Article/ BASA 2015 -Le livre d’or de Franck Castany

Le livre d’or

Àl’issue de l’exposition, les visiteurs ont la possibilité d’écrire sur un livre d’or. Il
est étonnant qu’il ne soit plus nécessaire de préciser à  quoi sert l’objet. Celui-ci est rentré dans le champ symbolique : sa simple monstration équivaut à  une parole : « vos impressions ? ». Le livre d’or vient en quelque sorte prolonger la formidable expérience de liberté que sont venues nous offrir toutes ces œuvres en ce lieu : libre de poser un regard, libre de se laisser interroger et libre de répondre. Le livre d’or en fin de parcours nous rappelle peut-être que toute liberté ne peut porter du fruit que dans une responsabilité qui, dans le cas qui nous concerne, n’est pas obligation, ni même devoir, mais possibilité de répondre de ses actes. Avant le livre d’or, le visiteur a déjà  répondu dans l’acte de lecture qu’il a faite des œuvres, individuellement ou bien avec d’autres : amis, parents ou médiateurs. Mais par l’écriture, il répond par la matière à  la matière. On peut parler de dialogue.
Pourquoi ce livre est-il d’or ? Quand on est embarqué dans une exposition d’art, il est d’usage de consentir à  accueillir tous les signes qui se présentent. L’art du XXe siècle nous a appris à  être attentifs non seulement à  l’œuvre, mais également à  tout ce qui l’entoure. Pour une Biennale d’Art Sacré, il n’est donc pas incongru de se demander pourquoi donner à  un livre vierge appelé à  être complété, la couleur du sacré. On répondra sans doute un peu rapidement que cet or n’est qu’une banale convention plastique, qu’en réalité l’or n’est mentionné que pour mettre en valeur l’objet qui autrement passerait inaperçu.

Son contenu

Je voudrais maintenant m’appuyer sur son contenu pour tenter d’approcher cet or ; en effet, un livre d’or peut se comprendre de deux façons. Soit il est tout en or ; soit il contient de l’or. De prime abord, je ne vois d’or que sur la première de couverture, sur les mots « livre d’or », de sorte que le fond et la forme se trouvent confondus. Mais la plupart du temps, le livre est déjà  ouvert prêt à  recevoir notre trace. Qu’y a-t-il de plus précieux que cette disponibilité ? Ce que je suis est attendu, recherché, désiré. Alors,
je peux lire des signes comme autant d’êtres en confiance.
Les premiers mots sont comme une prière : « En vous souhaitant une bonne et longue visite ». La fréquentation des œuvres devient comparable à  une rencontre entre deux êtres. Il faut du temps pour apprendre à  se connaître. Quelqu’un s’adresse aux artistes : « votre don à  représenter la vie ». J’interprète le « représenter » moins comme une imitation de la vie que l’action de la rendre présente à  nouveau sans pour autant diminuer son intensité.
La figure de l’artiste transparaît bien sûr derrière les œuvres : « ces gardiens de l’invisible », « ils nous ouvrent des chemins », autant de paroles pour dire que tout n’est pas dit, que les œuvres représentent, au sens ici de venir pour, une vision qui échappe à  l’artiste. L’œuvre devient ainsi un dispositif créateur de ligne de fuite ; l’œuvre comme port du regard. Pour autant, il y a déjà  de grands défis, de grandes audaces à  présenter ce port. Seulement, le geste de l’artiste gagne souvent à  aménager une réserve dans sa créativité, vide dans le plein qui laisse toujours à  l’œuvre la possibilité toujours renouvelée d’advenir.

