
Dans les rudes paysages du Nord de la France, passe un homme mystérieux, solitaire, priant et guérisseur. Un film âpre où se mêlent la grâce et le Mal dans de sublimes moments de cinéma
A travers tous ses films, Bruno Dumont a montré qu’il était un réalisateur inspiré et exigeant, profondément marqué par la figure du Christ. On peut voir toute son œuvre comme la douloureuse quête d’une présence divine, bien que le réalisateur se dise athée. Il traite la question du sacré, de la transcendance et du mal dans la société actuelle, avec une obstination troublante. Comme le paysan de la fable qui racle son champ pour y trouver un trésor. Dans ses films, la rencontre entre la grâce des paysages et la violence obscène des hommes se traduit par une empoignade physique qui laisse de nombreux spectateurs en état de profond malaise. Qu’ils soient ou non croyants.
Le titre même de son dernier film, Hors Satan fait référence à l’écrivain Georges Bernanos et à son roman Sous le soleil de Satan. Le personnage principal est un solitaire, un taiseux, un guérisseur. Il arpente avec calme les landes austères des plages de la mer du Nord. Une jeune femme le suit, presque à la trace, de façon quasi animale. Peu de personnages, peu de dialogues, du mystère épais comme la brume d’automne, du silence et le vent qui doit bien finir par rendre fou.
Par moment, la caméra se pose sur un champ, au lever du soleil, découvrant deux silhouettes à genoux, comme en prières. Et le juste équilibre entre la lumière, la composition du plan et ce qu’il éveille en nous spectateur, donne à voir du sublime, un tableau de maître. Le réalisateur arrive à faire passer une présence physique, à donner une âme à cette image, à y mettre ce que certains peuvent nommer la présence physique de Dieu Dans d’autres plans, la violence éclate en l’absence de bruits, que ce soit un accouplement sans aucun geste de tendresse, les traces d’un meurtre ou un regard plein de haine. On verra aussi des symboles et des références bibliques tout au long du film, que ce soit un personnage qui marche sur l’eau, une croix, un brasier purificateur ou un miracle.
Ce mélange de beauté fulgurante, qui saisit vraiment le spectateur, et de malaise ressenti en quasi permanence dans les plans les plus ordinaires, est la marque des films de Bruno Dumont. Partagé entre la douceur de la contemplation et l’incarnation du mal, on est plongé au cœur même de l’énigme du cinéma.
Dans le cinéma contemporain, le travail de Bruno Dumont est remarquable. D’une part, par sa maîtrise de plus en plus poussée de la mise en scène et de l’écriture cinématographique ; d’autre part, par sa volonté, en tant que non croyant, de traiter de la question du mysticisme, de la foi, de la religion dans notre société actuelle. Hors Satan est un film énigmatique, trempé dans des symboles religieux qu’il est souvent difficile d’interpréter. C’est un film dérangeant, où l’obscène et la grâce se font écho, le miracle et le parjure peuvent heurter. C’est un univers dépourvu de joie. En l’absence de Dieu, la douleur des hommes se cogne aux sillons de la terre.
En prolongement du film Hors Satan, voici quelques extraits d’un entretien entre Bruno Dumont et le journaliste de cinéma Jean-Michel Frodon, tirés du document édité par le Groupement national des cinémas de recherche et Pyramide (distributeur film en France).
La mise en scène : « La mise en scène vise à rendre visible la force qui émane de personnages et de situations qui, en eux-mêmes, sont souvent ordinaires, ou pourraient passer pour tels en étant filmés autrement Ces rapports de force constituent l’art probable de la mise en scène elle-même. »
Le miracle : « J’ai longtemps cherché comment filmé une telle situation d’une manière qui n’implique pas une relation à la religion. Je ne suis pas croyant, mon film ne contient l’exigence d’aucune autre foi que dans le cinéma. Puisque pour moi, le cinéma c’est ce qui permet de faire place à ‘extraordinaire dans l’ordinaire, et de laisser percevoir ce qu’il y a de divin chez les humains, de l’éprouver. C’est ce qui rapproche le cinéma de la mystique : la mystique dit « regardez la terre, vous verrez le ciel ». Et bien e cinéma, avec ses appareils peut faire ça. Et il n’a plus besoin de religion pour autant. »
Le décor : « J’ai besoin de cette puissance de la nature pour donner de l’intensité à des scènes où souvent il va se passer des choses très simples. »
Le bien et le mal : « Il s’agit de se confronter à ce monde, et à la possibilité d’agir, pas d’aller prêcher ce qui est bien ou ce qui est mal. Le film ne fait pas la morale, il prend acte de gestes. Il est par-delà le bien et le mal, à sa manière. Et après, ça se passe dans le for intérieur de chacun : le film a vocation à susciter les réactions de chacun pour lui-même, pendant et surtout après le film, à partir des expériences éprouvées pendant qu’on le regarde. Je ne fais absolument pas un « cinéma d’idées », je fais un cinéma de sensations, à partir des paysages, des présences physiques, des sons. »
Filmographie
1997 : La Vie de Jésus
1999 : L’Humanité
2003 : Twentynine Plams
2006 : Flandres
2009 : Hadewijch
2011 : Hors Satan
site Bruno Dumont : http://www.brunodumont.com/