Pas son genre

de Lucas Belvaux

Belgique/France, 2014, 1h51

Sortie en France le 30 avril 2014.

avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery.

Une comédie romantique particulièrement réussie et attachante, avec ce qu’il faut de subtilité et de gravité, et deux comédiens épatants.

Adapté du roman éponyme de Philippe Vilain, ce nouveau film de Lucas Belvaux se détache des précédents par un ton plus léger. Pourtant, cette comédie n’a rien de frivole et aborde des thématiques plus graves, comme celle de notre incapacité à  aimer. Et c’est du très beau cinéma !286139_cbe4325869ffba54b0534dfe9d6d0829.jpg

à‡a commence comme une comédie romantique, à  Arras, charmante petite ville du Nord de la France, véritable repoussoir pour tous ceux qui n’y ont jamais vécus, et notamment les Parisiens… Dans le rôle de la bergère, il y a Jennifer, coiffeuse, toujours gaie et portant des vêtements colorés ; dans le rôle du prince charmant, Clément, prof de philo parisien, furieux d’avoir été muté là  et bien décidé à  ne pas y rester. Elle cherche une relation stable, elle assume ses choix, n’a pas peur de commettre d’impair, s’éclate au karaoké et dans les films américains à  l’eau de rose. Clément est un séducteur, il ne veut pas se fixer mais faire battre son cœur un peu plus souvent. Il se préoccupe du regard des autres tout en ayant conscience de sa supériorité, a une idée bien précise de ce qui est beau et bien, comme l’opéra et Dostoïevski. Subtiles différences de classes sociales, non pas en termes économiques mais bien culturels.

Emilie Dequenne est épatante dans ce rôle de fille entière, qu’elle joue avec une énergie rare. Elle est aussi naturelle avec ses copines coiffeuses – les petits gestes de connivence au shampoing – que juste dans ses colères face au mur dont s’entoure Clément. Elle donne une belle intelligence à  son personnage, cette intelligence du cœur qui n’a rien à  voir avec la culture. Enfin, elle est complètement craquante avec son sourire lumineux, ses yeux espiègles et sa joie de vivre qui n’est en rien de la naïveté. 286139_0a7ada4cad575291048065478a500847.jpg

Pas son genre fait bien évidemment référence à  la célèbre histoire d’amour racontée par Marcel Proust, entre Swann, riche intellectuel cultivé, fréquentant les salons mondains et ayant une idée très arrêtée de ce qu’est l’élégance, et Odette, une cocotte « qui n’était pas son genre » mais dont il a été très épris. Certaines scènes de cette passion difficile se retrouvent dans le film, notamment quand où Clément cherche Jennifer dans tous les lieux qu’elle a l’habitude de fréquenter, sans oser avouer l’angoisse qui l’envahit au fur et à  mesure, et que l’acteur Loïc Corbery montre très bien.

Comme Proust, comme Philippe Vilain, comme tant d’autres avant eux et après eux, le film décrit les subtilités et les complexités de l’amour, où la peur de l’attachement et le désir de l’engagement se heurtent sans cesse. De même que l’infinie palette des différences sociales et la force de la passion ne font jamais des équations sûres, l’analyse du sentiment amoureux n’a pas fini de faire de belles fictions. Lucas Belvaux en offre un bel exemple et Pas son genre est un film très réussi, où la légèreté et la gravité se déclinent avec bonheur, avec deux très bons comédiens et quelques belles scènes de cinéma, que ce soit dans la fougue du karaoké ou dans le détail d’une trace de rouge à  lèvres sur un verre.286139_c033a72ed4e86d166ee78713bb5d771a.jpg

Pas son genre est un film grand public, dans le sens noble du terme, c’est à  dire qu’il est accessible à  tous, non pas en racolant par des ficelles commerciales mais par un travail soigné, où le scénario, les acteurs et les images forment un tout harmonieux et techniquement maîtrisé, pour offrir un beau moment de cinéma à  tous les spectateurs.