Les adultes

Un visiteur apprécie de « grandes générosités » ou « ses visions ». Je cherche dans mon dictionnaire et je trouve une définition de 1590 : générosité : qualité qui élève
l’homme au-dessus de lui-même. Ainsi je conserve mon regard ouvert sur le large, avec le chant des mouettes et les vapeurs iodées. Le mot vision est intéressant alors qu’il exprime une pluralité de réalités. Il est l’acte de voir, mais également l’objet du voir : canal et tableau. Ainsi lorsque je suis face à  un tableau j’ai tout intérêt à  apprécier autant le tableau en lui-même que moi regardant le tableau, et remonter pourquoi pas au regard de l’artiste qui élabore son œuvre. Une vision digne de ce nom doit certainement exciter jusque-là  mon imagination qui saura discerner dans l’œuvre myriades de dialogues. Il n’est pas rare d’entendre dire que l’artiste expose sa vision du monde. Il y a de grandes chances pour que le monde qui m’est présenté ne soit pas vide, et même que je sois dedans. L’artiste n’a peut-être pas pensé à  moi quand il a créé, mais je crois être dans son monde. À l’intersection de deux formes, je me reconnais.
Ecce homo.
Un visiteur s’est décollé du détail des œuvres : « L’homme recherche cette beauté- bonté ». Comment comprendre cette « beauté-bonté » ? Cette réflexion rejoint mon propre chemin de conversion. J’avais 25 ans, je ne me disais pas chrétien et il m’arrivait d’accompagner un ami orthodoxe le dimanche à  la divine liturgie. J’ai été saisi par la beauté du chant byzantin. J’associe aujourd’hui clairement cette beauté à  la bonté de Dieu qui est Seigneur et qui donne la vie. Bonté d’avoir illuminé mon cœur de cette manière-là , dans cette langue que je ne comprenais pas (le slavon) et à  ce moment-là . C’est bien après que je me suis ouvert au contenu de la foi pour lequel j’avais eu ou on m’a laissé le temps d’aménager un espace. Je pouvais alors accueillir dans ma vie Jésus Christ, mort et ressuscité. Pour le croyant que je suis, l’art véritable comporte toujours le reflet de l’art divin, l’art de rejoindre l’homme là  où il en est. Cette beauté-bonté pourrait être l’un des noms de Dieu.

Les enfants

Des paroles d’enfants (écrites peut-être par un adulte) simplifient souvent tout notre appareillage ou l’amplifient : « il y avait des tableaux plutôt tristes, et d’autres qui étaient un peu ce qu’on ressent quand on va au yoga, qu’on est calme ». Les enfants aussi disent sans savoir. Les mots yoga et joug ont la même racine indo-européenne. Ainsi, je suis d’accord, quand je pratique le yoga et que je regarde un tableau, je peux me sentir calme tout en consentant à  porter un joug, image d’une vie complexe et qui me fait parfois terriblement souffrir. Je consens à  la porter ce qui, quelque part et de manière mystérieuse, me rend calme. « Mon joug est facile à  porter, et mon fardeau léger » nous dit Jésus. Quand je suis face à  l’art, je me prépare à  porter plus de poids
qu’auparavant. Mais à  mesure que je porte, j’ai mystérieusement la force pour porter.
Livre d’or
Le livre d’or ne comporte pas pour le moment beaucoup de références au thème « Demain ». J’en relève une, probablement celle d’un enfant « chrysostome » ou « bouche d’or » et qui va temporairement interrompre ma logorrhée : « C’est la vie,
demain, c’est la vie ».
Le livre d’or porte bien son nom.

Franck Castany
Rédigé avant la fin
 de la BASA, 

le 7 novembre 2015

http://confluences-polycarpe.org/wp-content/uploads/2014/05/janvier-2016internet.pdf

Chronique cinéma – A peine j’ouvre les yeux

de Leilah Bouzid

avec Baya Medhaffar, Ghahia Benali,

Drame franco-tunisien. (2015) 1h45.

Un 1er film plein d’énergie sur la vie de jeunes tunisiens partagés entre leur liberté de chanter et les lois restrictives du régime. Un apprentissage douloureux très justement incarné par de jeunes comédiens eux-mêmes musiciens.

A quelques mois du printemps tunisien, dans une ville moyenne du bord de mer, des jeunes vivent, aiment et s’amusent comme d’autres jeunes ailleurs en Europe. Farah, jeune fille brillante et libre, attend les résultats du bac. Avec ses copains Ali et Borhene elle a crée un groupe dont elle est la chanteuse. Ils se produisent dans des cafés où les paroles de leurs chansons expriment leur ras du bol du régime, les conditions de vie qui leur sont faitesSon père a été obligé de partir loin dans le pays pour trouver du travail. Sa mère tremble chaque soir lorsque Farah sort dans les bars de la ville.

