Chroniques Cinéma – Marguerite

de Xavier Giannoli

avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau.

Drame. Français, 2h07.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Tirée d’une histoire vraie, l’improbable roman d’une aristocrate argentée qui se croyait une diva de l’opéra mais chantait faux ! De l’art de l’illusion poussé jusqu’à  l’extrême.
Une Catherine Frot impériale.

Xavier Giannoli aime l’univers des rêves. Il avait réalisé « Quand j’étais chanteur » avec Gérard Depardieu et « A l’origine » avec François Cluzet : l’histoire de cet entrepreneur du BTP faisant croire qu’il construisait une autoroute !
Son dernier film « Marguerite » est tirée d’une histoire vraie : celle d’une aristocrate américaine qui se produira sur de nombreuses scènes aux USA. Elle chantait faux mais était généreuse, et tout le monde entretiendra la supercherie par intérêt !

De cette réalité, Xavier Giannoli en a fait une histoire qui se déroule en France juste après la 1ère Guerre mondiale où de nombreux groupes organisaient des concerts au profit des soldats de la guerre. L’argent de Marguerite était le bienvenu même s’il fallait supporter ses fausses notes et ses aigus sonores !
Mais plus que l’aspect intéressé et cupide du procédé, c’est le personnage même de Marguerite qui intéresse le réalisateur. Pourquoi avait-elle le besoin et l’envie de se produire sur scène ? Quel rêve poursuivait-elle ?
Et c’est finalement le portrait déchirant d’une femme mal aimée qu’il réalise : mal aimée par son mari, par son milieu : elle va alors nourrir le rêve et l’illusion d’être aimée sur scène, par ce public qu’elle croit sincère. Mais le croit-elle vraiment ?
Lorsqu’un médecin lui fera entendre le son de sa propre voix, le choc de la réalité lui sera fatal.

Marguerite se construit une histoire, un personnage puisque son mari, la personne qu’elle aime le plus et qu’elle voudrait éblouir, la délaisse. Ses domestiques entrent dans son jeu, mais ils sont aussi intéressés. Son valet de chambre la protège mais l’embaume aussi en la fixant sur la pellicule
C’est un film sur le manque de reconnaissance, la manque d’amour, l’illusion que l’on est parfois obligé d’entretenir pour ne pas sombrer.. Et pourtant.

Xavier Giannoli réussit là  son meilleur film installant le délire de son héroïne dans des atmosphères confinées : les salons tendus de lourds brocarts, l’intérieur des loges de l’opéra restituant ainsi l’atmosphère de faux-semblant d’une certaine classe sociale.

Catherine Frot est magistrale d’émotions contenues, de cris d’amour étouffés, de rêves perdus. André Marcon apporte tout son talent dans le rôle du mari absent et Michel Fau campe un professeur de chant burlesque et pathétique à  la fois.
Du très grand art pour ces trois magnifiques comédiens.

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Cinéma et Spiritualité

Prochain rendez-vous : le LUNDI 12 octobre à  20h30.

échange sur :

«Marguerite » film français de Xavier Giannoli

«Vers l’autre rive » film japonais de Kiyoshi Kurosawa

Succédant au groupe Signis qui avait démarré en 2010, l’association CINÉMA ET SPIRITUALITÉ propose chaque mois, une rencontre-débat sur 2 nouveaux films en salles et 1 fois par an un temps de formation.
Plusieurs de ses membres participent à  des jurys œcuméniques dans les grands festivals et écrivent des critiques sur le site de Signis. Certains collaborent aussi à  l’atelier « cinéma et spiritualité » organisé par l’aumônier Bruno Lachnitt à  la prison de Corbas.

Lyon – Paroisse du Sacré-Cœur

89 rue Antoine Charial 69003 Lyon

Tél. : +334 78 54 86 31

contact : mdebidour@gmail.com

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JOURNEES DU PATRIMOINE – découvrir LA CHAISE-DIEU

Que faites-vous le week-end prochain ? Partez (re)découvrir la Chaise-Dieu les 19 et 20 septembre à  l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine. Visites exclusives du chantier et animations vous attendent. Voici le programme !