Magali Van Reeth

SIGNIS

Les voix d’atalante en concert

Concert du chœur de chambre « Les Voix d’Atalante »

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Concert de musique baroque sacrée chœur et orgue sur le thème « Scarlatti Père & Fils », direction Cédric Meyer.

Au programme :
Des œuvres de Alessandro et Domenico Scarlatti et de Antonio Lotti.

Dates et lieux des concerts

  • Samedi 26 avril à  20h30, à  l’abbaye d’Ainay, place d’Ainay, Lyon 2ème
  • – Dimanche 27 avril à  17h30, à  l’église Saint-Romain, 67 rue Pierre Brunier, à  Caluire

Tarifs : en prévente 16€ – 10€ / sur place 18€ – 13€

Contact : jeanpierre.kus@free.fr / 06 17 21 68 62

Qui sont les Voix d’Atalante ?

Créé en 2008 par Cédric Meyer, le chœur de chambre Les Voix d’Atalante rassemble une vingtaine de chanteurs en formation et chanteurs amateurs confirmés. L’ensemble se consacre à  l’interprétation du répertoire vocal renaissance et baroque (Josquin Desprez, Bach, Charpentier, Buxtehude).

Soucieuses de promouvoir la musique vocale, Les Voix d’Atalante favorisent les concerts en collaboration avec d’autres ensembles (ensemble orchestral les Instruments d’Atalante et le chœur Zarastro de Caluire en 2010/2011 ou encore de jeunes chanteurs en formation de l’Ecole Nationale de Musique de Villeurbanne en 2012).

En savoir plus :

[->http://lesvoixdatalante.wordpress.com/qui-sommes-nous/]

States of Grace

de Destin Cretton

États-Unis, 2013, 1h36

Prix du jury œcuménique au Festival de Locarno 2013 et prix de la meilleure actrice pour Brie Larson.

Sortie en France le 23 avril 2014.

avec Brie Larson, John Gallagher.

Baignée d’une lumière douce, cette histoire attachante est filmée de façon classique sans surcharge émotionnelle ni recherche esthétique

Grace dirige un foyer pour jeunes en difficulté. Le quotidien n’est pas facile avec ces ados blessés par la vie mais la solidarité et l’énergie de l’équipe d’éducateurs résolvent les problèmes. Jusqu’au jour où arrive Jayden qui défie Grace et la renvoie à  sa propre histoire.

Ce premier long métrage de Destin Cretton lui a valu le prix du jeune réalisateur au festival de Locarno. Le sujet lui tient à  cœur (il l’avait d’ailleurs déjà  traité dans un court métrage récompensé en 2008) car il a une expérience professionnelle dans ce domaine, choisi au départ par nécessité et non par vocation. Dans le film, le personnage de Nate, le nouvel éducateur, est donc largement autobiographique. « J’y suis allé en pensant que j’allais changer le monde et c’est le monde qui m’a changé ».296755_62f24e79136488a19008d77e26e8dd24.jpg

Refuge salutaire pour enfants en souffrance comme Marcus qui, devenu majeur, redoute de devoir le quitter, ce foyer est perçu par d’autres, telle la rebelle Jayden, comme une privation de liberté. Le film reflète la complexité de ce milieu où le pire peut succéder au meilleur car rien n’est jamais acquis et la vie réserve des surprises qui rouvrent des blessures que l’on croyait guéries. C’est ce qui arrive justement à  Grace

Baignée d’une lumière douce, cette histoire attachante est filmée de façon classique sans surcharge émotionnelle ni recherche esthétique : les personnages sont vivants tout simplement et portent sans mièvrerie un message final d’espoir. Le réalisateur qui se réfère à  La vie est belle (Franck Capra, 1946) a réussi une œuvre empathique mais sans naïveté.296755_01f50ddfdb0779566df54876838dd5a0.jpg

Au Festival de Locarno 2013, ce film présenté sous le titre Short Term 12, a reçu le prix du jury œcuménique.