C’est une chronique à  la fois pleine d’énergie et de désenchantement que Leilah Bouzid décrit sur la jeunesse tunisienne. Pleine d’énergie car ces jeunes gens se sont affranchis des interdits de leurs parents et vivent leurs passions musicale et amoureuse librement. Mais la réalisatrice petit à  petit fait peser sur ses personnages le regard et le poids de ceux qui traquent les dissidents, les opposants au régime. Ali est d’ailleurs un indic infiltré.
Dès lors, le film bascule dans un thriller politique. La jeune Farah y perdra beaucoup d’illusions. Arrêtée, elle en ressort intérieurement brisée. Sa mère revivra à  ses côtés les élans qu’elle avait eus elle-même à  son âge.
La révolution est-elle impossible ? Les évènements qui se sont passés réellement par la suite en Tunisie prouvent que non, mais à  quel prix ! Leilah Bouzid a voulu montrer combien cela avait été dur de vivre sous la pression du régime de Ben Ali.

Il y a dans ce 1er film toute la fougue que l’on peut avoir à  18 ans que l’on soit de ce côté-ci de la Méditerranée ou de l’autre. Les problèmes sont ressentis de la même façon, l’amour de la musique est identique. Même si il est bien plus difficile à  Tunis d’exprimer ses opinions
La jeune Baya Medhaffar qui incarne Farah a un visage rayonnant et une voix envoûtante. Son ami Borhene pourrait chanter dans les bars du 11ème arrondissement à  Paris avec sa coiffure rasta ! La mère de Baya est jouée par une actrice tunisienne connue et montre à  quel point la cause féminine est un révélateur de l’état d’un pays. Les hommes se révèlent peu présents ou corrompus
Ce film fait penser à  celui des « Terrasses » qui se passait à  Alger mais il annonce un printemps tunisien davantage porteur d’espoir même si tout cela reste fragile aujourd’hui.

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19559050&cfilm=235875.html

Chronique cinéma – Star wars

un film de JJ Abrams
avec Harrison Ford, Carrie Fisher, Daisy Ridley.
Film d’aventures. USA 2015. 2h41.

Un 7ème épisode réussi qui revient aux sources de la saga avec de somptueux effets spéciaux. Le bonheur de retrouver les héros de ce film culte l’emporte sur certaines faiblesses du scénario. Un fabuleux voyage d’aventures dans le temps et l’espace.

Comment recevoir un film culte sans avoir regardé les 6 épisodes précédents ? C’est à  cette expérience que je me suis lancée en allant voir ce 7ème opus intitulé « Le retour de la Force ».
Il est bien difficile de résumer en quelques lignes des heures d’histoires. En faisant simple, il est question d’aventures dans des galaxies parallèles entre les Jedi et les Sith, des communautés toutes mues par la Force de l’Esprit. Celle du bien pour les premiers, celle du mal pour les seconds. Ces groupes sont composés d’humains mais aussi d’humanoïdes, d’animaux dotés de langage, de machines intelligentes. Chaque groupe défend son territoire, ses valeurs, ses membresOn est dans les entrailles de la terre ou aux confins de l’univers. La question de notre passé et de notre avenir est présente en permanence.

Mais cet apparent simplisme (!) cache les aspects complexes de l’âme de ces héros. Il est bien difficile d’affirmer le choix du bien ou d’échapper à  la séduction du « vilain » et c’est ainsi que des Jedi passent dans l’autre camp provoquant la peine des leurs et la quête de ceux qui les aiment pour les voir revenir dans leur communauté d’origine, repentis.
Star Wars, c’est tout le combat à  la fois moral et guerrier entre le Bien et le Mal.
Pour le vivre et le porter, les parents, les grands-parents, la filiation est importante. C’est dans ce processus d’identification ou de rejet que se construisent les héros de chaque épisode.
Et lorsque cela échoue, le héros s’enfuie, et va se cacher loin des siens.

On l’aura compris, de puissants mythes nourrissent l’imaginaire de Georges Lucas, le « père » de Star Wars. Et il a réussi à  séduire des millions de spectateurs car il a su inventer un univers personnel, somptueux, parfaitement « crédible » : ce mélange d’humanoïdes casqués, d’animaux et d’humains nous fait voyager dans l’histoire de l’humanité. Depuis nos ancêtres jusqu’à  ceux qui nous suivront peut-être un jour. Le vertige devant l’immensité de la galaxie, la démesure des vaisseaux spatiaux, la beauté des effets spéciaux ne peuvent que séduire nos jeunes générations (et nous même !) élevées dans un monde d’images et de technologies. Tout en étant conscient de l’immense business qui accompagne la saga Star Wars.
En outre, ce 7ème épisode réalisé par JJ Abrams et non plus G Lucas revient sur les mythes fondateurs de la saga. On retrouve Harrison Ford vieilli, Carrie Fisher son épouse, parents d’un Jedi qui s’est « perdu ». La nouvelle héroïne est une jeune femme, Ray, (délicieuse Daisy Ridley) qui semble être l’« élue ». C’est à  elle que revient l’honneur de retrouver le dernier Jedi, Luke, parti vivre « caché ». Est-ce lui qui va devenir le sauveur ?
Les fans ont applaudi massivement à  ce retour aux sources, à  la possibilité de se replonger dans l’atmosphère de l’univers qui avait bercé leur enfance. Le premier épisode est sorti en 1977 !