Vous pouvez aussi le télécharger en pdf sur le site projet-chaise-dieu.fr ou le consulter à  l’office de tourisme de la Chaise-Dieu (04 71 00 01 16)

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[->http://www.abbaye-chaise-dieu.com/Artistes-et-artisans-du-Livradois.html]

Chroniques Cinéma -« DHEEPAN »

de Jacques Audiard

avec Antonythasan Jesuthasan

Drame social français (1h54). Palme d’Or à  Cannes 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Une Palme d’Or qui n’a pas fait l’unanimité à  Cannes il y a quelques mois.
Un sujet d’actualité évoquant la violence que vivent les réfugiés et leurs difficultés d’intégration ici en France. Jacques Audiard brosse un tableau ambigu qui brouille son message.

Jacques Audiard est un habitué des films à  sensations fortes. Ici, il raconte l’histoire de Deephan, combattant tamoul, obligé de quitter son pays. Pour avoir davantage de chances d’être accepté, il se « compose » une famille en embarquant avec lui Yalini, une jeune femme candidate au départ et Ilayaal, une jeune ado orpheline.
Arrivés en France ce trio fabriqué de toutes pièces reçoit son visa de séjour et Deephan trouve un travail de gardien d’immeubles dans une banlieue reculée et en proie à  de multiples violences.
La jeune ado s’intègrera à  l’école, Yalini deviendra auxiliaire de vie et Deephan tâchera tant bien que mal de faire régner un certain ordre dans les coursives de son immeuble. Si la première partie du film est attachante et dépeint avec bienveillance les difficultés que rencontrent tous les réfugiés confrontés à  une nouvelle langue, de nouvelles coutumes, on bascule soudain dans le dernier tiers du film dans une autre histoire de règlements de comptes entre dealers et voyous.. La cité devient alors un lieu de non-droit où la police apparaît absente malgré les nombreux meurtres. Pas d’échappatoires possibles contre ces jeunes de banlieue remplis de violences.
Dernière séquence du film : Deephan et sa « famille » a pu s’exiler en Angleterre où on retrouve le trio épanoui autour du bébé qu’ont eu les deux jeunes gens. Jacques Audiard semble donner comme morale de la fable : Fuyez la France, le bonheur est de l’autre côté de la Manche ! Illusoire et trompeur.

Deephan a obtenu la Palme d’or à  Cannes cette année, et on reste perplexe devant le choix du jury. A-t-il voulu rattraper les essais malheureux de Jacques Audiard les années précédentes sur la Croisette ? Dans de nombreuses interviews, le réalisateur avoue avoir voulu parler d’une histoire d’amour entre des personnes qui ne s’étaient pas choisi de prime abord. Il réussit à  nous intéresser à  ces relations qui peu à  peu se tissent entre Deephan et sa jeune compatriote, à  peindre leur douce évolution, leurs difficultés à  s’intégrer à  un monde nouveau pour eux.
Mais la peinture qu’il donne de la banlieue, cette violence gratuite et destructrice qu’il montre sans l’expliquer, sans donner des clés ou des espoirs pour en sortir sont autant d’arguments qui pourraient justifier les rejets exprimés par l’extrême droite. On ne joue pas impunément sans se brûler à  ce jeu machiavélique, même si on est un très bon metteur en scène

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Chroniques Cinéma -« YOUTH »

de Paolo Sorrentino

avec Michael Caine et Harvey Keitel

Comédie dramatique (1h58) Italien. 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Une comédie douce amère sur le temps qui passe, la création, l’amitié entre deux artistes et la façon d’imaginer l’avenir.
Qu’est ce qu’être jeune ? Une leçon de vie tendre et nostalgique donnée par deux très grands comédiens et servie par une mise en scène soignée.