Michèle Debidour

SIGNIS

Les trois soeurs du Yunnan

de Wang Bing

Hong-Kong/France, 2012, 2h28

Prix du jury œcuménique au Festival de Fribourg 2013.

Sortie en France le 16 avril 2014.

documentaire

En Chine, dans un petit village des montagnes du Yunnan, les magnifiques images du réalisateur donnent de la grandeur et du sens au quotidien misérable de trois petites filles.

En 2009, alors qu’il se rendait dans un petit village des montagnes du Yunnan, Wang Bing a rencontré ces trois sœurs, Yingying (10 ans), Zhenzhen (6 ans) et Fenfen (4 ans) qui vivaient dans la maison familiale désertée par leurs parents. Un hameau posé sur des montagnes pelées, à  3200m d’altitude, où les paysans cultivent des pommes de terre. Des cochons qu’on amène paître comme les chèvres et les moutons, des ânes, des chevaux, un vent qui souffle en permanence. La vie est rude pour tout le monde dans ces paysages spectaculaires du sud de la Chine.267523_51caeaa55be68ffc43eabd0bdb9ca38d.jpg

Ces trois petites filles vivent au quotidien le double abandon de leurs parents et de la société. Bien sûr, il y a un grand-père pas loin, une tante et des cousins mais la misère est telle qu’on ne peut pas toujours partager. Wang Bing fait de Yingying le fil conducteur de ce récit très pudique, ne cherchant jamais à  apitoyer le spectateur mais montrant la réalité. Dans la première partie, où la caméra reste souvent à  l’intérieur avec les trois filles, on voit bien la tendresse qui les unit. La boue dans la cour de la maison où coule le robinet d’eau froide, les mains sales, la fumée dans la pièce principale, la paille humide des lits, les poux dont il faut se débarrasser manuellement. Puis le père revient un moment, et repart chercher fortune en ville avec les deux plus jeunes. Dans la seconde partie, Yingying est donc seule et cette fois la caméra la suit à  l’extérieur. Elle est bergère avec les moutons, elle nourrit les cochons, elle ramasse des pommes de pins, elle va à  l’école. Puis le père revient mais avec une nouvelle femme et sa fille. Une autre vie, d’autres saisons à  accepter sans colère.

Au fil du documentaire, beaucoup de questions naissent et restent sans réponse : où est la mère, quelles sont les relations avec la tante, avec les autres habitants, qui paye l’électricité puisqu’on voit la lumière allumée, est-ce que la toux de Yingying s’arrêtera un jour, quels sont ses liens avec les autres enfants du village ? Wang Bing ne veut pas entrer dans un récit classique ou des explications. La puissance fictionnelle de la réalité suffit, « elles sont des herbes qui poussent toutes seules ». Dans cette froide misère, sa caméra donne de la grandeur et de la chaleur aux scènes quotidiennes. Les trois filles dans la pénombre autour du feu, Yingying face à  la splendeur du paysage, foulant les pommes de terre pour la pâtée des cochons ou le père lavant les pieds de ses filles sont autant de tableaux dignes des peintres flamands, des instants de grâce où ce qui bouleverse le spectateur n’est pas la misère mais le palpitement de la vie, la douceur du moment.267523_60aa50ac15bbe75db38ff08ce75ba979.jpg

Pour le réalisateur, filmer ces personnages que le cinéma commercial dédaigne, ce n’est pas un acte politique mais la manifestation de l’attention qu’il porte à  des vies singulières. Pour Wang Bing, conscient de la pauvreté des campagnes du sud-est de la Chine, ces trois sœurs ne représentent qu’elles mêmes. Au-delà  de l’âpreté de leur quotidien, elles sont libres, très proches de la nature et ne peuvent compter que sur elles-mêmes, comme la plupart des Chinois aujourd’hui. Les filmer dans leurs gestes ordinaires, sans lumière artificielle ni voix off, c’est attester de leur existence. Wang Bing : « en me focalisant sur ces « invisibles » d’aussi près, je crois que je rends leur vie plus grande ».