Le mythe Star Wars survivra à  la disparition de son « père » de création… A défaut de devenir immortel il est éternel !

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19558259&cfilm=215097.html

Les mardis du Prado – Paroles d’actualité / L’Évangile regarde le monde – Inauguration de l’exposition photographique – Joseph Folliet (1903-1972) et les débuts des Compagnons de Saint François.

Mardi 5 janvier à  18H30

9 rue Père Chevrier, 69007 Lyon

Au cours de la présentation de documents sur la vie et l’œuvre de Joseph Folliet, nous entendrons l’Hymne à  la joie de Joseph Folliet ainsi que, jouée au violon, la musique qui l’inspira : 9e symphonie de Beethoven. Nicole Blaise a exercé des responsabilités dans un jumelage avec Francfort, l’un de ceux initiés par le Père Paul Gay dès 1983 dans un but de réconciliation franco-allemande. Elle partage son temps entre des activités familiales et associatives, mais aussi artistiques, dont le violon.

Cette rencontre sera l’occasion aux uns et aux autres de rappeler leurs souvenirs de Joseph Folliet ou d’évoquer ce que nous lui devons dans le christianisme social.

Depuis 1923, le jeune Folliet était tout acquis à  une mise en œuvre de la réconciliation entre les peuples. Son amitié avec Franz Stock en fut pour lui comme l’incarnation.

Exposition jusqu’en juin

Pour en savoir plus sur cet événement, suivre le lien : http://www.enmanquedeglise.com/2015/12/rappelons-nos-souvenirs-a-propos-de-joseph-folliet-ou-evoquons-ce-que-nous-lui-devons-dans-le-christianisme-social.html

Chronique cinéma -Au-delà  des montagnes

de Zhang-ke Jia
avec Zhao Tao, Sylvia Chang
Drame chinois (2015) 2h06. Sélection officielle (Cannes 2015).

Un film sur le temps qui passe, sur la permanence des sentiments avec la retenue et la sensibilité d’un cinéaste, Zhang-ke Jia, au mitan de sa vie et attentif aux questions de l’amour, de la vie, de la mortUne réflexion aussi sur le prix à  payer de toute évolution

« Au-delà  des montagnes » commence en 1999 dans la petite ville de Fenyang par le Nouvel An chinois fêté par une bande de jeunes dont Tao, une jeune fille chanteuse à  ses heures. Il se termine par une anticipation des années 2025 quelque part en AustralieTrois époques marquent l’histoire.
1999. Le personnage de Tao (jouée par l’épouse du réalisateur) est une jeune fille partagée entre deux hommes : Lianzi qui est mineur et Zang qui ne rêve que de réussite professionnelle. Après bien des hésitations, Tao va suivre ce dernier à  la ville voisine où il a racheté plusieurs usines. Ils vivent bien, ont un fils, Daole. Mais la mésentente s’installe, le couple divorce et Zang a la garde de son fils pour qui il envisage les meilleures écoles étrangères
2014. Tao est revenue vivre à  Fenyang. Son ex-mari lui a laissé une station-service. Elle est devenue riche et notable. A l’occasion du décès brutal de son père, déchirée, elle fait revenir son fils Daole qui a 7 ans. Les quelques jours passés avec lui seront déterminants pour tous les deux. A contre-coeur, Tao accepte de le voir s’éloigner d’elle et partir pour l’Australie. Il ne s’exprime plus qu’en anglais ! Daole emporte avec lui les clés de la maison.
2025. Australie. Daole (qu’on appelle Dollar !) et son père ont émigré. Le jeune homme est à  la faculté mais se sent complètement déraciné. Un lien amoureux va le rapprocher de son professeur de chinois, une femme d’âge mûr qui inconsciemment, lui rappelle sa mère qu’il croit avoir oubliéeAidée par cette femme aimante, il décide alors de revenir en Chine