Deux amis de 60 ans Fred (musicien et chef d’orchestre) et Mike réalisateur, sont les pensionnaires d’un hôtel luxueux dans les montagnes suisses : le 1er, accompagnée de sa fille ne veut plus entendre parler d’activité professionnelle, le second écrit le scénario de son film « testament ».
Dans ce décor idyllique mais suranné où se mêlent touristes séniors argentés, comédiens venus incognitos ou Miss Univers étrennant le cadeau de son élection, nos deux artistes évoquent souvenirs, problèmes de santé au cours de belles ballades ou dans la luxueuse piscine du 5 étoiles.
Mais le problème majeur qui les occupe est celui de leur jeunesse, celle qu’ils ont vécue, celle qu’ils ont perdue. A près de 80 ans, peuvent-ils encore rêver à  un avenir ? Fred refuse l’invitation de la reine d’Angleterre d’être anobli et de jouer devant le prince Philip ses «Simple Songs » qui ont fait son succès. Pour lui, seule son épouse, enfermée dans sa folie dans un hôtel à  Venise depuis des années a le droit de chanter ses créations. A l’opposé, Mike, qui s’entoure de jeune scénaristes pour imaginer conserver le lien avec leur univers croit toujours qu’il est à  l’apogée de son talent.
On pourrait croire que «Youth » est un sombre opus sur la vieillesse et le temps qui passe et donne du 3ème âge une vision crépusculaire à  la manière d’un Visconti ou d’un Fellini. Paolo Sorrentino rend hommage bien sûr au cinéma italien en réalisant cette œuvre mais c’est surtout une méditation sur les souvenirs partagés, les amours passés, le travail du temps sur notre vie qui est évoqué ici avec humour, ironie, nostalgie bien sûr.
Qu’est ce que la jeunesse ? Pour Sorrentino, ce n’est pas une question d’âge mais de force du désir. C’est accepter de faire le deuil de ses certitudes pour se laisser séduire par les invitations, par l’inattendu ; c’est se laisser surprendre et accepter le regard de l’autre.
L’un des deux amis y arrivera l’autre pas.
Paolo Sorrentino a réunit deux très grands acteurs qui portent son film : Michael Caine et Harvey Keitel ; ils incarnent à  la fois l’inquiétude de l’artiste et l’angoisse de l’homme devant le temps qui file. Ils sont troublants de vérité. Jane Fonda dans une séquence outrageusement cruelle vient régler son compte au cinéma tel qu’il est devenu où l’argent est roi.
La réalisation mêle brillamment larges plans panoramiques et gros plans intimistes avec un vrai souci esthétique et visuel La bande son accompagne chaque séquences d’une tonalité différente. « Youth », une chronique douce-amère plus jubilatoire qu’on pourrait l’imaginer

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ARS DE L’OMBRE A LA LUMIERE – UN CURÉ POUR L’ÉTERNITÉ

Grand spectacle vivant dans le cadre du jubilé du Curé d’Ars

mis en scène par Marie-Cécile du Manoir

du 24 au 29 août 2015, à  19h30

Ars – église souterraine Notre-Dame de la Miséricorde

L’histoire débute en 1786, année de naissance de Jean-Marie Vianney et se termine en 1859, à  la mort du saint curé d’Ars. Le spectacle se présente comme une grande fresque où se déroule sous nos yeux, au cœur de l’histoire de France, l’histoire d’un homme qui transformera la vie de son village.

Jean-Marie Vianney, né pendant la révolution, paysan presque illettré à  20 ans comme beaucoup de jeunes gens de son époque, veut devenir prêtre.

Après beaucoup de travail et d’obstacles, il est ordonné en 1815 à  l’époque de la défaite de Napoléon à  Waterloo.

Il est envoyé dans un petit village de 230 habitants : Ars.

Là , à  l’image de sa famille, ouverte aux pauvres et missionnaire, Jean Marie Vianney multiplie les œuvres sociales. Vivant comme un pauvre, il se donne corps et âme à  sa paroisse.