Au Festival de Fribourg, Les trois sœurs du Yunnan a obtenu le prix du jury œcuménique.

Magali Van Reeth

SIGNIS

RESONANCES

Résonances : exposition de peintures de Walburga PUFF (BASA 2013) du 16 au 25 mai à  la Chapelle Sainte Marguerite à  Sainte Foy-lès-Lyon.

« Résonances », d’une part en raison du lieu d’exposition – une ancienne chapelle – et d’autre part parceque la plupart des œuvres expoées font écho à  des thèmes bibliques qui sont les principales sources d’inspiration de l’artiste.

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Extrait d’interview BASA 2013
« Comme Walburga Puff, peintre d’origine allemande, pour qui « le spirituel est un processus allant du voir au croire » . « Le processus artistique consiste également à  dépasser l’esthétique première pour aboutir à  une véritable présence. C’est de l’ordre de la transcendance. Une démarche qui n’est pas forcément dans l’air du temps », estime-t-elle.

Chapelle Saint Marguerite Rue Sainte-Marguerite. 69110 STE FOY LES
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Marie Stuart de Joseph Brodsky

Vingt sonnets à  Marie Stuart

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Composés en 1974, ces poèmes sont nés d’une promenade au jardin du Luxembourg, à  Paris, où le poète en exil croise la statue de Marie Stuart, dans l’allée des reines de France. Marie Stuart –
Plusieurs figures de femmes qui ont compté pour lui se superposent à  la silhouette de la reine d’Écosse, reine de France par son bref mariage avec François II. Dans une langue qui joue sur les deux registres du trivial et du sublime, de la citation et de son détournement, l’évocation amoureuse est l’occasion pour le poète d’une rêverie mélancolique sur l’exil et la séparation, la mémoire et l’histoire, la littérature européenne, les bifurcations de son propre destin. Le choix du sonnet, forme exemplaire de la culture européenne, est aussi un hommage à  ceux écrits par Marie Stuart.

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Marie Stuart

Quatre langues : une œuvre

Le choix que nous faisons de proposer aux lecteurs français une édition quadrilingue d’une aussi courte séquence poétique relève d’une évidence, tautologique comme elles le sont toutes : la traduction n’est pas seulement une restitution plus ou moins heureuse d’un texte inaccessible, elle est surtout le moment où le traducteur invente une langue dans laquelle l’œuvre originelle vient se glisser pour exister tout entière là , nulle part ailleurs, loin du triste dépit trop souvent exprimé comme une fatalité, par le lecteur ignorant la langue d’origine, que le vin de la traduction est un vin coupé d’eau. Le texte que le lecteur a sous les yeux est un vin miraculeux. Ce qu’il lit en traduction est bien le texte original d’une œuvre qui n’existera jamais pour lui autrement, le seul texte sur lequel il devra compter pour s’enivrer de vin, d’amour et de poésie. Tout traducteur est appelé à  se hisser au rang d’auteur pour accomplir cette transformation miraculeuse. C’est d’autant plus vrai quand les traducteurs se nomment Peter France, Claude Ernoult, André Markowicz, ou encore, Joseph Brodsky.

L’idée de présenter dans un même livre deux versions françaises est née de notre désir d’illustrer cette évidence. Vouloir y joindre le texte russe et la traduction anglaise revue par l’auteur permet également de faire sa place à  une approche traditionnelle et comparatiste de la traduction pour les lecteurs qui connaîtraient, sinon les deux, au moins l’une des langues que Brodsky maîtrisait.