C’est finalement un film sur le déchirement et la permanence des sentiments que nous propose Zhang-ke Jia avec Au-delà  des montagnes. Ce déchirement que peut provoquer les perceptions entre deux hommes comme le vit Tao, entre deux modes de vie (la Chine et l’Australie) entre deux langues (le chinois et l’anglais). Que reste-t-il du temps qui passe et des liens qui nous unissent aux gens aimés, à  nos enfants ? Un pays peut-il se renier pour sa réussite économique ?
Tao aura fait un choix amoureux la privant de son fils mais le lien à  sa ville n’aura pas été rompu ni celui des promenades au bord du fleuve ou la fabrication des traditionnelles ravioles.
Son ex-mari a choisi la réussite matérielle, l’exil, au risque d’être obligé de passer par une traductrice pour comprendre son fils qui ne parle maintenant que l’anglais ! Triste constat. Finalement, le fils choisira de renouer avec son histoire, sa vérité
Zhang-ke Jia réussit aussi à  nous rendre palpable cette évolution de l’histoire en utilisant des images qu’il a tournées à  différentes époques dans sa ville minière natale, Fenyang.
L’écran s’élargit à  chaque période commençant en petit format en 1999 pour finir en cinémascope pour les années 2025 où l’Australie apparaît saturée de blancheur irréelle.
Les sentiments sont retenus, joie comme chagrin. Tout est esquissé mais d’une manière très profonde, si forte dans l’intensité.
Dernière image du film : Tao danse comme en 1999 mais seule. Elle a tant vécu de choses pendant ces 25 années mais a gardé sa joie intérieure qu’elle exprime sous un manteau neigeux.
L’actrice Zhao Tao lui apporte toute sa sensibilité et sa grâce. Les retrouvailles sont proches

Marie-Noëlle Gougeon

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19558403&cfilm=229045.html

Spectacle musical-Malkha

Après plusieurs représentations au Palais des Congrès de Paris, Malkah débute sa tournée 2016 à  Lyon. Venez découvrir ce superbe spectacle musical à  l’Amphitéâtre Salle 3000 le samedi 23 janvier à  20h30.

Dans la lignée de Ourra qui retraçait le chemin des premiers Apôtres et avait attiré 25 000 spectateurs dans des salles prestigieuses (l’Olympia, le Palais des Congrès de Paris, le Zenith de Toulon), Malkah est une formidable fresque biblique portée par des chants, des décors, des costumes et une troupe que vous n’oublierez pas.

Réservez vite vos places !

Visitez le site www.malkah.fr pour en savoir plus sur le spectacle, les artistes, les dernières nouvelles et si vous faites partie des milliers de spectateurs qui ont déjà  vu Malkah

http://www.malkah.fr

Chronique cinéma – Le dernier jour d’Yitzhak Rabin

de Amos Gitaï
Docu-fiction Israëlien-français
avec Ishac Hiskiya Pini Mitelman. (2015). 2h40.

Vingt ans après l’assassinat d’Yitzhak Rabin par un juif extrémiste, le cinéaste Amos Gitaï revient sur cet événement traumatisant qui montre à  quel point les extrémismes politiques et religieux se rejoignent là -bas comme ici, hier comme aujourd’hui

Il y a vingt ans le 4 novembre 1995, Yitzhak Rabin, 1er ministre israélien, l’homme des accords d’Oslo et Prix Nobel de la paix, était assassiné sur la place des Rois d’Israël à  Tel Aviv après un long discours contre la violence et pour la paix. Son assassin : un étudiant juif religieux d’extrême droite.
Le cinéaste israélien Amos Gitaï a choisi de revenir sur cet évènement choc pour le pays et le monde en s’appuyant sur le contenu des travaux de la commission Shamgar. Celle-ci avait eu pour mission d’enquêter sur les failles du dispositif de surveillance du 1er ministre.

Aujourd’hui, la gauche israélienne n’a pas trouvé de nouveau leader, Israël n’a toujours pas tourné la page, et entretient une certaine culpabilité par rapport à  cet assassinat. C’est pour tenter de sortir de ces non-dits qu’Amos Gitaï a décidé de tourner ce documentaire.

Le réalisateur alterne des images d’archives de cette soirée du 4 Novembre avec des scènes rejouées à  partir du contenu des rapports de cette commission. On voit côte à  côte Shimon Pérès et Yitzhak Rabin devant des milliers de manifestants pour la paix et c’est très émouvant.