« Le prêtre n’est pas pour lui, il est pour vous ! »

Ne séparant jamais l’amour de Dieu et l’amour des frères, le saint Curé fait grandir son village spirituellement au fur et à  mesure qu’il prie et, plus il confesse, plus les pèlerins abondent et viennent de partout

Tarifs : 15€ / 12€ (enfant de moins de 12 ans, chômeur, personne handicapée, étudiant, groupe de 20 personnes, famille nombreuse)

Contact : 04 74 08 10 76
www.arsdelombrealalumiere.fr

AU REVOIR ET MERCI

Et comme cadeau d’adieu de la promotion Armand Gatti

LA TRILOGIE DU REVOIR de BOTHO STRAUSS, à  l’ENSATT,

dans le cadre des NUITS de FOURVIERE,

Dirigé par : Alain FRANà‡ON, Dominique VALADIE et Guillaume LEVEQUE

Les Nuits de Fourvière nous ont cette année proposé un programme théâtral de grande qualité et varié (Molière avec les Femmes Savantes, Tchekhov, Aristophane, Beaumarchais à  venir) avec des metteurs en scène connus et reconnus (Macha Makeïeff, Serge Valetti, Christian Benedetti).
Début juillet et jusqu’au 17 juillet, la dernière promotion de l’ENSATT ,qui nous avait déjà  ravi avec les « NUITS » (tiens, tiens),sur une chorégraphie de Daniel Larrieu,revient en force sous la direction d’Alain Françon (un grand du théâtre) assisté de Dominique Valadié et Guillaume Lévêque qui participent à  la distribution avec douze jeunes comédiens ,aussi talentueux les uns que les autres ,élèves ont assuré la charge des décors, de la régie
Il faut absolument aller les applaudir, les encourager, et remplir tous les soirs la salle dédié à  Jean Jacques Lerrant qui a tant œuvré pour un théâtre de qualité à  Lyon et sur le plan national. Nous ne savons pas la chance que Lyon a, d’avoir accueilli l’École de la rue Blanche
La pièce choisie est une œuvre de Botho Strauss, une œuvre mythique, allemande des années 70, mettant sur scène 14 comédiens, évoluant dans les coulisses d’une exposition de peinture moderne ,en avant-première, et réunissant des représentants de la société (peintre, acteur, médecin, pharmacien.),confrontés aux problèmes de l’art, de l’amour, de la vie en commun, du pouvoirIl ne se passe rien ,comme chez Tchekhov, mais les personnages courent en permanence ,comme pour signifier que la rapidité des moyens de communication tuent la communication,(éteignez vos portables). Tout cela donnent beaucoup de rythme à  la présentation, en contrepoint de la stabilité du gardien et de noirs complets qui évitent l’essoufflement. Un puzzle à  reconstituer d’une société éclatée. L’inverse d’un huis-clos avec cependant les mêmes inquiétudes. Cette pièce dans la tradition du théâtre germanique (Kleist, Buchner, Heiner Muller) est d’un des plus grands dramaturges européens , Botho Strauss, qui fit sa carrière à  Berlin au Shaunbà¼hne, sous la direction de Peter Stein, avant la chute du mur.

Au revoir et MERCI aux jeunes comédiens. Ce n’est qu’un au-revoir ?

Hugues Rousset

du 30 juin au 17 juillet 2015 à  20h

Relâche les dimanches ainsi que les 13 et 14 juillet 2015

ENSATT Studios Jean-Jacques Lerrant
4 rue soeur Bouvier Lyon 5e Parking gratuit

Réservations : tél: 04 72 32 00 00 / www.nuitsdefourviere.com

[->https://trilogiedurevoir.wordpress.com/]

Chroniques Cinéma – « Victoria »

de Sébastian Schipper

avec Laia Costa et Frédérick Lau

Film allemand 2015. 2h14.

Six récompenses aux « César » allemands parmi lesquelles meilleur film, meilleure actrice, meilleure musique etc.. Victoria est un « ovni » cinématographique tourné en temps réel. Une plongée au cœur de la jeunesse berlinoise entre défonce et désespoir

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Victoria est déjà  un film culte en Allemagne et vient de rafler six récompenses aux Lola, les équivalents des César allemands. Il raconte en temps réel, entre 5 et 7 heures du matin, au cours d’un long plan séquence, deux heures de la vie de Victoria, jeune espagnole partie à  Berlin dans le cadre du programme Erasmus. Les dix premières minutes du film l’accompagnent dans une boîte de nuit au sous-sol d’un immeuble : graffitis, music techno plein pot, bière qui coule à  flots. Victoria en remontant à  la surface est accostée par Sonne et sa bande de copains eux aussi pas mal bourrés…. De discussions en délires, de provocations en déconnes, les cinq amis se retrouvent embarqués par l’un d’entre eux à  braquer une banque. Le braquage est réussi mais l’équipée sauvage se finit mal. La police abat deux d’entre eux. Victoria essaiera en vain de sauver Sonne blessé. Il décèdera dans une chambre d’hôtel. Alors, restée seule, Victoria choisira une bien étrange fin de l’histoire, embarquant le butin.