Hommage à  Paris

Il y a sans doute beaucoup de fidélité à  un idéal de culture à  vouloir célébrer de manière aussi fétichiste la poésie d’un auteur. Nous aimerions surtout que le lecteur français s’empare de la vision qui s’exprime dans ces Vingt sonnets à  Marie Stuart, sonnets d’amour absolu, au-delà  de la question linguistique : nulle part ailleurs dans l’œuvre de Joseph Brodsky, Paris, sa culture, et jusqu’à  sa géographie n’ont été aussi présents qu’en ce texte fugitif d’un exilé venu respirer, le temps d’une brève promenade dans le jardin du Luxembourg, un idéal de liberté et de culture. Raison de plus pour faire en sorte que les lecteurs y entrent par plusieurs portes.

André Markowicz assure l’une des traductions et la postface du livre.

Cette nouveauté a suscité l’intérêt de journalistes et/ou écrivains et pas des moindres. Voici trois liens vers des recensions consacrées à  cette parution :

[->http://poezibao.typepad.com/flotoir/2014/03/des-ruines-vivantes-et-vibrantes-.html](Florence Trocmé)
La République des livres (Pierre Assouline)
Le feu de Prométhée et le gourdin de Diogène

BRODSKY_LDDP_LIVRE_Né à  Saint-Pétersbourg en 1940, Joseph Brodsky quitte l’école à  16 ans, préférant se cultiver seul par la lecture. Il apprend ainsi le polonais et l’anglais pour lire, entre autres, CzesÅ‚aw MiÅ‚osz et John Donne. Remarqué par la poétesse Anna Akhmatova, il acquiert dès les années 60 une réputation d’exception dans le cercle des poètes qui gravitent autour d’elle. C’est à  cette époque qu’il rencontre et tombe amoureux d’une artiste proche d’Akhmatova, « M.B. », dédicataire de nombreux poèmes. Elle est l’une des figures possibles des Vingt sonnets à  Marie Stuart. Abandonné par celle qu’il aimait, se déclenche dans le même temps contre lui une campagne ridiculisant sa poésie. Il est accusé par le régime soviétique de « parasitisme social ». Condamné à  cinq années de camp de travail, puis libéré après une campagne internationale, Brodsky est expulsé d’URSS le 4 juin 1972, mis de force dans un avion pour Vienne. Des amis influents lui facilitent son entrée aux États-Unis, où il enseignera la littérature dans diverses universités. Il est à  cette époque considéré comme le plus grand poète russe vivant du XXe siècle. Les éditions Ardis, de l’Université Ann Arbor (Michigan), publient à  partir de cette date sa poésie en russe. Elle est empreinte d’une vaste culture classique, travaillée par une lucidité qui ne répugne ni au lyrisme ni au sarcasme. Sa maîtrise de la langue anglaise lui permet rapidement d’assurer ou de superviser les traductions de ses poèmes et d’écrire dans cette langue. Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1987. Il a quarante-sept ans. Jusqu’à  cette date, ses œuvres circulaient en traduction, à  l’étranger, ou en samizdat, dans son pays d’origine. Cette circonstance donne sens à  notre édition. En 1990, 200 000 exemplaires de la première édition russe de ses poèmes s’arrachent en quelques jours. À partir des années 1990, l’influence intellectuelle de Brodsky est considérable aux États-Unis. Malade du cœur, le poète meurt, le 28 janvier 1996, sans jamais avoir accepté de revoir son pays natal. Il est enterré à  Venise, sa deuxième patrie d’adoption. « Seule la cendre sait ce que signifie brûler jusqu’au bout. »

Tout est permis

de Coline Serreau

France, 2014, 1h36

Sortie en France le 9 avril 2014.

documentaire

Documentaire sur le permis de conduire et ces Français qui se croient « tout permis », une comédie humaine, drôle et noire en même temps, comme le définit bien la réalisatrice.

Réalisatrice française célèbre pour ses comédies populaires, aussi drôles que pertinentes car les phénomènes de société servent de toile de fond – Trois hommes et un couffin (1985), La Crise (1992) ou Chaos (2001) – Coline Serreau nous propose aujourd’hui un documentaire décapant sur nos comportements au volant. Il y a 20 ans, la France instaurait le « permis à  points ». 12 points pour chaque conducteur et à  chaque amende ou effraction, des points en moins selon la gravité. Pour récupérer des points et pouvoir continuer à  conduire, un stage de sécurité routière est obligatoire.