Amos Gitaï choisit aussi de montrer des images des semaines précédentes nous rappelant à  quel point le 1er ministre était la cible d’attaques verbales violentes, d’accusations graves. Représenté sous l’uniforme nazi, comparé à  un membre de la Gestapo, à  Pétain, Yitzhak Rabin est « condamné à  mort » par un rabbin car voulant donner la Terre d’Israël à  des « goys » !
A la Knesset, le 1er ministre est souvent empêché de parler. Dans les rues, les partisans du Likoud (dont Benjamin Netanyahou) scandent des condamnations et des mises à  mort sur des pancartes brandies par une foule chauffée à  blanc. On est en plein dans les accords d’Oslo, Israël a décidé de se retirer de la bande de Gaza mais Rabin prévoit déjà  les difficultés du processus si ce retrait ne s’accompagne pas de mesures aidant les Palestiniens.

Ce film choc, long, trop long (2h40) a le mérite pourtant de nous rafraîchir la mémoire et de resituer cet assassinat dans le climat de l’époque. Rabin avait été le héros de la Guerre des six jours mais s’était changé en « colombe » et souhaitait qu’Israël accepte de reconnaître la réalité palestinienne.
C’en était trop pour les « faucons » et les extrémistes religieux. Et c’est le fait le plus choquant de voir la justification de ce geste mortel dans des extraits de la Thorah cités et instrumentalisés par des rabbins : Celui qui donne la terre d’Israël à  un étranger est un traître et doit mourirEt une sentence ressemblant à  la fatwa musulmane est ainsi prononcée.
Il y a 20 ans comme aujourd’hui, lorsque l’extrémisme religieux (qu’il soit juif, chrétien ou musulman) nourrit l’extrémisme politique il aboutit à  la haine de l’autre même s’il est de son propre pays et 1er ministre de surcroît.

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19558657&cfilm=239860.html

Chronique cinéma – Le grand jeu

de Nicolas Pariser

avec André Dussolier Melvil Poupaud

Thriller français (2015) 1h39.

Un thriller politique réussi sur ces jeux de pouvoir et ces hommes de l’ombre fascinés par les chausses -trappes et les « mises à  mort » qui se finissent parfois dans le sang. Un très bon 1er film de Nicolas Pariser. André Dussollier au meilleur de sa forme.

Faut-il vraiment désespérer de la politique ? Le 1er film de Nicolas Pariser «Le grand jeu » le laisserait à  penser.
Il raconte les méandres et les « jeux de pouvoirs » auxquels se livrent des femmes et des hommes de l’ombre pour asseoir un pouvoir, défendre leur cause, placer leurs poulains. Tout est bon : la manipulation, l’infiltration, le mensonge.
A ce « petit jeu » un homme excelle. C’est Joseph Paskin (excellentissime André Dussollier), homme de réseau et farouche détracteur du Ministre de l’Intérieur qu’il espère faire tomber.
Pour cela il va approcher Pierre Blum, un jeune homme brillant, auteur d’un unique ouvrage politique à  succès dix ans auparavant et membre alors d’un groupuscule de gauche. Il représente le « camp d’en face ». Celui des étudiants, des militants qui espèrent de leurs vœux que le système va exploser, qu’une autre voie est possible.

Aujourd’hui fauché, en retrait, séparé de sa femme, Pierre Blum traîne son ennui. Paskin a des amis dans les médias, dans les sphères du pouvoir et ainsi il fait « sortir » opportunément dans la presse ou les discours du ministre ses propres idées !
Paskin va alors demander à  Pierre Blum d’écrire sous un faux nom, un pamphlet « L’insurrection qui vient » qui serait attribué à  tort à  l’un de ses anciens amis gauchistes, Louis, aujourd’hui retiré dans une ferme du Limousin avec ses anciens copains. Cette machination que monte J. Paskin n’ayant pour but que de mettre le Ministre de l’Intérieur dans l’embarras car se voyant reproché de ne pas contrôler ces groupes d’extrême gauche. P. Blum écrira le livre mais l’affaire ne se déroulera pas comme prévu. Tel est pris qui croyait prendre à  ce « Grand jeu » de dupes.