On ne peut échapper à  ce film tant par la façon qu’a Sébastian Schipper de nous embarquer dans cette folle équipée, caméra à  l’épaule, que par la spirale folle dans laquelle ces jeunes gens sont pris et nous avec.. C’est un film brut, authentique, tourné dans un Berlin minéral, froid, juste éclairé par les néons des rues. Les comédiens ne jouent pas, ils « crient » leur détresse, leur envie de vivre une autre vie en dehors des règles établies.. Beaucoup de dialogues ont été improvisés.

Le désespoir réunit ces jeunes désœuvrés, déjà  condamnés pour des bêtises et cette jeune espagnole sans doute venue là  pour fuir la misère de son pays. Ils ne manquent pas de conscience, mais l’engrenage les broie déjà .

Le film vous laisse groggy devant tant de gâchis, d’appels à  vivre autre chose, oui mais quoi ? Alors l’alcool, la drogue donnent l’impression de « vivre », de ressentir des émotions à  défaut de les vivre pour d’autres choses que des cassesLa jeune Laia Costa est bouleversante, étonnante de détermination et d’ingénuité. Elle crève l’écran.

Victoria pourra rebuter par sa violence et son parti-pris très réaliste mais c’est un pari cinématographique et sociétal réussi, à  voir de toute urgence si on aime le cinéma.

Chroniques Cinéma – « Une seconde mère »

de Anna Muylaert

avec Regina Casé, Camila Mardila

Drame brésilien. 2015. (1h52).

Prix du Public au festival de Berlin.
Prix d’interprétation féminine au festival de Sundance 2015.

Chroniques Cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Le sujet du film part d’une réalité au Brésil : les mères qui travaillent font garder leurs enfants par des nounous. Au-delà  de l’histoire singulière, une peinture sociale sur les évolutions de la société brésilienne avec une vedette forte et lumineuse de TV GLOBO qui porte le film : Régina Casé.

Val n’a pas revu sa fille depuis 10 ans. Elle travaille comme employée de maison pour des patrons dans une luxueuse villa de Sao Paulo. Elle est logée au sous-sol dans une chambre pas très bien éclairée et s’est prise d’amour pour le fils de la maison, qu’elle couve et surprotège.. La mère vaque à  ses occupations, le père semble malade.

Un beau jour, Jessica, sa fille débarque car elle doit passer un concours pour intégrer une fameuse école d’architecture. Le conflit est inévitable. Jessica en veut à  sa mère de l’avoir laissée à  la charge d’une parente, ne supporte pas que sa mère accepte cette « soumission » à  ses patrons. Jessica transgresse les codes qui règlent les rapports de classe dans cette maison : elle investit la chambre d’amis, nage dans la piscine, s’assoit à  la table des maitres !

Au final, Jessica intégrera cette fameuse école d’architecture. Maman d’un petit Jeorge, caché à  sa mère, elle l’appellera enfin maman, puisque Val donnera sa démission pour s’occuper de ce petit-fils.

Le film « Une Seconde mère » évoque une réalité du Brésil : les mères confient à  d’autres le soin de s’occuper de leurs enfants. Mais il pourrait concerner bien d’autres pays où des mères sont contraintes à  de telles situations. Les rapports de filiation entre parents et enfants sont finement observés : Val est valorisée par ce rôle qu’on lui donne dans cette maison. La mère du jeune garçon souffre de cette rivalité maternelle, Jessica voudrait que sa mère arrête de se faire exploiter. Comment assurer sa place de femme, de mère, de père aujourd’hui dans un pays en crise ?