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La réalisatrice a trouvé là  des gens issus de toutes les classes sociales et de tous les âges, qui aiment conduire et peuvent dire « c’est pas la vitesse que j’aime, c’est les accélérations »… Des récidivistes sûrs de leur façon de conduire, qui s’estiment victimes de la bêtise des autres et de la cupidité du gouvernement. Pour Robert Thibault, intervenant de stage : « C’est aussi un vrai portrait de société. Nous vivons dans une société qui va trop vite. Si vous n’êtes pas le premier ou la première vous passez pour un bon à  rien. Ces individus, souvent commerciaux ou chefs d’entreprises, ont l’impression qu’ils sont « obligés » de conduire vite. Comme ils sont « obligés » de téléphoner au volant. Il reste du chemin à  faire avant que la « bagnole » cesse d’être un symbole de puissance. »

La leçon sera donc aussi pour le spectateur qui pourra apprendre que 90 pour cent des Français ont entre 12 et 10 points sur leur permis ou que, comme le dit très bien un expert en sécurité routière : « Les infractionnistes compulsifs sont minoritaires, mais ils sont quelquefois soutenus par des lobbies industriels puissants qui relayent et amplifient considérablement leurs propos dans les différents médias. »

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Un film salutaire qui, sans commentaire, mais simplement en donnant la parole à  de nombreux protagonistes, permet de dézinguer les lieux communs (à  propos des autoroutes allemandes ou du nombre de personnes qui conduisent sans permis) et de pointer du doigt les lobbys des alcooliers et de l’industrie automobile qui encouragent la vitesse sur la route et la consommation d’alcool en toutes circonstances. Paroles de ceux qui participent à  ces stages, contraints puisqu’ils ont perdu tous leurs points. Et paroles bien différentes de ceux qui animent ces stages et dont le rôle est d’abord de faire prendre conscience que chacun est responsable des autres.

Magali Van Reeth

SIGNIS

Real

de Kiyoshi Kurosawa

Japon, 2013, 2h07

Sélection officielle Locarno 2013

Sortie en France le 26 mars2014.

avec Haruka Ayase et Takeru Satô.

Avec un soupçon de science-fiction, quelques frissons et rebondissements, l’histoire d’un jeune couple qui puise ses forces dans l’amour pour vaincre bien des monstres.

Réalisateur prolifique, Kiyoshi Kurosawa travaille aussi bien pour la télévision que pour le cinéma et ses longs métrages de fiction sont souvent sélectionnés dans les grands festivals européens. L’an dernier, on a pu voir en salle les deux volets de Shokuzai. Très tôt, il a été connu pour ses films tirant souvent du côté fantastique, non pas celui qui fait peur (même si parfois…) mais celui qui amène le spectateur aux coffins de la complexité humaine. Il est aussi capable de toucher un plus large public, comme avec Tokyo Sonata en 2008.

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Real est l’histoire d’un jeune couple amoureux. Atsumi et Koichi se sont connus à  l’école primaire, dans une petite île japonaise, perdus de vue et retrouvés à  l’université. Suite à  une tentative de suicide inexpliquée, Atsumi, créatrice de mangas, est dans le coma. L’équipe médicale propose à  Koichi d’entrer en contact avec elle, grâce aux dernières découvertes dans le domaine des neurosciences. On sait que le cinéma demande un minimum de croyance de la part du spectateur, les films fantastiques encore plus. Heureusement ici, les explications scientifiques sont réduites au minimum, le sujet du film étant ailleurs, dans la possibilité de cette communion entre l’inconscient de deux personnages.