On ne peut s’empêcher de penser à  l’affaire de Tarnac (ces jeunes gauchistes emprisonnés sans réel motif de condamnation) et à  l’affaire Boulin car Paskin sera lui aussi retrouvé mort auprès d’un étang.
Mais le film délivre aussi un autre message plus général sur le sens de l’engagement, le rôle des intellectuels dans la prise de conscience politique des gens. Peut-on croire encore aujourd’hui à  un soulèvement populaire? Le ou les systèmes ne sont-ils pas si forts, si imbriqués les uns dans les autres que tout espoir de changement est vain ? Que reste-t-il alors ? L’amour ? Le bonheur ici et là  ? Se consacrer à  son environnement proche, retrouver des modes de productions et de relations à  échelle humaine ? Les idéaux collectifs semblent bien loin.
Pierre Blum sortira enfin un livre sous son véritable nom. Signe que l’espoir peut-être n’est pas perdu. Melvil Poupaud romantique à  souhait, prête ses traits à  cet d’écrivain égaré dans ce mécano trop grand pour lui. Le jeu de séduction entre lui et Dussolier est excellent.
Nicolas Pariser signe là  un thriller politique convaincant avec quelques facilités mais aux dialogues qui font mouche. Ce n’est pas si souvent dans le cinéma français pour qu’on le salue ici

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557692&cfilm=232217.html

Littérature- Son visage et le tien

Son visage et le tien

d’Alexis Jenni

A l’origine de la foi, il y a un mystère et ce sont les chemins de ce mystère qu’ Alexis Jenni explore à  travers un livre méditatif et profond « Son visage et le tien ».
Sa foi commence dans l’ignorance, le non-dit. Dieu se glisse dans le silence d’un grand-père croyant mais taiseux. Une foi présente et distante, pesante selon l’auteur qui n’a pas reçu d’enseignement religieux hormis ce temps où sa mère lui a lu la Bible comme on lit de belles histoires. Pourtant à  travers le vide et l’absence de Dieu, dont ses parents souhaitent même le tenir éloigné, Alexis Jenni va entrevoir la Lumière, percevoir le Souffle, accueillir la vitalité.
Ainsi en est-il de la foi pour Alexis Jenni. Ce n’est pas produit d’un enseignement mais une source, cachée, que l’on peut retrouver grâce à  l’expérience de nos sens, à  la découverte des sensations de notre corps porteuses de vérité.
« L’acte de croire est une confiance, un état de disponibilité, une sensibilité extrême de tous les sens, celui qui sent l’ensemble des sens, et que l’on pourrait appeler sens de la présenceLa foi dans sa conscience est une sensibilité. »
Croire, c’est retrouver le bon usage de ses sens et de ces sensations dont on nous a appris à  nous méfier. Mais il faut éviter les pièges car nos sensations peuvent être polluées par des perceptions conditionnées dont nous attendons l’accès immédiat et facile à  la réalité sans que cela nous conduise à  Dieu. Mieux vaut par exemple écouter le silence qu’une musique qui remplit du vide. Les sensations nous permettent d’accéder à  Dieu quand elles sont en prise avec l’intelligence, la pensée et surtout l’imagination. Voir, c’est voir ce que notre œil ne perçoit pas, voir l’invisible.
« On peut ne pas voir ce qui est, on peut tout autant voir ce qui n’est pas, car c’est la pensée qui voit, pas l’œil ; et le monde dans lequel nous vivons nous paraît toujours plein, toujours exact, toujours évidente, pauvres grands singes forestiers que nous sommes. »
Le goût, l’odorat, ces sens primitifs nous donnent accès au passé, aux souvenirs, à  notre intimité profonde, à  l’essentiel.
En revanche le goût, ce sens primitif dont on pourrait penser qu’il nous éloigne de l’intelligence tant il paraît primitif est peut-être celui qui nous introduit le mieux à  la connaissance de Dieu.
« Ce dont on a le goût est somme toute assez simple, mais on n’en fait jamais le tour, on ne le saisit jamais, et du coup jamais on ne s’en lasse ; c’est bien la vertu de ce sens-là , si fruste et si profond, incapable de subtilité, incapable d’aucune précision, mais qui nous lance dans une énergie obstinée sur une voie qui du coup est la nôtre. On ne sait pas où cela va, mais c’est la nôtre ; voilà  le goût : simple, personnel et sans fin. »
C’est en ouvrant nos sens à  ce qui est leur fonction primordiale, soit permettre à  l’humain d’être traversé par le souffle de la vie, le Souffle de la Résurrection, que nous pouvons créer un espace pour accueillir Dieu. Dieu ne peut entrer dans une maison encombrée, vivre dans un bric-à -brac de sensations perverties par des injonctions sociétales.
« Le vrai cauchemar est le plein, un monde totalement rempli au point qu’il n’y reste ni terrain vague ni temps mort, plus d’ennui. Seul le vide laisse place, et permet la vie. »
Alexis Jenni nous engage ainsi à  nous méfier de ce qu’il appelle notre sens préféré : voir. Voir, omni présent dans notre société est dominé par l’abus de l’image qui donne l’illusion d’accéder à  la réalité, fait de nous des tout-puissants et nous détourne de l’essentiel.
Au contraire « Sentir, toucher, entendre, goûter sont des sens qui sont sans distance. Ce que l’on perçoit, on est dedans, cela vient d’où ça veut, on y est, c’est là  ; et on n’y échappe pas, car il n’est pas de paupières aux mains, au nez, à  la langue ou aux oreilles. En ces sens-là , que l’on éprouve en silence et les yeux clos, loge l’amour, et c’est là  qu’il se déploie. »
Le fin mot de cette histoire, c’est l’amour, c’est à  l’amour que nos sens nous destinent, c’est vers l’amour que nos sens nous orientent.
Le biologiste Alexis Jenni nous offre un livre où la science n’est pas instrumentalisée pour faire barrage à  Dieu, bien au contraire elle est un soutien pour nous guider sur le chemin de la foi et de l’amour. En cela Alexis Jenni pourrait s’inscrire dans une pensée post moderne qui réintroduit la nécessité de donner une place indispensable à  la sensibilité et à  s’affranchir des diktats de la seule raison.