Car le film dépeint aussi les changements sociaux de ce grand pays. La grand-mère de Jessica ne devait pas savoir lire, sa mère est employée de maison, elle sera architecte. Au-delà  de la réalité sociale complexe, explosive de ce pays, on sent un appétit pour vivre mieux, s’en sortir avec optimisme. Régina Casé qui joue le rôle de Val est une grande vedette de la Télé brésilienne. Elle rend très crédible l’amour qu’elle donne aux autres et le cheminement personnel qu’elle fait grâce à  sa fille, jusqu’à  accepter enfin de penser à  elle, à  son rôle de grand-mère

Anna Muylaert, la réalisatrice qui portait ce film depuis 20 ans, l’a nourri de toutes les évolutions politiques et sociales du pays lui conférant une vraie profondeur. Elle fait de Val, un beau portrait de femme et de mère.

Chroniques cinéma « Comme un avion » et « Contes italiens »

«Comme un avion »
De Bruno Podalydès

Avec B. Podalydès, Sandrine Kiberlain Agnès Jaoui.

Comédie française. 2015.

«Contes italiens »
de Paolo et Vittorio Taviani

Avec Riccardo Scarmacio, Jasmine Trinca

Drame italien 2015. 1h55

Chroniques cinéma de Marie-Noëlle Gougeon

Deux films « évasion » à  5 siècles de distance à  propos de personnages emportés par les tourments de la vie. Si le 1er apparaît comme une douce évasion un peu légère, le second emprunte le genre du « conte » pour aborder des sujets graves : l’amour, la mort, avec brio et de grandes qualités visuelles.

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Dans « Comme un avion » Michel (Bruno Podalydès), la petite cinquantaine, est infographiste à  Paris. Pas toujours inspiré, il rêve de voyages en avion et découvre un jour la similitude des fuselages des aéroplanes avec le kayak. Rapidement acheté, l’objet va devenir l’objet de ses nouvelles envies : larguer les amarres. Et le voilà  parti non sans mal, sur un cours d’eau d’Ile de France. Mais très vite, il doit faire face aux contingences matérielles : où se loger ? Il accoste un soir près d’une guinguette tenue par une jeune veuve pleine de vie (Agnès Jaoui) aidée d’une bande de « clients » qui l’aident en dilettants. Notre héros au fil de l’eau va se laisser séduire.

C’est léger, un peu longuet, sans but précis sinon une invitation à  « glander ». Bruno Podalydès qui signe aussi la réalisation ne lève jamais vraiment l’ancre de son kayak. D’ailleurs, il finit sa première semaine de périple dans un fossé humide près d’un super marché ! Il tenait pourtant un sujet dans l’air du temps (tout quitter pour vivre autrement), mais ne l’a pas assez nourri, s’est laissé porter par l’ambiance, la musique de Moustaki, de Baschung. On sirote un petit apéro. On aurait aimé un vent et un vin qui décoiffent d’avantage!

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La gravité est en revanche au rendez-vous du dernier film des frères Taviani, « Contes italiens », auteurs du film Padre Padrone, Palme d’or à  Cannes en 1977. La aussi, rupture des héros avec le quotidien : celui de Florence, au XIVème siècle atteinte par la peste. Pour fuir l’épidémie, dix jeunes étudiants (garçons et filles) se réfugient dans une superbe maison en Toscane. Au menu de cette quinzaine hors du temps : se raconter chaque soir une histoire. Le film des frères Taviani s’inspire du Décaméron de Boccace mais ils en font un film lumineux et profond en abordant dans chaque conte raconté et mis en images, les thèmes de l’amour et de ses affres sous toutes ses formes, en donnant aux femmes la part centrale de l’œuvre.

Les jeunes comédiens épousent les passions de leurs aînés de cinq siècles, ils évoluent dans une campagne nimbée de lumières printanières ou automnales, les costumes sont superbes, la musique à  l’unisson des sentiments.

On passe d’une histoire d’amour filial à  celle de nonnes aux prises avec les tourments de la chair, jusqu’à  l’amour éperdu d’un jeune comte pour une veuve.

Les frères Taviani font de ces « Contes italiens » une ode à  la vie, à  l’amour, à  la jeunesseA quatre vingt ans passés !

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