Dans la brume des rêves, deux êtres se cherchent et concentrent tout leur amour pour ne pas se perdre, pour aider l’autre « à  trouver la sortie ». Kiyoshi Kurosawa utilise sans lourdeur les effets spéciaux et une belle palette de lumières pour nous faire entrer dans cette « inconscience » si pertinente où les peurs enfouies deviennent de véritables monstres. Pour revenir à  la vie, dans la réalité de leur amour, Atsumi et Koichi ont à  se battre contre la culpabilité. La leur mais aussi celles de leurs pères. Un thème récurrent dans le cinéma japonais mais qui touchera bien des spectateurs occidentaux !297916_25b0906b15c1cc5f1463ec68eda7ee32.jpg

A mi-chemin entre le conte fantastique et le poème visuel, Real est aussi une histoire d’amour où la force des sentiments permet à  ce jeune couple de s’arracher aux ténèbres de l’enfance.

Magali Van Reeth

Au commencement, la gratitude

Thème de la prochaine conférence à  l’Agora tête d’Or

Mardi 8 Avril 2014 à  19h30

Conférence suivi d’un débat par Olivier ABEL, philosophe et professeur d’éthique à  l’Institut protestant de théologie de Paris.

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Le parcours de la reconnaissance de Paul Ricœur s’achève dans l’agapè et la reconnaissance mutuelle. Le moment théologique culminant de la gratitude n’est pas l’exception sublime, mais la condition ordinaire de toute existence : tout commence par l’asymétrie radicale de la grâce, et rendre grâce est au principe de toute reconnaissance.

Bobines du sacré. Festival Religions et cinéma

Pour la deuxième année consécutive, les Bobines du sacré, festival Religions et cinéma, questionne la place des religions au cinéma. Projections de documentaires et de webdocs en présence des réalisateurs et conférences animées par de grands noms de l’histoire des religions ponctuent dix jours de réflexion autour du thème du Vivre ensemble, dans toute la ville de Lyon.

du 1er au 12 avril 2014

L’idée des Bobines du sacré est née du constat qu’en France, il n’existait pas de festival traitant des religions au cinéma. Organisé par l’Institut Supérieur des Etudes Religieuses et de la Laïcité (ISERL), ce festival se penche sur le rapport entretenu par le septième art et les religions. A travers une vingtaine de projections (films, documentaires) et trois conférences, plusieurs problématiques sont abordées :

  • La diversité des relations
  • Réactions autour de la création
  • La figure du missionnaire dans sa rencontre avec l’autre
  • Vivre en communauté

Ouvertes au public et aux scolaires, les projections et les conférences sont suivies de débats, dans une volonté de nourrir les réflexions autour des thèmes évoqués. De plus, ce festival s’inscrit désormais dans le paysage culturel lyonnais puisque plusieurs institutions accueillent cette année les manifestations du festival, comme la Bibliothèque municipale de Lyon, le Rize de Villeurbanne, le cinéma Les Alizés de Bron et la Maison de l’Orient et de la Méditerranée. Une journée est aussi prévue à  l’Université de Montpellier.
En présence de Philippe Martin, directeur de l’ISERL, Céline Dréan, réalisatrice du documentaire Dans les murs de la Casbah (prix Medea et Grand prix du FUP 2013), François Boespflug, historien des religions etc
L’ISERL Créé en 2009, l’Institut Supérieur d’Études des Religions et de la Laïcité fédère plusieurs laboratoires issus de deux universités principales : l’Université Lumière Lyon 2 et l’Université Jean Moulin Lyon 3. Il s’intéresse aux religions sous plusieurs aspects (philosophie, droit, anthropologie, histoire, lettres). Cette pluridisciplinarité permet de questionner la vie sociale religieuse de l’Antiquité à  nos jours.

Programme : bobines2014programme2.pdf

Contacts
Louisa Charfa
Chargée de communication de l’ISERL
louisa.charfa@univ-lyon2.fr
04 26 31 87 98
Magali Guénot
Doctorante
magali.guenot@univ-lyon2