Marie-Paule DIMET
Arts, cultures et foi, Lyon.

Rencontre avec Alexis Jenni autour de son essai Son visage et le tien

« Le lieu de Dieu est le corps de l’homme, il n’est pas d’autre lieu
où il puisse être perçu, connu, reconnu. »
À propos de l’essai d’Alexis Jenni :
Son visage et le tien

Journée d’échanges en présence de l’auteur

Samedi 6 février 2016 9h30 – 16h15

« Le lieu de Dieu est le corps de l’homme… »
À propos de l’essai d’Alexis Jenni :
Son visage et le tien
Alexis Jenni a reçu le prix Goncourt 2011 pour son premier ouvrage : L’art français de la guerre. En 2014 il nous livre un essai, une méditation autour de la foi au travers du prisme des « sens » : savoir, goûter, voir, entendre, sentir, toucher et parler. L’auteur nous entraîne dans l’intimité de sa foi, dans ses hésitations, son besoin de sacré et de fraternité. Le visage dont il est question dans le titre est celui du Christ.
Afin d’entrer dans cet ouvrage singulier nous commencerons la journée par sa présentation, illustrée par des lectures d’extraits suivies d’un dialogue avec l’auteur. Dans un deuxième temps nous partagerons nos réactions face à  cet itinéraire spirituel contemporain.
« Ce qui est là , et d’une façon très intense, c’est la vie avant la mort, celle où je suis, celle où nous sommes ensemble, celle qui me porte, m’imprègne et m’anime. Cette vie-là  a valeur d’éternité. »

Déroulement de la journée :

9h 30 : Accueil.
Matinée : avec la participation d’Alexis Jenni, présentation de l’auteur et du livre suivie de questions et de réactions de la salle.
12h 30-14h : Déjeuner dans le quartier ou pique-nique sur place.
Après-midi : comment chacun, selon ses convictions, réagit-il à  cet itinéraire spirituel ?
16h 15 : fin de la journée.

Proposée par
l’Observatoire Foi et Culture, le Service Arts, cultures et foi, les Réseaux Incroyance-Foi, la Mission de France,
la Bibliothèque Jean Gerson
et la Conférence Catholique des Baptisés de Lyon.

Lieu : Espace Saint Ignace
20 rue Sala – 69002 Lyon Métro A et D : Bellecour
Participation à  régler sur place : 10 euros.

Pour mieux profiter de la journée, il est conseillé d’avoir lu l’ouvrage :
Alexis JENNI, Son visage et le tien, Albin Michel, 2014, 180 p. (15 €).

L’inscription est à  renvoyer avant le 1er février 2016 par courriel à  Guy
Audebert : guy.audebert@sfr.fr.

 Places limitées –

Renseignements et contacts :
P. Gilbert Brun : gilbert.brun@online.fr
P. Bernard Michollet : bernard.michollet@wanadoo.fr
Guy Audebert : guy.audebert@sfr.fr